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3,6

sur 774 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  

Une plume originale qui nous plonge au coeur du langage. Débarquer à saint-Etienne quand, gamine, on ne parle pas un mot de français est une aventure. Retourner en Russie pour les vacances et ne plus avoir d'accent une autre. Polina Panassenko nous raconte ses petits et grands écarts et parvient à nous communiquer l'attachement viscéral et parfois un peu ambivalent qu'elle éprouve pour ses origines. Se lit avec plaisir.
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Tenir sa langue, quelle langue ? Et pourquoi la tenir ?
Se taire ? Se retenir ?
Polina, d'origine russe, immigrée en France avec ses parents dans les années 90, retourne régulièrement en Russie passer l'été et vivre chez ses grands parents.
Passés 30 ans, elle compte refaire faire ses papiers et automatiquement écrit son prénom de naissance «  Polina » sur la demande, refusée, car son père a fait francisé son prénom en « Pauline » pour une meilleure intégration.
La bataille contre l'administration française est rude pour récupérer l'orthographe originale à laquelle elle tient, d'autant plus qu'en fait, Polina n'était déjà pas le prénom de sa grand mère qu'elle avait reçu en héritage mais Pessah, caché par le père de cette dernière pour cacher la judéité de la famille et éviter les pogroms russes !
Quel poids et quelle valeur pèsent sur les épaules de Pauline/ Polina !
Elle qui est restée muette longtemps en France car elle ne parlait pas français, est devenue bavarde et utilise une langue exceptionnellement riche et variée, maniant aussi bien le vocabulaire administratif que le coté cash de la vie moderne, jouant des sonorités des deux langues, aidée en cela par sa mère qui veille à ce qu'elle garde «  son » russe.

Au delà du prénom, se joue en fait, une bataille juridique sur l'intégration par le prénom, ou par la langue, la décision presque irréversible du père de naturaliser sa fille de force, pensant bien faire ! En effet, ne connaissons nous pas tous des personnes dans ce cas là ? Et la difficulté de faire bouger les choses quand changer deux lettres devient un combat ?

C'est un livre courageux, tonique, et pas du tout larmoyant ou jérémiant sur les difficultés rencontrées, on se doute qu'elle a réussi car elle s'appelle bien Polina !!
gardons un oeil sur cette Polina, elle nous en fera voir d'autres !
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Un joli premier roman sur l'identité, la transmission et les origines, qui aborde la question de l'immigration selon un angle nouveau.

La narratrice (et autrice), née Polina en Russie, a l'âge d'entrer en maternelle quand ses parents arrivent en France après la chute de l'URSS. Pour faciliter son intégration, son prénom est francisée et transformée en Pauline. Aujourd'hui, elle veut retrouver le prénom qui lui a été donné à la naissance.

Avec humour et tendresse, le livre juxtapose le présent du chemin judiciaire pour retrouver le droit de s'appeler officiellement Polina, avec le passé des souvenirs familiaux. On comprend vite l'attachement de la jeune fille envers ses grands-parents, restés en Russie.

Grâce à divers jeux sur le langage, la narration à la première personne devient originale et un rien impertinente. Les phrases sont par ailleurs courtes et percutantes. La détermination et le caractère tranchée de notre héroïne pointe en sous-texte, sans jamais être larmoyant ou agressif. Son choix est celui d'un équilibre entre tendresse, nostalgie et légèreté.

Et ça fonctionne.
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Polina Panassenko, franco-russe est traductrice et comédienne. Elle nous propose un premier roman auto-biographique .

Que de tendresse et de drôlerie pour ce récit à la langue colorée, qui explore son passé de petite fille arrivée jeune en France et l'apprentissage de la langue française  sans renier ses racines russes.

Le roman démarre dans un tribunal ou Pauline vient réclamer le droit d'utiliser son prénom russe Polina sur son passeport français, suit à un refus catégorique de l'administration . Ce moment est propice à de longs retours en arrière sur son enfance partagée entre sa vie familiale à Saint Etienne et ses vacances dans la datcha en Russie ou sont restés ses grands-parents adorés.
Ainsi le récit alterne entre chapitres situés en Russie et d'autres en France durant sa jeunesse et ses démarches actuelles.
Vous devinerez rapidement que son recours a été un sucés, il suffit d'observer la couverture du livre ! Elle insiste sur l'importance d'un prénom qui définit véritablement toute personne.

