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4,09

sur 638 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
« Ce texte est la fureur qui m'embrase et me consume ». C'est sur ces mots qu'Ovidie conclut l'avant-propos de son dernier ouvrage, et personnellement, ce n'est pas le terme « avant-propos » que j'aurais donné à ces quelques pages introductives, mais plutôt celui d'« avertissement ». « La chair est triste hélas » n'est en effet pas un livre facile à lire en raison de la colère et du dégoût de son autrice qui suintent de ces pages, sautent à la figure du lecteur pour le prendre à la gorge.

Ainsi, des claques, j'en ai prises quelques-unes lors de la lecture de ce texte, de celles qui vous rappellent, si jamais il était possible de l'oublier, que le patriarcat structure la société et les comportements de beaucoup de personnes, et mêmes des plus averties comme Ovidie. J'ai ainsi été, dans un premier mouvement, surprise (ou déprimée, c'est selon) que le sexe avec les hommes soit une telle source de déception pour Ovidie, et surtout de ses efforts pour se conformer à une certaine norme, tout en étant désolée pour elle des complications qu'elle a connues.

Mais ma compassion, toute sororale qu'elle soit, elle s'en fout et elle a raison. Et ce serait mal la comprendre que de lire son livre sous l'angle de la compassion car ce n'est pas ce qu'elle demande en l'écrivant. Non, ce qu'elle souhaite, c'est dépasser l'intime en analysant les raisons de sa grève du sexe, qui finalement, comme elle le découvre, est courante, et d'en appeler au nécessaire changement de société que cela implique. Que les hommes reconnaissent mal baiser, de manière autocentrée, complètement à côté de la plaque par rapport aux attentes des femmes (« Depuis #MeToo, nous errons dans un champ de ruines et nous nous demandons de quelle façon recommencer à faire l'amour. Tout l'enjeu de notre époque est de reconstruire une hétérosexualité qui ne soit plus hétéronormative, qui ne nous enferme plus dans des rôles, qui ne soit plus fondée sur des rapports de domination. »). Ou, s'ils ne souhaitent, ou ne peuvent, pas changer, car selon Ovidie c'est franchement mal parti, au moins qu'ils se rendent compte que les femmes trouvent des solutions alternatives pour être épanouies, et que c'est naturellement en dehors d'eux que ça se passera (« Je mets un coup de pied dans l'arbre et il en tombe par dizaines, par centaines, par milliers. Des femmes sur lesquelles les hommes se retournent, mais qui, de leur côté, rêveraient de leur crever les yeux. Qui ne sont ni frigides, ni moches, ni bonnes à jeter. Qui en ont juste marre de leur compagnie. Et je pense à toutes les jeunes femmes de la génération de ma fille ou de mes étudiantes, qui ont également rejeté l'hétérosexualité. Aux stars lesbiennes auxquelles elles peuvent enfin s'identifier. Toutes ces femmes qui font le choix d'être en couple avec d'autres femmes ou avec des hommes trans, de « rompre le contrat hétérosexuel », pour reprendre la formule de Monique Wittig, cela devrait leur mettre la puce à l'oreille, à ces mecs. Ne se demandent-ils jamais pourquoi on ne veut plus d'eux ?). Et que le noeud du féminisme se trouve là aussi : « Ces féministes, toutes des mal baisées ! Evidemment que nous sommes mal baisées, c'est justement ça, le problème ! Pourquoi devrions-nous en avoir honte ? Ce serait plutôt à nos partenaires de raser les murs ! Ils ont leur part de responsabilité dans cette affaire, me semble-t-il. Je ne suis pas mal baisée parce que je suis féministe, c'est absolument l'inverse : je suis féministe parce que je suis mal baisée ».

Mais aussi son ambition est de se connaître, de déterminer quelles sont ses envies. Sortir de l'hétérosexualité sans jamais jurer de rien, mais pour l'instant c'est ce qui lui fait du bien et lui permet de dompter ses démons.

