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EAN : 9782070366095
246 pages
Gallimard (30/11/-1)
3.72/5   126 notes
Résumé :
Paulina Pandolfini.
Née à Milan le 14 juin 1849. Fille cadette de Mario Giuseppe Pandolfini et de Lucia Carolina son épouse.
Célibataire sans profession. A séjourné comme novice dans le couvent de la Visitation à Mantoue de 1877 à 1879.
A tué à Florence, le 28 août 1880, son amant le comte Michele Cantarini.
Condamnée par jugement de la Cour de Florence en date du 12 avril 1881, à vingt-cinq années d'emprisonnement. A purgé sa peine d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (20) Voir plus Ajouter une critique
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Lu une première fois quand j'étais enfant (oui je dis bien enfant) et il ne m'en restait aucun souvenir, sans doute parce que je n'en avais pas compris un traître mot ! Or, je n'aime pas savoir que j'ai lu une oeuvre sans en rien savoir donc j'ai inscrit "Paulina 1880" à la lettre J de mon challenge ABC.

Comme j'ai été bien inspirée ! Je ne m'attendais vraiment pas à lire un récit aussi romantique, d'une telle intensité poétique et empreint d'une telle ferveur !

L'écriture est superbe même si la narration est un peu déconcertante au début, l'auteur n'hésitant pas à malmener son système de locution, passant d'un JE narrateur à une narration impersonnelle dans le même paragraphe.

En 4ème de couverture, Gallimard a retranscrit cette citation de Gaston Bachelard "Je n'ai cessé de trembler en lisant" et je dois avouer que je ne suis pas loin d'avoir fait de même. Il y a un côté captivant à se prendre au suspense d'un récit dont le dénouement vous est déjà connu, révélé par la 4ème de couverture justement.

Bon, tout ça ne vous dit pas de quoi parle le roman.
Paulina Pandolfini est une jeune Milanaise dont la famille illustre attend beaucoup quant à son avenir. Or, trompant la surveillance de son père et de son frère, elle succombe au(x) charme(s) du conte Michele Cantarini, un homme marié. Une passion d'une intensité rare va désormais unir ces deux êtres. Paulina, déchue aux yeux de la société, perdue dans ses remords, méprisée par elle-même mais incapable de renoncer à son amant va connaître un chemin de douleur entre sentiments déchaînés et mysticité exacerbée. le lecteur, spectateur et complice, assiste à toute la progression de la pensée de Paulina, de l'emportement amoureux à la folie, en passant par la gaieté voluptueuse et le désenchantement morbide.

J'ai littéralement été envoûtée par la plume de Pierre-Jean Jouve, par la poésie de sa prose, par le rythme de son récit, enfin par son héroïne si humaine qui, ayant désespéré de l'extase charnelle a aspiré si désespérément à l'extase spirituelle.

"Paulina 1880", c'est le combat d'une âme chaussée de plomb.


Challenge ABC 2012 - 2013
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Paulina Pandolfini est la seule fille d'une riche famille milanaise. À sa beauté stupéfiante s'ajoute une nature passionnée et exaltée. « Pauline jeune fille aimait surtout dans les églises les supplices des Saints. » (p. 29) Son père et ses frères, résolus à préserver l'honneur de la famille, érigent autour d'elle des murs, des portes et des serrures pour s'assurer que personne ne la touchera. « Les Pandolfini se décidèrent à prendre des mesures de surveillance exceptionnelles. [...] Cette fille trop belle et surtout trop vivante était leur inquiétude. » (p. 37) Mais vouloir arrêter Paulina, c'est poser un barrage de brindilles devant un fleuve en crue. La belle enfant a 19 ans et se consume pour le compte Michele Cantarini, marié et plus vieux de 20 ans. « L'étroite surveillance des Pandolfini la laissait absolument libre puisque nue devant la lune elle pouvait aller dans ses rêves comme elle voulait. » (p. 45 & 46) Pauline commet l'impensable et trompe la surveillance paternelle pour retrouver son amant.

