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EAN : 9782843441332
448 pages
Le Bélial' (12/03/2015)
4.19/5   403 notes
Résumé :
« Elle plaque la feuille sur la table, face vierge exposée, et la plie. Intrigué, j’arrête de pleurer pour l’observer. Ma mère retourne le papier et le plie de nouveau, avant de le border, de le plisser, de le rouler et de le tordre jusqu’à ce qu’il disparaisse entre ses mains en coupe. Puis elle porte ce petit paquet à sa bouche et y souffle comme dans un ballon.

“Kan, dit-elle. Laohu.” Elle pose les mains sur la table, puis elle les écarte.
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Critiques, Analyses et Avis (93) Voir plus Ajouter une critique
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J'avais déjà lu les deux (micros) romans, il ne m'en fallait pas plus pour attaquer ce recueil de nouvelles.

Ce que je pensais déjà de cet auteur se confirme. Il est incroyable de justesse et percutant. Ce qui me bluffe a chaque fois c'est son efficacité sur un si petit nombre de pages.

Ici ses nouvelles vont de plusieurs pages à 2 pages. Comment peut-on sincèrement faire quelque chose de prenant et d'incisif sur 2 pages ? Et bien Ken Liu l'a fait !!
Bien sur j'avoue quand même que ce n'était pas mes nouvelles préférées.
Ce que j'aime donc chez l'auteur c'est déjà qu'il est percutant, mais surtout qu'il fait réfléchir. Certaines de ses nouvelles m'ont menée a avoir la chair de poule par leur intensité.
Je n'ai pas envie de les détaillées car elles sont toutes intéressantes. Bien sur un recueil de nouvelles se picore de-ci delà....

