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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Orhan Pamuk est un auteur turque, né à Istanbul en 1952 et gagnant du prix Nobel de littérature 2006. Vous connaissez mon appétence pour les Nobel : Orhan Pamuk était donc dans ma liste d'auteurs à lire.

J'ai découvert l'oeuvre d'Orhan Pamuk par "La femme aux cheveux roux", livre rencontré par hasard chez un bouquiniste de seconde main. Cette entrée en matière m'a beaucoup plu : la fable oedipienne d'un petit puisatier et de son Maitre, immergés dans la province Turque. Petit livre (300 pages environ), j'ai décidé d'en lire d'avantage.
Mon choix s'est arrêté sur "Cette chose étrange en moi", publié en 2014. C'est le deuxième livre publié après son prix Nobel.

Dans ce livre, la nourriture est omniprésente. J'ai trouvé 3 niveaux de lectures pour illustrer en quoi le livre est rattaché au thème, sans pour autant vous résumer l'histoire.

1. Tout d'abord, la nourriture est le fil rouge du récit.

Mevlut est un vendeur de boza. La boza, c'est une boisson de céréales (quinoa, blé, maïs...) fermenté et servi avec des pois-chiches grillés en amuse-bouche. La boza contient un peu d'alcool dû à la fermentation : c'est en partie ce qui la rend apprécié de l'Empire Ottoman, qui à l'époque vivait sous la prohibition d'alcool.
Dans les années 1960, la boza se vendait par des marchands itinérants, une grande perche sur le haut du dos et deux gros paniers de part et d'autre : l'un contenant la boza, l'autre les pois-chiches. A la nuit tombée, les vendeurs de boza déambulaient dans les rues, criaient "bozaaaaaa" et se faisaient invités chez les stambouliotes de toutes classes. le marchand de boza n'était à l'époque pas une attraction : c'était un conteur d'histoire, un symbole d'authenticité et de traditions ottomanes.
Mevlut, comme son père, vend de la boza. Il perpétue la tradition est il est heureux.

2. Ensuite, la nourriture est l'argument social et historique de la Turquie moderne.

Orhan Pamuk raconte les défis que rencontre Mevlut à continuer son activité de vendeur de boza avec les évolutions des habitudes de consommation (le raki, les glaces...), les technologies (les frigidaires, les pots en verre...), le contexte social local (l'agrandissement tentaculaire d'Istanbul, la corruption, la religion...) et le contexte géopolitique.
D'ailleurs, Mevlut a très peu d'avis sur tous ces sujets. A l'inverse de ses cousins ou des gens qu'il rencontre, il est plutôt passif et s'exprime peu. Pour illustrer, je vous conseille la lecture de l'extrait relatant de l'"Homme au char" de la place Tian'anmen en 1989.

3. Enfin, la nourriture est traité comme un "acteur" de la narration.

Orhan Pamuk utilise la nourriture comme un personnage à part entière, tantôt en fond tantôt au premier plan. Je suis tenté de dire que c'est le personnage principal du livre : il est utilisé sur chacune des pages, comme l'illustre le cours extrait sur la soupe aux lentilles.
Cette scène, avec la soupe aux lentilles, est représentative de la relation entre Mevlut et son père. Elle est aussi représentative de la relation de ce père aux changements de la société.

