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George Pérec m'a bien eu !

En lisant son Cabinet d'amateur, je me suis demandé ce qu'il cherchait à faire. Tout au long de ces pages, j'ai lu, subi, la description de tableaux de toutes les époques et de tous les mouvements, ainsi que les brochures de mise aux enchères. Quelle déception pour moi, alors que j'avais été ravi de ma première lecture de Pérec, la Vie mode d'emploi. Déçu, jusqu'à la dernière page où là je découvre… mais je n'en dirai pas plus.

Pérec aime brouiller les pistes. Comme des amateurs, laissez-vous porter jusqu'au bout de ce cours roman d'un écrivain qui aime jouer avec ses lecteurs.
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N°487– Décembre 2010.
Un cabinet d'amateur – Georges Perec - Balland.

Les familiers de Perec pourraient probablement émettre des doutes au seul énoncé du titre de ce roman, se demandant où l'auteur de « La vie mode d'emploi » voulait bien les emmener une fois encore. L'exergue puisée chez Jules Verne donnait à penser qu'il allait s'agir de tableaux, mais attention, notre auteur à la fois érudit et génial provocateur n'aime rien tant que d'embarquer son lecteur dans un univers où lui seul possède la clé ! Il ne faut pas non plus perdre de vue sa parenté plus que naturelle avec Boris Vian qui, lui aussi excellait dans cet exercice. Il convient donc d'aborder ce livre avec circonspection, mais surtout en évitant de trop faire montre de préjugés puisque, bien qu'il s'agisse d'un roman, c'est à dire d'une fiction, il recèle des détails techniques, historiques et érudits qui font qu'il ne peut être autre chose que véridique !

Si on en croit Perec, « Un cabinet d'amateur » est une toile du peintre américain d'origine allemande, Henrich Kürz. Elle fut exposée pour la première fois en 1913 à Pittsburg en Pensylvanie (USA), mais passa quasiment inaperçue à cause de la présence, ce jour-là, de critiques célèbres et de collectionneurs illustres parmi lesquels Hermann Raffke, riche amateur d'art. L'exposition fut néanmoins un franc succès pour les autres artistes. On s'intéressa à partir de ce moment-là d'un peu plus près au tableau de Kürz notamment à cause de la notice, par ailleurs anonyme, du catalogue. Grâce à une description grandement laudative, on apprit qu'elle représentait Raffke lui-même, entouré des tableaux de sa collection. Dès lors on se passionna pour ce peintre inconnu. Ainsi organisa-t-on, la semaine suivante, une présentation de l'oeuvre dans une pièce qui reprenait la topographie exacte des lieux décrits dans le tableau de Kürz.

En réalité, Perec, s'est inspiré d'une tradition picturale ancienne pratiquée notamment par le peintre flamand du XVII° Guillaume van Haecht. Dans une série de mises en abyme, il emmène son lecteur où il veut, c'est à dire dans une sorte de maelström où la mise en scène le dispute au culte du plus petit détail et où le faux, qui est toujours possible en peinture, voisine avec les informations les plus crédibles, s'appuyant notamment sur des articles de la presse spécialisée de l'époque. Cela est rappelé par le papier d'un critique dont le thème était «  Toute oeuvre est le miroir d'une autre », ce qui constitue un terrain de réflexion intéressant en matière d'art et l'occasion d'une mise en perspective passionnante ! Il mettait l'acte de peindre le « cabinet d'amateur » dans une sorte de jeu de miroirs comme une « dynamique réflexive » au terme de laquelle l'oeuvre d'un artiste nourrit et inspire celle des autres.
Comme toujours, j'ai bien aimé, même si, je dois l'avouer, je me suis laissé un peu emporté, en me demandant où Perec voulait bien en venir, avec l'énoncé de cette liste un peu longue et très technique qui ressemble, pendant de nombreuses pages, davantage à un catalogue de vente à l'usage d'un commissaire-priseur ou d'acheteurs potentiels ! L'effet labyrinthique, bien dans l'esprit de la philosophie pataphysicienne, est justement obtenu par la rédaction de l'index de la deuxième vente initiée après la mort de Raffke. Les précisions techniques apportées par l'auteur en font un documents crédible et, de page en page, Perec réussit à convaincre son lecteur qu'il a entre les mains la description d'une collection authentique et qui d'ailleurs fait référence en matière d'art. Un véritable effet de trompe-l'oeil où le spectateur est à la fois mystifié et séduit par ce qu'il perçoit.
Il faut attendre la dernière ligne du dernier paragraphe de cette « histoire d'un tableau » pour en avoir le fin-mot, c'est à dire le mot de la fin.