J'ai apprécié son écriture vive et virevoltante . Elle utilise la langue russe pour des chansons et des poèmes ,du langage phonétique et déformé français afin d'exprimer la difficulté d'alterner entre deux langues . Les passages de ses premières années en maternelle sont exprimés par un vrai regard d'enfant naïf et lucide.
Pourtant, son analyse du déracinement est décrite avec profondeur , par de multiples petits détails anodins qui marquent peu à peu la perte du russe, malgré la volonté de sa mère pour garder cette langue maternelle intacte . Elle devra donc se dédoubler entre une Polina à l'intérieur du foyer et Pauline, pour sa vie sociale extérieure.

Elle décrit avec beaucoup de tendresse ses longues vacances passées en Russie , emplies de traditions familiale, de partages, de superstitions originales avec une délicate fantaisie.
Beaucoup d'originalité dans ce roman ou émerge la richesse de la double culture même si chèrement acquise.
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L'auteure, d'origine russe, nous relate sa vie de jeunes émigrés à Saint Étienne avec le problème de la langue, l'apprentissage du français que l'on doit parler sans accent mais le fait qu'il ne faut surtout pas oublier, perdre sa langue de naissance.
Ce roman prend son origine dans la confection d'une carte d'identité, Polina son prénom de naissance, n'est plus accepté car il a été changé en Pauline au moment de la naturalisation pour être mieux intégré à la vie française.
Ce récit est donc ses réflexions sur son "assimilation ", sa double culture, au moment de sa démarche pour récupérer son prénom de naissance. Intéressant.
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Vindicative même la langue crie reconnaissance, exister à travers la nomination naissance celle que les parents choisissent précieusement, vivre en changement pour survivre. Ici en France nous en sommes encore là de l'intégration qui ne dit pas nom. La rage exulte et c'est bien compréhensible. Dans une langue parfois châtiée mais toujours combative on prend note et plussoie.
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Tenir sa langue, de Polina Panassenko publié aux éditions de l'Olivier, c'est avant tout l'histoire déracinée d'une enfant arrachée à sa Russie natale et qui s'habitue à la France et à Saint-Étienne, à son langage, ses coutumes et ses différences. L'étendard de cette intégration ? Son prénom.

Polina se fait appeler Pauline depuis son jeune âge. Adulte, c'est ce prénom qui apparaît sur sa carte d'identité, c'est celui auquel on attend qu'elle s'identifie. Mais une fois adulte, Polina entame le combat fastidueux d'un retour à son prénom de naissance. le roman s'ouvre sur le refus de l'état de lui accorder ce droit.

Dans un entrechat bouleversant entre présent et passé, Polina Panassenko tisse son identité déchirée entre deux pays. Elle donne à voir au lecteur ses premiers pas dans une cour d'école où les sons des autres enfants lui sont étrangers, parle de la chute de l'URSS, du retour au pays chez les grands-parents, des choses qu'on tait et de celles qu'on veut porter pour les autres. C'est une histoire où la famille a une importance primordiale et dont le portrait est presque aussi important que celui de Polina lui-même.

C'est un roman qui m'a emportée par moments et m'a laissée hermétique par d'autres. Malgré tout, la démarche d'écriture reste passionnante, notamment sur le langage et les différences par le langage. Une belle quête d'identité, une jolie réflexion sur le devoir de mémoire, l'immigration, et la famille.
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Rencontre avec l'autrice à Besançon au salon "Le livre dans la boucle" le 18 septembre. Approche très intéressante, linguistique, du changement de prénom : Polina le prénom russe francisé en Pauline. Dans ce - court - roman autobiographique, c'est à hauteur d'enfant qu'est raconté le clivage entre deux langues. Ces souvenirs alternent avec les démarches administratives de l'adulte pour retrouver son prénom russe sur ses papiers d'identité. Points de vue et construction bien choisis, langue alerte et originale : une primo-romancière à suivre.
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C'est donc de langue qu'il est question. La langue que l'on parle et celle dans laquelle on pense (qui ne sont pas toujours les mêmes), celle qui nous permet -ou pas- de communiquer avec les autres.
Mais la langue est en quelque sorte l'arbre qui cache la forêt. Etendard avec lequel on se présente au monde, elle focalise l'attention, suscite le jugement, éveille préjugés et fantasmes. Elle est en réalité la manifestation de ce qui à la fois l'englobe et la dépasse -ce qui fait un individu- ; elle témoigne d'où l'on vient.

L'auteure est encore une jeune enfant lorsqu'elle émigre en France avec ses parents juste après la chute de l'URSS. La famille s'installe à Saint-Etienne, demande sa naturalisation. Polina devient Pauline. Arrivée à l'âge adulte, désireuse de reprendre son prénom de naissance, elle se voit opposer un refus par le tribunal administratif.