Certains diront qu'il est lent. le rythme lent nous invite à observer la ville, les rues et les gens. Comme Mevlut qui déambule dans la ville et parle à des gens, le livre nous invite à prendre part aux discussions. le roman se veut polyphonique, chaque point de vue se confronte. Pour parcourir 40 ans d'histoires, 800 pages ce n'est pas de trop. Il faut prendre son temps ; c'est immersif.
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« Voici l'histoire de Mevlut Karatas, vendeur de yaourt et de boza. L'histoire de sa vie et de ses rêves. »
Mevlut à 25 ans, enlève celle qu'il veut épouser, enfin celle qu'il pensait épouser. Il l'avait vue quatre ans auparavant à un mariage et était tombé amoureux de ce visage. S'ensuit pour lui, un amour épistolaire, jusqu'au jour de l'enlèvement en pleine nuit. Oui, mais voilà, ce n'est pas elle, mais sa soeur aînée qu'il a enlevée avec l'aide de son cousin. Il faut d'abord que la soeur ainée soit mariée. Ainsi fut tramé dans le dos de Mevlut qui s'en arrangea, il ne pouvait faire autrement. L'amour leur vint.
C'est le trait du caractère de Mevlut, accepter et transformer pour quelque chose de mieux, ce qui lui arrive. Il est d'un optimiste à tout crin, mais pas b »at. Il doit se battre, garde toujours espoir.
Tout au long de ses déambulations nocturnes à vendre de la boza aux stambouliotes, Mevlut voit les changements de la ville « Il y a de l'alcool¬ dans la boza, mais très peu. A l'époque ottomane, les gens pieux désireux de s'égayer un peu affirmaient au contraire qu'il n'y a pas d'alcool dans la boza, comme ça, en toute bonne conscience, ils pouvaient descendre une dizaine de verre et goûter à l'ivresse. Mais quand Atatürk a libéralisé la consommation du raki et du vin à l'époque républicaine, la boza a perdu sa raison d'être »,
Je suis Mevlut et les siens sur cinquante années où Orhan Pamuk montre la transformation d'Istanbul et de ses habitants. Mevlut, le rêveur nostalgique, l'optimiste, l'âme pure transporte sa mélancolie avec sa charge de boza. Comme cette boisson qui a tendance à disparaitre, lui semble d'un autre temps.
Un livre passionnant qu'il faut prendre le temps de déguster, faire des allers et retours dans le temps, dans les quartiers d'Istanbul, de déguster la boza, d'accepter les changements, bref de vivre la vie de Mevlut.
Un gros livre, mais si agréable à lire

Lien : http://zazymut.over-blog.com..
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Recevoir un prix Nobel de littérature, comme Orhan Pamuk en 2006, n'entrave en rien l'élan créateur comme on pourrait le craindre, puisque « Cette chose étrange en moi » a été publié en turc en 2014, et traduit excellemment en français par Valérie Gay-Aksoy en 2017 pour les éditions Gallimard.

C'est peut-être un des meilleurs romans de l'auteur, dont les personnages habitent le coeur du lecteur une fois tournées les 679 p. de cet énorme volume. Sans compter l'envie de voyager à Istanbul, de s'arrêter dans un café, et d'y écouter le récit de Pamuk qui souvent interpelle le lecteur ou met en scène des personnages qui passent, donnent leur avis, rectifient les propos de l'auteur, puis retournent se perdre dans les rues.

Depuis longtemps O. Pamuk avait en effet le projet d'écrire sur le « sentiment d'étrangeté » qu'exprime le poète anglais W. Woodworth dans des vers cités en exergue, soit cette impression de n'être pas à sa place dans une ville, dans un paysage ou dans sa vie même.

Dans son bureau vitré donnant sur le Bosphore, O. Pamuk aura mis six ans à écrire l'histoire de Mevlut, vendeur ambulant de yaourt et de boza à Istanbul. Six ans pour accompagner plusieurs décennies (de 1969 à 2012) de la vie d'un émigré d'un petit village d'Anatolie venu s'installer dans une ville en pleine expansion, mais où on pouvait encore s'approprier un terrain en le bornant simplement de pierres, parfois phosphorescentes. Six ans à suivre les déambulations de Mevlut, l'école, le service militaire, son mariage sur un malentendu, ses différents petits boulots, et sa résignation heureuse, six ans à évoquer l'explosion urbanistique d'une ville qui passe de 3 à 13 millions d'habitants.

Mis à part dans le titre où le « je » apparaît, Mevlut ne prend jamais la parole, sauf dans certains dialogues rapportés par des tiers, notamment quand il affirme (p. 266) : « Il y a quelque chose d'étrange en moi, répondit Mevlut. J'ai beau faire, je me sens terriblement seul en ce monde. »

L'auteur dit de lui « notre héros » comme dans un roman épique, alors que Mevlut est tout sauf un héros au sens strict. C'est un homme humble, sans qualités particulières, qui a peur des chiens et aime le bruit des feuilles dans le vent. Un homme dont le plus grand bonheur est de dormir dans une pièce unique avec sa femme et ses deux filles, dans les odeurs de pois chiches, sachant que sa charrette de vendeur ambulant dort au pied de la maison. Un homme qui aime crier « Bozzaaaaa !!! » dans la nuit ses seaux équilibrés sur ses épaules à l'aide d'une grande perche qui lui déforme le dos. Un homme qui se résigne à ce qui est, puisqu'on ne peut rien changer au destin.

