AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
4,11

sur 329 notes
5
38 avis
4
26 avis
3
11 avis
2
0 avis
1
2 avis

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Une fresque familiale dans la Turquie des années 1954 à 2012, dans laquelle on vit avec un simple marchand ambulant, un peu naïf mais optimiste et attachant , toutes les transformations de la vie à Istanbul. Des transformations physiques de la ville, mais aussi une profonde transformation des modes de vie et des mentalités. Au delà d'une saga passionnante à suivre, c'est aussi un documentaire instructif sur la société turque et ses régimes politiques. L'écriture est très agréable et le style original, alternant par exemple les points de vue des différents protagonistes. Malgré un volume important, je suis arrivé à la fin presque avec regret d'avoir déjà fini.
Commenter  J’apprécie          220
Voici un roman qui se mérite, en effet raconter la vie d'un vendeur de boza et des personnes de son entourage, on se dit que sur plus de 800 pages on risque de s'ennuyer ferme au bout d'un moment mais ça c'était sans compter sur l'immense talent de Pamuk pour nous livrer une fresque historique sur Istanbul que l'on voit évoluer au fil des années pour passer de 3 à 13 millions d'habitants entre 1970 et 2010.

Un monde en mouvement, l'exode rurale, les bidonvilles, une ville partagée entre traditions ancestrales, religieuses et ce regard tourné vers l'Ouest, la volonté d'entrer dans la modernité.
Un colossal travail de recherches a été nécessaire à Pamuk pour aboutir à un résultat aussi précis. Il se dit qu'il s'est rendu dans ces villages pour découvrir l'histoire de ces femmes et de ces hommes qui sont devenus stambouliotes et qui ont fait de cette ville ce qu'elle est aujourd'hui : une mégalopole de la diversité, du pluriculturalisme.
Mais il ne fait pas d'angélisme Orhan, personne n'est épargné, les politiciens corrompus jusqu'à la moelle, la mafia locale sans pitié, les minorités alévis et Kurdes qui regardent la feu URSS avec des yeux de velours et qui subiront une répression sans miséricorde de la communauté musulmane.
Le statut de la femme qui rêve d'émancipation n'est pas oublié dans le roman. On voit l'évolution des libertés féminines malgré un intégrisme qui monte en puissance. le tremblement de terre qui frappa la ville est également évoqué, c'est donc un roman foisonnant, très riche narrativement et historiquement.
Et l'humain dans tout ça me direz-vous et bien il n'est pas oublié et Mevlut le vendeur de cette boisson (la boza) symbole d'un monde qui disparaît en est le héros ordinaire, Mevlut que nous suivons de l'adolescence, quand il arriva à Istanbul, jusqu'au crépuscule de sa vie. Les vicissitudes il s'en accommode, tout ce qu'il veut c'est être heureux et les obstacles il n'en a cure, bien décidé, qu'il est, à continuer son chemin vers les différents quartiers de la ville pour vendre sa boza. Nous suivons également les chroniques de sa famille, sa belle-famille, ses amis et l'immersion dans la vie et la ville des stambouliotes est totale.
Certains passages très émouvants m'ont profondément touché. Je vous remercie Mr Pamuk de m'avoir permis d'être ému, bouleversé parfois et d'avoir eu la chance de lire une oeuvre aussi magistrale.


