Si vous voulez du romantisme, de l'épique, du phrasé complexe, du
Proust, du
Balzac, du
Tolkien, passez votre chemin.
Ici, on baigne dans le porno, chaque page suinte le foutre, le sexe et la mort. Eros et Thanatos. Les esprits prudes s'arrêteront au bout de 30-40 pages, exaspérés par tant de vulgarité rigolarde. Grosse erreur.
Parce que
Chuck Palahniuk, auteur entre autres du fameux
Fight Club, est un des rares écrivains à se coltiner l'envers du rêve américain, à ne pas hésiter à plonger les mains dans le cambouis, quand il ne s'agit pas de merde comme ici.
Le porno, donc. Un univers propre à lui-même, qui plus que jamais se trouve être le révélateur de notre société de consommation moderne. Tellement révélateur qu'il convient d'en détourner les yeux et de faire comme s'il n'existait pas, ou faire pour qu'il n'existe pas.
Palahniuk, avec son style bien à lui, sarcastique, humoristique - Version noir de geais -, déconstruit une Amérique qui broie ceux qui rêvent, une industrie du cinéma qui promulgue l'illusion, le paraître, oubliant l'humain derrière l'écran. Les multiples anecdotes, tragiques, sur des célébrités d'Hollywood, finissent de dessiner cet appétit du peuple pour l'image désincarnée, pour le fantasme venu combler leur vie de patachon.
Ce qui au début fait plutôt marrer vire au dramatique le plus révoltant, bouleversant même dans son dernier tiers. Des vies brisées, digérées par le ventre immonde du capitalisme.
Par bien des aspects, on y retrouve un peu du
Bret Easton Ellis des grandes heures, un peu du splendide Requiem for a dream, le sentiment d'un immense gâchis qui laisse les larmes aux yeux.
Essentiel.