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EAN : 9782848321288
Artois Presses Université (04/11/2011)
5/5   1 notes
Résumé :
"Identités de C.F. Ramuz" trace le cheminement d'une vocation ressentie, au départ, comme étrange, et même coupable. Au prix de ruptures intimes, non sans contradictions, l'oeuvre, profondément nourrie d'un enracinement vaudois revendiqué et sublimé, va s'imposer. L'étude des grands thèmes et schèmes permet de faire entendre une des voix les plus singulières de la première moitié du XXe siècle.

On aimerait que, grâce à cet ouvrage, Ramuz apparût enfin... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ramuz ou la singularité.
Ramuz ou l'exigence (et son corollaire : le perfectionnisme) ... d'où : Ramuz sans véritable descendance littéraire.
Ramuz ou le chant du Rhône, le clapotis des rives du Lac, la sueur des vignerons d'entre les murets, le silence du Haut-Valais, la menace des "Diablerets"...
Ramuz l'âpre, le "simple" (faussement simple), le peintre, l'aède, le nouvel Homère ou l'Hésiode de Temps nouveaux...
« Car il n'y a d'éternellement neuf que l'éternellement vieux. » (Journal)

Ramuz ou l'homme qui donne envie d'écrire, d'oser, de danser, de mêler notre voix singulière aux choeurs antiques dont on peut deviner le murmure par grand silence en certaines combes, dans la neige craquelée... ou n'est-ce que le chant du ruisseau sous la glace ?
Ramuz des villes, Ramuz des prairies d'alpage...

Ramuz orphelin de son infortunée petite "Aline" [1905], du notaire Magnenat, comme d'Hélène et Frieda dans "Les Circonstances de la vie" [1907], de "Jean-Luc persécuté" (par nul autre que soi dans la boisson) [1909], d' "Aimé Pache, peintre vaudois" (égaré à Paris) [1911] puis d'une "Vie de Samuel Belet" (n'ayant jamais eu "sa" chance), pur chef d'oeuvre existentialiste avant la Lettre [1913] ...

Ramuz "l'existentialiste".
Ramuz le Tragique (Eschyle ?).
Ramuz le mystique (Plotin ?)

Ramuz de "La guerre dans le Haut-Pays" [1915], "Le Règne de l'esprit malin" [1917], "La séparation des races" [1922], "La grande Peur dans la montagne" [1926], "Farinet ou la fausse monnaie" [1932], "Derborence" [1934], "Si le soleil ne revenait pas" [1937]...

Ramuz de "La guérison des maladies" [1917], "Les Signes parmi nous" [1919], "Terre du Ciel"/"Joie dans le Ciel" [1921/1925], "Présence de la mort" [1922], "Passage du poète"/"Fête des Vignerons" [1923/1929], "L'Amour du Monde" [1925], "La Beauté sur la Terre" [1927], "Adam et Eve" [1932], "Le Garçon savoyard" [1936]...

Ramuz du Lac ou des cimes, de la Terre comme au Ciel...

Au fond, tant de rameaux à "notre" cher Ramuz (1878-1947), artiste universel que chacun pourra faire "sien", un jour...

Petite anecdote très personnelle ? Un (très) paresseux lecteur (celui que nous resterons) mit une bonne vingtaine d'années avant d'accepter — plutôt : de "s'adapter à" — l'étrangeté de cette langue nouvelle qu'est le (très pur) "ramuzien"... Et je repense ici à cette prime découverte — ratée — de son roman "Si le soleil ne revenait pas" : autour de mes 15 ans, attiré par le seul genre Fantastique, ce livre m'avait semblé "écrit trop bizarre"... oh oui, si différent de mes chers "Bob Morane" et autres "Lovecraft" favoris... et même, même — par son style inouï — encore moins accessible que le monde ésotérique et fantomatique de la douce "Aurelia" de Gérard DE NERVAL... (Louanges tardives à l'éclectique collection "Marabout fantastique" qui ouvrit à nous autres, ados, tant de portes diverses, souvent si belles et étranges...) ! :-D
__________________________________________________________

