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EAN : 9782361832421
160 pages
Les Moutons Electriques (04/03/2016)
3.49/5   54 notes
Résumé :
Longtemps, ils avaient été CINQ. François, Claude, Mick, Annie et Dagobert, quatre enfants et un chien, ont autrefois formé un Club et vécu bien des aventures extraordinaires. Trente ans plus tard, le chien est mort depuis longtemps quand trois membres du Club, devenus adultes, séparés par la vie, sont invités par le quatrième à l'endroit même où ils passaient leurs vacances dans leur enfance. Bientôt, alors que la maison est isolée par d'importantes chutes de neige... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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« ... des personnages de romans. On n'était même pas ça : juste des copies, des traductions. On n'avait aucune épaisseur. » François, Mick, Claude, Annie et ...Dagobert !

Alors là, je suis scotchée ! le Club des cinq. Tous, ils étaient là avec moi, bien vivants, sauf Dagobert. Autant être averti tout de suite, ils ont grandi et ''très'' rapidement de surcroît. Et je dois avouer qu'ils sont loin de l'image gentillette que j'avais gardée d'eux. Ils se retrouvent pour passer Noël ensemble après bien des années de séparation et le moins qu'on puisse dire c'est qu'ils ont plutôt mal tourné. Ils ne sont pas seuls dans la villa de Kernach, certains étant venus avec leur compagne, ou leur enfant. C'est Claude qui les reçoit, elle n'a jamais quitté la villa, dans laquelle elle vit avec sa mère, Madame Dorsel, et Dominique -mais on l'appelle « Do, comme la note, ou Mi (...) mais pas Domi ». Tout de suite, François laisse parler son tempérament « Celle-là n'a jamais fait partie du Club. Une note, oui. Une fausse note. » Alors que la neige commence à tomber, ils se retrouvent presque tous, Mick et Jo ne sont pas encore arrivés, enfermés dans la villa quand Madame Dorsel est étranglée...

Michel Pagel s'est fait un réel plaisir en écrivant cette histoire noire. C'est un roman à la limite du thriller et du fantastique et c'est bien mené. Je me suis demandée si le personnage de Do-Mi n'était pas un clin d'oeil à Japrisot (Piège pour Cendrillon). Un bon moment d'évasion et un peu de souvenirs.
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Quelque chose a très mal tourné dans la vie de François, Claude, Michel et Annie. Il y a encore peu de temps, ils étaient cinq, quatre enfants et un chien unis par la même soif d'aventures, par la même générosité, le même courage. Ils ont affronté de dangereux malfaiteurs, vécu d'incroyables aventures sans jamais ébouriffer un cheveu de leurs petits têtes blondes. Puis le cataclysme a eu lieu. Depuis, plus rien n'a été comme avant… Les quatre ont grandi, ont vieilli. François est devenu un commissaire de police rigide et soupçonneux, Annie une ivrogne aigrie détestant cordialement son unique fillette. Quant à Michel et à Claude, s'ils semblent mieux se porter en apparence, ils dissimulent tous deux de profondes failles émotionnelles et ont dû lutter pour arriver à un semblant de vie normale. Tous regrettent le temps béni de leur enfance où tout semblait si facile et si exaltant, avant que la vie et l'âge ne viennent bousiller leur petit monde doré. Mais si tout ceci n'était pas inéluctable ? S'il existait un moyen, n'importe lequel, à n'importe quel prix, de revenir à zéro ? Nous sommes quelques jours avant Noël et, pour la première fois depuis des années, les quatre vont à nouveau être réunis… Pour le meilleur et peut-être pour le pire.

