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sur 303 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Il y a quelques années, je suis tombée sur un article qui prétendait que les femmes qui se suicidaient, ne touchaient pas à leur visage. Elles prenaient des médicaments, se tailladaient les veines…Elles pensaient peut-être pouvoir rester jolies même dans la mort, édifiant leur frivolité, jusque dans les tréfonds de l'horreur tragique. Des sortes de Belle Au Bois dormant macabre, les cheveux bien étalés sur les draps;
Je vais me maquiller,
Je vais me coiffer,
Je vais mettre mes plus beaux bijoux
Je serais épilée,
J'aurais ma plus belle robe de soie rouge...
Alors j'étais surprise en lisant le doc le Cinéma X de Jacques Zimmer, d'apprendre que certaines actrices pornos, lorsqu'elles se suicidaient, se foutaient une balle dans le crâne, laissant ainsi échapper une partie de leur cervelle et autres substances peu ragoutantes, intestins vidés avant? Probablement pas. Rappelant, ainsi que la souillure est humaine. Peut-être serait-ce intéressant de faire une étude sociologique sur le choix du suicide des femmes en fonction de leur vécu ?
Peut-être n'est-ce pas si intéressant.

Actrice porno.
Voici une motivation bien surprenante, que je ne peux pas comprendre. Même après avoir lu Porno Manifesto d'Ovidie, je ne comprends toujours pas. Argent facile avec son corps ? Ne le vendons-nous pas d'une autre manière ce corps ? Je crois que c'est surtout le fait que des inconnus me touchent qui m'horrifient. Hôtesse de caisse, je me fais moins d'argent, mais mes six-cents clients ne me tripotent pas… Si le monde du travail nous chosifie comme des pions sur un échiquier, ce serait une erreur de croire que le monde subversif du porno est différent, c'est juste qu'il rapporte plus de frics...
J'ai connu brièvement une actrice porno. J'éprouvais beaucoup de jalousies : le regard des hommes sur elle, ils la sacralisaient comme une Aphrodite des temps modernes. Et en même temps, je n'aurais pas voulu être à sa place, ou je n'aurais pas pu. Je la trouvais courageuse. Je la trouvais libre. Tandis, que je prenais conscience que la lutte pour le respect de mon corps serait difficile, je me demandais comment le serait-il pour une femme qui utilise tous ses orifices pour de l'argent ? Quel est son combat ? Il y'en a eu des féministes, comme Ovidie mais également Annie Sprinkle. Et peut-être que dans un autre monde, nous les aurions élevées au rang de déesses.
Mais les hommes cassent les poupées.
Ils enlaidissent, brutalisent, chosifient, et cette femme, au corps absolument sublime, aux fesses bien rondes, à la chevelure de rêve, à la chair veloutée, était à la fin de son ouvrage libidineux, qu'un morceau de viande dégoulinant d'un surplus de maquillage et de fluides, avec des bleus, des cheveux ébouriffés, poisseux, puants... Elle ressemblait à un steak recraché. Si nous sommes capables d'admirer Rolla de Henri Gervex, ou admirer L'Origine du Monde de Courbet, qu'en serait-il si nous pouvions les toucher à notre convenance ? La nudité n'est pas de la pornographie, mais à quel moment, pouvons-nous considérer que l'image renvoyée est ou n'est pas de la pornographie? Lorsqu'elle est souillée.

Je jalousais son corps admiré mais je ne jalousais pas le moment où il était souillé.

Si vous avez vu la série Dietland, adapté du roman de Sarai Walker (in)visible, vous repenserez au moment où Prune réalise qu'être une femme magnifique ne suffit pas pour avoir le respect des hommes... Ce moment, c'est lorsqu'elle assiste à une scène porno avec une actrice qu'elle enviait pour sa beauté...