Ce que j'ai aimé dans ce texte percutant – dans tous les sens du terme –, c'est que le brûlot évolue, en même temps que la réflexion d'Ovidie ; les premières parties sont du Ovidie pur jus, cette femme féministe en colère et qui veut tout casser. Mais au fil de son parcours, de ses analyses, notamment thérapeutiques, elle fend l'armure (notamment quand elle parle de son frère et du traumatisme qu'a constitué sa mort, des pages véritablement poignantes), pour laisser Eloïse se découvrir, aller peut-être vers un certain apaisement. On fait alors connaissance avec une femme qui souffre de ne jamais avoir été aimée correctement, avec tendresse, douceur et bienveillance, sans qu'on lui fasse éprouver durement la nature essentiellement transactionnelle de l'amour (selon Monique Wittig). Elle m'a touchée dans cette honnêteté et cette franchise sans filtres, et impressionnée par le courage et la détermination à assumer les conséquences – anticipées – de son livre.

Donc oui, « La chair est triste hélas » est un texte plein de violence et de colère, écrit comme on s'emporte, avec des mots volontairement incisifs et excessifs, mais ils sont à la mesure du ras-le-bol d'Ovidie pour cette anormalité systématique et oppressante dans les rapports sexuels et amoureux. Alors oui elle se réclame de Valérie Solanas, et se rapproche de la position radicale d'Alice Coffin, mais peut-on le lui reprocher quand beaucoup de ses arguments sonnent aussi juste ?
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A partir de son expérience personnelle, qui va la mener à une grève du sexe, du moins hétérosexuel, Ovidie étrille, d'abord en un cri du coeur et du corps nécessaire pour exorciser toutes les souffrances vécues - qui sont bien facilement applicables à nombre de femmes -, ensuite en une réflexion plus raisonnée, qui rappelle en de certains points Mes bien chères soeurs de Chloé Delaume, que j'ai lu aussi il y a peu, le patriarcat, et la nécessité, pour chaque femme, de chercher en une autre un soutien plus qu'une rivale.

Parce qu'en effet, c'est dans l'inconscient féminin, qui a été modelé depuis des siècles par une domination masculine systémique, que de jalouser sa prochaine, que de chercher à toujours faire plaisir aux hommes, physiquement, moralement, sexuellement, quitte à en perdre une partie de sa santé, de sa vie, de son corps, de son âme. Et c'est de cet inconscient, en le refusant, en le transfigurant en une véritable solidarité féminine, une véritable sororité, que viendra la véritable libération féminine. S'habiller comme on le souhaite, se maquiller si l'on en a envie, avoir des relations sexuelles, ou non, s'épanouir en autre chose que comme mère, que comme faire-valoir de monsieur...

Je remercie les éditions Julliard et NetGalley pour la découverte de cette oeuvre ô combien pertinente, dans laquelle je me retrouve en partie, quant à mes propres questionnements sur la façon dont la domination masculine agit, et réagit face à la résistance féminine qu'elle connaît, de plus en plus, ces dernières années. Je le vois dans le comportement de mes collégiennes au quotidien, et c'est tant mieux !
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Je remercie #NetGalleyFrance, Audiolib et les éditions Julliard (collection fauteuse de trouble) pour m'avoir permis de découvrir #Lachairesttristehélas.

Ovidie l'écrit dès l'avant-propos : "Ce texte n'est ni un essai ni un manifeste. Il n'est en rien une leçon de féminisme ni un projet de société. Tout au plus est-il un exutoire [...]" Effectivement, l'ouvrage est plus proche du pamphlet que de l'essai, assez proche du témoignage à thème post #MeToo finalement.