Challenge pavé
Challenge Nobel
Challenge multi-défis
Pioche dans ma PAL
Commenter  J’apprécie          200
Ce livre emprunté à la bibliothèque de la ville voisine m'a tout de suite intéressée : d'abord son auteur avait obtenu le Prix Nobel pour toute son oeuvre et aussi parce que je n'en avais encore lu aucun de lui.
Il est long : plus de 600 pages dans l'édition Gallimard du monde entier. J'ai mis du temps pour le lire. Il est émaillé d'anecdotes très intéressantes sur l'histoire turque des années 1982 à 2012. C'est une saga sur les familles des frères Hasan Aktas et Mustafa Karatas, marchands de yaourt et de boza, mariés aux soeurs Safiye et Atiye. le héros, Mevlut Karatas, né en 1957, émigra de son village à Istanbul en 1969, à la fois pour suivre sa scolarité et pour travailler comme vendeur ambulant. Ce qui au début tisse une histoire d'amour très romanesque autour de notre héros, s'agrandit en témoignage fidèle de l'histoire politique et sociale de la Turquie dans ces années-là et même avant sans être lourd. « Après les journées des 6 et 7 septembre 1955, à l'époque du conflit chypriote, après que les églises, les magasins eurent été saccagés et pillés, les prêtres pourchassés et les femmes violées par les hordes armées de bâtons et de drapeaux, les Grecs d'Istanbul partirent en Grèce ; en 1964, ceux qui n'avaient pu le faire furent contraints par un décret de l'Etat d'abandonner leur maison et le pays dans un délai de 24 heures. ». On s'aperçoit au fil du roman que cette belle histoire d'amour entre Mevlut et Rayiha cache l'histoire d'Istanbul telle qu'elle fut dans ces années-là. La loi qui fut passée sur la privatisation de l'électricité en 1991 montre combien la transition fut difficile pour tous ceux qui trichaient sur leur consommation électrique – aussi bien les riches stambouliotes que les pauvres. Nous pouvons faire une comparaison intéressante avec ce qui se passe maintenant chez nous. le 17 août 1999, un tremblement de terre à Marmara a fait 17480 morts. J'y suis allée récemment et la ville a repris son insouciance, fort heureusement. Il évoque aussi les islamistes. Mevlut parle politique avec Süleyman. Quand Mevlut évoque sa rencontre avec son Excellence, un vieil homme aux cheveux argentés et au visage bon qui est entouré de ses étudiants auxquels il enseigne l'art de la calligraphie. « Certaines oeuvres du dernier grand maître turc de la calligraphie se trouvent dans les musées européens. » La dernière fois que Mevlut était passé à la loge soufie remontait à six mois – page 624. Est-ce que l'histoire de ce maître calligraphe est tirée de la réalité ? Je ne crois pas avoir vu clairement son nom mais sa personnalité déteint sur Mevlut qui craint un moment d'être pris pour un bigot par Sadullah Bey alors qu'il en a besoin pour s'ouvrir de son monde intérieur et de ses problèmes spirituels (page 589).
L'auteur sait bien nous restituer l'atmosphère si particulière d'Istanbul avec ses cimetières à l'ambiance gothique et ses chiens noirs qui errent dans les ruelles de la ville à la nuit tombée. le vendeur ambulant de boza en est la figure éternelle. J'ai beaucoup aimé ce roman si pittoresque et si vrai.
Commenter  J’apprécie          151

Cette chose étrange, est le sentiment de perdition dans un pays , pourtant lieu de naissance et de l'auteur et de son héros à travers l'évolution d'une famille installée à Istanbul depuis un demi-siècle.
Dans les années 1950, Istanbul comptait 3 millions d'habitants, aujourd'hui, 13 millions .Des familles de paysans sont venues d'Anatolie pour travailler et avoir une vie décente, ils se sont installées de façon anarchique sue les collines bordant Istanbul, et c'est l'histoire de l'une d'elle qu'Ohran Pamuk (Prix Nobel de littérature) raconte dans cet énorme et très accessible roman.
Tout d'abord, figure un arbre généalogique qui guide bien le lecteur pendant un petit moment ; le membre de la famille qui est le centre du roman est Mevlut, un homme arrivé à Istanbul en en 1969, après une enfance villageoise.
Les bonheurs, les chagrins, le quotidien, la vie quoi ! de cette famille sont rapportés de façon précise , mais pas de façon chronologique, chacun y apporte sa touche personnelle, même l'auteur qui vient parfois reprendre le lecteur par la main, ce qui est bien plaisant , fallait y penser.
Comme dans toute famille, certains ont plus de réussite en affaires , certains plus volontaires que d'autres, et Mevlut, lui, le bon garçon qui rêve comme les autres , a bien du mal , sans l'aide de ses frères à se sortir de la misère.
Son bonheur secret , tout en essayant plusieurs métiers, c'est de traverser la ville tard le soir pour vendre la « boza », une boisson traditionnelle turque, fabriquée artisanalement,mais pour les jeunes générations, achetée en bouteille au supermarché. Seuls lui restent des clients nostalgiques des vendeurs ambulants «  d' avant » .
L'évolution des moeurs est aussi au centre de ce roman . Et la vie amoureuse de Mevlut débute sur un énorme malentendu. Mariages arrangés ou pas , l'auteur raconte, tout en restant éloigné de toute controverse.
La politique est évoquée aussi , le nom d'Atatürk est souvent cité.
Le roman se termine en 2012 ,Mevlut a 56 ans, sa vie a connu pas mal de soubresauts , comme son pays tant aimé, la Turquie.
Il est de très gros romans parfois un peu longuets, pas ceux d'Orhan Pamuk qui avait déjà conté en 2003 dans « Les souvenirs d'une ville » et cette fois à travers une grande famille bourgeoise, l'amour qu'il éprouve pour son pays.
Commenter  J’apprécie          151
Qu'est-ce donc que "cette chose étrange en moi" ? Ce sentiment particulier qui va entre les lignes, entre les pages de ce roman d'Orhan Pamuk ?

