On ne devient pas psychopathe du jour au lendemain. L'inhumain fermente de nombreuses années avant d'être prêt, mûr et redoutable. Lorsqu'il passe à l'action après avoir réfléchi chacun de ses actes minutieusement. L'irréversible hurle, laissant un écho sanglant, enivrant. C'est aussi la naissance d'une libération, d'un accomplissement. Comment est-ce possible ? L'injustice. Une arme invisible, vicieuse, le nid où le côté bestial de la race humaine est couvé. À terme, les créatures engendrées brisent leurs coquilles et sont affamées de vengeance. L'heure de la chasse a alors sonné. Dans la cohue, l'indignation, l'incompréhension même, la tranquillité bousculée cherche le coupable et oublie l'origine du mal. Voici l'histoire d'un de ces monstres qui a la haine. Voici la première enquête du commissaire Bracq, mutée fraichement à Besançon. Elle quittait Bergerac pleine d'espoir professionnel, sans doute. C'était le 15 juin 2012 et plus rien ne sera pareil à dater de ce jour…
Dès le départ, enfin, assez tôt dans le livre, je me disais : aïe, un rassemblement de « clichés » : une secte, un prisme, une policière mutée, une relation de travail froide, plate, avec pression de la hiérarchie... etc. Les éléments qui sont presque toujours présents dans le polar.
Néanmoins, au fil de la lecture, le lecteur est bien embarqué. Grâce non seulement à la maitrise du genre, l'auteur connaît bien les clés de l'élaboration d'un schéma assez complexe. Pas évident de rester crédible dans le monde du roman policier où les auteurs pullulent.
Fabrice Pichon à l'avantage de maitriser les connaissances afin de proposer un déroulement d'enquêtes précis sans tromperie, un maintien de l'intrigue efficace et surtout un découpage minutieux, une unité de temps accélérée avec des dates...
C'est pour tout cela que le lecteur malgré la crainte du départ, une légère sensation de déjà vu, filera jusqu'au bout du texte avec plaisir et sans ennui.
La fin suscite le questionnement. Il faut une suite…
Au final, il y a un point principal qui m'a suivi tout au long de la lecture. C'est la retenue de l'auteur. J'ai toujours ressenti cette sensation de timidité relationnelle entre les personnages, dans la description, dans l'atmosphère qui les entoure ainsi que pour le dialogue. En tout cas en partie, pas toujours. Oui, voilà, une espèce d'audace supplémentaire aurait bien coloré les personnages. le décor donne tout simplement envie de visiter la ville de Besançon. Pour l'intrigue, la question de l'enlèvement est l'image que j'ai choisie pour expliquer ce manque d'audace. L'auteur à la possibilité d'aller beaucoup plus loin sans la faire à l'américaine. Il en a les capacités.
Donc, j'ai beaucoup aimé sa plume, claire, c'est fluide, pas de débordement lourd, c'est rapide, froid, tout comme l'enquête. Je me dis qu'on « risque », qu'on aura la chance, de retrouver un auteur talentueux sur un autre roman. Mais plus relâché et sûr de lui dans son écriture. Donc un bouquin encore plus abouti que celui-ci qui est déjà très réussi.
De surprise en étonnement. du très beau boulot. Un agréable moment.
Toujours d'une grande disponibilité,
Fabrice Pichon nous partage son avis. Merci.
« Je suis d'accord avec toi sur la réserve. Cependant, dans cette histoire, je voulais une cohérence avec le précédent roman où les personnages se connaissaient depuis longtemps, permettant des relations plus fortes. Là, pas facile pour une nouvelle venue de prendre ses marques en faisant fi d'une hiérarchie pesante, et pas évidente non plus pour l'équipe de trouver ses marques avec la nouvelle patronne. D'où peut-être ce sentiment de retenue que tu as ressenti.
Mais la réserve existe cependant et je constate qu'elle disparait avec un peu plus d'expérience dans l'écriture.
J'espère que l'un des projets sur lequel je bosse me donnera raison… plus libre et moins sur la retenue tant sur le thème, que les actions, les personnages ou les dialogues... mais je ne sais pas quand il verra le jour...
Concernant la fin du livre, j'ai longuement hésité, mais je voulais quelque chose qui soit différent et qui permette une interrogation : parce que comme tu l'as dit c'est une battante, responsable. Mais il existe cette fraction de seconde qui balaye tout....Et j'avais envie que le lecteur se pose la question que tu t'es posée.
Ceci étant, c'est aussi un “cliffhanger” (pas beau comme mot), parce qu'il y aura une suite (également en cours d'écriture) et une évolution des personnages. »
C'est dit, c'est noté. Chères lectrices, chers lecteurs, restez sur le quai, un nouvel arrivage très intéressants se profile à l'horizon. Soyez aux aguets…