La circonspection du début était donc parfaitement justifiée autant d'ailleurs que la référence à Vian puisque, à l'occasion de ce roman, il me souvient de l'exergue de « L'écume des jours » ainsi rédigée « Cette histoire est entièrement vraie puisque je l'ai imaginée d'un bout à l'autre. Sa réalisation matérielle proprement dite consiste essentiellement en une projection de la réalité, en atmosphère biaise et chauffée, sur un plan de référence irrégulièrement ondulé et présentant de la distorsion. On le voit, c'est un procédé avouable s'il en fut.»


©Hervé GAUTIER – Décembre 2010.http://hervegautier.e-monsite.com
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1913 Nous sommes à Pittsburgh en Pennsylvanie, ville peuplée d'une forte minorité d'origine allemande, le peintre local Heinrich Kürz participe avec un tableau nommé « un cabinet d'amateur », à une manifestation Cette toile « un cabinet d'amateur », représente une pièce dans laquelle trois des murs sont entièrement recouverts de tableaux ; parmi lesquels le peintre a représenté sa propre toile, effet ripolin de la représentation dans la représentation … voilà voilà.
Une sorte de mystification potache façon sapeur Camember, mais…. « à thèse » quand même !.

Et puis ces listes qui n'en finissent pas… érudites, certes, mais… oh ! combien pénibles à mon goût… je croyais relire « La vie mode d'emploi ».
… et puis la fin ok il ne faut pas la dévoiler, mais quand même … faut être pas vraiment futé pour ne pas la deviner…

Mais quand même, au delà du propos poursuivi ici, cela a évoqué chez moi une tite réflexion sur l'accumulation, la collection, la juxtaposition et la rencontre d'éléments a priori hétéroclites de et dans nos vies…. Pas si mal !
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Il y a des écrivains qui ont de la trempe, d'autres qui ont du style, d'autres qui ont du flair. Pérec lui a du génie. Avec cette écriture totalement dénuée de fioriture, presque sèche parfois, comme peut l'être un exercice oulipien ou une démonstration mathématique, il nous emmène dans un jeu intellectuel déroutant. Il y a quelque chose de Borges, et en même temps cela se lit comme un polar où les personnages principaux sont des tableaux (critique inachevée)
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Voilà Perec dans un nouvel effet de style, à mon goût malheureusement raté. Celui-ci se mit en tête de traiter d'une collection de tableaux, chose qui durant les 30 premières pages est assez intéressante (puisque s'appuyant sur la description de ceux-ci). Pourtant le reste de ce tout petit livre m'a vraiment ennuyé, traitant essentiellement de l'histoire des tableaux. J'avais un peu l'impression de lire une succession de noms propres, de dates et de prix; un peu comme si je lisait une liste de commandes ou de courses. On connait la passion de Perec pour les listes, en étant un fervent amateur, mais celle-ci m'a vraiment ennuyé. Au final, s'il n'avait pas contenu que 80 pages, j'en aurais très certainement sautées - n'en déplaise à mes habitudes. Sans doute faudrait -il pousser à fond l'étude de ce livre, en décortiquer les moindres détails pour savourer le travail de Perec, mais le lire rapidement n'a pas vraiment d'intérêt selon moi (il vaut mieux se rabattre sur un de ses autres romans).
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Lu pour la première fois en 1988, c'est à une relecture de ce roman que je me suis adonné ces jours derniers. Voilà une oeuvre hypnotique et ensorcelante qui engage le lecteur dans un maelström de descriptions, dans un tourbillon d'analyses de tableaux, dans une débauche de listes, de catalogues et de répertoires. C'est à une histoire de l'art pictural que nous convie Perec avec ce tableau qui en contient une multitude y compris lui-même, une vraie histoire de l'art du faux mêlée à une fausse histoire du vrai dans l'art. J'ai été entrainé dans ce courant jusqu'à la dernière phrase. Je demeure bouche bée devant cette invention, devant cette mise en abîme picturale et romanesque.
Lien : http://rivesderives.blogspot..
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Pérec est un redoutable joueur et mystificateur :la victime (consentante)de ses stratagèmes est son lecteur (comme l'est le cruciverbiste qui s'attaque avec gourmandise et masochisme à ses grilles) . Ce court livre est le descriptif d'un tableau « Un cabinet d'amateur » du peintre Heinrich Kürz qui représente une collection de tableaux . Et Pérec nous entraîne dans le vertige d'une liste où se mêlent oeuvres réelles, oeuvres fictives de peintres réels, oeuvres fictives de peintres fictifs . Des toiles , oui, mais d'araignée où vient se perdre notre esprit entre réalité et fiction.
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"Regarde de tous tes yeux, regarde" nous prévenait l'exergue de la Vie mode d'emploi. Dans l'opuscule qui fait suite à son magnum opus, Perec nous livre une aimable mystification : l'histoire d'un tableau unique "Un cabinet d'amateur" (1913) du peintre Heinrich Kürtz (les plaisanteries les plus Kürtz étant, comme on le sait, les meilleures).