Un auteur que je ne peux que conseiller vivement...
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La ménagerie de papier est un recueil de dix-neuf nouvelles d'un auteur que je découvre ici et dont je retiens désormais le nom, Ken Liu, car il n'est pas du tout impossible que je retourne dans son univers littéraire sans tarder, bien au contraire.
Ce recueil aborde indifféremment la science-fiction ou la fantasy et ce détail n'est pas sans importance car on peut aimer la science-fiction et ne pas du tout aimer la fantasy. L'inverse est vrai aussi. Ah, je vois déjà que certains se reconnaissent dans mon propos.
Certains pourraient même vous rétorquer qu'il y a entre la science-fiction et la fantasy un fossé aussi éloigné que notre bonne vieille Terre l'est des autres galaxies qui lui sont étrangères.
Pourtant, - mais c'est peut-être parce que je suis un peu encore novice sur les deux genres, cette association ici ne m'a pas du tout dérangé.
Le regroupement de ces dix-neuf nouvelles est le fruit d'un choix opéré par les éditions le Bélial et je trouve que l'agencement est fort réussi. L'ensemble tient debout comme un bel édifice défiant les astres, le temps et l'imaginaire...
Parmi ce champ des possibles qui est visité ou revisité dans ce recueil, la science-fiction occupe une large part du recueil, mais peu m'importe les genres en définitive, j'ai lu quelque chose qui tient de la littérature, celle qui me séduit.
S'il fallait rechercher un fil qui couture l'ensemble pour en délivrer un chapelet de perles dans son harmonie, ce serait peut-être le thème de l'enfance. L'enfance résonne ici avec tendresse, parfois avec nostalgie ou douleur. Souvent un enfant va éclairer de sa candeur, - c'est-à-dire de cette part d'intelligence capable de s'approprier un monde hostile, les chemins où tâtonnent ses parents et peut-être toute une communauté en proie au doute, à la peur, à la haine comme seule réponse...
L'exil, le douloureux exil dont on ne reviendra jamais, la quête d'un autre monde par choix ou par obligation...
L'inquiétude et le pessimisme traversent souvent le paysage de ces nouvelles, puisqu'il s'agit souvent en SF de s'inspirer, d'une certaine manière, du monde qui nous entoure, mais parfois des chemins philosophiques s'invitent, comme une tentative d'apaiser l'effroi d'un vide. Mais il y a quelque chose qui rassure malgré tout, apaise nos plaies, l'enchantement peut-être... ou bien la rencontre avec certains personnages...
L'humanité est là aussi présente dans toutes ces nouvelles avec toute sa palette de nuances, ses failles, ses odyssées, ...
La recherche d'immortalité... Pourquoi est-ce tant un mythe intemporel ? C'est dit avec inspiration et beauté dans quelques-unes de ces nouvelles et qui m'ont rappelé le recueil de Greg Egan, océaniques, même si ce dernier va sans doute davantage fouiller avec plus de profondeur et d'acuité certains des thèmes abordés, plus de dureté aussi... Choisir, c'est renoncer... Choisir entre l'immortalité mais rester au stade physique où l'on est, - dix ans, trente-cinq ans..., ou bien vieillir et mourir mais traverser tous les stades de la vie et les aborder avec l'immanence de l'instant, ces vertiges, ces espoirs, ces chagrins, celui de partir, de voir l'autre qu'on aime partir...
« Partout, la vie continuait sans fin, mais on n'était pas plus heureux pour autant. Les gens ne vieillissaient pas ensemble - ils ne grandissaient pas ensemble non plus. Les couples mariés revenaient sur leurs voeux, et ce n'était plus la mort qui les séparait, mais l'ennui. »
L'autre, l'étranger, la confrontation des cultures... Celui qui vient d'une Terre nouvelle. Comment ne pas voir ici une poignante allégorie aux destins parfois tragiques des migrants ayant quitté leurs territoires hostiles vers quelque eldorado improbable.
« Fouler dans un lointain futur le sol d'une autre planète, respirer l'air libre... »
Parfois, ces mondes étranges ne semblent pas si éloignés des nôtres, lorsque les thèmes évoquent la dépossession de notre libre-arbitre face aux algorithmes « géniaux » capables de nous « aider » et nous prendre en charge au moindre pas, au moindre faux-pas... voulant tout contrôler à partir de nos données personnelles. Parfois en lisant certaines de ces nouvelles, j'ai pensé que Ken Liu s'était inspiré des origines du monde dont il est issu, la Chine et son oppression sur un peuple systématiquement contrôlé, verrouillé... La SF, ce serait un peuple chinois enfin libéré d'un carcan qui pèse depuis des décennies sur un peuple qui ne souvient plus d'avoir connu un jour la liberté...
Le langage, la communication avec l'autre... L'amour peut-être... Demain, plus tard après-demain, le désir et l'amour, qu'en adviendra-t-il ?
Le thème de la mémoire aussi m'a séduit, la manière dont il est abordé ici, celui de la transmission forcément n'est jamais très loin...
J'ai aimé les thèmes abordés, j'ai aimé l'élégance réjouissante et la douceur des mots que pose cet écrivain pour les aborder, j'ai aimé la puissance de certains des textes, j'ai aimé me projeter dans une sorte de vertige intersidéral, y perdre pied, m'éprendre de certains personnages attachants en me demandant à chaque fois s'ils n'étaient pas à des années-lumière de moi. Pourtant, j'étais si proche de leurs pensées, de leurs gestes que je me suis demandé si certains de mes contemporains qui parfois m'entourent et que je côtoie dans le même espace-temps, ce ne sont pas eux plutôt qui seraient à des années-lumière de moi...
C'est aussi un magnifique pas de côté, un regard acerbe et percutant sur notre société, nos aliénations, nos servitudes volontaires... Comme toujours, la SF sait puiser dans notre quotidien pour projeter en miroir ce qui pourrait nous arriver de pire, mais pourquoi pas de meilleur aussi...
J'ai aimé voir ici certaines mythes antiques revisités à la sauce SF, le mythe de Pygmalion, celui de Prométhée, l'inspirante Athéna... C'est selon moi la prouesse d'un écrivain inventif. Et si vous aimez l'humour ou l'ironie qui n'est guère loin, vous serez servi à certains endroits...
Il y a une émotion pure, vibrante, minérale, sidérale qui traversent ces nouvelles. La nouvelle éponyme est sans nulle doute un bijou d'émotion, sa poésie, sa beauté et son côté onirique magnifique m'ont touché, mais ce n'est pas peut-être pas celle que je retiendrai pour capter tout le sens qui porte ces textes. Je retiendrai davantage les nouvelles suivantes : « Les algorithmes de l'amour », « Mono no aware », « La forme de la pensée » et « Les vagues ». Je pourrais vous en citer d'autres, je pourrais vous dire que j'emporte tout ou presque sur ma planète déserte car beaucoup de ces textes sont de haut vol.
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J'avais découvert ce livre lors d'une masse critique en 2015, j'ai fini par l'acheter et l'enterrer dans ma PAL. Je remercie juten-doji pour cette pioche (Février 2018) et de m'avoir aidé à l'en sortir. Je pensais avoir un roman complet et non un recueil de 19 nouvelles. J'ai découvert cet auteur avec « L'homme qui mit fin à l'histoire », le style était très particulier sur une période historique sombre. À voir donc ! J'espère que je ne me lasserai pas à la lecture de ce recueil car je ne suis pas particulièrement fan des nouvelles…