« Ce sentiment étrange en moi » qui suit Mevlut depuis son enfance n'est pas un « Bildungsroman ». Mevlut reste le même, malgré quelques tentatives pour faire évoluer son commerce. Il fréquente des membres de sa famille ou des amis attirés par l'extrême droite ou la révolution ou encore le soufisme, mais jamais il ne s'engage. Toutes ces questions politiques sont évoquées par O. Pamuk, comme le port du voile aussi ou l'émancipation des femmes, mais sans insister. Istanbul et Mevlut sont au coeur du roman, étroitement liés l'un à l'autre par une réelle alchimie.
C'est un roman sur la déambulation, la flânerie, la douceur humaine, et l'acceptation mélancolique qui n'empêchent pas une certaine dérision lucide. Un roman sur la lumière d'Istanbul, les odeurs, la poussière de la ville, les marches nocturnes dans les cimetières, l'impression de vivre la vie d'un autre et de s'en accommoder. « Ne vous inquiétez pas pour lui » dit l'auteur à propos de Mevlut.
A découvrir absolument.
Merci à Babelio et aux éditions Gallimard.
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Orhan Pamuk, Cette chose étrange en moi, Gallimard 2017

Orhan Pamuk est prix Nobel 2006 de littérature

Chronique en parallèle d'une vie et d'une ville : la vie de Mevlut Karatas, marchand ambulant de boza à Istamboul, la ville qui devient mégapole entre 1968 et 2012, passant de 3.000.000 à 17.000.000 habitants. Chronique attachante des petites gens d'Istamboul sur fond d'événements politiques turcs et d'évolution de la ville. On découvre au fil du récit le nouveau visage d'Istanbul, nouveaux quartiers, nouvelles moeurs, irruption de l'Islamisme .......
Emigration des paysans d'Anatolie, implantation des bidonvilles sur les collines avoisinantes, émergence de maffias, chasse aux alevis (musulmans hétérodoxes), aux Arméniens, aux Kurdes, aux Grecs, aux Juifs, aux communistes, aux déviants de toutes sortes, torture pratiquée régulièrement par la police ou l'armée, expansion de l'islamisme dans la population laborieuse, loge soufie, tout est vu par les yeux du marchand ambulant Mevlut, homme honnête et âme simple.
Il subit passivement toutes les transformations socio-économiques, l'amitié et la famille lui tenant lieu de conscience politique, il reste pauvre toute sa vie, toujours à la recherche d'un emploi stable, et toujours dépassé par l'évolution des moeurs et de la consommation. Mevlut continue toujours le soir à vendre la boza, besoin quasi génétique, ce qui lui donne accès aux rues et aux maisons de tous les niveaux sociaux et lui permet d'observer les transformations urbanistiques et le changement progressif des bidonvilles des premiers émigrants en immeubles-tours façon La Courneuve ou Aulnay-sous-Bois. Avec les problèmes afférents.
Ici pas de Topkapi, de Mosquée bleue ni de Sainte-Sophie, mais l'école de la rue, la vie comme elle va, heurts et malheurs, mariages, naissances, amour vrai, soucis quotidiens, deuils et bonheur d'être, "cette chose étrange en moi" ... Car Mevlut a la famille chevillée au corps. A commencer par Rayiha, la bien-aimée épousée dans des conditions rocambolesques, et ses deux filles. Mais aussi ses belles-soeurs, ses oncles, ses cousins, même s'il y a des destins et des choix différents. Ses amis aussi. Un univers foisonnant de petites gens, truculents, émouvants, truands, charmants, accueillants, inquiétants, plaisants. Vrais, quoi !
Chant choral : chaque personnage parle de lui à la première personne, seul Mevlut est « raconté » par l'auteur du livre. Nous sommes conquis par son optimisme fondamental, sa peur viscérale des chiens, sa candeur, sa naïveté, sa gaieté, sa capacité après une enfance rurale (il est arrivé à 12 ans à Istanbul), à connaître sur le bout des doigts la géographie de la ville, ses odeurs, son atmosphère. Haut degré d'empathie du récit, d'où l'humour n'est pas absent (voir le chapitre comment écrire une lettre d'amour, ou celui sur la recherche d'une épouse pour un célibataire). Malgré un nombre impressionnant de pages, plus de 650 avec une graphie bien compacte, aucune page ne m'est apparue inutile ou ennuyeuse. Belle leçon aussi pour comprendre la Turquie moderne et contemporaine. L'auteur se penche avec talent et une bonne dose de travail sur l'histoire, le paysage, le souffle d'Istanbul, un portrait tout en mouvement. Et pour nous y retrouver : un arbre généalogique, un index, une chronologie.
Au final, un livre, genre grand roman d'apprentissage, dense, peuplé de personnages aux mille vies qui donnent corps et âme, avec beaucoup de fraîcheur romanesque, à l'évolution de la Turquie depuis quarante ans, les mutations et les métamorphoses d'Istanbul, à travers les tribulations d'un humble vendeur de boza, dont le trait le plus caractéristique est de voir la vie du bon côté même dans ses plus mauvais jours, un optimisme que certains taxeraient de naïveté ! 
Un récit choral, épique, talentueux, chaleureux !  Un grand coup de coeur.