****

Eh Palahniuk ! Qu'est-ce que tu trafiques avec ton personnage, transformé en torchon à foutres, se plombant de bites de six-cent hommes comme des coups de fusil sur le corps ? Tu la sacralises ou tu la chosifies ?
Avec un titre comme Snuff, on comprend assez rapidement que quelque chose d'encore plus moche va arriver…
Tandis que je tente de comprendre cette femme qui ne semble pas au comble de la joie, Palahniuk fait également le choix de donner la voix aux hommes qui attendent leur tour dans les coulisses de la lascivité. Je pense qu'il faut un certain état d'esprit pour participer à un Gang bang médiatique avec 600 ans autres mecs. Beaucoup d'hommes ne le feraient pas, même contre de l'argent, même avec la plus belle du monde...
Tentons de comprendre les motivations de Cassie mais également tentons de comprendre celles des hommes, qui, si elles n'étaient réduites qu'à se vider les gonades, ne feraient pas un roman…

Adieu romantisme, adieu érotisme,
adieu même, Dark romance propre.

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Avant toute chose, je tiens à éclaircir un point important : si vous chercher une histoire sans queue ni tête, ou l'on enchaîne les scènes osées; passez votre chemin.

Car au final ce "snuff" n'est qu'un prétexte pour réunir ces destins si particuliers dans un couloir étroit et repoussant ou chacun attend quelque chose de diffèrent, mais pense qu'ils le trouvera en la personne de Cassie Wright.

Rien que sur ce personnage je pourrais vous faire une dissertation, car cette "Marilyn Monroe" qui a été mal comprise et mal aimée, synthétise à la fois une caricature de notre société, mais aussi un symbole de l'abandon et de la perte à elle toute seule.

Les autres personnages sont tout aussi percutants et attachants, bien qu'ils ne nous soient présentés que sous des numéros, on alterne leur point de vue tout au long du roman et on se rend compte que chacun d'eux est à la recherche de ce qu'il a perdu.

Les symboles de la mère, de la mort et de la sexualité, viennent imprégner nos anti-héros et donne une dimension beaucoup plus profonde et subversive au récit.

L'auteur maîtrise à la perfection son sujet et son histoire et nous livre un bijou à la fois violent, dérangeant et tellement fascinant que je ne suis pas sortie indemne de cette lecture.

La poésie et la beauté de la plume de l'auteur, m'a beaucoup marquée surtout que les images qu'il met en place contrastent énormément avec la laideur des âmes présentées, avec le bruit, les odeurs, la peur, le doute... que le travail que l'on a sous les yeux est unique et des plus marquants.

Dans cette enfer qui abrite encore quelques rayons de lumières, à l'instar des braises sous la cendre, Chuck Palahniuk montre jusqu'où la société pousse nos penchants les plus pervers, notre part la plus noire et nos carences émotionnelles et spirituelles dans leurs extrêmes.

Les destins de, ce jeune homme en quête d'amour, de cet homme qui a raté sa vie en quête de reconnaissance, et les mensonges d'une jeune femme en quête de vengeance, s'entremêlent dans le chaos de ce bâtiment ou la mort rode et attends son heure.

Je pourrais vous écrire des pages et des pages sur ce livre, tellement les références culturelles, les réflexions philosophiques, les critiques sociales et la complexité des sentiments m'ont captivée, touchée, m'ont fait réfléchir et m'ont plu. Alors je préfère m'arrêtée là et vous laissez le plaisir de découvrir cet univers par vous-même.

Enfin bref... Plus qu'un coup de coeur, une lecture que je ne peux que vous conseiller (à condition d'être majeur et vacciné), une lecture qui m'a marquée, la beauté de se texte se savoure et va au-delà du simple résumé que l'on en fait. Une expérience à faire, un huit clos dérangeant et jouissif.
Lien : http://bookymary.blogspot.fr..
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«Le meilleur conseil que mon vieux m'ait donné, c'est de raser les poils à la base de la queue, qu'elle bande ou pas, comme ça elle paraîtra trois à cinq centimètres plus longue.»

Le ton est donné, âmes sensibles s'abstenir ! Pouvant considérer Chuck Palahniuk comme un auteur hardcore, quand celui-ci entreprend de donner pour thème principal de son roman l'industrie pornographique, on peut s'attendre à un résultat very hardcore… Je vous rassure, c'est bien le cas alors respirez un grand coup et bienvenue dans Snuff !