Voici donc mon avis sur chacun de ses nouvelles, certaines valent le détour et d'autres moins, à mon goût bien entendu :
- Renaissance : Cette nouvelle m'a fait penser à un mélange entre « La nuit des temps » et « La vie éternelle », trop d'éléments sont concordants. Cette première nouvelle m'a beaucoup surprise à cause du changement total d'univers par rapport à ma précédente lecture de lui. Elle m'a un peu déstabilisé au départ. L'imagination y est très originale où la logique et la fin laissent sans voix.
- Avant et Après : Une phrase qui fait 2 pages avec beaucoup de virgules. Très étrange.
- Les Algorithmes de l'amour : Alternance de passé et présent d'une jeune femme qui dissèque mentalement l'être humain pour créer des poupées très réalistes. Curieuse conception de la vie et de l'amour.
- Nova Verba, Mundus Novus : Ou la théorie de la terre plate et la création d'un nouveau langage.
- Faits pour être ensemble : Ou comment avoir son esprit et sa mémoire dans une machine...
Les nouvelles sont plutôt dérangeantes dans le sens où elles sont futuristes mais en même temps si proche de notre réalité virtuelle que c'est à se demander comment va devenir notre monde avec toutes ces technologies ainsi qu'avec la destruction des ressources de notre planète et les problèmes qu'il y a un peu partout liés au dérèglement des climats, aux famines, malnutritions, ...
- Emily vous répond : Bizarre et pas tout compris.
- Trajectoire : Ou comment essayer de repousser la mort le plus longtemps possible.
Les nouvelles les plus longues sont celles qui font se poser le plus de questions tant elles sont futuristes sans être totalement irréelles. Ken Liu a vraiment un style très particulier pour conter ce genre d'histoires.
- Le Golem au GMS : J'ai adoré la petite Rebecca, sacré tempérament. Ça a été une nouvelle très amusante à lire et nettement plus reposante que les précédentes.
- La Peste : Ou l'éternel problème de vouloir sauver quelqu'un qui n'a rien demandé car on pense qu'on est plus intelligent que lui.
- L'erreur d'un seul bit : Abandon au milieu de la nouvelle car je n'y ai strictement rien compris. La logique programmeur n'est pas mon fort.
- La ménagerie de papier : Petite nouvelle assez triste qui semble un brin autobiographique. J'ai néanmoins trouvé dommage qu'elle ne soit pas plus longue car l'univers y est bien différent des autres nouvelles…
- Le Livre chez diverses espèces : Nouvelle assez bizarre et qui ressemble plus à un catalogue d'espèces fantastiques.
- Le Journal intime : Trop bizarre.
Cette nouvelle me fait penser à un livre à la mode Harry Potter mais l'ambiance y est très glauque.
- L'Oracle : Curieuse histoire mais je n'avais pas du tout pensé à cette fin. Jolie morale au final.
- La Plaideuse : Petit polar à la mode asiatique. J'aime beaucoup ce type d'histoires car le dépaysement est assuré et les résolutions d'enquêtes sont très différentes des occidentales. C'est toujours très intéressant à lire, beaucoup de détails et d'informations. J'aurais même préféré que cette nouvelle soit plus longue.
- Le Peuple de Pélé : Les space-opera ne sont pas ma tasse de thé en lecture et pourtant, j'ai bien apprécié cette nouvelle sur un monde nouveau où les USA ont décidé d'envoyer un équipage dans un voyage sans retour. Je serai curieuse d'en connaître la suite.
- Mono no aware : Alternance de passé et de présent dans une sorte de dystopie et de space-opera. Ça pourrait être la suite du précédent car les personnages partent en direction du même système solaire. La fin y est néanmoins très triste.
- La forme de la Pensée : Ken Liu continue sur le monde qu'il a inventé mais avec une toute autre histoire et un langage particulier. Quand les barbares ne sont pas ceux que l'on croit… Spécial mais en même temps, j'ai l'impression d'y voir notre futur possible où l'anglais prévaut sur toutes les autres langues et où on veut éduquer tout le monde même les tribus indigènes en dépit du bon sens et sans même chercher à les comprendre…
- Les Vagues : Encore un space-opera avec un ajout de jouvence éternelle, cela donne une ère technologique des plus avancées sur une nouvelle planète, le tout mêlé de légendes sur la création et de l'Humanité.