Etant petite, je n'étais pas une grande lectrice du « Club des Cinq », je leur préférais « Fantômette » et « L'Etalon noir ». Pourtant, en découvrant au détour d'une critique le résumé du roman de Michel Pagel, je n'ai pas pu résister. Hop, deux minutes de réflexion à peine et j'avais téléchargé le livre sur ma liseuse (c'est terrible la lecture numérique pour les acheteurs compulsifs…) le présupposé de base me semblait aussi attrayant que casse-gueule et il faut avouer que le début de ma lecture n'a pas été complétement convainquant. Je trouvais les personnalités des personnages trop tordues, trop abîmées : pourquoi fallait-il que chaque membre du club est si mal tourné ? N'avaient-ils aucune chance de devenir des adultes équilibrés ? Heureusement, ce parti-pris a rapidement eu une justification – et une bonne qui plus ait ! – et la plupart des points qui me laissaient perplexe ont été éclaircis au fur et à mesure de ma lecture. J'étais également dubitative sur l'introduction du fantastique dans l'univers du « Club des cinq », mais la chose a été faite si finement et si intelligemment que je ne peux qu'applaudir des deux mains.

Ces premières réactions mitigées mises à part, j'ai grandement apprécié ma lecture. L'intrigue est beaucoup plus fine et complexe qu'il n'y parait au premier abord, abordant de façon très originale les liens entre réalité et fiction et le statut de personnage de roman. le récit est très bien mené, tendu et glauque à souhait sans jamais se couper totalement de l'univers des romans originaux. La fin, fort bien amenée, m'a donnée des petits frissons dans le dos, à la fois d'une morbidité sans nom et d'une logique romanesque parfaite. Une curiosité sordide que ce petit roman, mais, attention, mieux vaut avoir l'estomac solide ! Votre enfance risque d'en prendre un sacré coup dans le bide…
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Comme beaucoup de gens de ma génération et de celle d'avant j'ai dévoré à peu près toutes les aventures des Cinq, à l'époque où les traductions, bien que francisées, étaient encore écrites au passé et sans enjolivement (parce que la vie, c'est pas toujours cool, et c'était une motivation très saine pour les Cinq d'alors de défendre la justice lorsqu'elle manquait à l'appel). Loin d'en être traumatisée j'ai un excellent souvenir de ces jeunes ados dynamiques et optimistes (à l'excès parfois, il faut le reconnaître) qui partaient à l'aventure sous prétextes divers, allant du sauvetage de la veuve et de l'orphelin à l'exploration de vieilles ruines à la recherche de trésors, tout ça sur fond de passages secrets, de messages à décrypter et de sandwiches et goûters arrosés de limonade (eh oui c'est tout de même soft, l'ancienne version). Quand on a huit ans, ça fait juste rêver !

Un peu plus « grande », en fait il y a quelques années, je me suis procuré une version originale sur une brocante, et quelque part cela m'a fait un choc : ayant passé toute mon enfance à lire, bien évidemment, les traductions françaises, je ne m'attendais pas du tout à avoir en fait deux versions ! Après la polémique évoquée ci-dessus qui a défrayé la chronique, qui en profite pour revenir également sur cette différence, vous savez peut-être à présent qu'Enid Blyton n'a jamais situé son action en Bretagne, and why would have she ? Les Famous Five s'appellent en réalité Julian, George(ina) & Tim(othy), Dick, et Anne, et passent leurs vacances dans le Dorset, de manière très évidente pour les petits Anglais qu'ils sont. Pour tout vous dire j'ai eu un peu l'impression d'avoir été flouée par la « traduction » française. Franchement, à l'âge où on lisait ça, on savait que l'Angleterre existait et je suis sûre qu'avec quelques notes de bas de page par exemple pour expliquer ce qu'était le Dorset ça aurait très bien été. Bref, autre époque, autres moeurs… (ou pas)

