Quelle que soit la responsabilité individuelle des savants dans l'échec de nos sociétés, le fait est que l'afflux de connaissances dues à leurs travaux n'a pas "perfectionné la conscience réfléchie" des hommes. Au contraire, "une foule de choses" sont passées "de la catégorie de la réflexion à la catégorie de l'instinct". En dépit d'un "rationalisme" tapageur, nos sociétés se laissent aller à des actes de foi irréfléchis : croire béatement aux sciences en est un; croire à l'alphabétisation à outrance en est un autre.
Où le lecteur qui compulsera les statistiques, rapports et documents inclus ci-dessous, admirera l'adresse et l'obstination avec lesquelles les tyrans de notre époque ont alphabétisé le peuple afin de mieux l'opprimer, tandis que les démocraties confondaient - et confondent toujours -, piteusement, culture et communication.
Où le lecteur verra que, contrariant les bons augures des philanthropes, la propagation de la lettre écrite n'a point diminué les malheurs de l'espèce humaine.
La bibliothèque sans livres est le symbole idéal d'un monde somnambule.