Comme vous l'aurez compris, cette lecture a été mitigée. Il s'agit quand même d'un curieux recueil où on trouve toute l'étendue de l'imagination de Ken Liu, certaines m'ont beaucoup plus (notamment La Plaideuse), d'autres moins (Les Vagues) et d'autres m'ont laissés de marbre (L'erreur d'un seul bit). Un recueil très atypique au final où l'auteur met en avant le monde qu'il a inventé sous différents thèmes et histoires (Pélé). Les 4 dernières nouvelles étant des space-opera de différents styles, il me tardait quand même de voir la fin de ce recueil. En film, ça ne me dérange pas mais en roman, j'y suis souvent hermétique, je ne comprend rien aux histoires. Si vous souhaitez découvrir les différents styles de cet auteur et son imaginaire plus qu'original, je vous conseille très fortement de découvrir ce recueil, il mérite d'être plus lu. Beaucoup de ces nouvelles sont d'ailleurs primées. Pour ma part, je continuerai sans doute à découvrir ces écrits, il est juste dommage qu'il se cantonne aux nouvelles. Pour moi, il a vraiment la possibilité de créer des romans complets.

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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J'avais été époustouflée par l'excellence de « l'homme qui mit fin à l'histoire », c'est donc avec plaisir et en toute confiance que je me suis lancée avec quelques amies babéliotes dans une lecture commune du recueil de nouvelles « la ménagerie de papier » du même Ken Liu. Comme il est compliqué d'évoquer cette lecture… Comment faire passer son ressenti lorsqu'on est au-delà du coup de coeur ? Comment évoquer avec mon peu d'éloquence la pertinence et l'intelligence des réflexions abordées par l'auteur ? Et puis comment faire ça sans trop en dire ? En effet, je tiens à laisser aux futurs lecteurs le plaisir de la découverte. Je ne vais donc pas faire un compte-rendu détaillé de ma lecture, simplement livrer mon ressenti face à ce qui est pour moi un sommet de la littérature SFFF. Oui, je vais loin mais quand on est face à un tel niveau d'excellence autant dire les choses telles qu'on les ressent. « La ménagerie de papier » est une oeuvre grandiose, magistrale, sublime… Je m'arrête là, la liste des superlatifs pourrait être très longue…