Vous avez peut-être l'impression que je m'épanche en vaines palabres, et pourtant Michel Pagel se sert de tout ce contexte, c'est bien pour cela que je ne me freine pas ni dans mes souvenirs ni dans mon exposé : en effet, comme toute reprise, pastiche ou parodie, il est je pense fortement conseillé, si ce n'est indispensable, d'avoir sinon suivi toutes les aventures des quatre enfants au moins lu un ou deux volumes. Mon ressenti est que le livre s'adresse en priorité aux nostalgiques (ou aux désenchantés) qui ont passé leurs vacances d'enfance avec les petits volumes roses reliés, mais il n'est pas complètement inaccessible à ceux qui seraient vaguement passés à côté du phénomène des Cinq : il est toujours temps d'emprunter un épisode à vos parents, grands-parents ou enfants, de le dévorer à votre pause de midi cette semaine, ou même à défaut de faire vos classes théoriques en recueillant sur Internet ou auprès d'un professionnel du livre passionné quelques informations et impressions susceptibles de vous donner un bon aperçu des tribulations de cette jeunesse dorée (ce que j'ai essayé de faire dans les paragraphes ci-dessus, à vrai dire). Si vous retenez en plus les noms des personnages dans la version originale (ou notez-les vous sur un bout de papier, ce serait dommage de vous arrêter en si bon chemin juste à cause de ce détail), vous pouvez je pense vous lancer sans appréhension dans cette expérience littéraire.

J'espère que je ne vous fais pas peur, mais d'un autre côté cette lecture requiert un peu d'implication de la part du lecteur, car si l'auteur rappelle très bien le contexte d' »avant« , et pose avec sans délicatesse celui de « maintenant » (et entremêle les deux actions avec une grande virtuosité), il fait fortement appel à nos lectures d'enfance – et peut-être même que ceux qui n'auraient pas lu le Club des Cinq s'y retrouveraient malgré tout, projetés dans des séries aux personnages et sujets similaires ? – qu'il s'attache à défigurer au vitriol. Et c'est justement sur ce geste qu'est bâtie l'intrigue : il n'y a plus d'enfants (NB : ce texte ne s'adresse pas du tout à un public jeunesse), plus d'aventures, plus d'insouciance, et surtout plus de bonheur, quels que soient les chemins qu'aient choisis les protagonistes au cours de leur vie adulte. de là cascade tout un lot de questionnements dans la tête du lecteur : pourquoi ? comment ? Pour obtenir les réponses il faut comme eux avancer péniblement, page après page, partager leurs désillusions et leurs tentatives parfois désespérées de redonner un peu de sens à leur vie, entrer dans leurs esprits torturés, dénouer cet écheveau poisseux de nostalgie que l'on nous tend dès les premières pages, dès la première ligne.
L'atmosphère est malsaine et funeste, comme plombée par un destin inéluctable et tragique, on entreverrait presque Baudelaire ou Poe (que le premier a traduit en français d'ailleurs) dans le tableau de famille. Et en parlant de ces poètes maudits, l'analogie étant trop belle, un de leurs compagnons favoris se glisse justement rapidement dans le texte, de façon subtile et progressive comme on l'attend : le surnaturel, ou fantastique. Trompeur comme toujours il s'adonne à donner quelques bribes de réponses tout en posant plus d'énigmes, jusqu'au grand final dont je ne saurais même dire s'il m'a plu ou non – je n'avais d'autre certitude que quelque chose allait mal tourner, mais dans quel sens ? – mais que j'ai trouvé très concordant avec le reste du livre. C'était donc comme ça que c'était censé se terminer.

J'applaudis le talent de conteur de Michel Pagel, dont le style à mon sens, et contrairement à ce qu'affirme la 4e de couverture, s'apparente plus à la nouvelle ou novella fantastique qu'au thriller, et en tous cas convient tout à fait à son objectif ici. Il nous distille son poison à petites gouttes régulières et on en redemande ! J'ai également noté une maîtrise de la gradation vraiment merveilleuse / horrible qui m'ont plus d'une fois tiré des gloussements de pitié (avouez, vous aussi vous vous gaussez de la mouise de certains personnages – non ? – Bon, j'ai donc un côté psychopathe) tandis que je me délectais de la forme autant que du fond.

Enfin je salue sa volonté de modeler des personnages un minimum complexifiés et divers (idéologies, choix de vie, orientation et vie sexuelle…), même pour un texte relativement court, et d'en profiter pour aborder des thèmes d'ordre social parfois difficiles comme la vieillesse. L'ensemble apporte de la profondeur essentielle à la « descente aux abysses » des personnages.