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Inconditionnelle d'Orhan Pamuk, cette nouvelle fresque historique de l'auteur turc a plus que satisfait mon appétit de lectrice 'pamukesque'. Finalement l'héroïne de ce roman foisonnant est Istanbul. de 1968 à 2012, dans les pas de Mevlut, on grandit avec cette ville et capitale turque, qui se transforme au gré des événements historiques, culturels, politiques et sociétaux. Au-delà d'Istanbul elle-même, c'est toute l'évolution de la société turque que l'on suit page après page, dans sa mutation entre tradition et modernité. Indéniablement, outre la très belle écriture de Pamuk, le souffle romanesque est là, nous emportant dans un tourbillon polyphonique et épique.
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le livre s'ouvre par une généalogie et se ferme par une chronologie, une carte, ou plutôt deux, auraient aussi été utiles : un plan d'Istanbul et de ses extensions au fil du temps et la position des villages dont il est question en Anatolie. Car il s'agit d'une saga écrite "à l'ancienne", avec des parties et des chapitres qui comprennent titres et sous-titres, comme dans la grande tradition des romans parus en feuilleton au XIXe siècle ou celle des épopées. le sous-titre général du livre donne d'ailleurs une idée plus précise sur son sujet : " La vie, les aventures, les rêves du marchand de boza Mevlut Karatas et l'histoire de ses amis et tableau de la vie à Istanbul entre 1969 et 2012, vue par de nombreux personnages ". Cette épopée se lit très facilement, même si l'on ne cesse pas de changer de narrateur, mais chaque changement est clairement indiqué (merci pour mon cerveau !). le mode de narration varie également, le récit se fait en général à la première personne, sauf lorsqu'il s'agit du personnage central, Mevlut.

Quoique, Mevlut est-il vraiment le personnage central, ne s'agit-il pas plutôt d'Istanbul, la ville qui s'étend, où cohabitent les anciens habitants, plutôt aisés (ceux qui sont aux premiers rangs dans la salle de classe du lycée), et ceux qui arrivent de la campagne et en particulier d'Anatolie, d'abord des hommes seuls et de jeunes adolescents (qui comme Mevlut se retrouvent au fond de la salle de classe, sèchent les cours pour pouvoir travailler seuls ou avec leur père), puis des familles.

Les coups d'Etat (celui de 1971 par exemple) ne sont pas sans rappeler la situation actuelle de la Turquie, et pourtant, il faut avoir en tête que le livre a été publié en Turquie en 2014, avant donc les événements les plus récents en Turquie avec les dizaines de milliers d'arrestation. L'histoire est un perpétuel recommencement. Au fil des pages, par petites touches, on voit la ville évoluer, les bidonvilles être repoussés, remplacés par des habitations en dur, mais toujours construites sans plan d'urbanisme, au gré de l'influence et des pots-de-vin. Mevlut aussi finit par changer de métier, devenant marchand de glaces. L'apparition des caisses enregistreuses (en 1994) pour lutter contre le commerce au noir est l'un de ces petits tableaux de la vie quotidienne qui rythme ce livre. A lire absolument, en cet automne maussade!
Lien : http://vdujardin.com/blog/pa..
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Décrivant les « rêves et aventures » de Mevlut Karatas, marchand de boza, une boisson fermentée de tradition ottomane, « Cette chose étrange en moi » est le portrait de sa famille d'origine anatolienne comme de la vie stamboulienne du 20ème siècle à nos jours.
Vu par la perspective apolitique de son candide protagoniste ainsi que de sa large parentèle, le livre chronique les transformations d'Istanbul et de la société turque entre 1969 et 2012.
On y apprend beaucoup sur ce pays séculier situé entre l'Europe, l'Asie et l'Orient ; c'est surtout intéressant de voir le développement immobilier parallèle à l'avancement islamique (grâce à l'AKP) dans cette ville qui voit sa population croître de 3 millions en 1950 à 13 millions d'habitants aujourd'hui.
Neuvième roman de l'auteur turc Orhan Pamuk (Prix Nobel de littérature 2006), c'est une sorte de saga d'une longueur quelque peu « marquezienne » avec près de 600 pages en format numérique, mais dont on n'aimerait pas manquer trop de détails.
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Istanbul est une ville qui me fascine et dans laquelle je rêve un jour de mettre les pieds. En attendant, je cherche à en apprendre toujours plus à son sujet, au travers des mots que des auteur(e)s turc(que)s ont voulu partager.

