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Critiques filtrées sur 5 étoiles  
Je n'ai pas encore terminé de le lire. C'est une poésie qui se parcourt, qui se savoure. Prendre le temps. J'aime de plus en plus Pessoa. Sa façon d'envisager la vie, le monde, l'univers. Il y a quelque chose de bouddhiste dans cette poésie. Il y parle de l'instant présent, de prendre les choses pour ce qu'elle sont. Pas de symbole. Pas de divinité. La nature n'est pas autre chose que ce qu'elle est. Il est simplement observateur de ce qui se passe sans rien changer à ce qu'il voit.
« Je suis étranger au spectacle que je vois : je le vois, il me reste extérieur. Aucun sentiment ne me lie à lui – et c'est ce sentiment qui me lie au matin qui apparaît. »
Qu'il soit Alberto Caeiro ou Alvaro de Campos, il reste Fernando Pessoa. C'est une poésie de la découverte, de la vie, de l'extase devant ce qui existe. Savoir trouver l'extraordinaire dans l'ordinaire. Je n'en finis pas de découvrir ce poète.
A conseiller à tous ceux et celles qui sont sensibles à cette manière de voir le monde qui les entoure.
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Parler de Fernando Pessoa :
Déjà parler, franchir ce bouillard de conscience, de pensée, d'être,
Ne pas seulement s'arrêter aux mots, au tracé noir sur blanc, aux sons,
retrouver la terre qui nous porte
Une gageure, un effort inutile.
Parler de Fernando Pessoa :
Mais quel Pessoa ?
Alberto Caeiro et ses poèmes à fleur de terre ?
Alvaro de Campos plus énergique, innervé de l'énergie de la planète?
Alvaro de Campos marcheur fuyant ses échecs, voyageur sans destination, forgeant avec le rythme son pas
ses vers avides de réel
et de questions.
Ou tout autre Pessoa que vous croiserez sur cette terre ?
Parler de Fernando Pessoa c'est tenter de se forger une conscience mais la conscience nous déborde
ainsi que la planète qui nous porte.

(Après telle lecture je ne pouvais qu'écrire une critique qui ne critique rien, qui ne dit rien ou à peine quelques émotions surgies d'on ne sait quel poème exactement...)
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Alberto Caeiro garde les troupeaux mais ne garde pas les mots auxquels il accorde une liberté mélodique indéfinissable, qui s'écarte de la simple prose poétique par le rythme saccadé qu'il impose à ses rêveries pragmatiques. Basculant sans cesse entre panthéisme et froide vision rationnelle des phénomènes poétiques de l'existence, les mots desservent sa sensibilité mais permettent d'accéder à un paysage intérieur infini. Entre exaltation céleste et brusque chute terrestre, Alberto Caiero se sent menacé par une tragédie intérieure qui ne surviendra peut-être jamais. Alberto Caeiro, attaché à une terre et aux sensations qu'elle lui procure, se force à rester intègre et à balayer les velléités poétiques qui menacent de le faire plonger dans la folie sensible.

« Nous avons tous deux vies :
la vraie, celle que nous avons rêvée dans notre enfance, et que nous continuons à rêver, adultes, sur un fond de brouillard ;
la fausse, celle que nous vivons dans nos rapports avec les autres,
qui est la pratique, l'utile,
celle où l'on finit par nous mettre au cercueil. »


Alvaro de Campos garde les poésies d'Alberto Caeiro. Pendant ce temps, il compose d'autres poèmes. On peut leur trouver une affiliation directe : lorsque le premier maîtrisait sans cesse ses penchants destructeurs pour les convertir en une vision unifiée et indifférente de l'univers, le second convertit cette même unité en un désespoir intérieur qui dépasse les limites de son être. On croirait entendre hurler Emil Cioran : « Ah ! comment renverser un jour cet univers dans un frémissement universel ! » -et la même ironie lucide, le même désabusement amusé, ponctuent ces poésies et les rendent à leur juste place, à la valeur de rien.

« Moi qui, véloce, vorace, glouton de l'énergie abstraite,
Voudrais manger, boire, égratigner et écorcher le monde,
Moi à qui suffirait de fouler l'univers aux pieds,
De le fouler, le fouler, le fouler jusqu'à l'insensibilité…
Je sens, moi, que tout ce que j'ai désiré est resté en deçà de mon imagination,
Que tout s'est dérobé à moi, bien que j'aie tout désiré. »


Le rythme encore rend la parole abrupte et directe, rendant presque suffocante la lecture de quelques poèmes-fleuves au titre desquels il faut relever un « Bureau de tabac » aux faux airs inoffensifs.


Qui garde ces deux grands poètes ? Fernando Pessoa, à peine cité dans une note en astérisque, surveille discrètement ces hommes déchaînés, d'une vigueur au moins synesthésique et sensuelle, si elle ne parvient pas totalement à être physique. Fernando Pessoa n'est pas grand-chose lui non plus, mais comme Alberto Caeiro et Alvaro de Campos, il sait qu'il peut être beaucoup plus –et son silence modeste fait surgir la puissance de cette synergie d'âmes qui cohabitent en lui.
Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Nous avons tous deux vies :
la vraie, celle que nous avons rêvée dans notre enfance, et que nous continuons à rêver, adultes, sur un fond de brouillard;
la fausse, celle que nous vivons dans nos rapports avec les autres,
qui est la pratique, l'utile,
celle où l'on finit par nous mettre au cercueil.
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Je relis avec délectation ce recueil de poèmes et déplore de ne pas pouvoir profiter de la musicalité de sa langue originale...Pourtant je reste sous le charme de la prose de Pessoa, sa subtile fausse simplicité, ce mysticisme qui n'en est pas vraiment un, l'anti-intellectualisme, la candeur feinte,...On ressent très bien la duplicité de l'auteur, savoir de quel côté du miroir il se situe n'est pas toujours évident, mais qu'importe, puisqu'il suffit d'avoir des yeux uniquement pour voir, voir en toute chose une absence de signification, et aimer cela, parce que celui qui aime ne sais jamais ce qu'il aime, ni ne sais pourquoi il aime, ni ce que c'est qu'aimer...
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