L'autrice se confie sur sa décision de faire la "grève" du sexe. Pas seulement la grève de l'acte sexuel, mais aussi la grève tout ce qui pourrait avoir un "caractère sexuel" : de la séduction au rapport sexuel hétérosexuel en passant par l'épilation. Ainsi, elle met à jour toute une série de comportements, d'habitudes, de reflexes, de contraintes qu'elle lie irrémédiablement à la sexualité hétérosexuelle. C'est cet aspect qui m'a le plus intéressée et interpellée. Car oui, certaines activités plutôt "féminines" sont résolument liées à notre sexualité sans que nous n'en ayons réellement conscience. L'exemple le plus flagrant étant celui de l'élimination de la pilosité : obligation sociale plus que sanitaire... Cette injonction de douceur pourrait bien relever d'un diktat idiot. Ce n'est pas pour autant un pamphlet anti-rasoir, rassurez-vous. Ovidie est suffisamment intelligente pour élargir le sujet et conceptualiser sa grève de sexe, tout en nous donnant des pistes qui donnent à réfléchir. Il n'en reste pas moins que ce n'est qu'un témoignage très personnel, qui n'engage que celle qui l'a écrit, même s'il encourage celles (et ceux ? y en aura-t-il ?) qui le liront à se poser quelques questions...

Ce livre très court est très bien écrit et se lit très rapidement malgré les raisonnement parfois assez ardus. le style reflète autant l'intelligence que les sentiments de l'autrice. Même si mes opinions divergent des siennes, je me sens grandie par ses réflexions si différentes des miennes.

[]Grâce à #NetGalleyFrance et Audiolib, que je remercie, j'ai aussi pu découvrir l'ouvrage lu par l'autrice. La voix d'Ovidie est magnifique, sa diction est parfaite, en revanche, sa lecture est plus monotone que je ne m'y attendais. Elle réussit à énoncer très clairement sa pensée, comme à l'écrit, mais avec beaucoup de détachement, une certaine "crudité" dans l'intonation, ce qui est tout à fait cohérent avec ses propos.[]

#Lachairesttristehélas #NetGalleyFrance
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Le titre de ce texte m'a interpellé et j'étais curieuse de lire Ovidie qui mine de rien trace son petit bonhomme de chemin en tant que journaliste et documentariste.

J'étais curieuse de lire vers ce récit, je dois avouer que je suis de plus en intéressé par ce type de texte parlant de féminisme et j'aime également le fait que certaines fortes personnalités féminines puissent être inspirantes.

Je me suis rapidement reconnue dans pas mal de situation évoquée par Ovidie, le fait d'être un "produit" ou bout de viande ou de chair aux yeux des hommes, les sifflements et autres comportements de ce type dans la rue. Plus présents lors du printemps/été lorsque le moindre bout de bras est dévêtu.

Le fait de devoir faire constamment attention en tant que femmes, fait attention à quelle heure tu rentes par quel moyen de transport, comment tu t'habilles.

Je m'étais d'ailleurs déjà questionnée à ce sujet lorsque pour certains événements professionnels sur le fait que ces questions n'étaient pas du tout la préoccupation des hommes.

Et puis viennent aussi les choses qui sont différentes entre hommes et femmes comme le sexe ou le fait par exemple pour un homme d'attendre "un retour" pour un cadeau, une sortie ou un restaurant payé.

Comme l'évoque Ovidie même durant les pratiques sexuelles certaines choses sont attendues par les hommes alors que les femmes doivent plus demandées certaines choses qui pourtant devraient être réciproques.

Un texte qui m'a plu pour la qualité de la plume, franche et directe sans fioriture et qui pose un état de fait, Ovidie nous indique les décisions de son choix personnel de faire abstinence concernant ses faits de patriarcat.

Elle évoque également le fait que quoiqu'elle fasse les gens retiendront surtout de son passé son passage dans le porno alors que celui-ci à au final durer très peu d'années.
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Eloise Delsart, alias Ovidie, inaugure la nouvelle collection "Fauteuse de trouble" de Vanessa Springora, qui réunit des textes écrits exclusivement par des femmes, consacrés à la sexualité et à l'émancipation.

Assez proche du témoignage à thème post #Metoo, Ovidie fait de l'écriture de ce court roman percutant une sorte de pamphlet plutôt qu'un essai littéraire. Je remercie @audiolib et @NetGalleyFrance de m'avoir permis de le découvrir en version audio grâce à l'autrice / lectrice son roman.

Récit autobiographique très incisif, j'ai vraiment apprécié que l'autrice se livre sans tabou, se mette à nu, en toute sincérité, en employant des mots crus, reflétant toute sa rancoeur envers la gente masculine. Je comprends ce désir de lâcher prise en dénonçant les raisons qui l'ont poussée à se lancer dans la grève du sexe avec les hommes pendant 4 ans.

