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3,4

sur 320 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Ceux qui savent, savent.

Ils savent ce qu'est le bonheur de nager, la sensation d'être ailleurs, le besoin inexplicable d'aligner les longueurs sans autre forme de motivation que de terminer celle qui suivra. le monde parallèle, microcosmique et cocoon que représentent ces piscines « d'en bas », à mille lieux du fracas du monde « d'en haut ». Alice est de ceux-là.

Arrive sans prévenir la fissure, une simple fissure apparue un matin sur le trait noir au fond du bassin de la ligne 4. Oh pas grand-chose : un tout petit accroc à la normalité, quasi imperceptible à qui ne fait pas attention ; un micro-détail. Suffisant toutefois pour que l'équilibre et l'apparente harmonie de ce petit monde soit rompu.

Et la fissure devient deux, puis davantage encore, faisant craindre l'apparition d'un « cluster de fissures ». Alors vient le temps où il faut bien admettre que toute la connaissance du monde d'en haut est bien incapable d'expliquer et de résoudre les désordres qui se passent en bas.

S'appuyant sur la métaphore de cette piscine, Julie Otsuka nous invite dans La Ligne de nage – traduit par Carine Chichereau – à suivre Alice dont le cerveau se fissure peu à peu, dans le long et inéluctable parcours de la maladie qui affecte sa mémoire, sa vie, ses proches.

Désormais recluse dans la résidence Belavista aussi adaptée à sa pathologie que déshumanisée au bénéfice du dieu profit, confiée aux mains expertes des « Équipes-mémoire », il lui reste les fulgurances de souvenirs qui remontent : le Japon, les parents, la guerre, un enfant perdu, un mari aimé…

Dans un dialogue mère-fille où le « elle se rappelle » se confronte au « elle oublie », Julie Otsuka nous livre des pages d'une grande beauté. D'une grande violence ou plutôt, d'une grande douleur aussi, dans le fracas de cette béance subie. Mais dans une écriture apaisée, comme l'esprit de celle qui s'en va chaque jour un peu plus.