L'oeuvre phare du méconnu Kürtz représente le collectionneur Hermann Raffke (un riche entrepreneur en brasserie de la communauté allemande de Pittsburgh) admirant sa collection de tableaux dont le tableau éponyme. Cette mise en abyme raffinée (effet Vache qui Rit) permet à Perec une recension méticuleuse du contenu de la galerie d'art. Catalogue facétieux, nomenclature extravagante, inventaire fantaisiste : un régal!

Pastiche génial et escroquerie ludique, le petit livre titille nos souvenirs. Les toiles imaginées par Perec convoquent immédiatement d'autres oeuvres, bien réelles celles-ci, que nous avons croisées mais ouvrent aussi la porte aux rêvasseries. On se moque bien alors, sauf perecquomanie aiguë, de traquer les ruses et ficelles de l'auteur (un cahier des charges lié à La Vie mode d'emploi) : «Puisque ces mystères nous dépassent, feignons d'en être l'organisateur.» (Jean Cocteau)

Une babiole, une amusette mais servie avec maestria.
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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J'aime Pérec et ses constructions étranges. C'est pourquoi j'ai voulu lire "Un cabinet d'amateur". J'avoue que je me suis perdue et ennuyée dans cette énumération de vrais/faux tableaux attribués à des vrais/faux peintres, dans ces détails à n'en plus finir. le livre est court mais m'a semblé très long, contrairement à par exemple "La vie mode d'emploi" qui est très long mais m'a paru très court...Déçue mais toujours admirative de Pérec..
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En quatrième de couverture, on peut lire cette phrase tiré d'un article de « La Croix » : « Un inépuisable classique à lire, relire et relire encore. » Avec une telle accroche, c'est que le livre devait être drôlement passionnant à lire. Alors je me suis plongée dans la lecture avec une certaine curiosité. Que pouvait bien cacher ce fameux cabinet d'amateur ? C'est une peinture dans lesquels des peintures sont représentées dans une mise en abîme. Lors d'une exposition exceptionnelle, la peinture attire de plus en plus de curieux jusqu'à ce qu'un visiteur y jette de l'encre.

Une occasion alors pour Georges Perec de nous parler des toiles, en long et en largueur. Comme ces tableaux qui étaient mis l'un à côté des autres dans un tout, l'auteur nous déverse un texte avec pleins d'informations sur les peintures et aucune image. le texte de 85 pages prend alors des allures de gros pavé avec des descriptions qui n'en finissent pas et qui manquent d'intérêt. La lecture devient laborieuse et les pages peinent à se tourner. Est-ce dû à ma méconnaissance en art ? ou/et au fait que je ne lis pas de catalogue de collection ? J'ai apprécié la chute du livre car malgré les apparences, il y en a une. Au moins, cela m'a fait sourire.


Lien : https://22h05ruedesdames.wor..
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