De formation universitaire, Jean-Louis PIERRE a réussi ici le tour de force d'une exceptionnelle synthèse — disons même une dense et brillante "mise en valeurs" (au sens pictural) de l'ouvrage colossal de "notre grand Vaudois" universel : romancier, novelliste, essayiste et "diariste" passionné et passionnant... Une Oeuvre qui s'est étalée sur pas moins de 45 années d'un labeur perfectionniste acharné — sans même la peur de mourir de faim !
L'auteur est par ailleurs Président d'honneur de notre TRES dynamique et chaleureuse association "Les Amis de Ramuz" (toujours ouverte à tous)...
Son ouvrage monumental fut sa très brillante Thèse d'Etat en lettres modernes et célèbre ici, avec moult citations éclairantes, les charmes puissants, inaltérables, de l'intemporelle — et scintillante — "Poétique" ramuzienne.
Une langue unique forgée au début du XXème siècle dans une soupente parisienne, germant dans cette obscurité féconde puis s'émancipant et s'épanouissant définitivement dès 1914, à l'occasion du grand Retour (contraint ?) au "pays natal"...

Mais voici un extrait de la page de présentation de son ouvrage :

« On aimerait que, grâce à cet ouvrage, Ramuz apparût enfin "debout" dans la plénitude d'une oeuvre qui ne soit plus réduite à diverses facettes retenues tour à tour au fil des décennies ou selon l'espace de réception : Ramuz, le chantre de la terre vaudoise, ou l'écrivain de la montagne, ou encore le styliste novateur... Maître de la forme brève, comme du récit poétique et allégorique, moraliste et essayiste lucide, voire visionnaire, l'auteur de "La Beauté sur la terre" ne dissocie pas l'art de la vie. « Dire et faire, c'est la même chose », note-t-il dans "Besoin de grandeur". »

[Un ouvrage grand format de 344 pages, prix de vente : 26 €, sur commande auprès de votre Libraire à "Artois Presses Universités", voire auprès de son auteur]

Coordonnées de l'auteur : Jean-Louis PIERRE, "Les Amis de Ramuz", 10 Mail de la Poterie, F-37600 LOCHES
Siège de l'association "LES AMIS DE RAMUZ", Université François-Rabelais, Bibliothèque de Lettres et de Sciences humaines : 3, rue des Tanneurs F-37041 TOURS

Courriel: amiramuz@wanadoo.fr
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Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
["LE MIROIR DE LA MONTAGNE"]

Le cycle montagnard initié par une commande des éditions Payot — qui aboutira au "Village dans la montagne" (1908) — s'achève par une autre œuvre de commande des éditions Urs Graf : "Vues sur le Valais" (1943). Dès le départ, évitant toute joliesse comme tout naturalisme facile, sans aucune vision utopique ou moralisatrice, Ramuz a posé un regard attentif sur les villageois valaisans. Il termine sa première œuvre par une ouverture humaniste, célébrant la ressemblance des hommes, leur fraternité. Quant à l'œuvre qui clôt le cycle, la ressemblance des hommes, leur fraternité. Quant à l'œuvre qui clôt le cycle, "Vues sur le Valais", elle brosse une vaste fresque de cette région, de sa naissance géologique jusqu'à l'arrivée des premiers hommes, puis leur installation et leurs travaux. Les dernières pages invitent le lecteur à s'élever de la plaine jusqu'au monde minéral de la haute montagne pour embrasser une dernière fois du regard la « corbeille » valaisanne dans toute sa splendeur tandis que monte l'ombre de la nuit. C'est l'adieu aux lieux aimés, adieu aussi sans doute à une civilisation en train de disparaître.

Trente-cinq ans d'une production exceptionnelle ; huit grands récits : "Jean-Luc persécuté" [1908], "La guerre dans le Haut-Pays" [1915], "Le Règne de l'esprit malin" [1917], "La Séparation des races" [1922], "La Grande peur dans la montagne" [1926], "Farinet ou la Fausse Monnaie" [1932], "Derborence" [1934], "Si le soleil ne revenait pas" [1937], pour ne retenir que les plus importants [...].

[Jean-Louis PIERRE, "Identités de C. F. Ramuz", Artois Presses Université, 2011 (344 pages) — II : SENSIBILITE ET ESTHETIQUE : D— LE MIROIR DE LA MONTAGNE : 1 — "Un espace privilégié", page 138-139]
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["LES RISQUES DE L'ECRITURE RUSTIQUE"]