Un très joli livre aux inspirations autobiographiques, dont la décomposition en deux parties très distinctes pourra surprendre. Mais on aurait tort de s'y arrêter, tellement elles sont complémentaires !
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L'auteure est californienne d'origine japonaise mais, née après 1942, elle n'a pas eu à subir les camps d'internement étasuniens comme ses ancêtres. C'est heureux car elle livre ici un roman fort dérangeant qui, d'un certain point de vue, constitue une belle revanche civilisationnelle.
On peut dire qu'il y a deux moments forts et de natures différentes.
La première partie peut être qualifiée d'humour narquois et concerne une piscine et tous les névrosés qu'on peut y rencontrer. C'est fin, la critique de nos (car nous sommes tous indirectement concernés) modes de vie, de nos dérives mentales est traité sur un mode tellement léger qu'on s'en rend à peine compte et on enchaîne les longueurs sans mal.
la seconde partie cible un personnage bien particulier de cette galerie représentative du monde occidental moderne.
Et là, on change de registre...
En poursuivant dans le même style "l'air de rien" que précédemment, avec la même acuité, l'auteure brosse un portrait au vitriol de la fin de vie dans ce phare civilisationnel que sont les États-Unis, mais qui essaime partout où son paradigme libéral est imposé. Sa description de ce qui s'apparente à un EHPAD privé chez nous est à lire absolument (surtout après les révélations récentes). Par contre, il faut prévenir : le dernier chapitre de l'ouvrage est à déconseiller aux âmes sensibles, à ceux qui viennent de perdre un proche ou aux hypocondriaques qui s'imaginent, parce qu'ils ont oublié de "liker" mes précédentes critiques, atteints de la maladie d'Alzheimer...
C'est dur, c'est réflexif, c'est bien visé...
Un livre qui mérite qu'on s'y plonge.
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Voici mon retour de lecture sur La ligne de nage de Julie Otsuka.
Nageurs et nageuses de cette piscine que tous appellent "là en bas" (car elle est en sous-sol) ne se connaissent qu'à travers leurs routines et petites manies, et les longueurs, encore, encore. Ils y viennent à heure fixe pour se libérer des fardeaux de "là-haut".
Alice, tout spécialement, trouve un grand réconfort dans sa ligne de nage.
Et puis un jour, une fissure apparaît au fond, dans le grand bain, en préfigurant d'autres, celles de son cerveau.
Pour elle, l'inéluctable fermeture résonne comme un clap de fin..
La ligne de nage est un roman sur lequel mon avis est assez mitigé.
J'ai eu du mal à rentrer dedans, avec le premier chapitre intitulé La piscine en sous-sol. Avec humour, l'autrice nous présente cette piscine et les personnes qui y nagent. On découvre notamment Alice, atteinte de la maladie d'Alzheimer.
J'ai trouvé le début un peu.. long et répétitif. Je me suis un peu ennuyée.
Le second chapitre, intitulé La fissure, nous raconte comment ils se sont rendus compte de sa présence. Là encore c'est humoristique mais toujours un peu répétitif. J'ai lâché mon livre à plusieurs reprises, alors que ce roman me tentait énormément.
A partir du troisième chapitre, nous découvrons réellement Alice, sa maladie qui évolue..
Il y a de plus en plus de fissures dans la piscine.. comme les fissures dans la cerveau d'Alice.. J'ai aimé ce parallèle fait entre les deux, c'est bien trouvé et touchant.
Il y a des répétitions mais à partir de là cela m'a moins dérangé car j'ai réellement réussi à rentrer dans ma lecture en suivant Alice et son évolution.
La maladie est bien traitée, avec beaucoup de pudeur et c'est criant de vérité. On s'en rend bien compte quand un proche a vécu ça.. Les souvenirs remontent..
Ce livre aborde la vieillesse, la maladie, les nageurs aussi ;)
Même si je n'ai trop aimé les débuts, je dois avouer que je ne regrette pas du tout d'avoir persisté à lire ce roman.
J'ai été extrêmement touché par le tout dernier paragraphe, à la fois triste et positif, qui m'a fait monter les larmes aux yeux.
Même si je ne suis pas certaine de garder un grand souvenir de la totalité de la ligne de nage je vous le recommande malgré tout.
Ma note : 3.5 étoiles.
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Un petit livre déroutant tant sur la forme que sur le sujet. Dans la première partie de la ligne de nage, Julie Otsuka décrit les habitués d'une piscine en sous-sol. Des personnes qui se connaissent de vue, ne se parlent pas, ne se fréquentent pas en dehors de cet espace. L'apparition de minuscules fissures va amener les nageurs à se parler et à faire connaissance.
Parmi les nageurs, Alice, une vieille dame qui a des fissures dans la tête, et qui - dans la deuxième partie, doit être internée dans une maison de retraite. Sa fille s'occupe d'elle alors que les deux fils vivent dans une autre partie des Etats-Unis.
Après avoir lu Je ne suis pas sortie de la nuit d'Annie Ernaux, qui abordait également le grand âge et les relations mère-fille, j'ai été sensible à ce livre, à la fois autofiction et traité d'une manière plus détachée, pour exprimer la difficulté d'aider un parent face à la maladie dans le grand âge.
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Roman en deux parties, La ligne de nage se partage entre une partie plutôt humoristique dans laquelle nous découvrons la vie en vase clos des nageurs d'une piscine souterraine avec leur manies, leurs personnalités alors même que presque nus, peu de signes permettent de les classer dans une catégorie socio-professionnelle. Seules trois distinctions existent, les lents, les moins lents et les rapides. Tout se petit monde se croise selon des habitudes bien ancrées jusqu'à ce que une puis plusieurs fissures apparaissent. C'est un microcosme qui s'effondre simultanément avec l'esprit d'Alice qui peu à peu, s'embrouille comme l'âge sait malheureusement le faire.
Dans la seconde partie, c'est ce déclin qu'avec beaucoup de tendresse nous raconte Julie Otsuka. Malgré la violence de la situation, l'autrice n'en fait pas un récit larmoyant. Une belle réussite.
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L'eau est limpide sous l'habitude d'une nage régulière. le corps se meut échappant à la vie trépidante de l'extérieur, à l'hyper sollicitation, aux soucis. le bruit, la pollution, les courses à faire, les enfants, un job sont portés par un esprit sain, un esprit sans fissure, des pensées ordonnées, des gestes sûrs. Mais le lieu se disloque fendu de toute part laissant à chacun une réalité à affronter.
Alice nageait. Des mètres et des mètres de glissade dans la ligne. Elle oubliait les brèches.
Métaphore de la vie, la piscine casse tel le cerveau d'Alice dont la fille, narratrice de ce superbe roman, raconte les failles. L'absence se dessine au-delà du corps assis dans le fauteuil d'une maison de retraite. Qui était Alice ? le « vous » succède au « tu » mêlant les dommages d'une vie qui part sur la démence d'une atrophie du lobe frontal. Les proches s'épuisent, le coeur souffre.
Si j'ai mis quelques pages pour m'immerger dans ce roman surprise par les répétitions des faits autour de la piscine, j'ai vite été happée par la profondeur de ces mots passée sa première partie. En effet, divisé en deux volets bien distincts, il m'a fallu attendre le second passage pour mesurer la richesse du premier. D'une grande finesse et sans pathos, l'écrit relate peu à peu l'effacement de la mémoire, la vieillesse, la culpabilité des proches, la résignation, les souvenirs laissant une trace - la trace de celle qui fût.
Une lecture bouleversante et humaine.

Lien : https://aufildeslivresbloget..
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Lauréate du Femina étranger il y a dix ans avec Certaines n'avaient jamais vu la mer, la romancière américaine d'origine japonaise Julie Otsuka renoue avec un style qui n'appartient qu'à elle : une succession de petites phrases très courtes, une succession de personnages, en l'occurrence dans la première partie, les personnes qui fréquentent une piscine en sous-sol.

