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Le Maître d'escrime / Arturo Pérez Reverte
L'action se passe à la fin du siècle dernier en 1868, dans une Espagne secouée par des troubles politiques. Jaime Astarloa qui est maître d'escrime voit avec tristesse et résignation son art peu à peu se perdre, un art ayant son application pratique sur le champ de l'honneur, un art que l'on porte dans le coeur et dans la tête, pour devenir un simple sport ce qui le désespère ; il voit également les valeurs morales auxquelles il a été fidèle toute sa vie disparaître. Arrivé à un âge respectable, le visage émacié et le corps osseux, il est un homme solitaire, passionné d'escrime et obsédé par l'honneur ; son esprit navigue loin des passions qui en d'autres temps l'eussent assailli et il découvre que la paix à laquelle il aspirait, est sur le point d'être troublée par l'arrivée dans sa salle d'arme d'une belle et énigmatique femme dont la présence, la proximité et l'aplomb, frisent l'impudence. Adela de Otero dont une certaine vitalité émane de l'attirante personne, produit en Jaime un trouble étrange, un sentiment de tendresse automnale voilé d'un peu de tristesse dont les effets vont faire basculer sa vie dans une aventure qu'on n'attendait pas ni lui d'ailleurs. Il avait suffit chez Jaime de l'apparition fortuite de certains yeux violets pour que la fragilité de sa paix intérieure se manifestât dans toute son inquiétante simplicité. Trahisons et manoeuvres politiques vont alors se succéder dans un suspens palpitant jusqu'aux crimes qui se déroulent selon les règles d'un duel.
Ce merveilleux et subtil roman dont l'action se déroule à Madrid, retrace le crépuscule de la vie d'un homme qui est en anachronie avec son temps et qui observe la décadence de tous les compartiments du royaume. La gloire et la puissance de l'empire ont commencé leur effondrement en 1824 au Pérou après la bataille d'Ayacucho qui mettait fin à des siècles de pouvoir colonial en Amérique du Sud. le temps où un gentilhomme défendait son honneur à la pointe d'un fleuret semble bien révolu dans un monde où règnent la trahison et la délation. Si Jaime est bien le personnage principal, il faut bien reconnaître que c'est Adela de Otero qui nous fait le plus souvent vibrer et sursauter. de trente années plus jeune que Jaime, elle est une escrimeuse hors pair qui veut apprendre la botte imparable et fatale, celle qui donne le pouvoir de vie et de mort. Seul Jaime peut la lui enseigner. Habile et belle, Adela va jouer de son pouvoir de séduction pour tenter de faire céder le maître qui refuse d'emblée d'accéder à sa demande. Il est intéressant de noter la position d'Adela, opposante féminine prête à tout dans un monde d'hommes, ce qui mêle le subtil combat psychologique au duel plus physique à la pointe du fleuret. Passion, mystère, crimes et honneur, tous les ingrédients sont là pour faire passer une excellent moment de lecture.
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Beau portrait d'un homme d'honneur qui voit son monde s'évaporer et ses valeurs disparaître. Arturo Perez-Reverte offre encore une fois un roman bien rythmé, à l'écriture ciselée et y introduit un joli caractère humaniste.
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Un livre bien écrit (et bien traduit).
Un vieux maître d'escrime mélancolique, engoncé dans ses principes, à la recherche de la "botte parfaite", et qui semble s'être "trompé d'époque", et une femme fatale, tout droit sortie d'un roman de pierre Benoît.
Mais il faut attendre les deux tiers du roman pour que l'action démarre, et cette fois à toute allure !
Par ailleurs, beaucoup de considérations techniques sur l'escrime, et de références à la situation politique du royaume d'Espagne à la fin du règne d'Isabelle II, où le lecteur, français et non escrimeur que je suis s'est retrouvé un peu perdu.
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Dans un style très riche mais limpide (j'ai enrichi mon vocabulaire ) voilà une histoire qui se construit à pas comptés , le rythme est lent et le style descriptif, jusqu'à ce qu' une série de morts violentes bouleverse le rythme de l'histoire en nous menant à pas courus jusqu'à la fin.
J'ai découvert une page de l'histoire d'Espagne que je ne connaissais pas.
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Un roman finement ciselé, comme toujours chez cet auteur. On sent une riche ambiance historique, bien effleurée, tout juste assez, pour ne pas dévier de l'histoire narrée.

