L'avant dernier tome du Manifeste Incertain de
Frédéric Pajak ! J'aurai aimé qu'il continue encore et encore, qu'il ne soit pas annoncé de fin à ce projet littéraire et artistique atypique. Jusqu'où aurait-il pu aller ? N'importe où, partout et nulle part à la fois et peu importe ! Je l'aurai suivi sans me poser de questions... C'est bon aussi de se laisser guider, de découvrir des femmes et des hommes, petits ou grands, des lieux improbables et pourtant existants, (toujours) vivants là sous nos yeux et sous sa plume.
Il y a d'abord ses confidences sur son beau-père, par touche et retour en arrière. Cet être tyrannique et égoïste, qui le méprisait, est dépeint à merveille. Pathétique et cruel ! Puis des récits de voyage, par "impression", emprunts il me semble, de beaucoup de nostalgie. Il parle de désespoir. Planquée de l'autre côté du miroir, J'ai envie de leur tendre la main, mais "lorsque, enfin, les mots dévoilent ce qui se cache dans l'invisible, on les croit sur parole. Il n'y a pas de petit arrangement qui soit".
Les Gilets Jaunes le savent bien ! "Leur parole, dès lors qu'elle surgit du vide de la cacophonie médiatique, semble inouïe, et dans sa simplicité, et dans sa brûlure. Ils ne parlent pas avec les mots convenus, stéréotypés, de la télévision : ils parlent bien."
Et les dessins sont là !
Paul Léautaud et
Ernest Renan sont ses invités. On leur fait une place, les écoute et les apprivoise avec une certaine malice, celle de
Frédéric Pajak ! La lecture s'emballe et il faut ralentir le rythme si l'on veut que rien ne nous échappe... On ressent le poids des années - les siennes comme les nôtres - et le temps qui file est presque palpable, concret, matière sous ses mots et ses traits...
"Mais où sont-elles passées, les années de mon passé ? Les voilà qui dansent dans le remous des vagues, accomplissent un dernier tour de piste avec un sourire un peu triste. Je les compte jusqu'à épuisement. Elles ne sont plus que des chiffres - les bons et les mauvais, pareils à des millésimes".
Plus que des chiffres...
Je referme le 8 et contemple encore le tome 9, d'un oeil circonspect : Défit illusoire d'une lectrice un peu bravache, qui manifeste cette volonté encore incertaine de mettre à distance ce mot honni en bas de la dernière page, ces trois petites lettres F.I.N.
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