L'Homme-au-Bâton

Mais qui est donc "L'homme au bâton", ce malotru, ce sans-honneur qui a engrossé Lisa, une jeune fille de 16 ans pourtant étroitement surveillée par ses parents qui veillaient jalousement sur sa virginité ? La colère gronde et l'inquiétude grandit tandis que Lisa, malgré les paires de baffes, s'obstine ; c'est l'homme au bâton, c'est l'homme au bâton !

Est-il une pure légende, un bouc-émissaire commode pour les désirs inavouables et les secrets coupables, ou véritablement un homme ? Les rumeurs les plus folles courent aussitôt au sujet de ce mystérieux personnage, démon insaisissable et protéiforme sujet à toutes les métamorphoses que chacun déguise au gré de ses fantasmes. Il serait, dit-on, un fantôme revanchard, un "dorlisse", un unijambiste hargneux ou bien encore un nain lubrique… Nul ne sait, en réalité, de quoi ou de qui il retourne vraiment.

Toujours est-il que la peur est partout, et chacun se protège comme il peut contre l'éventuel retour de l'homme au bâton - verrous renforcés, chapelets bénis, processions religieuses, crapauds crucifiés et autres talismans...mais de quel effet pourraient être ces protections contre un être mythique, une entité à l'évidence surnaturelle et maléfique ? Car l'homme au bâton - ce “défoufouneur de femmes”, assassin de leur vertu et assassin tout court - n'a, hélas, pas fini de nuire, n'en déplaise aux autorités dûment diligentées comme à la population sur le qui-vive - d'autant qu'il peut aussi servir d'alibi à certains...

Avec "L'homme au bâton", Ernest Pépin nous offre, dans une langue à la fois très crue et d'une grande poésie où le créole se mélange au français, un récit cocasse, plein d'hyperbole et de faconde, sous la forme d'un conte coloré et bruyant qui nous dit de son île - la Guadeloupe - la sensualité débridée, les superstitions et les peurs ancestrales, sa population exubérante et loufoque et, en dépit de la misère et des traces encore tangibles du passé esclavagiste et colonial, sa vitalité, sa drôlerie et son immense joie de vivre.

Un premier roman déjà ancien (1992) qui augurait d'une belle oeuvre à venir, et un excellent moment de lecture - à mi-chemin du songe, de la poésie et du rire - avec lequel je me suis régalée.

[Challenge Multi-Défis 2020]

Le dernier livre d'Ernest Pépin," l'Homme-au-Bâton", revendique sa créolité et puise dans la culture de la Guadeloupe ce qui compose le créole, sa verve, ses couleurs, ses impertinences, avec des accents emprunts de jean Giono, "L'eau buvait les reflets sans pour autant révéler le dessous de ses profondeurs page 85.


"l'Homme-au-Bâton" a obtenu le prix des Caraïbes en 1994 pour ses qualités littéraires et sa respiration créole.
Pour pénétrer l'univers d'Ernest Pépin il faut éviter d'utiliser un maître étalon enseigné à l'École normale supérieure, le meilleur étalon pour lire l'homme-au-bâton est sans doute d'aller à l'école de la rue.
Ce livre est insolite et déstabilisant pour un préfet venu de la métropole appelé à affronter "l'Homme-au-Bâton" , dans une constellation si complexe et si délicate que ce brave Jean Paul finira par trouver non le bonheur mais le bord de l'abîme.
Page 176 Ernest souligne, "une terreur sans nom, sans papa ni maman s'abattit sur l'île".
Habité par Marie-Ange, et tutoyant même parfois la paradis, le Préfet tel un parachutiste, touche terre souvent et violemment et plus encore englué dans une commission où les revenants sont mieux représentés que ses concitoyens.


Mais qui est-il, mais où est -il "l'Homme-au-Bâton" ? semble clamer le seul fonctionnaire actif à le débusquer, Rigobert, qui fait de ces questions un problème vital, pour lui et pour son amour propre.

Ce livre par certains côtés apparaît aussi comme une description pointue documentée fouillée de ce qui fait la géographie si particulière de la Guadeloupe. Car sur cette île on y trouve une telle diversité de paysages, de couleurs que chacun peut y trouver son carré de paradis, peut ou pas se laisser griser par les idées obscures, et repousser des conseils porteurs de bons présages.