L'étiquette de romancier régionaliste a été très tôt accolée à l'oeuvre de Ramuz. A mesure que paraissaient les écrits, décor rustique et personnages (paysans, artisans, pêcheurs) évoluant dans de petits villages (campagne, bords du lac, montagne) sont venus conforter ceux qui, dès le départ, réagissant à la langue de l'auteur, le classèrent parmi les écrivains de terroir. Et ce d'autant plus facilement que lors de la véritable rentrée littéraire en France, grâce aux Editions Grasset, c'est surtout sur "La Grande Peur dans la montagne" que se bâtit la réputation du romancier. C'est donc une étiquette commode, vague où peuvent se mêler approche stylistique ou thématique — même si, historiquement, la dénomination peut s'avérer plus pertinente dans le cadre de l'évolution du genre romanesque.
En règle générale, cependant, elle prend une connotation péjorative et permet de classer des écrivains jugés "mineurs" ou "exotiques", peu reconnus par le milieu nombriliste parisien, surtout parce qu'ils ont souhaité rester éloignés de la capitale.

[Jean-Louis PIERRE, "Identités de C.F. Ramuz", Artois Presses Université, 2011 : Partie III : ETHIQUE et POLITIQUE, A — "Le poète et la communauté", 3 — "La légitimation", c) "Les risques de l'écriture rustique", page 187]
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["SI LE SOLEIL NE REVENAIT PAS" (1937) /I]

En 1937, avec "Si le soleil ne revenait pas", Ramuz compose une dernière version, la plus achevée, la plus systématique sur ce schème de la séparation dans le cadre montagnard. Il reprend l'idée de départ du morceau de "Adieu à beaucoup de personnages" (1914) : la mort va venir avec la disparition du soleil, il en garde le titre. Mais ce qui l'intéresse, alors, c'est ce conflit entre l'espérance et la résignation, les forces de vie et les forces de mort inscrites au fond du cœur des hommes. Saint-Martin d'En Haut « c'est presque séparé du monde par l'hiver, c'est séparé du soleil à cause de la hauteur de la montagne ». Que le soleil disparaisse quelques mois de l'année, l'hiver, en zone montagneuse, n'a rien de surprenant, mais un brouillard tenace, et donc suspect, s'y est ajouté. La prédiction du vieux guérisseur Anzévui alimentant la crainte de la disparition définitive du soleil va pouvoir gagner les esprits. Dans ce récit, on retrouve non seulement la séparation entre le village de montagne et la plaine, mais encore une division interne. Les villageois se séparent en deux clans : ceux qui gardent espoir et ceux qui s'abandonnent au malheur. Et même la séparation atteint jusqu'à l'intimité d'un jeune couple, celui des personnages centraux : Isabelle et Augustin Antide. La jeune femme garde son goût de vivre et montera chercher le soleil avec des amis, Augustin se résigne et attend la fin du monde.

[Jean-Louis PIERRE, "Identités de C. F. Ramuz", Artois Presses Université, 2011 (344 pages) — II : SENSIBILITE ET ESTHETIQUE : "Le paysage intérieur", page 149]
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["LE ROMAN DOIT ÊTRE UN POÈME"]

Le 4 mai 1903, il note dans son "Journal" : « J'en viens à un grand dégoût pour tout ce qui n'est pas art en littérature [...] » Quelques mois plus tard, dans sa nouvelle "Sous la lune", publiée en 1905, il fait parler son personnage, Mathias, qui semble son porte-parole. Mathias, jeune écrivain vaudois, essaie difficilement d'écrire et nous livre sa conception : un roman qui ne soit point « suisse », peut-être « paysan » mais, surtout, affirme Mathias, « le roman doit être un poème ».

[Jean-Louis PIERRE, "Identités de C.F. Ramuz", Artois Presses Université, 2011 : Partie II : SENSIBILITE ET ESTHETIQUE, C — "Une esthétique de l'intensité", page 127]
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« L'actualité de la langue de Ramuz », selon les propos de Jacques Chessex, « c'est qu'elle n'est pas datable d'une époque récente ou d'une mode, mais qu'elle survient de l'observation, par l'oreille, d'un rythme venu du grand âge culturel et cultuel. Ils ne sont pas nombreux, les écrivains de ce siècle à être classiques, en toute jeunesse, parce qu'ils lient passé et présent dans une écriture à la fraîcheur de source de fond ». (*)

(*) Jacques CHESSEX, "Sept propositions sur Ramuz", dans le dossier "Ecrivains" n°2 de la revue "Le Passe-Muraille", Lausanne, février 1997, p. 3

[Jean-Louis PIERRE, "Identités de C. F. Ramuz", Artois Presses Université, 2011, 344 pages —INTRODUCTION, pages 15-16]
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