Parmi les herbes, de multiples fleurs accompagnent sa progression dans une effervescence pétaradante de roses, de mauves, de jaunes. La poésie végétale compose alors une vibrante estampe avec la puissance tellurique des rochers. Ces derniers se sont formés depuis longtemps, là dans des fracas de feu, ici pendant de lentes sédimentations quand la planète, infime particule d’un grand rien, était recouverte d’océans.
il serait temps de repeindre ce bureau, oui ce serait bien d’effacer les signes du temps, les égarements de l’humanité, les erreurs du passé, pour repartir sur de nouvelles bases, plus propres. Leur cause justifiait les moyens mis en œuvre, il en était convaincu, autant qu’il était fier et conscient de l’honneur qui lui était octroyé de participer à cette œuvre, articulation évidente et majeure de l’histoire.
Voir pour oublier le savoir, ou éventuellement l’inverse, va savoir ? Il ne sait pas ce qu’il vient chercher. Les choses de son environnement quotidien se sont estompées, la baraque, la bagnole, les placards pleins de fringues et autres insignifiances souvent jamais utilisées se sont dissipées, telles une part de ses connaissances, dans l’air épuré et dénué d’intention des alpages.
La voie du raisonnement ou de la raison ne s’inscrit-elle pas plutôt dans celle de la progression, de la permanente mutation, pour peu que l’on soit disposé, et apte, à intervertir les sujets ? La fleur a sa place. L’humain l’a-t-il, lui qui dispose du raisonnement ? La fleur le regarde passer sans lui adresser la parole.
La souffrance prend de multiples visages. Certains sont plus familiers que d’autres. Et parfois, sa face grimaçante nous fait pleurer.