C'est l'histoire, inspirée d'un roman coréen du 19ème siècle, d'une petite fille élevée comme un garçon. le narrateur de sa fabuleuse histoire est un facétieux dragon qui fait quelques apparitions dans le coin d'une page. Mademoiselle Bang est une sorte de Mulan coréenne dont les aventures improbables se succèdent à un rythme enlevé et embarquent le lecteur dans une farandole endiablée. Les graphismes humoristiques des personnages évoquent Pim, Pam, Poum, et mon oeil n'était plus guère habitué à rencontrer des couleurs aussi tranchées et c'est rafraîchissant. L'auteur, coréenne vivant en France, a traité avec grande attention et justesse tous les petits détails culturels (vêtements, maisons, …) et ses paysages évoquent des estampes. Un bel ouvrage qui prône la tolérance et l'égalité sur un ton plein d'humour et d'entrain. A partir de 9 – 10 ans. le livre peut sembler long quand on en voit l'épaisseur, mais ça se lit vite, c'est le papier qui est épais, ce qui est par ailleurs très agréable.
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Incontournable BD Jeunesse Mars 2023
Mention Olibrius BD 2023*
Comme il est spécifié sur l'une des pages de garde au début de la BD: "L'incroyable Mademoiselle Bang est librement inspiré d'un roman anonyme coréen, probablement écrit au 19e siècle".
Cette Bd, c'est un peu comme ses jarres à bonbons mélangés, une découverte n'attends pas l'autre!
Un dragon vert nous propose, bien peinard sur son nuage, de nous raconter une histoire, celle d'une petite fille dont le nom de famille est aussi une onomatopée: Mademoiselle Bang!
Donc, il y avait un couple de vieux nobles eux aussi assez insouciants, qui n'avait pas eu d'enfants. Voilà que madame Bang nous signifie que "mon ventre bouge tout seul depuis quelques jours". Si son mari pense que madame a peut-être une pastèque qui lui a poussé dans le ventre, la domestique, madame JU, n'est pas dupe: Madame enfantera bientôt! Comme le couple a employé le masculin pour parler dudit enfant à venir, Madame Ju s'attèle à la confection effréné d'une garde-robe de toutes les tailles de la naissance jusqu'à ses 50 ans. Seulement, on s'en doute, il s'agit en fait d'une petite fille. le bébé adore ses vêtements masculins, alors son père lui permet de les porter. Puis, elle s'intéresse aux pinceaux de calligraphie, alors on lui enseigne l'écriture. Peu importe que madame Ju s'indique que cette petite fille puisse faire toutes les choses qu'elle veut, et qui ne sont jamais des choses traditionnellement féminines, "Mademoiselle Bang" grandit en accord avec ses choix. Au décès de ses vieux parents, elle persiste à garder son statut de "Monsieur", car tout le monde la connait sous ce titre désormais. Et c'est tant mieux car Mademoiselle Bang aura moult aventures complètement loufoques et incroyables, où ses qualités intellectuelles et son humilité lui ouvrir des portes insoupçonnées.
Je compte joyeusement divulgâcher, vous êtes prévenus.
Le récit est fabuleux. C'est fou comme chaque petit détail, non-dit, trop-dit, mal-dit, fait tourner le récit ailleurs. Mademoiselle Bang n'a pas volé son nom, elle vit une vie complètement hors de l'ordinaire, surtout pour une femme d'un pays asiatique qui pourrait être la Chine ou la Corée. Femme de tête et d'action, dès sa jeunesse, elle promet d'être vive d'esprit et atypique ( mes personnages préférés!). Alors qu'elle sortait voir le monde, elle se retrouve à peine dix minutes plus tard dans le cortège d'hommes allant passer le concours pour devenir fonctionnaire d'État. Non seulement elle y va, elle reçoit le titre de "première de classe"! À peine revenue chercher ses affaire et madame Ju pour aller vivre à la capitale, une pelletée impromptue d'hommes de tout âge veulent lui faire épouser leurs filles, dont certaines sont enfants et d'autres bambins. Mademoiselle Bang choisi une jeune rouquine aux yeux de taupe et comble de hasard, celle-ci ne voulait pas se marier. Elles sont superbement appareillées, du coup. Les choses s'chainent dans un joyeux bazar de conspirations immatures de la part des vieux de la vielles qui sont fonctionnaires depuis bel lurette, des envahisseurs à la mémoire tenace ( mais seulement quand c'est à leur avantage, attention!), des rencontres avec des fantômes cannibales, une épée légendaire ( dont on découvre qu'il est en fait le narrateur!
L'humour est partout. Entre les personnages, leurs remarques impertinentes ou carrément anachroniques, dans absurdité des pouvoirs de Kung Fu ( ce qui me fait dire qu'on est en Chine, mais peut-être que les coréens aussi le pratiquait?), la douce ambivalence de l'empereur entouré de rapaces plus vicieux encore qu'une bande d'influenceurs dans un téléréalité, les mimiques de personnages, les constats stupides, le retours de problèmes pourtant supposés être réglés, bref, y a pas moyen de reposer cette BD, même pour une pause-pipi. Certains éléments sont même rangés dans l'humour un peu noir, notamment avec ses pères intéressés qui rivalisent entre eux en proposant des filles d'âges déraisonnablement jeunes. Drôle, mais aussi véridique.
