Quelle petite chose que la vie, les plaisirs, les œuvres de ces filles… C’est ce que doivent penser leurs parents. Vues de l’extérieur, elles t’étaient apparues comme de riches mystères… Ainsi, elles ne sont que de banales babioles domestiques.
Il est beau d’écrire parce que cela réunit les deux joies : parler tout seul et parler à une foule.
Tu t’étonnes que les autres passent à côté de toi et ne sachent pas, quand toi, tu passes à côté de tant de gens sans savoir, cela ne t’intéresse pas, quelle est leur peine, leur cancer secret ?
Se venger d’un tort qu’on vous a fait, c’est se priver du réconfort de crier à l’injustice.
Quand on lit, on ne cherche pas de nouvelles idées, mais des pensées déjà pensées par nous, qui achètent un sceau de confirmation sur la page.
Toutes ces histoires de révolutions, cette envie de voir se produire des événements historiques, ces attitudes monumentales, sont la conséquence de notre saturation d'historicisme, et c'est pour cela que, habitués à traiter les siècles comme les feuilles d'un livre, nous prétendons entendre la sonnerie de l'avenir chaque fois que braie un âne.
Si l’on doit en juger par son analogie avec la journée, la vieillesse est l’âge le plus fastidieux parce qu’on ne sait plus quoi faire de soi, comme, le soir, quand l’œuvre quotidienne est finie.
Il est certain qu’en souffrant, on peut apprendre beaucoup de choses. Le mal c’est que pour avoir souffert, nous avons perdu la force de nous en servir. Et simplement savoir est moins que rien.
"Moi, je commence à faire des poèmes quand la partie est perdue. On n'a jamais vu qu'un poème ait changé les choses."
On dit que la jeunesse est l’âge de l’espoir justement parce que, quand on est jeune, on espère confusément quelque chose des autres comme de soi-même –on ne sait pas encore que les autres sont précisément les autres. On cesse d’être jeune quand on distingue entre soi et les autres : c’est-à-dire quand on n’a plus besoin de leur compagnie. Et l’on vieillit de deux manières : ou bien en n’espérant plus rien, même pas de soi-même (pétrification, abêtissement, etc.) ou bien en espérant seulement de soi-même (activité).