Tout dans ce roman est malsain. L'auteur joue sur les détails scabreux, qu'il peaufine jusqu'à l'étouffement. L'oeuvre transpire l'obscénité par tous les pores. Mais peut-être le lecteur ne vaut-il pas mieux que ces personnages qu'il méprise, ou pour lesquels – au mieux – il ne ressent que pitié ou condescendance. Ne mourrons-nous pas tous d'envie d'entrer dans la salle de tournage et de constater de nos propres yeux l'état dans lequel est laissé la malheureuse ? le doute est lentement instillé, et nous poursuivons avidement notre lecture afin de savoir si elle finira par mourir de ce déferlement d'hommes dans son intimité.
Six cent individus misérables, tentés par la gloire et persuadés qu'ils écrivent l'histoire.
Tout est instrumentalisé. On en oublierait presque l'humanité de ces personnages que nous nous complaisons à dégrader. Elle semble leur être niée, dans cette salle d'attente où ils ne sont rien d'autre que des numéros, des animaux en quête de quelques minutes de plaisir. le chiffre de chacun est écrit à l'encre indélébile sur le bras, comme on tatouerait des bestiaux ou les prisonniers des camps de la mort pendant la Seconde Guerre Mondiale. Ce dernier amalgame peut paraître malheureux, mais semble d'autant plus adapté quand on sait que les candidats sont parqués dans une salle d'attente avec pour seul vêtement un caleçon.
Dans la salle d'attente sont diffusés en boucle des extraits des films X, comme pour montrer aux candidats ce qui les attend. Une sorte d'avertissement leur imposant d'être à la hauteur. Pour renforcer ce sentiment de performance, d'exploit sexuel à accomplir, l'assistante personnelle de Cassie, Sheila, déambule entre les candidats pour leur vendre les petites pilules bleues, une pilule magique pour dix dollars. le lecteur, quant à lui, n'aura besoin d'aucun stimulant pour se jeter corps et âme dans cette lecture dérangeante.
Chuck Palahniuk, qui est également l'auteur de «
Fight Club », a selon moi réussi à peindre un portrait acide de l'univers pornographique et de ses nombreux adeptes.
Son génie est d'avoir tourné de simples consommateurs de sexe à des acteurs glorifiés. Les frontières du bien et du mal sont floutées, jusqu'à ne plus avoir d'existence. Etant donné que
Palahniuk doit sa réputation à son écriture non-conformiste et largement portée sur des thématiques transgressives, rien d'étonnant à ce que ce roman ne fasse pas dans la dentelle. le message est bien passé, mon malaise a duré quelques jours après que je referme ce livre. Ne cherchez pas à y voir une critique du business du commerce sexuel, elle est inexistante. Cela dit, cette oeuvre ne perd rien de son intérêt littéraire, malgré une écriture simplifiée au maximum et des personnages dont l'histoire est fort peu développée. L'auteur se montre condescendant, ce qui est tout à tour agaçant et compréhensible. A déconseiller aux âmes sensibles.
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