J'ai trouvé ingénieux les descriptions de certains « touchés » ou postions d'escrime, au début de chacun des chapitre, qui les introduisent à la perfection.
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Un roman assez complet qui mêle de l'escrime, une trame policière/thriller (bien que celle-ci ne se lance qu'à la moitié du livre environ), sur fond historique puisqu'il se déroule lors du règne d'Isabel II sur fond d'insurrection anti-monarchiste.
Le héros est un vieux maître d'escrime dont l'honneur est le plus grand principe. Vivant à Madrid, il se retrouve mêlé malgré lui à des manoeuvres politico-financières, sur fond de combats d'escrime. Je dois avouer que si on n'est pas spécialiste d'escrime on perd une partie de la saveur du roman, mais cela reste agréable à lire. Arturo Pérez reverte a un talent considérable, une écriture vraiment très plaisante et il sait nous plonger dans une atmosphère, j'ai vraiment eu l'impression d'être à l'époque des faits. Néanmoins j'ai moins accroché que pour d'autres romans du même auteur, peut-être car l'intrigue est plus longue à se mettre en place, peut-être car certains personnages sont particulièrement noirs et cruels (et que certaines descriptions peuvent prêter à des cauchemars - oui désolée je suis une grande sensible). J'ai par contre vraiment apprécié le personnage de Jaime Astarloa, qui comme le dit l'inspecteur en chef paraît être à côté de l'époque dans laquelle il vit, naïf mais pas complètement, nostalgique et vivant à moitié dans le passé tout en sachant lutter pour sa "vieille peau" et pour terminer en beauté son manuel d'escrime... Un personnage digne d'admiration même si lui aussi est proche de flancher ("tout le monde a un prix" dixit Adela de Otero !)
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N°384– Décembre 2009.
LE MAITRE D'ESCRIMEArturo PEREZ-REVERTE – le Seuil.

« Tout le monde conspirait en cet été 1868 », les jours de la reine Isabelle II étaient comptés et les supputations républicaines aillaient bon train. C'est une Espagne traditionnelle, machiste, monarchiste, immobile qui est le cadre de ce roman pseudo-historique où Jaime Astarloa, vieux maître d'armes, vit ou plutôt survit dans l'ombre bienveillante mais distante des grands aristocrates à qui il enseigne son art. Pourtant, cette discipline à laquelle il a été fidèle toute sa vie est sur le déclin au point d'être ravalée au rang de sport, tout comme sont galvaudées les valeurs de chevalerie et d'honneur qui s'y attachent. Face à ce monde qui s'effondre, il s'efforce de rédiger un traité qui résumera toutes les nuances de son art, avec la révélation de la botte secrète et imparable, une sorte de Graal. Il considère que son enseignement est exclusivement réservé aux hommes, mais c'est une femme, jeune, belle, secrète et célibataire, Adela de Otero, qui vient solliciter ses services, et, accessoirement améliorer son niveau de vie en l'initiant à une botte dont il a le secret, « la botte des deux cents écus »!
Cela pourrait être intéressant, mais il considère qu'une femme ne peut manier l'épée parce que cet exercice est réservé aux hommes. Il refuse donc mais finit par céder, et ce d'autant plus qu'il tombe amoureux de la belle. C'est qu'il n'a jamais pu résister à une femme. Elles ont provoqué bien des renoncements et des bouleversements dans sa vie et celle-ci lui donne à penser qu'elle n'est pas tout à fait insensible à sa personne.
Don Jaime est sous le charme des yeux violets de la dame autant que de son habileté à manier l'épée et à être à ce point en avance sur son temps. Il en vient même à concevoir quelque jalousie à cause des relations intimes qu'elle a avec un de ses élèves, un aristocrate bien en vue, Don Luis de Ayala, marquis des Alumbres qui a, un temps, tenu un rôle politique. Don Jaime n'a pourtant rien à espérer de Doňa Adela!