Ken Liu est vraiment impressionnant. Il a un talent remarquable pour donner vie à un univers en très peu de pages. Il est capable avec une économie de mots de créer tout un monde, avec un background solide, un fonctionnement parfaitement exposé, des personnages consistants et vivants… Là où d'autres ont besoin de dizaines de pages pour mettre en place leur récit, Liu y parvient en quelques phrases. Et pourtant, jamais les récits ne paraissent désincarnés, ils ne se contentent pas d'être descriptifs. Il y a de l'émotion, du sentiment, de la chair, de l'âme… En effet, quel que soit le sujet abordé, Liu place l'humain au coeur de ses histoires. Tous les récits ont une dimension intime qui ne peut que toucher et parfois même bouleverser le lecteur. Chaque lecteur découvrira forcément dans ce recueil un texte qui trouvera un écho en lui, une histoire dont on a l'impression qu'elle a été écrite juste pour soi tant elle nous parle.
En plus de son immense talent de conteur, Liu montre ici son éclectisme. Il excelle dans tous les registres, maniant aussi bien l'humour que le drame. Et quelle écriture ! Fluide, élégante et poétique… Que du bonheur !

D'une intelligence inouïe, provoquant des torrents d'émotion, servies par une écriture magnifique, chacune des nouvelles de ce recueil est un petit diamant.
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Un recueil de nouvelles qui laissera une empreinte.
Un fil les relie. Les hommes, l'importance de la mémoire, la transmission.
Ces histoires et leurs personnages vont jusqu'à se fondre à l'univers et se perdre dans la nuit du futur, il n'empêche que même la nouvelle La ménagerie de papier, pourtant bien ancrée sur terre et au présent, se rattache à la même ficelle. le même cerf-volant de papier.

Une nouvelle par ci une nouvelle par là, le lecteur voyage. Un recueil à ouvrir et à rouvrir pour laisser échapper des pensées subtilement profondes.
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critiques presse (1)
Elbakin.net
07 avril 2015
Liu est un écrivain au talent pur et irradiant, dont l’éclat brille de récit en récit, du début à la fin du recueil.
Lire la critique sur le site : Elbakin.net
Citations et extraits (76) Voir plus Ajouter une citation
En ce moment, à cet endroit, les potentiels d’action dans mes neurones entraînent par effet de cascade certains arrangements, schémas, pensées ; ils descendent le long de mon épine dorsale, se divisent entre mes bras, se ramifient dans mes doigts, jusqu’à ce que mes muscles se contractent et que ma pensée se traduise par un mouvement ; des leviers mécaniques basculent ; des électrons se redisposent ; des marques apparaissent sur le papier.

En un autre moment, à un autre endroit, de la lumière frappe ces marques pour se refléter dans deux instruments optiques de haute précision sculptés par la nature à l’issue de milliards d’années de mutations aléatoires ; des images inversées se forment sur une paire d’écrans composés de millions de cellules photosensibles traduisant la lumière en impulsions électriques qui escaladent les nerfs optiques, franchissent le chiasme, dévalent les bandelettes optiques et pénètrent le cortex visuel, lequel restitue ces impulsions sous la forme de lettres, de signes de ponctuation, de mots, de phrases, de véhicules, de teneurs, d’idées.

Tout ce système paraît fragile, ridicule, science-fictif.

Qui peut dire si les pensées que vous avez à l’esprit tandis que vous lisez ces mots sont les mêmes que celles que j’ai à l’esprit pendant que je les dactylographie ? Vous et moi, nous sommes différents, et les qualia de nos consciences respectives divergent autant que deux étoiles aux extrémités opposées de l’univers.

