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Jan Baetens (Auteur de la postface, du colophon, etc.)
EAN : 9782804018979
132 pages
Espace Nord (13/01/2008)
3.92/5   13 notes
Résumé :
Venu à Villers pour y conduire une enquête sur des crimes vieux de plus de cinquante ans, le narrateur se trouve entraîné, presque malgré lui, dans la plus angoissante des aventures. Plusieurs meurtres vont se produire coup sur coup dans cette ville où le temps semble s'être assoupi. D'abord simple spectateur, le narrateur se trouve soudain mêlé à cette affaire incompréhensible et dont l'étau, cependant, se resserre progressivement autour de lui... L'intrigue de La ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
L'autre soir, je vais me coucher fatiguée avec l'idée de sortir de mes piles de livres quelque chose de tranquille. Or, comme je vous le disais hier, je dispose de ce qu'on pourrait appeler un talent inné pour choisir le livre qui va me mettre la tête en vrac lorsque je cherche justement une lecture reposante. Mais je ne savais pas encore que j'étais retombée dans un de mes pires travers quand je me suis endormie au beau milieu de la Bibliothèque de Villers, que j'ai dû terminer seulement le lendemain. Quoique "terminer" ne soit pas franchement le mot adéquat.


De La Bibliothèque de Villers, d'ailleurs, je ne savais rien ; j'avais trouvé le titre en parcourant le catalogue de l'excellente collection Espace Nord, et je m'étais arrêtée dessus à cause de l'auteur, Benoît Peeters, dont vous devriez maintenant absolument tous savoir qu'il est le scénariste des Cités obscures, si vous ne le saviez déjà avant que je ne critique Les Portes du possible et L'Archiviste (notez comme je glisse une subtile référence à mes propres billets). J'insiste tout de même sur Les Cités obscures, car La Bibliothèque de Villers, publié chez Robert Laffont en 1980, n'est pas sans rapport avec cette série qui n'était pas encore sortie de sa gangue. Bref, je découvre un court roman policier... qu'il faut relire arrivé à la fin. Bien. Pas complètement convaincue de le relire immédiatement, je poursuis avec l'analyse de Jan Baetens, puis je reviens en arrière pour continuer avec Tombeau d'Agatha Christie, sorte d'essai de Benoît Peeters consacré à... Agatha Christie, et qui explique mieux comment lire La Bibliothèque de Villers que ne le fait Jan Baetens (en plus, Jan Baetens verse dans l'apologie, ce qui me gêne un peu vu que le roman a été réédité chez Espace Nord, collection gérée par Les Impressions Nouvelles... qui se trouve être une maison d'édition dirigée par Benoît Peeters).


Si vous n'avez pas le courage de relire le roman de Benoît Peeters, laissez tomber tout de suite, ce sera sans intérêt. Vous aurez peut-être saisi l'identité du coupable (c'est possible, il me semble même que c'est la solution la plus évidente à la fin de la première lecture), mais vous serez sûrement passé à côté de plein de choses. Si vous ne connaissez pas quasiment sur le bout des doigts Agatha Christie, vous allez passer à côté d'une multitude de références. Si vous ne lisez pas Tombeau d'Agatha Christie, vous ne comprendrez pas forcément quel était le but de Benoît Peeters en écrivant La Bibliothèque de Villers, ni même que le conservateur de la bibliothèque est un double de la romancière - quoiqu'un certain nombre d'indices soient distillés et repérables dès la première lecture. On trouve également des références assez évidentes à Borges (qui pense "bibliothèque + mystère", ou même "bibliothèque" tout court, pense souvent "Borges" - ou "Umberto Eco", mais ça c'est parce que Eco a pillé Borges), mais peu importe, pas besoin d'avoir lu Borges pour comprendre de quoi il retourne (ne croyez pas les prétentieux qui essaieraient de vous faire croire le contraire !) Vous voilà prévenus. Cela dit, le roman et l'essai sont courts et l'énigme n'est pas si compliquée qu'on pourrait le croire.


