Aussi invraisemblable que fantomatique, «
tu ne perds rien pour attendre » pourrait être une histoire à dormir debout si
Janis Otsiemi n'avait cette écriture chantante, colorée et savoureuse qui offre à chaque chapitre une expression gabonaise et révèle ainsi la richesse de la francophonie.
Ce roman « policier » a aussi le mérite, à mes yeux, d'être d'une grande moralité en valorisant l'ordre sans trop s'écarter d'une loi desservie par une justice totalement absente de ces pages. le justicier, Jean-Marc, vole au secours de la veuve et de l'orphelin et débarrasse Libreville de quelques parasites (assez caricaturaux) impliqués dans le trafic de stupéfiants.
Très manichéen, l'auteur dépeint sans s'embarrasser de nuances, un monde pourri constitué de corses (fils spirituels de
Pasqua) et de leurs complices politiques (à moins que l'inverse soit vrai) que Jean-Marc et ses incorruptibles collègues vont éradiquer dans un ouragan jubilatoire. Scénario linéaire, sans le moindre rebondissement, qui pourrait d'ailleurs, me semble t il, se dérouler en France...
Ajoutez à cela une conception très horizontale de la position des femmes dans la vie quotidienne, et vous avez les clés pour réussir un chef d'oeuvre digne de figurer en tête de gondole dans chaque Relay de nos gares -;
Découvert lors d'une opération Babelio, ce titre publié par « sang neuf », se lit vite et sera oublié aussi vite par un lecteur peu sensible au style de
Janis Otsiemi.
Ce qui m'a navré c'est de constater que Plon était l'éditeur de cette collection … comment une maison, aussi prestigieuse, peut elle vendre un ouvrage aussi mince ?