Le 1er mars 1994,
Encore pas dîné. Ça devient une routine. Par contre, là ils ont un
peu innové. Je me suis fait taxer les souliers neufs que ma mère m’a
payés. Résultat, je suis revenu à la maison en pieds de bas. Romy, la belle
fille du cours de maths m’a bien donné la moitié de son sandwich, mais
elle pouvait pas vraiment me prêter des souliers. Surtout avec mon pied
difforme. Maman va crier au meurtre quand elle va revenir de son quart.
Des souliers orthopédiques, ça coûte une jambe pis un bras. Sans jeu
de mots. Moi qui économisais depuis quelque temps pour mon plan de
vengeance, ça va me faire un trou dans le budget. Je me doute bien que
maman n’aura pas d’argent pour d’autres chaussures.
("Le journal de Simon', nouvelle)