Donc, en quoi consiste La Bibliothèque de Villers ? Tout simplement en un roman policier où l'histoire de cinq crimes en série est relatée par un narrateur anonyme, arrivé on ne sait pas bien quand dans la ville de Villers qui se trouve on ne sait pas bien où (Nord de la France ou Belgique, probablement), pour récolter de la documentation sur d'autres crimes datant de 1905 et jamais élucidés. le narrateur va rencontrer trois personnages : le conservateur de la bibliothèque, son assistante, et le commissaire chargé de l'enquête. Et à la fin, il nous dira qu'il a compris qui était le coupable, mais que non, il ne nous dira pas de qui il s'agit, car c'est à nous de le lire dans le texte qu'il va écrire (et que nous venons donc de lire). Il faut donc repartir à zéro, même si vous avez déjà une idée du coupable - et le fait est qu'il n'est pas du tout certain qu'il y ait à proprement parler un coupable, du moins pas dans le sens où on l'entend habituellement.


Je connais bien les trucs d'Agatha Christie pour avoir lu, relu, relu et relu ses romans policiers, et j'ai appris à comprendre vraiment le coup du roman policier "à astuce" (c'est le nom que je donne à ce genre de romans, ou de films, d'ailleurs) avec Gaston Leroux. Et combien de fois ne me suis-je pas dit, en relisant un roman d'Agatha Christie : "Mais pourquoi n'ai-je pas vu ça, ça et ça à la première lecture ? Ce que je peux être niaise !" Cela dit, Gaston Leroux m'avait fait saisir, sinon toute la ruse d'Agatha Christie, du moins une des clefs principales du roman "Poirot joue le jeu". Je n'avais pas trouvé le coupable pour autant, mais j'avais épaté ma cousine, qui venait de me prêter le livre, en élaborant une hypothèse plus que correcte - forcément, c'était la bonne, vu qu'elle ressemblait étrangement à la solution du Mystère de la Chambre jaune que je venais tout juste de lire ; je reste cependant très fière de cet exploit, car, après tout, nous n'avions que douze ans. Cet exploit n'a d'ailleurs pas été reconnu par ma famille comme il aurait dû l'être, j'ai le regret de le dire. Par conséquent, je ne suis pas totalement d'accord avec Benoît Peeters lorsqu'il prétend que connaître un bon nombre de trucs d'Agatha Christie n'aide pas à saisir l'énigme du prochain roman que vous lirez d'elle. Il passe sur le fait qu'elle a un peu usé jusqu'à la corde certains stratagèmes à la fois dans des nouvelles et dans des romans (par exemple le truc du grand chapeau, d'ailleurs souvent tiré par les cheveux - ah, pardon pour le jeu de mots qui n'était pas prémédité !)


Mais, mais, mais... Combien de fois je me suis fait avoir, tout de même, alors justement que je connaissais moult stratagèmes d'Agatha Christie ? Un nombre de fois incalculable et tout à fait honteux ! Il faut croire que j'étais plus maligne à douze ans qu'en grandissant et en vieillissant... Et ce que Benoît Peeters avance, et démontre, c'est qu'Agatha Christie nous donne des tas de clefs au cours du texte, et qu'il faut savoir lire entre les lignes de ce texte pour comprendre le fin mot de l'histoire. le concept restait jusque-là assez vague dans ma tête, et le serait sans doute resté si je n'avais pas lu Tombeau d'Agatha Christie. Une ellipse dans la narration par ici, la référence à un titre de polar par là, etc., etc. : Agatha Christie distille des indices tout au long de son texte, sans qu'on y soit souvent très attentif parce qu'on est pris par la résolution de l'énigme par quelqu'un d'autre, le personnage qui enquête et qui parfois passe étrangement à côté des signes les plus évidents (oui, même Poirot commet ce genre d'erreurs). de là à conclure qu'on pourrait trouver le(s) coupable(s) grâce une lecture qui tiendrait du déchiffrement, je ne sais pas trop... (je ne 'ai pas trop envie de relire une fois de plus tous les romans policiers d'Agatha Christie pour le vérifier) C'est en tout cas tout le projet de la Bibliothèque de Villers : faire de la méthode de lecture une méthode d'enquête.


