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EAN : 9782226402530
350 pages
Albin Michel (06/03/2019)
3.31/5   16 notes
Résumé :
[ÉPREUVES NON CORRIGÉES]

Depuis l’apparition d’homo sapiens et la révolution cognitive il y a 50 000 ans, les capacités de notre espèce à comprendre et modifier son environnement paraissent sans limites.

Un seul mystère reste inviolé : celui de la nature humaine et de sa civilisation. Ce que nous sommes vraiment, pourquoi notre espèce fait ce qu’elle fait, défie toute explication rationnelle.

En nous plongeant au cœur des... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Dans la première partie de cet essai, intitulée 'La matière', Piazza, médecin neurologiste, cherche à montrer que l'être humain n'est qu'une entité matérielle, que notre corps est le support de nos pensées et comportements, comme n'importe quel autre animal. Il contredit ainsi les conceptions religieuses de la nature humaine, et de nombreux schémas de pensée non religieux intégrant un dualisme corps/esprit sans nécessairement en avoir conscience.
Ses démonstrations sont claires, précises, étayées, et même souvent brillantes. Je ne peux en revanche pas dire si elles sont convaincantes ou pas, puisque j'étais persuadé de l'idée centrale de cette partie avant de la lire et ne peux donc pas mesurer une évolution de ma pensée sur le sujet.

Dans la partie suivante, intitulée 'Les aspirations', l'auteur présente les mécanismes biologiques en oeuvre dans nos quêtes et nos prises de nourriture, mécanismes qui se sont construits par voie de sélection naturelle et étaient inscrits dans notre génome avant l'invention de l'agriculture. Des difficultés passagères d'accès à la nourriture associées à des modes de vie fondés sur la cueillette et la chasse ont ensuite disparu de nos sociétés, sans modifications associées de ce génome. Des apparences de nos corps peuvent certes changer en une seule génération, comme le montre l'accroissement des tailles moyennes des Européens après la seconde guerre mondiale, précisément du fait de facteurs alimentaires. L'auteur distingue la manière dont les gènes s'expriment (taille des individus) et les caractéristiques mêmes des gènes transmis (mécanismes de régulation de l'appétit décrits ci-après), ces caractéristiques évoluant beaucoup plus lentement ; ainsi, il y a très peu de différences entre nos contemporains et les humains présents sur Terre il y a 15 000 ans. Selon l'auteur, nous avons conservé deux types de relations à la prise de nourriture, lesquels cohabitent dans un équilibre plus ou moins réussi (c'est-à-dire : « adapté à nos modes de vie ») :
- l' "endostasie" nous permet de ressentir la satiété atteinte et nous commande d'arrêter la prise de nourriture immédiate,
- l' "exostasie" nous incite à nous alimenter au-delà de nos besoins alimentaires de court terme, pour que l'organisme se constitue des réserves de graisse en vue de faire face à d'éventuelles périodes de disette à venir ; c'était fort utile à nos ancêtres qui vivaient de cueillette et de chasse mais ne l'est plus dans nos sociétés d'abondance.
Ces explications relatives à nos relations à la nourriture et aux réactions de nos organismes sont également claires et convaincantes. Elles sont reprises et développées en troisième partie, aussi avec brio.
Par contre l'auteur me semble s'égarer lorsqu'il généralise les concepts d'endostasie et d'exostasie à d'autres comportements que ceux liés à la nourriture. Ses cinquième et sixième chapitres m'ont paru totalement hasardeux, voire absurdes (ses pages 241 à 244 pourraient inspirer un auteur de science-fiction).

En troisième Partie ('Les excès'), Piazza analyse divers comportements humains dangereux, comme la toxicomanie et les excès d'alimentation. Il explique les mécanismes biologiques en oeuvre et propose des pistes de prévention ou traitement plus pertinentes que la prohibition associée à la répression (s'agissant des drogues illégales) ou que la promotion (s'agissant de l'alcool ; rappelons que le gouvernement n'a pas soutenu la pourtant nécessaire et pertinente préconisation d'un mois de « janvier sec », cédant au lobby viticole au nom d'une défense de "traditions" et de "savoirs faire").
Dommage que la classification que fait l'auteur des substances psychotropes soit incomplète, se limitant à cinq principales catégories (alcool, tabac, opioïdes, psychostimulants, et cannabinoïdes), omettent des substances hallucinogènes sur lesquelles j'aurais aimé en savoir plus (LSD, et psilorites popularisés par l'excellente chanson 'Mangez-moi'*).