Le voie royale était à mes yeux le prix Nobel Orhan Pamuk. Et je n'ai pas été déçue. Une écriture fluide, une construction de roman qui m'a conquise (l'histoire de la vie d'un nouveau stambouliote sur plusieurs décennies, avec interventions de son entourage au fil du récit). Les périples de Mevlut sont riches alors même que ce bout d'homme n'aspire qu'à la banalité. C'est banal, mais c'est beau et surtout révélateur de l'évolution d'Istanbul. J'ai aimé particulièrement que soit si astucieusement abordé le contexte social, économique et politique de la ville, voire du pays. C'était ce que je cherchais le plus. Et ce que je cherche encore, mes lectures turques ne sont pas prêtes de s'arrêter. Ni avec Pamuk, ni avec aucun autre auteur(e)s à découvrir.
Lien : https://adviennequelira.word..
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On peut lire ce gros roman comme une chronique de la Turquie contemporaine, d'Istanbul en particulier, depuis les années 1960 jusqu'en 2010 : coups d'État ou prises de pouvoir plus ou moins légales, tremblement de terre de 1999, montée de l'islamisme, et surtout croissance quasi exponentielle de la population stambouliote constituent l'arrière-plan de la vie quotidienne de Mevlut Karataş, le personnage principal du livre. Celui-ci a quitté, encore enfant, le pauvre village d'Anatolie où il est né pour rejoindre son père installé à Istanbul depuis quelque temps et l'assister dans son activité de vendeur ambulant de yaourt et de boza, tout en poursuivant ses études au collège puis au lycée. Ils habitent alors une maison de bidonville construite comme ses voisines sans permis ni titre de propriété. Mevlut exercera divers métiers mais ne renoncera jamais à la vente de boza, pourtant peu rémunératrice, qui, si elle l'oblige à parcourir à pied, en début de nuit, les rues de divers quartiers – qu'il voit se transformer, se bétonner peu à peu –, lui permet de faire des rencontres généralement enrichissantes, elles, et de cogiter tout son soûl lorsque aucun client ne répond à son appel : "boo-zaa !"
C'est l'auteur qui raconte, la plupart du temps, mais il donne régulièrement la parole à certains protagonistes qui exposent un point de vue venant parfois en contradiction avec la version "officielle" livrée par lui ou avec les allégations d'autres personnages. Mevlut "au visage d'enfant" est un être attachant, loin de tout excès, indécis quelquefois mais convaincu que Dieu ou le destin ne gouverne pas tout ; Ohran Pamuk a pris soin de nous laisser imaginer à notre guise la fin de sa vie.
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La vie quotidienne de deux familles principales nous est contée deux frères dont lun est le père de Mevlut.ils font partis de ces Turcs venus de la campagne vivre et survivre à Istanbul en faisant de petits boulots:vendeurs de boza , du pilaf de yaourts.ils se débrouillent comme ils peuvent malgré la présence de la mafia qui régente les bidonvilles.
L'histoire de Mevlut nous permet de voir la mutation de la ville qu'il arpente dans tous les sens pour vendre de la boza.il nous montre la ville multiculturelle qu'est Istanbul. C'est différents mouvements politiques , la place de la religion dans la société turque. Mevlut côtoie des riches et des pauvres, , de gauches et et de droites de différentes ethnies ou habitants de différents quartiers.
Orhan Pamuk nous fait découvrir tout cela Istanbul dans les pas de Mevlut. Nous arpentons les rues avec lui la perche et les plateaux de boza ou de yaourt . Nous vivons à son rythmes , , sommes imprégnés , par sa ville , , l'importance de la famille et de son entraide pour survivre. Les traditions familiales dont les femmes veulent s'émanciper.
Le récit se déroule de1969 à 2012. Pamuk a écrit un récit original en entrecoupant l'avis des différentes personnes .Il affine de cette façon nos différents ressentis et fait en cela participer le lecteur rendant le livre très intéressant.




t entrecoupé par l'avis des différents membres de la famille c'est original et affinees différents ressentis
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