Pourtant, pieuse jusqu'à l'extase, Pauline se débat avec la notion de faute et de péché, certaine que le mensonge qu'elle fait à son père est pire que l'adultère brûlant auquel elle se livre. En cette âme ardente se mêlent la foi et l'amour charnel. « Elle ne pouvait séparer Dieu principe de toutes choses d'avec son amour lumière intérieure de toutes choses ; la pureté du baiser qu'elle donnait était la pureté de la croyance qu'elle tournait vers Dieu. » (p. 71) Comme le retraceront les journaux de l'époque, Paulina tente le couvent où son amour mystique confine au délire, mais trop sensuelle pour les ordres, elle est rendue à la vie terrestre et à sa passion impossible pour Cantarini. Pauline tue son amant, est jugée et condamnée. La suite n'appartient plus qu'à elle.

Dans ce roman où les chapitres ne sont parfois que des paragraphes, il est impossible de séparer la prose de la poésie. Tout se mêle en un tourbillon sublime, parfois symboliste. Les amours secrètes et malheureuses de Paulina sont dépeintes comme une passion de martyr, une souffrance exaltée et choisie. Ce texte est d'une beauté qui m'a laissée sans voix, si ce n'est pour faire sonner les mots en dehors de ma tête, en les relisant plusieurs fois.
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Paulina est moins une jeune fille singularisée par les fréquentes incursions que Jouve nous permet d'effectuer dans ses pensées, qu'un cliché ambulant dont toute la vie ne sera réduite qu'à une seule dualité : dilection chaste ou plaisir charnel ? Paulina succombe à l'atmosphère vénéneuse d'une Italie sensuelle puis se précipite dans les églises ou les couvents pour expier frénétiquement ses émotions, dans un mélange de colère et de passion.


Pierre Jean Jouve nous surprend parfois par ses changements de focalisation. Paulina, seulement décrite d'un point de vue extérieur, se livre parfois brutalement comme si son esprit s'ouvrait aux inspections, et son séjour au couvent devient l'occasion de lire les pages de son journal, dont le style poétique médiocre nous plonge parfois dans un grand embarras :


« Délices !
Il m'a, il m'a.
Il m'a, plongée dans l'Amour
Profondément, il m'a immergée dans l'Amour amoureusement. »


Tout n'est que poses, figures figées destinées à composer une scène orientalisante, et ceci sans considération pour la complexité de la personnalité de Paulina. Pierre Jean Jouve ne s'intéresse à celle-ci qu'afin de parfaire l'impudicité de ses descriptions. Fantasme d'écrivain, Paulina se languit et s'ouvre aux hommes, puis se mortifie et hurle de douleur devant les icônes religieuses, comme s'il s'agissait surtout d'assouvir les désirs d'un homme en images textuelles. Paulina se réduit à un archétype fantasmé et chacune des poses extrêmes qu'elle revêt, dans la dilection ou la sensualité, est un tableau destiné au goût de Pierre Jean Jouve. Reste à partager le goût de l'écrivain, au risque de l'abandonner à ses fantasmes en cours de chemin.
Lien : http://colimasson.blogspot.f..
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Milan. Dernier tiers du 19ème siècle. Paulina Pandolfini dont la beauté est source d'inquiétude dans un milieu riche exclusivement masculin, est tenu sous bonne garde par son père et un de ses frères. Cette jeune fille, au penchant profondément mystique n'en ai pas moins très sensuelle, et découvre la passion dans les bras d'un homme marié et peu croyant, le comte Michele Cantarini, ami de la famille qui trahit donc l'honneur de la maisonnée. Elle est ainsi déchirée entre la découverte de sa féminité,son sentiment mortifère de culpabilité face à l'adultère et à la fausseté de sa situation et sa volonté de ramener son amant dans les voies du Seigneur. Cette profonde dichotomie mène à la crise, elle quitte son amant et tente de sauver son âme et de communier avec dieu en allant mourir au monde par son entrée dans le couvent de la Visitation à Mantoue. Mais cet être est farouche et profondément orgueilleux dans son désir de contrition en s'infligeant des sévices corporels d'une férocité folle totalement en désaccord avec la discipline modérée et tournée vers l'esprit de cet ordre religieux. Elle est priée de quitter le couvent et se retrouve seule avec ses démons, en proie à un sentiment atroce de déréliction la plus totale. de guerre lasse, elle retrouve son amant, mais la folie et les tourments rode toujours, et elle en viens à tuer ce dernier d'une balle de révolver dans la nuque tirée dans son sommeil. La grande pécheresse est jugée et condamnée, purge une peine de prison réduite et se trouve graciée. Elle finit ses jours comme une humble paysanne et semble avoir trouvé la paix.
Ce livre est-il un roman ou un vaste poème en prose? On est en droit d'hésiter. Cet opus de 245 pages est découpé en 119 chapitres qu'on serait tenter d'appeler “vignettes”. Pierre Jean Jouve avec son style haché et fiévreux , tout en redites et en cris, traduis bien l'univers mental torturé de l'héroïne mais laisse aussi une curieuse impression de facilité dilettante dans la conception.
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"Paulina 1880" est né sous la plume de Pierre Jean Jouve.

