On ne sait employer la stratégie amoureuse que quand on n'est pas amoureux.
Les années sont une unité du souvenir; les heures et les jours, une unité de l'expérience.
18 août
La chose le plus secrètement redoutée arrive toujours.
J'écris : ô Toi, aie pitié. Et puis?
Il suffit d'un peu de courage.
Plus la douleur est déterminée et précise, plus l'instinct de la vie se débat, et l'idée du suicide tombe.
Quand j'y pensais cela semblait facile. et pourtant de pauvres petites femmes l'ont fait. Il faut de l'humilité, non de l'orgueil.
Tout cela me dégoûte. Pas de paroles. Un geste. Je n'écrirai plus.
Dans la tragédie grecque, il n'y a pas de méchants. On n'y élucide pas une responsabilité, on constate un fait -un destin.
Un homme qui souffre, on le traite comme un ivrogne. "Allons, allons, ça suffit, secoue-toi, allons, ça suffit..."
Tu seras aimé le jour où tu pourras montrer ta faiblesse sans que l’autre s’en serve pour affirmer sa force.
Le problème déjà souvent effleuré se rouvre : tu ne t’aperçois pas que tu vis parce que tu cherches le nouveau thème, tu passes, hébété, les jours et les choses. Quand tu auras recommencé d’écrire, tu penseras seulement à écrire. En somme, quand est-ce que tu vis ? que tu touches le fond ? Tu es toujours distrait par ton travail. Tu arriveras à la mort, sans t’en apercevoir.
Voilà pourquoi l’enfance et la jeunesse sont source éternelle : alors, tu n’avais pas un travail et tu voyais la vie avec désintéressement.
Voilà : ce qui ne va pas dans la psychanalyse, c’est cette tendance évidente à transformer les fautes en maladies. Tu comprendrais qu’on les transformât en vertus, en moyens d’être énergiques, mais non –on découvre le trauma qui fait, par exemple, que tu as peur des grenouilles et alors tu attends la guérison. Couillonnades !
Les qualités les plus intéressantes et les plus fertiles de chacun sont celles que chacun hait le plus en lui et dans les autres. Parce que dans la « haine » il y a tout : l’amour, l’envie, l’ignorance, le mystère et l’anxiété de connaître et de posséder. La haine fait souffrir. Vaincre la haine, c’est faire un pas vers la connaissance et la maîtrise de soi, c’est « se justifier », et, en conséquence, cesser de souffrir.
Le charme subtil des convalescences consiste en ceci : revenir à ses habitudes avec l’illusion de les découvrir.