J'avoue que la colère et le dégoût qu'elle témoigne tout au long de son roman m'ont aussi chamboulée, comme si j'assistais à un procès avec des arguments uniquement à charge. D'autant plus que j'ai l'ai découvert en version audio et que la voix de l'autrice révèle toutes les émotions dont elle est submergée. J'ai ressenti toute cette violence verbale comme un véritable exutoire nécessaire à l'autrice.

J'ai trouvé que la voix assez monotone de l'autrice témoignait aussi une réelle tristesse, une lassitude extrême et un vide existentiel abyssal. En cela, Ovidie se rapproche parfaitement du sentiment de douleur et de spleen ressenti par le poète Stéphane Mallarmé à qui elle fait référence dans son titre. Bien que le style relâché de l'autrice soit tout sauf poétique, l'effet produit reste le même. Sa soif d'un amour idéalisé se heurtant au monde des réalités est, inévitablement, voué à l'échec.

Bref, c'est un roman qui donne matière à réfléchir et, même si l'autrice a tendance à faire parfois du remplissage, je conseille ce roman à toutes celles et ceux qui veulent connaitre un peu mieux la vie personnelle d'Ovidie.
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A travers ce livre, Ovidie livre le témoignage de son rapport aux hommes, à la sexualité et à l'amour. Et c'est un constat amer qu'elle dresse, forte d'une expérience peu heureuse en la matière. Un dégoût pour le sexe hétéro, sans pour autant trouver une vraie satisfaction dans les relations avec des femmes, puisqu'elle avoue ne pas tomber amoureuse dans ce cas-là.
Si elle se défend de faire un essai, et d'ailleurs elle parle de ses expériences, elle en conclut quand même des généralités sur les hommes qui m'ont un peu fait tiquer. Car on finit par se retrouver avec un pamphlet à charge où elle met tous les hommes dans le même panier. Pourtant, elle lance des réflexions intéressantes sur la pression sociétale qui est faite sur les femmes pour être le plus parfaite possible : poids, épilation, maquillage, rides,... tout pour entrer dans un standard impossible à attendre.
Ses réflexions sur l'influence du porno sur la sexualité aujourd'hui, appuyant sur l'absurdité des films et comparant les actrices à des athlètes exécutant des positions improbables, sont également intéressantes. Mais généraliser sur l'absence de plaisir pour les femmes dès qu'on sort de l'habituel missionnaire pour tenter des choses sensées ne plaire qu'aux hommes est assez réducteur.
Alors ce qui point derrière tout çà, c'est une forme de souffrance face à l'absence dans sa vie de relation pleinement satisfaisante, mais aussi la souffrance de la perte de son frère quand elle était encore ado.
J'ai écouté ce livre, lu par l'auteur qui a une voix agréable, tout comme sa diction, qui porte son texte avec talent.
Une écoute intéressante, bourrée de vraies réflexions tant sur la sexualité que sur la condition des femmes dans la société mais qui pousse un peu trop vers la haine des hommes.
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Au moment de débuter l'écriture de ma critique concernant La chair est triste, hélas, je me sens un peu en difficulté. Tout ce qui est en rapport avec le féminisme a le don d'enflammer les foules. Aussi, je crains que les lignes qui suivent soient mal interprétées ou donnent lieu à quelques commentaires virulents, d'autant plus que mon avis sur ce livre est mitigé. Tant pis, quand faut y aller, faut y aller.

