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Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Ca commence comme un coup de poing. Ecriture hachée, saccadée, syncopée. Des mots jetés dans l'urgence. Phrases tronquées, mitraillées. Un banal accident de la circulation. Un libraire massif. Une imposante carcasse qui l'encombre. Et le drame. Une fillette apeurée. Perdue dans une ville cernée par les montagnes toutes proches. Une femme qui fuit. Sa mère. Toujours en retard à la sortie de l'école. Désir d'ailleurs. Besoin de s'éloigner. Une route de montagne. Un cri. Une tempête de neige.
Puis on s'immisce dans la vie de ce libraire (celui qui trouve les mots pour parler des mots) à la mémoire phénoménale. Ceux qui ont vu le film se souviennent de l'empâtement d'Olivier Gourmet. Ce n'est pas assez. Il aurait fallu la carrure d'un Depardieu. Pierre Péju joue avec les mots. Ces mots qui peuvent tout. Plus forts que des dictatures inébranlables. Plus durs que des cellules de prison. Plus coupant que des couteaux bien aiguisés. Mais aussi plus doux qu'une délicieuse caresse. Plus réconfortants que certaines étreintes. Ils peuvent sortir des cerveaux plongés dans un coma profond. Vollard le libraire lit. Plus spécialement par goût, ni davantage par conscience professionnelle. Par besoin. Et il récite des pans entiers de ces livres lus. Des mots qui accompagnent ses insomnies. Lui, le lourdaud, victime incessante de camarades de collège qui voient en lui un jouet.
Thérèse, la mère, jette des phrases sur un cahier à spirale. Rapport aux mots. Rapport aux gens. Entre eux, cette fillette abimée. Et puis une montagne. le massif de la Chartreuse, personnage à part entière. Réplique grandeur nature de Vollard. Une tendresse sous des dehors rugueux, considérables. Plus mystérieuse que les Bauges, sa voisine du Nord, juste séparée par Chambéry. Plus âpre que le Vercors calcaire au sud de Grenoble. Au détour d'une phrase, une allusion à la Montagne Magique de Thomas Mann comme rôle thérapeutique des espaces en trois dimensions.
Passé les premiers chapitres, forcément vécus dans l'urgence, le style devient plus fluide. Après avoir suffoqué, on respire enfin. Mais quelque chose oppresse encore la poitrine. On ne se libère jamais vraiment de ce roman.
La Petite Chartreuse se lit comme on savoure un cognac ou on tire sur une cigarette dans le calme de la nuit venue : par petites gorgées, par petites bouffées. Une dégustation de mots.
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