Cette expérience initie une réflexion sur ce que révèle la décision de la justice française, qui considère le prénom français comme un gage facilitateur d'intégration. Elle la nourrit par une succession de souvenirs, épisodes relatant les difficultés à l'arrivée en France, et les étapes d'un parcours compliqué par la confrontation aussi bien intime que sociale entre culture du pays d'origine et culture du pays où l'on vit, qui se concrétise avec les allers-retours entre Saint-Etienne et la Russie où, lors des vacances, elle retourne voir ses grands-parents qui ont quitté l'appartement communautaire où vivait toute la famille pour une datcha à la campagne.

L'expérience traumatisante de l'entrée à l'école laisse déjà entrevoir ce qu'il lui faudra souvent affronter par la suite : les certitudes et les symboles que l'on projette sur elle du fait de ses origines, la manière dont on la réduit à l'histoire de son pays natal. Elle comprend assez vite la nécessité d'occulter une part de ce qu'elle est, pour se protéger des dangers de l'intolérance.

Elle devient Russe à l'intérieur et française à l'extérieur, Polina dedans et Pauline dehors.

Elle s'acculture peu à peu à sa nouvelle patrie, en partie grâce à la télévision et ses publicités, et surtout elle se collette avec cette langue qui n'est pas la sienne, en somatise -et c'est bien sûr l'organe de la parole qui fait alors des siennes-, puis l'apprivoise finalement d'autant mieux qu'elle lui demande un effort. Elle la triture, l'altère, l'investit jusque dans ses significations fluctuantes et dans ses ellipses.

L'aisance ainsi acquise transparait dans chaque page de son texte à l'écriture vive et drôle, par moments volontairement crue, Polina Panassenko jouant avec les sens cachés, les expressions qu'elle prend au pied de la lettre. Elle transforme la colère et les drames de sa vie en un matériau romanesque qu'elle parvient à rendre subtil et léger.
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Vivre l'exil implique de perdre son pays, sa langue et parfois même son prénom. Pour une meilleure intégration, afin de se fondre dans son nouveau pays, parfois le prénom se francise. C'est ce qu'a vécu la narratrice. Pauline, devenue adulte, veut retrouver son prénom de naissance. Elle cherche à redevenir Polina et entreprend une quête judiciaire qui lui fait revivre son enfance et son exil.

La narratrice entreprend des démarches judiciaires pour pouvoir utiliser son prénom de naissance. En parallèle de cette quête administrative, elle se replonge dans ses souvenirs. Née en Russie, elle est arrivée en France très jeune et a dû s'adapter à un nouveau pays, à de nouvelles règles. Elle raconte sa découverte de la maternelle, ses incompréhensions face à certaines habitudes. Elle raconte aussi son tiraillement entre deux langues, entre deux pays.

En se plaçant à hauteur d'enfant, Polina Panassenko nous propose un texte à la fois drôle et émouvant. Elle pose un regard interrogateur sur son nouveau pays et notamment sur l'école. J'ai été profondément touchée par ses passages, j'ai eu l'impression de comprendre un peu le désarroi dans lequel peuvent se trouver certains de mes élèves. L'autrice m'a fait ressentir ce plongeons brutal et déstabilisant que représente une rentrée dans une classe où l'on ne comprend personne. Certaines scènes sont extrêmement drôles. Par son regard décalé, elle met en lumière des situations absurdes qui nous semblent pourtant banales.

Si j'ai été gênée par la langue au début, trop proche du langage oral pour moi, j'ai finalement trouvé que le ton servait complètement le propos. Une forme de complicité s'installe entre la narratrice et le lecteur, l'émotion s'installe. J'ai eu l'impression d'entendre une amie me parler de son enfance, partager ses souvenirs et ses réflexions. Elle m'a fait rire, elle m'a émue et m'a fait réfléchir à l'accueil de mes élèves allophones.

Avec un ton léger et souvent drôle, l'autrice aborde la question délicate de l'identité et de l'intégration. Elle montre l'absurdité de certaines injonctions faites aux étrangers venant s'installer en France. Elle prône la richesse que peut représenter le multiculturalisme et le danger d'enfermer les gens dans des identités uniques. Avec son ton enjoué, elle pose un regard d'une grande intelligence sur des sujets qui embrasent souvent l'actualité.

J'ai passé un excellent moment auprès de Polina et ne peut que vous recommander cette lecture pétillante et profonde.
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