Commençons par les points positifs.
J'ai trouvé le style d'Ovidie très agréable à lire. C'est fluide, ça glisse tout seul. Je ne connaissais pas du tout cette autrice mais je pense que l'ami qui m'a conseillé ce livre ne m'en aurait jamais parlé si la plume avait été ignoble, quel que fût le message véhiculé. Je n'ai mis que quelques heures à lire cela, on ne se perd pas dans des longueurs inutiles.
Toutes les femmes ou presque ont subi un viol, dit Ovidie à je-ne-sais-plus quelle page. Cette donnée choque toujours les hommes avec qui j'en parle et je suis navrée de dire qu'Ovidie a raison. Oui, messieurs. Que celles qui n'a jamais cédé pour avoir la paix, pour qu'on la laisse enfin dormir, pour que le gars arrête de faire la tête, lèvent la main ; elles sont, hélas, une minorité. Alors certes, dans ces cas-là, on finit par accepter mais il s'agit d'un accord sous pression, pas d'un accord réellement libre et sincère, et le mec est forcément au courant puisque c'est lui, en face, qui insiste, boude, négocie, ronchonne ou pleurniche. Parfaitement, messieurs, quasiment toutes les femmes ont eu droit à cela.
Ovidie dénonce également l'hypersexualisation des rapports interpersonnels dans la société. Là encore, même si j'aurais tendance à être moins catégorique qu'elle, je pense qu'elle a raison. J'entends encore ma soeur, qui est ingénieur dans le domaine de l'automobile et travaille donc entourée surtout d'hommes : "Tu te baisses pour ramasser ton crayon / tu te penches pour leur montrer un truc, ils s'imaginent déjà dans ton cul". Et ma soeur est loin d'être une petite effarouchée. Nous sommes effectivement noyés sous les images de nanas dénudées pour la moindre pub, les femmes d'affaires sont souvent obligées de porter des chaussures à talon qui font mal aux pieds (d'ailleurs, ma tante qui a un poste à responsabilité dans une grosse entreprise compense en ne portant que des jogging le weekend et y compris pour certains repas de famille), bref, vous avez compris.
Et que dire du fait que de nombreuses personnes ont du mal à concevoir/accepter que des femmes puissent accéder à des postes à responsabilités, justement, ou suivre de longues études? Ovidie relate que tout le monde se fout bien de son doctorat et qu'on en revient toujours à son passé d'actrice porno. Pour ma part, on me prend régulièrement pour l'infirmière ou la secrétaire parce que je suis une femme dans un hôpital, alors que je porte une blouse, que j'ai un stétho dans la poche (jamais autour du cou, ça fait prétentieux) et qu'il y a écrit "Dr ..." sur mon badge. Je ne sous-entends absolument pas que les métiers cités ne soient pas respectables, loin s'en faut, seulement que dans l'imaginaire collectif, le médecin est forcément un homme, alors même que les femmes représentent bien plus de la moitié des étudiants en médecine et des jeunes médecins. le pompon, c'est quand certains de mes patients hommes âgés m'appellent "jeune fille" si je leur dis quelque chose qui ne leur plait pas, j'avoue que ça me met en rogne. Ou alors quand c'est moi (jeune médecin mais ça valait aussi quand j'étais interne) qui pose les questions et qu'ils ou elles répondent en regardant l'étudiant de quatrième année qui assiste à ma consultation et qui est assis derrière moi.
Mais revenons à nos moutons, cette partie de ma critique avait donc pour objectif de dire que j'approuve une partie du message d'Ovidie.