Roman policier, grand hommage à Agatha Christie (on reconnaît certains types de meurtres, certains stratagèmes et même le nom de certains personnages) et dans une moindre mesure à Borges, roman autoréflexif (Jan Baetens insiste très justement sur ce point) et surtout, jeu (une des grandes images du roman concerne un certain type de jeu, tout en faisant en même temps référence à l'acte d'écrire) avec le lecteur qui doit repérer les anagrammes et autres indices du genre distillés tout au long de l'histoire, La Bibliothèque de Villers se révèle également une très bonne introduction à ce qui sera une des grandes oeuvres de Benoît Peeters avec son comparse François Schuiten : il s'agit bien évidemment des Cités Obscures. L'idée de base du premier volume de la série, Les murailles de Samaris, bien qu'émanant de l'imagination de François Schuiten lorsqu'il était enfant, n'est pas sans rapport avec La Bibliothèque de Villers, avec sa ville étrange, à la topographie anormale, et pleine de faux-semblants...


Pour tout dire, La Bibliothèque de Villers constitue une curiosité littéraire, et Tombeau d'Agatha Christie une réflexion tout à fait intéressante sur le travail de cette romancière. Et... c'est un très bon exercice pour comprendre le fin de mot de certains romans ou de certains films "à astuce" ; mettons Burning de Lee Chang-dong, par exemple, dont personnellement je n'avais pas saisi le truc (merci à Kikujiro pour avoir observé certains détails mieux que moi et tiré la conclusion qui s'imposait), alors que j'avais déjà vu un film de François Ozon racontant une histoire vaguement similaire et construit sur le même modèle. On n'en finit jamais d'apprendre (ni de remarquer à quel point on est décidément pas très malin).

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SPOILER. Difficile de parler de ce livre, surtout de la première histoire La Bibliothèque de Villers, sans dévoiler la fin. Car je n'arrive à choisir si j'ai détesté ou si je dois crier au génie. Dans la postface de Jan Baetens, on lit cela, "D'autre part, l'inachèvement programmé du texte est tel que la simple relecture individuelle, non écrite, ne sera jamais suffisante pour rendre justice à l'appel du livre." où "Il existe d'ailleurs de nombreuses anecdotes sur des lecteurs à bout de nerfs assaillant l'auteur de coups de fil dans l'espoir de lui arracher la clé supposée de l'énigme." En effet, j'étais accroché à cette histoire avec des meurtres et l'enquête pour découvrir qui peut bien les commettre. La fin de l'histoire arrive et le narrateur me dit qu'il sait qui est le coupable mais qu'il ne le dévoilera pas. Quoi?? Je relis la fin et je n'ai pas mal compris ou rater des éléments. Non, le secret sera garder par l'auteur.

Dans l'essai qu'il nous propose par la suite sur l'oeuvre d'Agatha Christie, il explique comment se construit les romans policiers. D'ailleurs, il parle un peu de sa nouvelle précédente "Il n'est pas impossible d'imaginer, en prolongeant cette idée, un roman dont la fiction serait suffisamment passionnante pour que le lecteur ressente, avec une très grande intensité, le désir de connaître son dernier mot. C'est ce dernier mot qui, précisément, lui serait refusé, le texte ne renvoyant, en sa fin qu'à lui-même et à sa relecture. le livre serait ainsi offert une seconde fois au lecteur qui pourrait alors, le relisant, y découvrir ce que, dans sa fièvre première, il n'avait pas su lire." Quel petit malin cet auteur.

Avec un certain talent d'écriture, où l'on sent tout de même la plume d'un chercheur, il m'a mené en bateau. Je suis partagée avec le génie de m'avoir tenu en haleine, d'avoir provoquer en moi de la colère, du mécontentement et celle de crier au mensonge. Comment peut-on emmener le lecteur dans cette attente pour le planter? L'essai sur Agatha ne m'a pas calmé. Bien au contraire, en plus, il me nargue par rapport à la création d'un roman policier.