L'autrice arrive alors à brosser une petite communauté, des nageurs aux maîtres-nageurs, des experts aux agents administratifs.

Puis dans sa seconde partie, "La ligne de nage" vire au texte poignant sur la fin de vie d'une vieille dame atteinte de démence.

La ligne de nage explore la fin de vie et la perte de mémoire dans un roman mélancolique mais assez léger en même temps qui nous plonge dans des fissures à différentes dimensions.
Car les fissures au fond de la piscine font écho à celle s la tête d'une vieille dame.
Alice, qui nage dans cette piscine depuis de nombreuses années, semble avoir l'esprit dans le même état que le fond de la piscine. On notera que dans cette deuxième partie, le nous laisse place au tu. le tu est celui de la fille d'Alice, la narratrice, mais qui a besoin du tu pour regarder ce qui se passe mais ne pas s'y perdre.

Car Alice a quitté la piscine pour un établissement spécialisé dans la gestion des maladies neurologiques.

Le texte, empreint de mélancolie, explore cet espace hors du temps qu'est la fin de vie quand la mémoire s'échappe, et les difficiles relations entre une mère et sa fille

Un roman aussi pudique que très touchant!
Lien : http://www.baz-art.org/archi..
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Je ne suis pas sûre d'avoir vraiment aimé ce roman curieux par le fond et par la forme. Il me laisse en tous cas une impression étrange et obsédante.
La première partie, non dénuée d'humour, nous immerge dans le grand bain d'une piscine où des habitués se retrouvent pour enchaîner les longueurs dans la ligne de nage correspondant à leurs niveaux.
Tout va pour le mieux, jusqu'à l'apparition d'une fissure au fond de la piscine. Chacun y va de son avis, certains sont inquiets et redoutent le pire, d'autres préfèrent en plaisanter. Mais, force est de constater que jour après jour la fissure s'agrandit.
Brusquement, Julie Otsuka change de braquet, oublie la piscine, pour s' intéresser à Alice, une dame âgée qui nage depuis des années et dont la mémoire s'effiloche peu à peu. Les failles du cerveau d'Alice ne sont pas sans rappeler la faille aperçue au fond de la piscine.
La dernière partie du roman est glaçante dans la description de la maladie et dans la vie en Ehpad.
En changeant de pronoms personnels au fil des chapitres : nous, elle, tu, Julie O tsuka donne du nerf à son récit.
Ce roman propose une histoire triste qui commence dans le bonheur de nager et qui finit dans la tragédie de la désagrégation.
J'en ressors avec un avis mitigé, vous l'aurez compris, cependant Alice et les autres personnages refusent de sortir de ma tête.
Et finalement, n'est-ce pas le propre d'un bon roman de rester en mémoire du lecteur ?




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Ce roman semble choral au début, on retrouve la même construction que dans « Certaines n'avaient jamais vu la mer ». « Nous », c'est un groupe de nageurs amateurs qui se retrouvent tous les jours dans leur piscine favorite pour, pendant quelques instants, dans leur couloir, oublier le monde d'en haut. Mais un jour, une fissure apparaît au fond de la piscine, puis une autre et une autre. Rien n'explique leur apparition et à défaut d'explications, la piscine ferme.
Mais cette fissure, c'est aussi ce qui se produit dans le cerveau d'Alice, la mère de Julie Otseka, qui peu à peu oublie ce qu'elle faisait l'instant d'avant, puis les gestes du quotidien, la parole et enfin qui elle est. Si on sourit un peu dans la première partie, on ne parvient pas à éprouver de l'empathie ensuite tant le ton de l'autrice est sec. Comme si elle avait assisté à la lente dégradation de sa mère d'un oeil clinique. Un certain malaise s'installe qui ne se dissipe pas dans les dernières pages malgré la touche d'émotion finale.
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Une piscine à priori en sous-sol où des habitués se partagent les lignes de nage.
Ce sont des nageurs obsessionnels.
En deuxième partie, le vieillissement d'Alice l'une des nageuses qui bascule doucement dans une sorte d'Alzheimer.
Très étrange cette description de la piscine, des nageurs et de la mystérieuse fissure au fond du bassin.
Je me demandais ce que j'étais en train de lire.
L'histoire d'Alice est plus concrète.
L'altération de sa mémoire est sa fissure à elle.
Elle devra rester dans sa ligne de nage dans l'établissement où elle est admise.
L'écriture est tournante, nous emmène de l'un à l'autre.
C'est un enchaînement hypnotisant.
On reconnaît bien le style de « Certaines n'avaient jamais lu la mer »
Un roman donc très particulier dont je ne saurais dire si je l'ai beaucoup aimé mais qui en tout cas ne m'a pas laissée indifférente.
Il me donne l'impression d'être autobiographique, mais je me trompe peut-être.
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