Un grand cru vin aigre, une absinthe amère à la texture poussiéreuse trop familière, que certains lecteurs prendront plaisir – un plaisir un peu coupable – à boire jusqu'à la lie puisque c'est ainsi que l'auteur semble vouloir nous enivrer. A consommer bien entendu, selon les termes de ce pacte littéraire quelque peu maudit, sans modération aucune.
Lien : https://croiseedeschemins.wo..
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Comme nous ils vieillissent, et subissent les tracasseries inhérentes aux adultes. Finis les moments d'insouciance, finies les aventures et les découvertes, la joie de se retrouver lors des vacances.

Trente ou quarante ans après avoir vécu des épisodes palpitants, surtout pour les lecteurs, François revient à Kernach, deux jours avant Noël. Il pensait que sa cousine Claude serait à l'attendre à la gare, mais ayant eu un empêchement elle a délégué comme chauffeur Dominique. François ne va pas tarder à l'apprendre, Dominique est l'amie de coeur et de lit de Claude, qu'elle appelle Claudine. Les temps changent. Cécile la mère de Claude est toujours vivante, mais ne quitte pas son fauteuil roulant. L'âge est passé par là. Et la tête n'est plus ce qu'elle était.

Ils doivent tous se retrouver dans la villa des Mouettes, cette bâtisse où ils ont passé leurs vacances. Tous ? Non, Dagobert est mort, bien évidemment. Il a terminé sa vie de chien, le fidèle canin qui a participé à leurs aventures.

François est devenu commissaire de police, est resté célibataire, et peut-être même qu'il n'a jamais connu de femmes. Sous des dehors d'homme sûr de lui, il a gardé des appréhensions enfantines envers les personnes du sexe, de l'autre sexe. Pas pour autant qu'il s'est tourné vers les hommes. Ce serait plutôt un misanthrope.

Débarquent Pilou et sa jeune compagne Mélodie. Pilou, Pierre-Louis pour l'état-civil, qui est une pièce rapportée n'étant pas de la famille mais a partagé quelques-unes des aventures des quatre cousins. Pilou dont les conquêtes sont de plus en plus jeunes.

Annie et sa fille Marie arrivent elles aussi dans un véhicule déglingué en provenance du Cantal où elles vivent depuis une dizaine d'années. le parcours d'Annie est chaotique. Marie est le fruit du troisième mari d'Annie, qu'elle n'a pratiquement pas connu. Comme les deux précédents, il a quitté Annie et depuis celle-ci vivote d'expédients, d'alcool et de cachets contre la déprime permanente qu'elle traîne comme un boulet. D'ailleurs Annie aussi elle traîne Marie comme un boulet et la gamine se ramasse les torgnoles comme grêlons lors d'un orage.

Seuls Mick et Jo arriveront un peu plus tard. Ils vivent au Canada, mais promis ils seront là pour Noël. Mick, le quatrième de la bande, le frère de François et d'Annie. Jo, la Gitane, une rapportée elle aussi et que François n'apprécie pas du tout. Son côté misogyne.

Faut dire que depuis le cataclysme, du moins cet événement considéré comme un immense et brutal bouleversement dans leur vie, les relations ne sont plus les mêmes entre les quatre anciens gamins devenus adultes. Chacun a fait sa vie, comme il a pu, pourtant restent les souvenirs.

Claude a parfois des absences, ou plutôt elle se sent projetée ailleurs, sur une plage du Dorset, se trouvant en présence d'un chien et d'enfants qui rappellent étrangement les gamins qu'ils furent il y a fort longtemps.

La neige commence à tomber et le lendemain les cousins et amis ne peuvent sortir de la villa. La neige bloque tout. Cécile, la mère, est retrouvée morte. Elle porte d'étranges traces qui laissent à penser qu'elle a été assassinée. Pourtant aucune trace de pas n'est visible dans cet épais manteau blanc.

Un véritable huis-clos étouffant, malgré la froideur de la température extérieure, englue les habitants de la demeure. D'autres morts ponctueront cette journée et Mick n'est toujours pas présent, accompagné qu'il devrait être de Jo.