Une star du porno sur le retour et six cents hommes candidats à un gang bang, «tels des taureaux parqués par groupes près d'une vache fertile», voilà le cocktail explosif dans lequel nous entraîne Palahniuk. 200 pages de délires sexuels tous plus imaginatifs les uns que les autres, qui nous emportent avec fureur dans une espèce de huis clos où la vengeance est vénérienne.

Mais si (mon tant aimé) Chuck Palahniuk est encore plus trash et subversif que jamais (ô joie!), ce n'est pas pour le simple plaisir de choquer son lectorat. Il analyse, dissèque et expose une fois de plus les nombreux vices de l'espèce humaine dans un milieu où règnent corps huilés et torses imberbes. Et c'est justement là que réside le talent narratif de Palahniuk, puisqu'il parvient à nous dégouter plus par la description physique de nos congénères humains – aux corps suants, attaqués sans cesse par de furtifs coups de rasoirs, assaillis d'auto-bronzant par d'excessives couches brunâtres, sales – que par leurs nombreuses pratiques sexuelles vraiment hardcore qui s'avèrent finalement toutes plus divertissantes les unes que les autres.

Certes ce n'est pas le roman le plus subtil et cynique de Palahniuk, puisque cette fois, le sexe (élément récurrent dans ses tous ses romans), plus que le prétexte, devient la jonction de tous les personnages du récit. Drôle ou tragique. La sexualité, l'attrait, les conséquences et le pouvoir du sexe est disséqué. Nous offrant à chaque chapitre des instants d'hilarité, que ce soit dans les titres parodiés de films qui jalonnent quasi toutes les pages du roman: Tant qu'il y aura des zobs, le facteur nique toujours deux fois, The Wizard of Ass, La ruée vers Laure… pour ne citer que ceux-là (bravo au traducteur Claro, qui a su les adapter à la langue de Molière), ou dans un chapitre entier consacré au processus de fabrication d'un realistic gode (jouissif!).

Au fil des pages, les intentions de chacun se font plus claires : désirs de vengeance, pulsions homicides. Palahniuk nous emporte dans une intrigue, mélange de sexe, de violence et de mort, car si le porno «transcende les races, les nationalités et la famille», tout le monde n'en sortira pas indemne !

Respirez un grand coup et ouvrez Snuff, là où l'onanisme devient coupable, où les stars adulées du porno deviennent des moins que rien, où les paillettes et corps parfaits donnent des haut-le-coeur… là où le beau devient sale !
Lien : http://vagabondssolitaires.w..
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Si vous voulez du romantisme, de l'épique, du phrasé complexe, du Proust, du Balzac, du Tolkien, passez votre chemin.
Ici, on baigne dans le porno, chaque page suinte le foutre, le sexe et la mort. Eros et Thanatos. Les esprits prudes s'arrêteront au bout de 30-40 pages, exaspérés par tant de vulgarité rigolarde. Grosse erreur.
Parce que Chuck Palahniuk, auteur entre autres du fameux Fight Club, est un des rares écrivains à se coltiner l'envers du rêve américain, à ne pas hésiter à plonger les mains dans le cambouis, quand il ne s'agit pas de merde comme ici.
Le porno, donc. Un univers propre à lui-même, qui plus que jamais se trouve être le révélateur de notre société de consommation moderne. Tellement révélateur qu'il convient d'en détourner les yeux et de faire comme s'il n'existait pas, ou faire pour qu'il n'existe pas.
Palahniuk, avec son style bien à lui, sarcastique, humoristique - Version noir de geais -, déconstruit une Amérique qui broie ceux qui rêvent, une industrie du cinéma qui promulgue l'illusion, le paraître, oubliant l'humain derrière l'écran. Les multiples anecdotes, tragiques, sur des célébrités d'Hollywood, finissent de dessiner cet appétit du peuple pour l'image désincarnée, pour le fantasme venu combler leur vie de patachon.
Ce qui au début fait plutôt marrer vire au dramatique le plus révoltant, bouleversant même dans son dernier tiers. Des vies brisées, digérées par le ventre immonde du capitalisme.
Par bien des aspects, on y retrouve un peu du Bret Easton Ellis des grandes heures, un peu du splendide Requiem for a dream, le sentiment d'un immense gâchis qui laisse les larmes aux yeux.
Essentiel.
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