Avant de résumer ce livre que j'ai beaucoup aimé, je me dois de remercier les éditions
DE BOREE qui me l'ont fait parvenir et m'ont permis de découvrir la plume d'
Alain Paraillous, une bien jolie plume il faut l'avouer.
C'est un roman du terroir, j'apprécie de plus en plus ce style de roman que j'avais découvert avec
Christian Signol mais aussi avec
Karine Lebert pour certains de ses ouvrages. On peut également y rajouter le côté thriller psychologique, parce qu'il va s'en passer des choses dans ce domaine et l'auteur nous tient en haleine jusqu'au bout !
Comment ne pas tout de suite s'attacher à Jean Caradel, le héros de cette intrigue qui est un vrai gentil, plein d'humanité et de valeurs, d'abord celles de la terre mais pas seulement, il a reçu cette éducation d'antan, celle ou l'entraide et la solidarité avaient encore un sens, où l'on éduquait les enfants au respect, où la moralité devait être exemplaire, des valeurs qui font cruellement défaut de nos jours.
Jean a perdu ses parents dans un accident de voiture, qui ne semble pas étrange au premier abord mais la suite de l'histoire donne au lecteur l'occasion de s'interroger. Depuis, il gère le domaine de Lourmian avec l'aide d'un couple de domestiques Italien, Pietro et Adalgisia -qui sont comme des membres de la famille- et marche dans les pas de son père qui lui a inculqué l'amour de la vigne, de la terre devrais-je dire, et lui a donné toutes les clés pour s'en occuper.
Le domaine est grand, les vignes représentent un sacré travail surtout au moment des vendanges, période très intense où Jean embauche du personnel. Il a longtemps pensé que le domaine était frappé d'une malédiction, il y a eu des accidents, des incidents et il y a certainement des secrets de famille bien enfouis que Jean ne connaît pas.
A quelques jours des vendanges, durant la nuit, une jeune femme vient frapper à sa porte et lui demande de l'aide. Elle a le visage tuméfié mais surtout, elle ne sait pas comment elle s'appelle, ne se souvient de rien et refuse que Jean appelle les secours. C'est très étrange, d'autant plus que le domaine est excentré et qu'il faut remonter une grande allée bordée d'ormes rouges pour y parvenir. Jean ne se pose pas plus de questions, il porte secours à la jeune femme et l'accueille chez lui, persuadé que dans les jours à venir, tout rentrera dans l'ordre et que la jeune femme se présentera d'elle même au commissariat.
Mais le mystère demeure, la jeune femme semble frappée d'amnésie et ne veut surtout pas entendre parler de police. Jean décide de l'appeler Elisabeth et lui offre l'hospitalité tant qu'elle le souhaite, il n'a pas le temps de tergiverser, les vendanges vont commencer et la jeune femme finira bien par retrouver la mémoire et rentrer chez elle.
Le personnage d'Elisabeth est assez intriguant et intéressant psychologiquement. La jeune femme qui semble si transparente se fond parfaitement dans le domaine, se rendant même indispensable, comme si elle avait toujours fait partie des lieux. Elle est partout, aux travaux ménagers, à la cuisine, à l'extérieur, elle sait se rendre utile et s'avère être une aide précieuse pour Jean qui commence à la trouver charmante. N'importe quel quidam se poserait des questions mais pas Jean, parce que Jean est quelqu'un de foncièrement honnête qui ne pense pas au mal, persuadé que les autres sont comme lui. Puis Elisabeth fait sa part de travail quotidien, Jean est célibataire, une présence féminine ça illumine un peu la maison, Jean se sent moins seul. Evidemment, à se côtoyer comme ça en permanence, les jeunes gens finissent par se rapprocher et, sous l'impulsion d'Elisabeth, de partager le même lit, il faut dire que la jeune amnésique ne manque pas de ressources !