J'adore cette histoire qui sous son verni drôles et ses illustrations joyeuses, a pourtant quelques belles notes de vérité et de sagesse. L'importance de la famille, la noblesse d'esprit, le coeur à l'ouvrage, la loyauté, l'humilité et la capacité d'introspection. Mademoiselle Bang est un savant mélange d'esprit et de coeur, et malgré ses innombrables qualités, reste capable d'admettre ses erreurs, de ne pas devenir outrancièrement ambitieuse ou arrogante. Je dirais que ce sont des qualités relativement "féminisées", car dans la culture astatique et occidentale, ce sont des traits qu'on apprécie chez les femmes. Cela dit, surtout au début, elle a un tempérament fonceur, un idéalisme féroce et un tempérament affirmé, ça c'est plaisant. Il faut dire aussi que Bang gravite dans un monde de fieffés imbéciles, autant les nobles que les pauvres. Seule madame Ju et Bing ( l'épouse) ont un minium de jugeote. Je me demande comment Bing peut être rousse dans un pays où tout le monde à les cheveux noirs, curieux...
Les dessins sont simples en apparence, mais habilement rendus. Les couleurs semblent en aquarelle et sortent pastels ou diluées. C'est un travail propre, bien rendu et suffisamment détaillé pour être intéressant. Les personnages ont beau être asiatiques, leurs yeux sont ronds, ce qui renforce aussi leur air benêt. Quand aux représentations culturelles, on sent la culture asiatique traditionnelle, mais prêtez attention aux anachronismes, notamment un micro dans le monde des fantômes.
J'apprécie toujours les Bd avec autant de travail sur les divers éléments, que ce soit le texte intelligent, les illustrations bien travaillées, la propreté des couleurs, les différents humours qui côtoie des éléments plus profonds et même, un univers qu'on s'approprie sous un jour assez différent. J'imagine déjà la diversité de jeunes lecteurs que cette oeuvre peut rejoindre. Je me fais aussi la réflexion que cette histoire est inspiré d'un roman qui date déjà d'un siècle, dans un coin de monde ou le patriarcat est encore très présent. Aussi, imaginez l'avant-gardisme de ce roman dans le contexte social et politique d'alors. À la fois critique d'un système impérial en grande partie tenu par des incapables intéressés, moderne pour avoir mit de l'avant une femme débrouillarde, savante et proactive et humoristique de tellement de façon, je me dis que c,est bien dommage que l'oeuvre original soit anonyme. Sans rien enlever à ça à la plume de la bédéiste, qui a fait un fantastique travail, bien entendu.
Bref, si vous avez envie de changer d'air en BD, ou que vous voulez proposer quelque chose de frais comme un sorbet au concombre ( super bon, vous essaierez) à vos lecteurs jeunesse dans les classes autant que les foyers, je vous suggère d'essayer de les plongez dans cette grosse BD indubitablement tordante et assurément ludique.
Pour un lectorat du troisième cycle primaire, 10-12 ans ( mais les 8-9 ans habitués des pavés ou amateurs de BD peuvent aussi s'y plonger).
**La mention "Olibrius" est ma marque perso qui relève les oeuvres jeunesse qui sortent des sentiers battus, mais qui peuvent avoir l'air à priori étranges. Une façon de mettre l'accent sur les atypiques sympathiques de la littérature jeunesse.
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Une bande dessinée jeunesse vraiment surprenante !!!
Des jolis graphiques un peu à l'asiatique (on est dans le thème), des jolies couleurs et nous voilà partis voyager dans la Corée des temps anciens. L'histoire est complètement loufoque mais a des messages profonds. Agréable à lire, elle met souvent le sourire
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Grâce au réseau des médiathèques du Var, notre petite bibliothèque de village participe au prix des lecteurs du Var. C'est dans ce cadre-là que cette bande dessinée a été proposée aux lectrices et lecteurs. C'est Suzanne la première qui nous a laissé un avis en rapportant ce livre. Elle a trouvé l'histoire très drôle, même si elle estime que le style de dessin est particulier et ne plaira sans doute pas à tout le monde. Si elle n'a pas été complètement convaincue par le coup de crayon, elle a en revanche trouvé le contenu de la BD de grande qualité et elle a passé une excellent moment de lecture.
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C'est dans le cadre d'un Masse critique que j'ai reçu cette BD, donc merci à Babelio et les éditions Dupuis-Les Ondines pour cet envoi.
Pourquoi l'histoire de Mademoiselle Bang est-elle si incroyable ? Eh bien parce que ses parents l'ont eu très très tardivement. Et que tout le monde, enfin surtout Madame Ju, leur servante, a cru que le bébé serait un garçon. Elle a confectionné toute une garde-robe pour un petit garçon. Aussi à la naissance du bébé, Mademoiselle Bang donc, ses parents ont décidé de garder la garde-robe quand même. de fil en aiguilles, de quiproquos en omissions, mademoiselle Bang grandit comme un garçon. A la mort de ses parents elle décide de voyager, et sans trop savoir comment, la voilà devenue haut fonctionnaire du roi. C'est que dans ce pays lointain seuls les hommes peuvent devenir haut fonctionnaires. Et il est de bon ton de se marier. Ce que fait mademoiselle Bang, avec une femme. Toute aussi avide de liberté qu'elle.
Pour la suite il faudra lire la BD. Hymne à la tolérance, à l'égalité. Elle est tirée d'un roman coréen du 19e siècle. Et déjà tellement moderne !
Un agréable moment de lecture.
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