Bref, une lecture que je ne risque pas d'oublier. Dois-je remercier mon libraire de me l'avoir conseillé? Je réfléchis encore.
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Etrange ouvrage que celui-ci qui réunit une nouvelle policière d'une cinquantaine de pages – un exercice de style plutôt- et un essai de trente pages sur Agatha Christie et son écriture. Ce n'est qu'en lisant la postface qu'on comprend que « La Bibliothèque de Villers » est un hommage à Agatha Christie.

« La Bibliothèque de Villers » nous met en présence d'une énigme surprenante. Alors qu'il étudie des crimes s'étant déroulés en 1905 à Villers, le narrateur est mis en présence d'autres meurtres perpétrés dans la commune. Détail sordide, la victime se voit incruster post mortem une étoile dans le dos. Etoile semblant indiquer la localisation du corps dans Villers. Quel lien unit ces victimes ? Quel rapport y a-t-il entre ces meurtres et ceux de 1905 ? Et quel mobile pousse l'assassin ?

Texte aride, écrit à la fin des années 70, ce récit est influencé, de l'aveu de l'auteur, par le Nouveau Roman. Il possède cependant une certaine rythmique qui le rend agréable, peut-être en raison de l'emploi peu courant de l'indicatif présent. Ce texte à l'intrigue subtile est cependant frustrant car l'auteur détient le fin mot de l'énigme et le garde pour lui. Il se refuse à exposer les tenants et les aboutissants des crimes. Par ce fait, le lecteur devient en quelque sorte responsable de l'intrigue et de son dénouement. A peine la lecture achevée, il est clair qu'il va falloir la reprendre depuis le début, décrypter les moindres propos du narrateur, décoder son personnage, soupeser les mots, les triturer, les comparer... si on veut trouver le coupable.

Cette nouvelle décalée, écrite il y a plus de trente ans, reste cependant intemporelle. A chacun de l'apprécier (ou non) en fonction de sa sensibilité et de son expérience du policier.
Je m'étendrai moins sur la deuxième partie qui consiste en un essai assez pertinent de l'analyse du style d'Agatha Christie. Benoît Peeters y décrit son génie pour mieux essayer de le surpasser. A dévorer par les amateurs.
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Un documentaliste, le narrateur, arrive à Villers pour y mener une enquête sur des meurtres vieux de plus de cinquante ans. Il s'installe donc à la bibliothèque afin d'y étudier les archives. le temps passe et d'un coup, plusieurs meurtres surviennet. D'abord simple spectateur, le narrateur se trouve soudain mêlé à cette affaire incompréhensible et dont l'étau, cependant, se resserre progressivement autour de lui...

...

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critiques presse (1)
Actualitte
06 mai 2013
Ce sont donc trois textes indissociables qui s'enchaînent dans ce livre, donnant une dimension nouvelle à un exercice de style finalement assez intéressant.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Il n'est pas impossible d'imaginer, en prolongeant cette idée, un roman dont la fiction serait suffisamment passionnante pour que le lecteur ressente, avec une très grande intensité, le désir de connaître son dernier mot. C'est ce dernier mot qui, précisément, lui serait refusé, le texte ne renvoyant, en sa fin qu'à lui-même et à sa relecture. Le livre serait ainsi offert une seconde fois au lecteur qui pourrait alors, le relisant, y découvrir ce que, dans sa fièvre première, il n'avait pas su lire.
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Il existe d'ailleurs de nombreuses anecdotes sur des lecteurs à bout de nerfs assaillant l'auteur de coups de fil dans l'espoir de lui arracher la clé supposée de l'énigme.
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Peu d'hommes, je crois, auront, autant que moi, souffert par la littérature.
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D'autre part, l'inachèvement programmé du texte est tel que la simple relecture individuelle, non écrite, ne sera jamais suffisante pour rendre justice à l'appel du livre.
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Depuis 40 ans, ce duo de choc, auteur et dessinateur, écume la science-fiction, nos librairies et nos bibliothèques. Expérimentateurs depuis toujours, ils passent d'un renouvellement à un autre dans une esthétique architecturale aussi post-moderne que citadine. Déambulation dans leurs villes aux futurs antérieurs.
Moderateur : Olivier Cotte
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