Et Là, je me dis dit que clairement cette femme cache quelque chose et simule son amnésie. Elle semble bien trop lisse et trop parfaite pour être honnête. Je suis perplexe, je ne déteste pas la jeune femme mais je comprends bien vite qu'elle n'est pas là par hasard et que c'est Jean qui va en faire les frais. Jean toujours aux petits soins pour sa belle, Jean qui ne se pose pas de questions même si parfois il est interpellé par des mots ou des gestes, pourquoi Elisabeth tient tant à aller chercher le courrier à la boite aux lettres qui est tout en bas de
l'Allée des ormes rouges ? qui est dans cette voiture qui est arrêtée tout en bas et qui parle avec Elisabeth ? c'est curieux, cette voiture Jean semble l'avoir déjà vue, qu'est ce que fait Elisabeth lorsqu'elle passe des heures dans la chambre du haut ?
L'auteur nous embarque dans la vie de ce domaine, dans l'époque de l'après-guerre et dans le quotidien d'un vigneron qui est tout, sauf reposant. Jean a appris à vivre de peu, il économise, n'oserait jamais faire de crédit pour moderniser, il épargne. Il faut du courage, des bras, ne pas compter ses heures pour travailler la vigne, il faut faire face aux caprices de la météo mais aussi aux négociants qui sont tout puissants pour l'achat du vin. La bâtisse n'a pas de chauffage central ni d'eau chaude, la voiture montre des signes de fatigue, il y a de nouveaux outils mis sur le marché qui aideraient bien à soulager le dur labeur de la vigne. Jean est un avant-gardiste, il a en projet de créer une coopérative et se donne les moyens d'y parvenir, il fait entrer la modernité au domaine, il avance. On apprend énormément de choses sur le travail de la terre et de la vigne, sur les vendanges et sur cette vie rurale qui semble idyllique aux premiers abords alors qu'on sait parfaitement que c'est très dur physiquement et parfois moralement.
La description du domaine est délicieuse, je visualise facilement cette allée aux ormes rouges, j'imagine les feuilles qui bruissent au vent et je vois une grande bâtisse de pierre tout au bout avec les vignes aux alentours. J'aperçois Elisabeth descendre à la boite aux lettres, elle semble sur ses gardes, j'imagine parfaitement Pietro et Adalgisia et leur accent qui chante. Autant le dire, je suis complètement immergée dans l'histoire, et je cogite sur Elisabeth, je cherche le pourquoi, j'essaie de trouver ce qu'elle veut, je mène l'enquête en fait, avec le peu que l'auteur veut bien laisser paraître et il est rusé parce qu'il divulgue ses indices avec parcimonie. Je suis paniquée à l'idée que Jean puisse tomber totalement dans la toile qui lui est tendue.
L'histoire est très addictive, l'auteur finit par mettre le lecteur dans la confidence mais Jean n'a toujours rien vu et ça ajoute au suspense, ça fait monter la pression. J'ai envie de crier à Jean de faire attention, de poser plus de questions, il va droit dans la mur, mais bien sûr, il ne m'entend pas !!
Elisabeth est perfide, manipulatrice, oserai-je dire démoniaque ? Comment a-t-elle pu ? et si elle tombait dans son propre piège ? ce ne serait que justice après tout ! Que va-t-il se passer quand la vérité éclatera ? mais Jean aura-t-il le temps de se rendre compte de la supercherie ? On y arrive doucement, l'auteur y va par petites touches, il se permet même des rebondissements, pour bien pimenter le tout et rajouter encore du mystère, c'est excellent !
Je connais la fin mais je ne dirai rien bien sûr, il ne vous reste qu'à le lire si vous avez envie de vous retrouver dans un cadre charmant et dépaysant, si vous voulez vous essayer aux travaux de la vigne et démasquer les sombres desseins d'Elisabeth, si vous avez envie de vibrer et de ressentir un panel d'émotions
J'ai passé un superbe moment de lecture avec un auteur qui a des dizaines de livres à son actif et une jolie plume qui fait rêver. Merci à lui pour cette évasion.
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