[...] d'après la mythologie, la beauté féminine est sous la tutelle d' Aphrodite, harmonieuse et douce, et de Pandore, trompeuse et fatale. Ainsi les femmes qui se parent détruisent-elles, à l' image de Pandore, les harmonieuses dispositions de la nature et exercent-elles une sorte d' hubris (démesure) qui contrevient à la beauté naturelle. Il ne faut pas en outre oublier que la Grèce est une société d' hommes dont la misogynie s'exerce à l' encontre des gynécées dès le début de la démocratie athénienne (VI ème siècle av. J.-C.), avec une violence dont on trouve trace dans les Épîtres de qaint Paul et les sermons des Pères de l'Église.
A Sparte, Lycurge avait banni les cosmétiques et interdit d'utiliser la peinture corporelle, corruptrice des manières des femmes.
Vers 2500 av. J.-C. , on voit apparaître la distinction entre la femme à peau claire (qui reste à l'intérieur de la maison) et l'homme à peau foncée (dont les activités sont à l'extérieur), clivage qui demeura inchangé jusqu'au XX° siècle. Le soin du corps fait partie des pratiques rituelles et sociales quotidiennes qui marquent la séparation entre une classe proche du panthéon théogonique et le peuple qui n'a accès qu'à des soins limités, profanes, coupés de toute signification ésotérique; ainsi en est-il des peuples de la Libye que les Egyptiens jugent sales et malodorants.
Les Grecs regardent le monde comme une œuvre d'art et tout être humain a le devoir de modeler son corps. La gymnastique dans la Grèce archaïque, comme plus tard pour Platon, prévaut sur les soins mensongers. En préparant le corps par des jeux, le jeune homme acquiert une maîtrise de lui-même propédeutique à l' enseignement philosophique.