L'auteure est journaliste et condense ici trois de ses enquêtes concernant les autochtones du Québec, plus spécifiquement les enfants morts ou disparus lors d'hospitalisations et les agressions sexuelles auxquelles se sont livrées les pères Oblats dans de nombreuses une quarantaine d'années plus tard. Elle laisse beaucoup de place aux paroles des victimes mais relate aussi les coups de pouce qu'elle a reçu des divers intervenants et, bien sûr, les rebuffades des Oblats qui, malgré des condamnations judiciaires, minimisent les faits quand ils ne les nient pas carrément.
À défaut d'être agréable, car les sujets sont très durs, ce livre est instructif et Panasuk, malgré l'amour qu'elle affiche pour ces communautés, ne tombe pas dans le réquisitoire et tente vraiment de faire la lumière sur ces atrocités. J'ai aimé ce livre pour ce qu'on y apprend, ai été choqué par la désinvolture, voire le mépris, avec laquelle les Innus et Attikameks étaient traités par le système de santé et l'Église jusque dans ces années là, qui ne sont quand même pas si lointaines. Et aussi surpris de la réaction de certaines communautés qui, bien au courant des problèmes d'agressions, choisissaient des les taire pour ne pas s'aliéner 'les hommes de Dieu” ! Bref ce livre m'a instruit et touché, c'est déjà beaucoup.
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Histoire de terreur, de torpeur
Histoire du passé, marquée de fer-blanc
Pour ne jamais oublier
D'où viennent les traumas
Des truands
Les blessures
De la fêlure
Les cicatrices
De sa majesté, conspiratrice
Saisir que les 215, les Joyce Echaquan de ce monde ne sont pas l'exception, loin de là, très loin de ça…
Pantois,
Consterné, certes
Résilient.
« L'isolement des missionnaires, le pouvoir qui leur était octroyé, le mépris envers la culture des Premières nations et l'impunité: voilà les ingrédients pour répandre le mal. »
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L’isolement des missionnaires, le pouvoir qui leur était octroyé, le mépris envers la culture des Premières nations et l’impunité: voilà les ingrédients pour répandre le mal.
Ces journées me laissent pantoise, habitée d'une grande fatigue. Les plaies ont été rouvertes. la tristesse n'en finit plus. Comment faire pour reprendre une vie normale après cela ? Il reste tant de travail à faire !
Ce qui est sûr, c’est qu’un schéma répétitif se dessine dans deux régions distinctes du Québec, dans deux nations. Les mêmes années, les enfants hospitalisés, les disparitions, l’absence de certificats de décès, le rôle des missionnaires oblats. Les choses commencent à bouger, les langues se délient, les familles cherchent la vérité.
Houle, Meilleur, Couture. Ainsi, Manawan aura eu trois curés agresseurs, tous des missionnaires oblats. Trois générations; une communauté entière troublée par les agissements de ceux qui auraient dû se comporter comme des pères pour elle, la protéger du mal.
Tous des Oblats, puissants, craints et protégés par leur congrégation, dont la mission était de christianiser les Autochtones du Canada. Chaque communauté semble avoir eu son missionnaire agresseur.
Anne Panasuk, la conseillère spéciale pour le soutien aux familles d'enfants autochtones disparus