"Dans ce pays où le soleil fond le bitume ou la pluie arrive à grand galop sans crier gare, où les arbres allaitent des esprits, où les hommes revêtent des peaux de chien où les chiens ont peur de la nuit où les frères et soeurs ont des couleurs d'arc-en-ciel, où les quatre chemins donnent à manger au diable où Dieu oublie les nègres ou le Rhum saoule les mares, où tout peut arriver. Et il arriva que les gendarmes du lamantin emprisonnent un arbre un goyavier."page 180.


En Guadeloupe tout est démesuré. Cette démesure se perçoit à la façon dont les rumeurs se propagent à une vitesse inimaginable et les contres rumeurs filent à des vitesses encore plus démentes. Alors quand l'idée que des culottes invisibles pouvaient protéger les femmes de l'ardeur des hommes, et de "l'Homme-au-Bâton" , le prix de cette chose invisible pris des dimensions ubuesques. Mais au moment où une contre vérité est venue comme un zombie faire éclater la supercherie, alors "une vieille couleur de cendre colora les visages des plus fanfarons".


Lorsqu'une énigme devient le sujet incontournable entre la petite Lisa et ses parents, l'Homme-au-Bâtonl'homme-au-Baton vient aux lèvres de Lisa pour expliquer la grossesse, l'alibi va devenir le meilleur argument de bien des choses extraordinaires qui vont alors éclater sur la Guadeloupe.

Ce live est un patchwork d'aventures qui se nouent et se dénouent selon la magie d'Ernest, qui nous offre le sésame pour découvrir l'étrange diversité de ces îliens façonnés par le passé si tourmenté et qui déstabilise ceux qui arrivent de métropole.


Pour cet auteur peu connu du grand public, c'est l'occasion de nous écrire en créole, et dans une langue riche soyeuse, charnelle, les joies de l'amour et de la fraternité.
Souvent très drôle, aux rumeurs déjantées, il vous restera au terme de ce récit un goût étrange de plats épicés, un sillage de paroles, où l'ironie est un remède à la peur.

Dans la Guadeloupe des années 90, sévit un étrange homme qui s'infiltre chez les jeunes femmes, les fécondes ou bien les tuent, et disparaît ensuite dans le plus grand des mystères. Les rumeurs ont fini par lui donner le nom de « l'Homme-au-Batôn ». le plus inquiétant chez cet homme sans identité ni visage, est qu'il commet ses crimes d'un endroit à l'autre de l'île au même moment. Pour certains, cet homme existe, pour d'autres, il n'est qu'une excuse pour justifier leurs erreurs honteuses. D'autres encore crient au mensonge ! Mais qui peut bien être cet homme ? Est-il réel ou issu de l'imaginaire collectif ?

Ce petit roman est un pur dépaysement qui s'inscrit à la fois dans une enquête policière mystérieuse. Difficile à trouver une logique directrice, le lecteur se laisse entrainer dans cette Guadeloupe aux ethnies sociales et à la culture bien disparates. Il est amusant de connaître le côté réaliste de quelques habitants ou des étrangers face aux croyances des personnes les plus ancrées à leur origine spirituelle. Peu à peu, on est amené à se demander si toute cette histoire n'est pas une farce, puis Ernest Pépin nous surprend ! Et on se retrouve face à des situations qui ne peuvent que nous laisser penser qu'un fantôme ou un esprit guadeloupéen rôde à travers l'île !

Un livre mythique. Mélangeant le créole et le français. Reprenant le "folklore" guadeloupéen, à vrai dire on ne sait pas vraiment si l'Homme-au-bâton existe ou non. Ayant lu ce roman dans ma jeunesse, et vivant en Guadeloupe, j'étais effrayé par l'idée que l'Homme-au-bâton viendrait m'agresser dans mon sommeil. Pour vous dire à quel point cette oeuvre m'a chamboulé. Comme toujours, Ernest Pépin nous a écrit un bon livre.

Un livre empreint du folklore de la Guadeloupe. On se plaît à tenter de démêler cette enquête farfelue. Cet homme-au-bâton s'amuse avec l'imaginaire débordant des habitants et parallèlement avec celui du lecteur. Un beau mélange des genres avec une écriture poétique et érotisante. Pépin est une des plus belles plumes de l'ile.