Autour de lui, dans la chaleur étouffante de Madrid et surtout sans que cela lui fasse rien, les querelles politiques se déchaînent dans le café où il a ses habitudes, et dans le pays les complots succèdent aux faux espoirs de révolution... Mais lui vit désormais et depuis longtemps hors du temps. Il ne se rend compte que bien tardivement qu'il est le jouet des événements au point d'être soupçonné du meurtre de Don Luis puisque c'est sa « botte secrète » qui a été utilisée pour l'exécuter et que Adela de Otero a disparu mystérieusement! L'escrime et les femmes n'étaient-elles pas quelques-uns des points faibles du marquis?

Il va entrer, presque malgré lui, dans des intrigues où l'assassinat politique est un passage obligé avec pour but ultime la renversement de la monarchie. S'il ne s'était, à ce point retiré du monde, il aurait peut-être compris ce qui se tramait autour de lui!

Ce roman est construit comme un engagement , assaut, fausse attaque,estocade, jusqu'au combat à pointe nue et de son issue, la mort, une véritable métaphore à travers le vocabulaire peut-être un peu trop technique pour un non-initié, du duel à l'épée.

Grand admirateur d'Alexandre Dumas, l'auteur nous offre ici un roman où tous les ingrédients se retrouvent, intrigues politico-policières, histoire d'amour, contexte historique d'une société au bord de l'explosion... Don Jaime est présenté comme un idéaliste, un homme finissant, gardien de valeurs surannées et d'un art qui se dissout dans le temps, mais aussi comme un naïf, pitoyable et crédule qui ne comprend pas une époque qui n'est déjà plus la sienne. Il prend brutalement conscience de la noirceur des hommes et du tourbillon dans lequel il s'est laissé entraîner au point que sa vie est dangereusement menacée. C'est une sorte de Don Quichotte avec des moulins à vent plein la tête. En cela, je le trouve attachant.
Ce roman tisse une atmosphère qui me plaît bien, celle d'un moment charnière, de quelque chose que l'on connaît et qui se termine et d'une autre chose qu'on ignore mais qui fascine et inquiète à la fois.

Le texte plein d'humour est bien écrit ou en tout cas bien traduit, ce qui rend sa lecture agréable. le récit des différents combats est particulièrement bien mené, le suspense y est distillé jusqu'à la fin et et tient le lecteur attentif et passionné en haleine.
Pour moi, cela a correspondu pleinement à ce que j'attends d'un livre: un moment de réel plaisir, mais aussi une invite à découvrir l'atmosphère si particulière tissée par cet auteur.



©Hervé GAUTIER – Décembre 2009.http://hervegautier.e-monsite.com
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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Le Maître d'escrime est l'un de ces excellents romans historiques qui nous transportent dans un autre monde, un monde où l'honneur et le devoir mènent les actes et les pensées des héros, un monde où les paroles s'échangent à fleurets mouchetés et se meurent à l'épée dans une clairière isolée. Aucune déception ni dans les personnages, ni dans l'histoire que Pérez-Reverte nous dévoile progressivement aux rythmes des figures d'escrime. Je regrette simplement de ne pas mieux connaître le vocabulaire de l'escrime pour comprendre toutes les comparaisons avec les figures décrites… Les beaux yeux violets d'Adela de Otero hantent le vieux maître d'escrime et bousculent ses habitudes tranquilles. Saura-t-il ne pas se laisser emporter par les sentiments qu'elle lui inspire ?
Lien : http://passionlectures.wordp..
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Roman historique se déroulant en Espagne à la fin du XIXème siècle ,il campe un splendide personnage de gentilhomme puriste , à la fois de son art de l'escrime et d'une morale intransigeante .Mais Don Astarloa, se fait littéralement piéger par les yeux ravageurs d'Adela de Otero ce qui va l'amener à devoir jouer serré pour défendre ses valeurs et sa vie . Tout l'art du récit de Perez-Reverte qui manie la plume (métaphorique) comme son héros la flamberge.
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Le premier policier historique que j'ai lu de cet auteur qui, selon moi, mérite entièrement sa célébrité. J'ai tellement aimé ce roman que je m'étais promis de lire l'oeuvre intégrale de Reverte. Un voeu réalisé partiellement, mais avec un enthousiasme dû en grande parte partie à cette première lecture.
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