En conclusion : sans ses cinquième et sixième chapitres j'aurais trouvé cet essai excellent. Avec ces chapitres, le caractère très inégal des thèses qui y sont développées ne me permet pas de lui adjoindre un qualificatif, même si je l'ai globalement beaucoup apprécié et le recommande donc vivement, d'autant plus qu'il est accessible sans connaissances scientifiques pré-requises.
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* ♪♫ https://www.youtube.com/watch?v=taOsuVhXqzY
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Ce livre fait 31 millimètres d'épaisseur. Comme sa principale qualité est de permettre de servir de cale je vous donne en priorité l'information la plus utile, et de loin. Cela étant dit et pour 22.9€ vous trouvez un meilleur rapport qualité/prix dans n'importe quelle grande surface de bricolage.
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« Homo biologicus : Comment la biologie explique la nature humaine », voilà un titre qui annonce un contenu extraordinaire. Quelle déception !

Ce livre regorge d'affirmations péremptoires pourtant hautement discutables. Mais comment discuter et apporter la contradiction à un livre… il en ressort un sentiment de frustration.

La première partie de l'ouvrage est plus philosophique que scientifique (même si je ne considère pas que les deux soient opposables) et est une attaque double contre les spiritualistes (ceux qui croient à un esprit immatériel) et aux spécialistes des sciences humaines, contre lesquels Piazza s'acharnera de manière injustifiée tout au long de l'ouvrage en leur faisant sans cesse des procès d'intention (visiblement, nous ne fréquentons pas les mêmes spécialistes en sciences humaines). On finit par se demander s'il ne s'agit pas d'attaques personnelles contre certaines de ses connaissances. C'est un aspect très dérangeant de ce livre.
En matière philosophique, les arguments sont douteux : chercher à utiliser des arguments matérialistes pour montrer l'inexistence d'un esprit matériel manque singulièrement d'adresse.

La seconde partie aborde la génétique au sens large et la neurologie moléculaire. On ne comprend pas à qui s'adresse ce livre : est-ce aux biologistes initiés qui connaissent déjà tout son contenu (une bonne partie du livre aborde des notions connues des lycéens scientifiques) ou est-ce un livre pour le grand public qui sera assez rapidement perdu par des explications complexes. Malheureusement Piazza semble avoir tous les défauts des enseignants universitaires : une forme d'arrogance dans ses formulations et un manque de pédagogie dans les propos malgré des tentatives maladroites (les métaphores musicales pour expliquer l'épigénétique ne sont pas réussies).


Piazza a tendance à caricaturer, généraliser, voire déformer le point de vue adverse pour mieux pouvoir le discréditer. Il s'agit soit d'un manque de recul, soit de malhonnêteté intellectuelle. Halte aux stéréotypes !
Le livre suinte d'une vision manichéenne entre les conservateurs, croyants d'un côté et les progressistes, athées, matérialistes voire obèses… pour finalement déclarer que la majorité silencieuse est entre les deux.

Cet auteur résume le sens de la vie à la production d'entropie (créer du désordre extérieur en créant de l'ordre à l'intérieur de nous). Il pense que cette vision énergétique de la vie est de nature à rivaliser avec la vision spirituelle du monde. le but de la vie ? Créer du bordel… que c'est enthousiasmant !


L'ouvrage se termine en catastrophe sur une troisième partie concernant la toxicomanie, un partie totalement hors-sujet à mon avis. C'est un sujet qui ne m'intéresse pas (dans tous les sens du terme) et sur lequel je me suis longuement ennuyé.


Pourquoi avoir mis la moyenne (2,5 étoiles) à ce livre malgré cette critique assassine ? Parce que je me suis parfois dit à la lecture « je n'avais jamais vu les choses sous cet angle » ou encore « là-dessus, je suis complètement d'accord ». J'ai aussi une certaine solidarité avec ce genre d'auteur de par la culture biologique commune que nous avons et cette conviction que nos comportements peuvent s'expliquer par notre biologie et par le contexte évolutionniste de l'apparition de notre espèce. Cette conviction que l'explication biologique de nos comportements et de nos différences nous rendra plus tolérant.
Toutefois, bien que je sois d'accord avec sa conclusion, ce livre m'est apparu très inégal et je reste déçu de la façon dont il a traité (et peu traité d'ailleurs) le sujet.

Lien : http://millefaces.free.fr/Vu..
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Je trouve ce livre incroyablement enrichissant et surtout stimulant intellectuellement.

