Les liens du sang, tome 10

Maintenant que sa mère a été arretée, les souvenirs de Seiichi reviennent en force, faisant écho au présent. Il se fait dans sa tête une confrontation avec sa mère pour se libérer totalement de son emprise. Un tome très troublant où on le voit Seiichi essayer de reprendre contact avec son entourage, est-il complétement sorti de son emprise ? Que pense-t-il réellement de sa mère ?

Un tome de plus dans cette série psychédélique. Seiko est en garde à vue pour son acte et tous s'interrogent sur son état psychologique. Sans se douter que l'état de Seiichi lui est préoccupant.. Yuiko, à l'école, le remarque et tente de l'apaiser. La dernière partie rend complètement fou en graphisme comme en texte et c'est bien signe que Sei perd pied. Peu d'avancement, l'histoire commence à se faire longue.

Visuellement, c'était une encore plus grosse claque que d'habitude ! Je pense que la variété d'environnements ; Seiichi sous toutes ses formes ; une parole affirmée de ce dernier n'en sont certainement pas étrangers !

Il a fallu 10 tomes pour que Seiichi arrive à parler, dire son mal-être, assumer l'emprise de sa mère, crier haut et fort qu'il a été victime, hurler son dégoût et sa volonté de s'en défaire. Quelle puissance dans les textes et les dessins !

Petit bémol personnel sur le rite de passage entre Yuiko et celui-ci pour se défaire de la figure maternelle. Je n'ai pas envie qu'ils aillent sur un penchant psychopathe. Ou peut-être est-ce un indice que ce duo va commencer des sévices voire une véritable vengeance ?
Inversement, j'ai apprécié le coup de crayon du visage de Seiichi. Il est plus mature. Cela est cohérent avec l'assurance qu'il arrive à dégager. J'adore !

Je pense que le dernier chapitre met en avant un autre trauma. Là encore, on a eu des indices dès le deuxième tome avec un lien au corps si particulier !
Les couvertures et les bonus sont toujours de qualité mais là, le dernier portrait de famille est "mortel".

Ce tome est le dernier en ma possession. le tome 11 sortira en avril et ensuite il faudra prendre son mal en patience.
Ça ne va pas être gagné!
Seiko est toujours en détention provisoire et doit être soumise à une expertise psychiatrique.
Il faut dire que si elle a avoué avoir poussé chez gérons, elle n'a pas donné de raison à son geste, sinon une parole qui inquiète la police encore plus que son acte (si tant est que ce soit possible) mais semble laisser son avocate de marbre.
Du côté de Sei, il passe d'une vie étouffante à un quasi désert affectif.
Son père est certes de bonne volonté mais il est maladroit et ne semble pas prendre conscience de l'ampleur des dégâts psychologiques causés par sa femme à son fils.
À l'école le harceleur en chef (qui ne semble pas avoir retenu la leçon, bien au contraire) ne se privent pas de s'en prendre encore à Sei. Les propos qu'il tient sont durs, mais hélas parfaitement crédible dans l'environnement scolaire.
Ces événements au moins le mérite de rapprocher Sei et Yuiko et je dois dire que pour une fois, la jeune fille m'a moins énervé que d'habitude, peut-être parce qu'elle se montre enfin lucide sur ce qui pose des problèmes dans son comportement antérieur.
Si ce qu'ils font au bord de la rivière peut paraître violent, cela montre surtout le mal-être qui est le leur, mal-être directement provoqué par leurs mères respectives quoique pour des raisons totalement différentes.
Pour la fin de ce tome, je m'interroge : hallucinations ou rêve ? (Ou basculement dans un univers fantastique, mais j'ai quelques doutes, le mangaka ne me donne pas l'impression de vouloir s'orienter vers ce type de récit).
Je pencherais pour la première hypothèse, car je pense qu'on a pas encore vu toute l'ampleur des séquelles psychologiques de Sei dans cette histoire. Affaire à suivre...

(Tomes 6 à 10)

Je reviens parler de quelques tomes des Liens du sang, série dramatique tout à fait unique dans sa thématique et dans sa mise en scène. Les tomes 6 à 10 marquent un tournant dans la chute, la prise de conscience, l'éveil puis la rancoeur de Sei. Les tomes se dévorent rapidement, car les 3/4 de l'ambiance et des messages du titre passent par les dessins, qui occupent donc la place centrale avec un nombre de dialogues réduits. On s'accroche un peu désespérément aux mots dans ce manga, tant le désir de vouloir comprendre les horreurs qui ont eu lieu dans cette famille est fort. Pourtant, malgré des scènes de dialogue entre Sei et d'autres personnages, certaines raisons ont l'air de vouloir nous échapper pour de bon. Il n'est peut-être pas bon de vouloir tout expliquer, en fin de compte.
Si je trouve que le T10 s'essouffle un peu et ouvre, j'espère, sur la dernière ligne droite de la série, les tomes qui le précèdent sont tout à fait prenants et dérangeants. le dessin ne perd pas en expressivité, ni en recherche dans la mise en scène. Les personnages sont traités et dessinés sans pitié, tantôt réduits à de pauvres choses pathétiques, tantôt grossis en monstres inhumains. Les scènes où ils ont l'air normal en deviennent crispantes de banalité. Quoi qu'il en soit, Oshimi maîtrise son ambiance et son trait pour les mettre au service du malaise.