Pourtant, même si la traduction opérée par le long trajet de mes pensées dans le dédale de la civilisation jusqu’à vous a amoindri mon propos, je crois que vous me comprenez et vous croyez que vous me comprenez. Nos esprits ont noué un contact, aussi bref et imparfait qu’il soit.

Cette perspective ne rend-elle pas l’univers un peu plus doux, un peu plus chaud, un peu plus brillant, bref, un peu plus humain ?

Nous vivons pour de tels miracles.
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Qui peut dire si les pensées que vous avez à l'esprit tandis que vous lisez ces mots sont les mêmes que celles que j'ai à l'esprit pendant que je les dactylographie ? Vous et moi, nous sommes différents , et les qualia de nos consciences respectives divergent autant que deux étoiles aux extrémités opposées de l'univers.
Pourtant, même si la traduction opérée par le long trajet de mes pensées dans le dédale de la civilisation jusqu'à vous a amoindri mon propos, je crois que vous me comprenez et vous croyez que vous me comprenez. Nos esprits ont noué un contact, aussi bref et imparfait qu'il soit.

Avant propos
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On visite donc le Peabody Essex Museum, où se trouvent les trésors de l'Orient issus du passé glorieux de Salem.
La collection de porcelaines est affreuse, la qualité des bols et des soucoupes inexcusable. Les motifs paraissent tracés par des enfants. Selon les panonceaux explicatifs, il s'agit là de produits d'exportation. Jamais les marchands de Canton n'auraient osé vendre des trucs pareils en Chine.
Je lis le compte-rendu rédigé par un prêtre jésuite qui a visité leurs échoppes à l'époque.
"Les artisans étaient assis en rang, chacun avec sa brosse et sa spécialité. Le premier ne dessinait que les montagnes, le second que l'herbe, le troisième que les fleurs, le suivant que les animaux. Il se passaient les assiettes et il suffisait à chacun de quelques secondes pour remplir son rôle.
Ces "trésors" sont donc des produits de masse réalisés en série dans un atelier d'exploitation du passé. J'imagine les mêmes brins d'herbe sur mille tasses par jour : une routine incessante peut-être interrompue par la pause du déjeuner. Tendre le bras, saisir de la main gauche la tasse devant soi, tremper la soie, un, deux, trois coups de pinceau, poser la tasse derrière soi, recommencer. Un algorithme tout simple. Très humain.

Les Algorithmes de l'amour
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Année après année, les moutons que nous sommes devenons de plus en plus dociles, et notre laine plus épaisse. Après quoi Centillion (*) nous passe à la tonte et s'enrichit.

* Centillion est un algorithme permettant de trouver ce qui plait le mieux au gens, de les guider dans leur choix d'achat, etc ... un peu l'équivalent d'internet avec Google.

Faits pour être ensemble.
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Les noms n'étaient que des raccourcis pour les souvenirs, et le jeune Tyler ne comprenait pas encore que nous définissons chaque nom de notre vie deux fois. la première sous forme de promesse pour l'avenir, et la seconde plus tard, en tant que résumé du passé.

L'erreur d'un seul bit
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Video de Ken Liu (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Ken Liu
Qui ne connait pas Ken Liu ? Notre auteur est né en 1976 à Lanzhou, en Chine, avant d'émigrer aux USA à l'âge de onze ans. Depuis une quinzaine d'années, il dynamite les littératures de genre, collectionnant distinctions et prix littéraires, dont le Hugo, le Nebula et le World Fantasy Award. Sous nos latitudes, il s'est fait connaître avec le recueil “La Ménagerie de papier” (2015), lauréat du Grand Prix de l'Imaginaire, ainsi que le court roman “L'Homme qui mit fin à l'histoire”. La parution toute récente de “Toutes les saveurs”, western fantastique, dans la collection “Une heure-lumière” sera l'occasion de le questionner sur son oeuvre…
Animation : Pierre-Paul Durastanti Interprétariat : Cyrielle Lebourg-Thieullement Illustrations : Aurélien Police
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