Seule réserve : dommage, alors qu'il s'en défende pourtant explicitement à un moment, qu'il donne l'impression d'établir un procès entre les SHS et la biologie. Si on met de côté cette récurrence un peu pénible, et certaines redites "à l'américaine", ce livre est d'une densité remarquable.

Comme la qualité de cet ouvrage semble faire débat, j'ai ouvert une 1ère citation pour entamer d'éventuelles discussions (constructives, cela va de soi). Je vous invite à en faire de même si le sujet vous passionne autant que moi. J'en ouvrirai d'autres "au fil de l'eau", car j'en suis déjà à ma 3ème lecture de l'ouvrage.
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Ce livre de Pier Vincenzo Piazza est remarquable et extrêmement clair.
Un seul regret : après plus de 200 pages où il explique qu'il n'y a rien d'immatériel chez l'homme et que tout est biologique, ce que je crois également, il écrit p.250 "Voir l'esprit comme biologique ne nous amène pas à abandonner le concept de volonté et de libre arbitre".
Je regrette qu'à ce moment il fasse un pas en arrière alors que tout son livre tend à démontrer qu'il n'existe pas de libre arbitre puisque tout est matériel.
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Citations et extraits (12) Voir plus Ajouter une citation
Lundi. Comme chaque lundi, je descends l’escalier pour partir travailler. Au rez-de-chaussée, Bernard, le concierge, m’attend comme d’habitude de pied ferme. Des choses immuables rythment notre vie et c’est rassurant. « Alors Bernard, comment ça va ce matin ? Et votre dos ? Toujours pareil… mais que dit votre médecin ? Ah, il vous a changé d’anti-inflammatoires. Bon je vais vous redonner les coordonnées de mon acupunctrice, Véronique, mais cette fois vous y allez, je vous jure qu’elle fait des miracles. »
Mardi. Même rituel. Bernard guette mon passage, prêt à dégainer son « ça va ? », Comme s’il attendait vraiment des informations sur ma santé. Ce matin, il n’aura de moi qu’un « ça va, ça va… » supersonique : on dirait que j’ai un rendez-vous capital.
Mercredi. Je m’arrête au premier étage, en entendant Dupont, du troisième, ouvrir la porte. Il s’arrête tous les jours pour discuter avec Bernard. Faisant semblant de chercher je ne sais quoi dans mon sac, j’attends qu’il passe et je me glisse derrière lui pour sortir de l’immeuble sans parler à personne.
Jeudi. Je n’en reviens pas, ma fille Yasmin a eu 17 en politique internationale. Heureusement, Bernard est à son poste, il faut vraiment que je le dise à quelqu’un. Échanger avec lui quelques mots le matin, c’est bien agréable. Si les concierges n’existaient pas, il faudrait les inventer.
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(43%) La biologie produit deux façons d’être au monde

LE PLAISIR ET LE BONHEUR DESSINENT DEUX CIVILISATIONS DIFFÉRENTES

Certains aiment se dorer au soleil, d’autres préfèrent sauter en parachute ou assister à une corrida… Il y en a même qui ne rêvent que d’un dîner dans un restaurant trois étoiles. Des goûts et des couleurs… La palette est pratiquement infinie.

Toutefois, en dépit de cette variété d’activités, les humains organisent leur comportement et construisent leur civilisation autour de très peu d’attitudes fondamentales. Il y a d’abord le spiritualisme et le matérialisme, les deux pôles opposés de la dimension de l’être, qui définissent ce que nous sommes et le regard que nous portons sur le monde. Le progressisme et le conservatisme, ensuite, qui se trouvent aux antipodes dans la dimension du faire, qui précisent le sens de nos actions, le chemin que nous croyons le meilleur pour notre société. Notons que s’il peut paraître différent d’être conservateur ou progressiste, matérialiste ou spiritualiste, le plus souvent les conservateurs sont des spiritualistes et les progressistes des matérialistes. Il suffit de regarder autour de nous. Combien de conservateurs ne sont-ils pas religieux, et inversement, combien de progressistes ne sont-ils pas athées ou agnostiques ? Ils se comptent sur les doigts de la main. Quelle que soit la combinaison de ces quatre attitudes, il est plutôt rare de trouver un progressiste très spiritualiste ou un conservateur complètement athée.

