Parfois, rien que des titres font rêver. Aventure de Catherine Crachat m'a fait ouvrir mon premier
Pierre Jean Jouve, qu'on trouve aujourd'hui sous les titres Hécate et Vagadu. Quelle narration étrange et poétique, dont on retrouve les effets dans
le Monde désert. Ce genre de livre permet de dire que l'histoire est secondaire, même si elle est présente. C'est la littérature. Difficile à définir quand on est dans la tête des personnages. Jacques, le fils d'Isaac de Todi, un pasteur de Genève, part faire du ski nu. La fièvre lui fait dire, confusément, qu'il aime la compagnie des garçons, ce qu'entend son ami Luc. Leur amitié vaut sans doute moins, se dit-il, que l'attirance de Jacques pour Manuel. Raconté en quelques lignes, cela ne rend rien du tout du livre à la langue poétique. Jacques est un exalté, un idéaliste, qu'on imagine dans la confrontation avec son père, vu la rigueur protestante. Je ne peux m'empêcher à penser à
Gide, même si le style n'a rien à voir.
Il ne lutte pas contre ses penchants homosexuels malgré sa vie avec elle.
Bientôt va se former un trio amoureux : Baladine et le meilleur ami de Jacques, Luc Pascal, se désirent.
La langue est belle, l'écriture nous atteint par impressions. Elle est quand même plus narrative que dans Vagadu qu'on finissait par lire comme un poème.
Ce roman m'a paru une revisite du mythe de Narcisse, non loin du lac de Genève.