On plonge dans la vie d'une jeune femme italienne, Paulina, qui tombe éperdument amoureuse d'un homme marié.

Quand celui-ci veut l'épouser (après la mort de sa femme) Paulina refuse. Et c'est là où commence la folie.

Cette jeune femme qui a le poids lourd de l'impureté sur ses épaules (pendant des années) à cause de la liaison qu'elle a eue avec cet homme, tombe dans le délire.

En lisant ce livre, on note assez tôt l'omniprésence de la religion.

J'ai trouvé l'écriture de cet auteur originale et déstabilisante et c'est écrit dans une façon sublime presque poétique. C'était la première fois que je lis une oeuvre de cet écrivain et c'était une vraie découverte.
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critiques presse (1)
Actualitte
11 mars 2019
Paulina 1880 est le roman d’une suppliciée. Par son extravagance et sa folie, par son extraordinaire beauté et sa vivacité, par sa quête de l’absolu enfin, ce personnage confine au sublime.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (38) Voir plus Ajouter une citation
La mère de Paulina ne tenait aucun rôle et n’en voulait tenir aucun, suivant l’usage en Italie ; elle avait produit dans les quinze premières années de son mariage sept enfants dont quatre étaient encore vivants ; les ayant voués à la Sainte Providence, elle les regardait s’éloigner tandis que sa vie à elle s’enfonçait toujours plus dans l’Eglise, comme si son mariage n’avait été qu’une parenthèse et si elle retrouvait à quarante-cinq ans son premier destin qui avait été de devenir nonne.
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Pendant des heures, presque toute la journée qui suivit, Paulina émerveillée croyait sentir son amant demeuré en elle. […] Elle demeurait couchée autour de ce plaisir si singulier qu’elle éprouvait au centre de son corps, elle rentrait dans l’absolu bonheur près de la terre, du lac et des arbres. Je serai éternellement heureuse. L’effusion de douceur la baignait. Déesse calme et endormie, elle respirait.
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Il dissipait les fièvres qui frappent le bétail, il empêchait les avortements –mais Gesummio ! il n’était peut-être ni guérisseur ni faiseur de miracles ni sorcier ni savant, seulement un bon homme de vieux prêtre qui a beaucoup connu, vu et retenu, qui a connu des paysans, des citadins, des nobles, des prêtres, des marchands et des pauvres, qui a vu les Français à Milan et les Autrichiens partout, qui a assisté plus d’une centaine de gens sur leur lit de mort, qui a entendu beaucoup d’histoires.
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Dévêtue elle appuyait sa tête sur l’épaule de son ami, belle comme une grande nymphe mélancolique. Que lui manque-t-il, songeait le comte, quelle hardiesse lui fait défaut – pour être entièrement ce qu’elle est, une créature amoureuse et sensuelle? Ce serait beaucoup mieux, se disait-il. Oui, mais sa religion l’empêche de se connaître.
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[...] elle connaissait un nouveau sentiment terrible, c'était le besoin de l'homme absent.
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Videos de Pierre Jean Jouve (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Pierre Jean Jouve
Pierre JEAN JOUVE – Portrait (DOCUMENTAIRE, 1991) Un documentaire de Pierre Beuchot réalisé en 1991.
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