Mevlut Karatas a 12 ans quand il quitte avec son père la campagne d'Anatolie pour se rendre à Istanbul afin d'y gagner sa vie et permettre de faire subsister tout le reste de la famille restée là-bas. Installés dans une petite maison (une gecekondu) qu'ils ont construite dans le quartier de de Kuiltepe, ils vont pour survivre s'improviser vendeurs de yaourt et de boza (une boisson fermentée à base de céréales très prisée en Turquie). Tout juste sorti de ses cours au collège Atatürk où il est scolarisé, Mevlut rejoint son père pour commencer à pied la vente journalière.

Les premières années à Istanbul sont pour le père et son fils difficiles: la précarité, l'incertitude, le travail jusqu'à tard dans la soirée. Malgré cela, Mevlut reste dévoué à ses cours et à son travail de bozaci (vendeur de boza). Les années passent, notre héros a quitté le lycée sans avoir obtenu de diplôme mais poursuit son travail de vendeur dans les rues de la ville.
Un jour, avec son père, il doit retourner momentanément dans sa région natale pour assister au mariage de son cousin Korkut, celui-ci va prendre pour épouse la jeune Sediha. Si les retrouvailles avec la famille sont chaleureuses, Mevlut éprouve comme une distance entre lui et les siens, comme un quelque "chose étrange en moi" qu'il ne peut s'expliquer. Cependant, durant le repas des noces, son regard croise celui d'une très jeune femme, elle est une des soeurs de la mariée. Regards furtifs échangés, est-ce la fin de l'enfance ? Celui de l'innocence qui s'en va ?
L'histoire peut commencer...

Avec "Cette étrange chose en moi", c'est tout le plaisir de retrouver l'écriture d'Orhan Pamuk, un écrivain que j'estime particulièrement. Son écriture est un temps long, comme une conscience qui absorbe et restitue toute la réalité des choses. S'affranchissant des jugements, des préjugés, elle oscille avec maîtrise et justesse entre la part intime de chacun de ses personnages et l'évolution sociologique, économique, politique et religieuse d'une ville (Istanbul), comme deux rives d'une même réalité reliées par des ponts d'approche et de compréhension.

Les petits boulots pour survivre, les habitations construites sans titres de propriété, les impayés d'électricité, la pauvreté, la violence, les quartiers rivaux où les marxistes, les minorités kurde et alévie affrontent des groupes nationalistes et religieux, l'affairisme extrême des promoteurs immobiliers, l'autoritarisme du pouvoir politique,..., Entre Orient et Occident, c'est tout l'envers du décor de la ville d'Istanbul qui se déploie, l'envers d'une réalité si changeante.

Mais il demeurera en moi le souvenir secret et immuable de Mevlut, le personnage central du roman, de l'enfant qu'il a été jusqu'au vieil homme qu'il est devenu, son esprit sincère et dévoué, de Rayiha son épouse, de leurs familles avec leurs joies et leurs peines, leurs querelles aussi. Tout reste, tout demeure de ces êtres imaginaires. Orhan Pamuk a pour eux une affection toute particulière, pour tous ces gens de peu qui se révèlent être tant. Il y a dans son écriture un peu de hüzün, de cette mélancolie qui souligne le temps qui passe, qui ne reviendra pas.

Laisser l'imaginaire aller : si par un jour Mevlut venait à passer dans la rue en faisant tinter sa clochette et en criant : "Boo-zaa !", sûr, j'ouvrirais ma fenêtre et lui demanderais de monter, pour lui acheter du yaourt et du boza. Je l'inviterais à s'asseoir, pour parler un peu.