Lorsque les personnages de papier prennent vie, cela donne une nouvelle dimension à leurs aventures passées, mais également un éclairage sur leur nouvelle vie.

Mélodie met les pieds dans le plat au cours du repas qui suit les retrouvailles :

Quand Pierre-Louis m'a dit qui vous étiez, je ne l'ai pas cru. C'était vraiment vous, les héros de ces bouquins ? Il vous est vraiment arrivé tout ça ?

Complétant ces questions innocentes, Mélodie affirme les avoir tous lus, dans les versions cartonnées et même les suites. A quoi Annie s'insurge, niant ces derniers ouvrages qui ne furent que pures fictions. Mais les membres du Club n'aiment pas parler du passé. Claude temporise. Mélodie se demande comment ces romans ont été écrits, si ce sont eux qui ont raconté leurs aventures ou bien si leurs parents s'en sont chargés. Elle ne songe pas à s'étonner que l'auteur est un nom anglo-saxon - mais peut-être croit-elle à un pseudonyme.

Et Michel Pagel pointe du doigt l'un des aspects qu'enfants nous n'avions pas forcément soulevé, pourquoi ces traductions, publiées dans le désordre, mettaient en scène des enfants au nom français évoluant dans une région française.

Il ne s'agit pas vraiment d'une histoire de mondes parallèles, ni d'une interconnexion de deux périodes qui se rejoignent, mais d'une fiction dans la fiction, d'une fantasmagorie juvénile qui prend corps sous nos yeux, avec ce que Claude et François appellent un cataclysme survenu lors de leur jeune adolescence. Et ce cataclysme va influer sur leur adolescence et leur passage à l'âge adulte.

Et Michel Pagel, au lieu de détruire un mythe, le perpétue, offrant ce que l'on pourrait une suite à une oeuvre déjà conséquente et ouvrant de nouveaux horizons.

Un ouvrage prenant qui nous ramène quelques décennies en arrière tout en le plaçant dans notre époque. Une véritable réussite écrite avec brio et maîtrise, tout en conservant la part de mystère qui plane dans l'existence de ces adultes encore gamins, perturbés par ce bouleversement, cette révolution qui nous a tous marqué.



Lien : http://leslecturesdelonclepa..
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Comment les héros adolescents ont-ils grandi ? Que leur est-il arrivé après la fin de leurs aventures ?
C'est de cette idée qu'est parti Michel Pagel dans ce roman, cherchant à savoir ce qu'était devenu le Club des Cinq de notre enfance. Mais il a encore affiné sa démarche en partant du postulat que ces enfants avaient réellement existé.

Ce Club des Cinq a bercé mon enfance. Leurs aventures m'ont passionnée et je les ai dévorées - premiers romans policier d'une très longue série qui s'allonge de jour en jour. J'enviais leur indépendance, la liberté dont ils jouissaient et leur complicité. Ils avaient mon âge mais agissaient en responsables et on leur faisait confiance. Quand j'ai découvert que Michel Pagel les avaient « ressuscités » je n'ai pas pu résister.

La vision de Michel Pagel est forcément personnelle mais je ne m'attendais pas à ce qu'elle soit si éloignée de la mienne. Bien qu'il fasse référence aux romans initiaux, ses souvenirs ne sont pas tout à fait les miens et les adultes que sont devenus mes héros sont trop caricaturaux à mon goût : François est psycho rigide, Mick inconsistant, Claude est un vrai tyran et Annie est devenue une larve pleurnicharde. Était-il nécessaire de forcer le trait à ce point ?

Malgré tout, l'histoire en elle-même est intrigante. Ces héros rentrés dans l'anonymat souffrent de vieillir et vivent mal l'inactivité, le manque d'adrénaline et l'enfance perdue. Tous font des rêves éveillés qui les lient à leurs homologues anglais et les projettent dans le Dorset. Passé et présent se mêlent, fiction et réalité, personnages de papier et personnes réelles... et nous entrainent dans un thriller de bonne facture à l'humour noir, une fable onirique sur l'imaginaire de l'enfance et nos peurs.