Il existe cependant une autre partie du message avec lequel je ne suis pas d'accord ou qui m'a mise mal à l'aise par l'avis extrêmement tranché qu'il exposait.
Les hommes, les hommes, les hommes... Sont-ils vraiment tous mauvais? Devons-nous nous contenter de pouvoir dire que certains sont seulement moins pires que les autres? Tout est-il donc parfait, facile, respectueux dans les relations entre femmes? Ovidie finit par dire que non, bien sûr, il y a aussi des femmes complètement tordues, manipulatrices, menteuses, perverses, cet élément arrive tellement tard dans le livre qu'on passe une bonne partie de la lecture à se demander si le monde des lesbiennes ne serait pas pour l'autrice un quasi monde de bisounours dans lequel tout le monde est gentil.
Tout ce qui se rapportait à l'apparence m'a interpelée aussi. Peut-on se maquiller et porter des robes sans être qualifiée de vendue au patriarcat et à la culture du viol. Personnellement, je me maquille moins de dix fois par an, hors de question de perdre du temps de sommeil chaque jour pour me peinturlurer le visage. En revanche, j'aime les robes, j'aime les jupes, j'aime les vêtements bien cintrés, je déteste les baskets et jamais vous ne me verrez sortir de chez moi habillée comme un sac (et Dieu sait si c'est à la mode ces dernières années...). Et oui, quand je porte des robes, je le fais pour moi, pas pour les autres, et j'exige de pouvoir le faire sans entendre tous ces gros lourds qui nous siffle ou nous interpelle dans la rue.
D'ailleurs, ça me fait penser à mon ami S. qui, invariablement chaque été, se plaint de ne pas pouvoir porter de short au bureau quand il fait ultra-chaud alors que les femmes peuvent venir en jupe : voici l'argument parfait quand nous nous plaignons que la clim' souffle trop froid mais passons. Cet ami me parle aussi souvent de la mise en scène de la séduction du point de vue des hommes, avec la nécessité de paraître beau et fort, et de comment les gars sympas se voient relégués dans la célèbre "friend zone". Après cela, en général, il ajoute que nous ne savons pas ce que nous voulons, genre vous réclamez des hommes attentionnés mais vous ne couchez qu'avec les conna***.

Alors oui, ce débat est sans fin et je suis bien contente d'avoir lu le livre d'Ovidie car il apporte de nombreux éléments à ma réflexion, même si je n'adhère pas à 100% du contenu. Je pense qu'il y a d'un côté celles qui se complaisent dans la plainte permanente et celles qui prennent les choses en mains, se battent pour atteindre leurs objectifs malgré les batons que les hommes leur mettent dans les roues, malgré les idées reçues de la société, et j'espère que nous serons toujours plus nombreuses à faire partie de cette seconde catégorie.

Challenge ABC 2023/2024
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Pamphlet ? Exutoire ? — comme l'écrit elle-même l'autrice — j'aurais grand mal à classer ce livre d'Ovidie. Ce qui est sûr, c'est que je le conseille, et surtout aux hommes.
Derrière la virulence, parfois la crudité des mots, l'autrice s'expose et se révèle d'une extrême sensibilité. Je crains par contre qu'il ne soit entendu (et même lu) que par celles et ceux qui sont déjà dans l'optique d'une réflexion sur le vaste sujet de la domination masculine.
Lien : https://bw.heraut.eu/user/Ba..
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Je ne me reconnais pas vraiment en cette femme mais il me semble que la grève du sexe est peut-être un moyen pour faire réfléchir les hommes qui se contentent de jouir en se moquant complètement de ce qu'a vécu la partenaire. Cela ne me parait pas concerner seulement l'hétéro-sexualité, mais les rapports dominant/dominé. Si les femmes cessaient de simuler, ce serait plus clair.
Il ne me semble pas y avoir vraiment de haine, contrairement à d'autres livres.
C'est de la colère et de la frustration par rapport à, selon elle, tous les efforts des femmes pour se rendre désirables. Tout ça pour ça...

J'ai lu ce livre, contrainte par un groupe de lecture, mais je ne le regrette pas.
J'ai aimé "c'est quoi l'amour" qu'Ovidie a écrit pour les jeunes à partir de quinze ans.
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Ovidie est en grève depuis 4 ans, l'occasion d'un bilan et de crier. le besoin de tout mettre sur la table pour voir s'il est possible d'en tirer quelque chose, s'il est possible de redémarrer… pour aller où ?

Ovidie est en grève du sexe avec les hommes, donc.

Constat d'une grosse déception avec le sexe avec les hommes. Jeu de dupes dans une société patriarcale co-entretenu tant par les hommes (au mieux incompétents et au pire abuseurs (voir pire encore)) que par des femmes atteintes d'un syndrome de Stockholm.

Une triste chair portée par une grosse colère qui vise juste et s'apaise au fil du livre pour arriver à une fin très touchante.

Oui… hélas !

Un essai qu'on ne peut refermer sans se poser la question (quelque genre ou sexe que l'on soit). Et moi ?
… et fuir la absolument la réponse : non, moi, jamais !
Lien : https://www.noid.ch/la-chair..
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