"Cette chose étrange en moi" est un roman magnifique.
Commenter  J’apprécie          142
J'ai abandonné Orhan Pamuk après la lecture de deux de ses romans: D'autres couleurs qui m'avait beaucoup ennuyé et Neige que j'avais trouvé très anxiogène, asphyxiant. Je le redécouvre avec son nouveau roman, nouveauté de la rentrée littéraire 2017, et je dois dire que je suis plus que ravie. J'ai, en effet, beaucoup aimé ce roman. Il est riche, généreux, intelligent, très bien pensé, écrit et construit. Les voix sont multiples, elles posent une dynamique au récit qui n'ennuie jamais. le personnage principal, Mevlut, se révèle quant à lui très attachant. Sa bonté, sa sensibilité, sa fidélité, son humanité et son attachement à son activité pourtant concurrencée par la modernité m'ont quelque peu attendrie, en effet. J'ai aimé son histoire, j'ai aimé l'accompagner dans les rues d'Istambul. Kurde de Turquie, je ne me suis pas sentie étrangère au monde décrit. Je me suis retrouvée « chez moi », dans un environnement social et culturel familier. C'était, pour moi, chaleureux. Et en plongeant dans la petite histoire de Mevlut et d'Istambul, c'est celle de la Turquie que j'ai relu. Très bien pensé, ce roman est, pour moi, une petite pépite dorée qui me « réconcilie » avec Orhan Pamuk. Son talent prouvé et apprécié, je lirais d'autres de ses oeuvres passées.
Lien : http://kanimezin.unblog.fr/2..
Commenter  J’apprécie          90
Merci à Babélio et aux éditions Gallimard pour ce livre que j'ai lu d'un trait, autant qu'il est possible pour un pavé de 685 pages !

Orhan Pamuk est un auteur que je lis volontiers, toutefois, le titre un peu bizarre ne m 'aurait peut être pas attirée.  En revanche le sous-titre est beaucoup plus explicite :

 La vie, les aventures du marchand de boza

et

l'histoire de ses amis et tableau de la vie à Istanbul entre 1969 et 2012 vue par les yeux de nombreux personnages

Présenté ainsi, le livre correspond à toutes mes attentes, et ne m'a pas déçue.

Ce livre choral met en scène une famille : deux frères arrivent d'un village d'Anatolie dans le début des années soixante à Istanbul pour chercher fortune en vendant du yaourt et de la boza.  Leurs fils,  trois cousins tombent amoureux des trois filles d'un marchand de yaourt revenu dans leur village....années d'apprentissage des cousins, service militaire, mariages....Amours agitées, enlèvements ou fugues. Les mariages arrangés sont-ils plus heureux que les mariages d'amour? La jeune fille qui porte foulard est elle plus sage? Pendant une quarantaine d'année la famille grandit, des enfants naissent en ville, s'éloignent du village mais la communauté reste soudée. La solidarité des anciens villageois est encore très forte.

Pamuk raconte  la vie du peuple des marchands des rues venus de leur village d'Anatolie chercher fortune en vendant du yaourt le jour et de la boza le soir. de bonne jambes, une perche et des plateaux pour livrer jusque dans les cuisines la marchandise fraîche.

Au fil de la saga, la vie quotidienne évolue. Les marchands des rues subissent la concurrence des produits transformés par l'industrie agroalimentaire. Les yaourts sont conditionnés dans des pots, les glaces se vendent partout dans des congélateurs et Mevlut doit renoncer à fabriquer et vendre ses glaces artisanales...les autorités font aussi la chasse aux vendeurs de rue. La charrette où il vendait du pilaf aux pois chiches est saisie et détruite....

Certains villageois ont quitté le commerce des rues pour celui, beaucoup plus lucratif, de la construction immobilière, de la spéculation des titres de propriété, devenant des personnages considérables qui s'entouraient d'associés, cherchant des appuis politiques ou religieux.

C'est aussi le récit de la construction des quartiers périphériques d'Istanbul, les villageois s'installaient sur des terrains inoccupés, sans titre de propriété, construisaient une cabane, puis une maison de parpaing qui, au fil du temps s'élevait sur plusieurs étages....en 2012, sur ces collines on construit des tours de 20 étages.

Mevlut et son père, arpentaient tous les quartiers de la ville. le lecteur les suit dans leur course quotidienne dans Istanbul. Au fil des années, le centre de la ville se modifie. Les immeubles où vivaient les Grecs chassés en 1964 puis avec la guerre à Chypre, se dégradent, une nouvelle population remplace Grecs, Arméniens et Syriaques. En 1999, le séisme met dehors les habitants. 40 ans d'histoire turque défilent, coup d'état militaire, arrivée sur la scène politique des religieux.... 