Une fois entamé, on n'a de cesse de découvrir ce qui va arriver. Mais je vous préviens, nos héros ont vachement morflé. Attention à la désillusion.
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
Dagobert est mort depuis longtemps, bien sûr.
Ils l’ont enterré dans le jardin de la villa des Mouettes, à Kernach, entre le vieux pommier et le mur de clôture dévoré par le lierre.
Ensuite, plus jamais ils ne se sont tous réunis. Mick, alors, commençait à mal tourner : trois mois plus tard, il quittait la maison.
Le Club avait cessé d’exister
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« Je m’appelle Dominique mais on m’appelle Do, comme la note, ou Mi, comme la note aussi, Do ou Mi mais pas Domi », et il retient un froncement de nez. Celle-là n’a jamais fait partie du Club. Une note, oui. Une fausse note.
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Elle franchit la porte de la villa, courant presque… et se retrouve non dans la cour mais sur une plage – qui n’est même pas celle de Kernach. Une étendue de sable parsemée de rochers et battue par une pluie fine, serrée, que le vent couche à l’oblique. Le ciel est bas, couvert de nuages sombres et gonflés, et, s’il fait un peu moins froid qu’en Bretagne où tombe la neige, c’est l’hiver ici aussi. Une eau gelée martèle le visage de Claude, s’infiltre dans son cou, commence à imprégner son pull de laine et son jean – et il faudrait être fou pour se plonger dans une mer sombre dont les vagues s’abattent avec violence sur la grève presque grise.
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Jusqu’à ce que retentisse la voix inconnue, sur sa droite, qui dit : « Vous êtes François, n’est-ce pas ? », qui dit : « Claudine a beaucoup de travail, elle m’a demandé de passer vous prendre », si bien qu’il se retourne vers un visage inconnu, une silhouette inconnue. Il remarque la minceur, la rousseur, la beauté, la jeunesse – pas plus de trente-cinq ans, une gamine par rapport à Claude, qui devrait avoir honte. Car il comprend de qui il s’agit avant même d’entendre : « Je m’appelle Dominique mais on m’appelle Do, comme la note, ou Mi, comme la note aussi, Do ou Mi mais pas Domi », et il retient un froncement de nez. Celle-là n’a jamais fait partie du Club. Une note, oui. Une fausse note.
Mais le plus important, c’est que Julian avait raison.
Claude n’est pas venue.
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Mi, il s’en est rendu compte au premier regard, est une très jolie fille. Il n’a pas besoin de la déshabiller pour savoir que ses courts cheveux carotte sont aussi naturels que les taches de rousseur semées sur son visage. Puisqu’elle a ôté son manteau, il peut aussi juger la finesse de jambes que dessine un pantalon en denim noir. Le reste de la silhouette disparaît sous un grand pull vert en laine, à peine tendu par une poitrine menue, mais on le devine harmonieux. Elle est très belle, très féminine, elle paraît douce, et elle n’est sûrement pas stupide ou Claude ne la supporterait pas.
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Vidéo de Michel Pagel
Le plus grand cycle de littérature d'horreur moderne qui ait jamais été envisagé en France, plus réédité depuis onze ans, que nous proposons en un tirage limité de luxe, en huit volumes de toute beauté.
Harcelé par ses vieux démons, Michel Pagel a entièrement révisé ses manuscrits, nuits et jours, poursuivi par une idée fixe, comme un envoûtement : faire de cette somme un sommet, l'édition ultime et définitive de ce chef-d??uvre du fantastique français. Dans un dernier effort, il y a ajouté une préface et une nouvelle, avant de s'écrouler d'épuisement. Deux textes sur lesquels aucun mortel n'a encore jamais posé les yeux.
On murmure que l'auteur vit maintenant en ermite, reclus dans un village anonyme du sud, refusant toute société?.
Ouvrage en souscription début janvier 2016 ( Bande son trouvée sur http://www.freesound.org/people/klankbeeld/)
+ Lire la suite
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