Notre espèce semble donc d’un côté s’éparpiller dans une foule d’activités futiles et, de l’autre, être extrêmement polarisée autour de deux principales façons d’être et de faire. Connaissez-vous des gens qui ne se reconnaissent pas dans l’une de ces catégories ? Ils sont infiniment rares. C’est un peu comme s’il nous fallait fatalement adopter l’une de ces positions existentielles. Ces différences sont tellement universelles et transculturelles que nous les considérons comme normales. Toutefois, vue de l’extérieur, un peu comme le ferait un extraterrestre tout juste arrivé sur Terre, cette polarisation paraîtrait assez bizarre. Qu’y a-t-il de normal dans cette espèce divisée sur tout ? Ne serait-ce qu’en politique, l’alternance entre progressistes et conservateurs est un étrange ballet. Les premiers augmentent les impôts, les deuxièmes les baissent, les uns veulent le mariage pour tous, l’avortement et la gestation pour autrui, jugés inacceptables par les seconds. Sans parler des changements encore plus profonds qui caractérisent l’alternance entre régimes religieux et gouvernements laïcs. Ainsi, les uns défont ce que les autres avaient mis en place, jusqu’au prochain changement de gouvernance. C’est complètement insensé et pourtant nous l’acceptons comme si c’était totalement normal.

Ces deux façons de voir la vie semblent matérialiser le conflit millénaire entre un corps physique et un esprit immatériel. Certains esprits défendraient un mode de vie spirituel et conservateur. Tandis que d’autres, corrompus par leur corps, vivraient pour les joies de la matière et la recherche de ses secrets. Pertinente peut-être jusqu’au XXe siècle, en l’absence d’une explication alternative, cette vision ne l’est plus au XXIe. La polarisation qui nous divise n’est qu’une autre des conséquences de la présence dans notre cerveau de deux dimensions hédoniques indépendantes. Nous allons voir comment le spiritualisme et le conservatisme sont générés par la recherche du bonheur endostatique et comment le matérialisme et le progressisme sont basés sur la poursuite du plaisir exostatique. En fin de compte, si nous considérons comme normal ce tiraillement de notre espèce entre polarités opposées, c’est parce que ces différences ne sont pas des vues de l’esprit, mais bien réelles. Elles sont tout simplement déterminées par notre biologie.
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En revanche la position des sciences humaines se résume plutôt par la négation du tout biologique que par une affirmation claire de l’existence d’un esprit immatériel. Ces disciplines parlent rarement de l’âme, mais elles affirment avec force que la psychologie, la pensée, les comportements sociaux ne peuvent pas être expliqués par la biologie. Elles font donc appel de façon implicite à une entité non matérielle.
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Enfin, une analyse attentive du dualisme laïc montre que, sauf à faire appel à l’acte de foi et donc à transformer les sciences humaines et sociales en religions, il n'y a aucune preuve rationnelle de l'existence d'un esprit immatériel. Ces disciplines ne paraissent pas réaliser que le fait d'admettre une origine biologique aux fonctions complexes de l'homme n'enlève rien à leurs domaines d'études. En effet, personne ne pense qu'accepter que l'homme soit unitaire implique que seule la biologie permette de le connaître ou de le modifier. Tout acte de connaissance emprunte deux voies, du producteur au produit et du produit au producteur. Un homme unitaire peut donc être connu en remontant de la biologie à la parole ou en descendant de la parole à la biologie. Sciences humaines et neurobiologie ne sont pas des approches alternatives mais complémentaires. Soyez rassurés, il y aura du travail pour tous pendant encore longtemps.

(p.36)
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En conclusion, les hommes sont supérieurs aux autres êtres vivants en fonction du critère que nous utilisons. La supériorité n'est qu'une valeur relative. A quoi bon ces discussions alors? Ne seraient-ce que des élucubrations inutiles? Je ne le crois pas. Elles ont le mérite de faire naître un petit doute quant à notre prétendue supériorité sur les autres formes de vie qui habitent la Terre. Un doute qui n'est pas là pour nous embêter ou nous déstabiliser, mais qui devrait servir à nous faire développer une qualité dont nous manquons singulièrement: le respect. Le respect pour les autres formes de vie qui nous entourent. Nous pourrions commencer avec les arbres et nous dire que nous ne sommes pas si supérieurs que ça, en dépit de toute notre technologie. Si nous parvenons à acquérir cette ouverture d'esprit, non seulement nous en couperions moins, mais peut être que progressivement les hommes ne se verraient plus supérieurs aux femmes, les Blancs aux Noirs, les hétéros aux homosexuels ... Réaliser simplement le caractère illusoire de notre supériorité pourrait peut-être nous faire évoluer autant que toutes les futures manipulations génétiques.
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