"Mevlut se rappela que cette vue sur la ville était exactement celle qu'il avait observée du sommet de la colline lorsqu'il était arrivéà Kültepe. D'ici, il y a quarante cinq ans on apercevait les usines, les autres collines qui se couvraient rapidement de bidonvilles du bas vers le haut. A présent Mevlut ne voyait plus qu'un mer d'immeubles de hauteurs diverses?-...."

La richesse de ce livre tient  dans les détails : on assiste à la fabrication de la boza, du pilaf. On imagine les odeurs, les saveurs, les cris des marchands de rue. On entre dans les intérieurs des héros du livre mais aussi des clients. Pamuk fait vivre tout un monde au quotidien. 


Lien : http://miriampanigel.blog.le..
Commenter  J’apprécie          91
Ce roman débute par l'acte de bravoure de Mevlut, un acte fou pour un garçon turc : il enlève la jeune fille dont il est tombé amoureux à un mariage. La vue de ses yeux a suffi à lui inspirer pendant trois ans des lettres enfiévrées. Son cousin l'aide dans cette expédition pour amener la belle de sa campagne à Istanbul, où ils vont vivre ensemble.
Une surprise l'attend.
Pamuk revient ensuite sur la propre arrivée de Mevlut à la capitale, ses débuts dans la vie partagée avec son père, la vente dans les rues le soir de la boza, yaourt au goût léger d'alcool. Son père est souvent en colère, se disputant sans cesse avec son frère. Les deux frères ont délimité un terrain, sur lequel ils ont construit ensemble une maison à pièce unique, dans un bidonville. Puis le frère a choisi un autre terrain, ils ont à nouveau construit une maison. Voilà comment Istanbul s'est développée et peu à peu les terrains ont été reconnus par les maires, avec ou sans pots de vin. Et ces gens sont devenus « riches » de ces parcelles insalubres. Mais ce manque de transparence a créé certains conflits.

La narration est originale : un des personnages raconte puis l'auteur reprend le récit. Jamais ennuyeuse, elle est lente, pour mieux apprécier cet étrange univers, cette ambiance, ces règles, et ressentir d'autant mieux les évènements vécus par les personnages, l'évolution de la société, l'influence de la politique et le poids des moeurs. Pamuk nous détaille avec une immense délicatesse les rapports familiaux.
Cette merveilleuse lecture à rebours de nos rythmes modernes est un genre de méditation sur le temps qui passe, l'acceptation des changements, comme voir ses filles adorées partir de la maison...
Lien : http://objectif-livre.over-b..
Commenter  J’apprécie          80
Orhan Pamuk, un auteur que j'apprécie énormément. Un prix Nobel largement mérité.
Ici, il s'agit d'une fresque où le héros est Mevlut né dans un village d'Anatolie, vient s'installer avec son père à Istanbul pour deux raisons : y étudier et y vendre du yaourt et de la boza.
Nous le suivrons tout au long de sa vie : amis, études, travail, famille etc
Contrairement à d'autres qui se sont installés en même temps que lui à Istanbul, il n'a jamais visé l'opulence, la richesse; le bonheur lui a suffi.
Une belle écriture qui permet de lire cette brique d'environ 800 pages sans jamais s'ennuyer.
Commenter  J’apprécie          80
Quelle chose étrange que cette chronique romancée qui tient tout à la fois d'une présentation de la société turque et surtout de la classe laborieuse, de la relation amoureuse et de la vie réelle( mais aussi rêvée) de Mevlut, vendeur de boza, courant après la fortune sans jamais la rattraper!
C'est étrange comme la plume de l'auteur a su rendre cette atmosphère si particulière qu'on ne trouve qu'à Istanbul, ville cosmopolite s'il en est ; ce mélange propre au caractère turc , fait de fatalisme et de combativité idéaliste ( tel que je le re-connais dans la communauté turque que je fréquente)
C'est une vraie fresque poétique que nous livre là Orhan Pamuk
Commenter  J’apprécie          82




Lecteurs (852) Voir plus



Quiz Voir plus

Tête de Turc !

De quelle pièce de Molière cette réplique est-elle extraite ? Que diable allait-il faire dans cette galère ? Ah maudite galère ! Traître de Turc à tous les diables !

Le bourgeois gentilhomme
Monsieur de Pourceaugnac
Les Fourberies de Scapin
La jalousie du barbouillé

10 questions
61 lecteurs ont répondu
Thèmes : turquie , turc , littérature , cinema , humour , Appréciation , évocationCréer un quiz sur ce livre

{* *}