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EAN : 9782753513877
344 pages
PUR, Presses universitaires de Rennes (30/06/2011)

Note moyenne : /5 (sur 0 notes)
Résumé :
La tradition des études de village, que depuis quelques années les amateurs d'histoire locale redécouvrent et réinventent, s'est constituée au cours du XIXe siècle. C'est au début du règne de Louis-Philippe que furent réalisées les premières monographies de commune rurale. Cette formule rencontra un vif succès. Sous la Troisième République, des milliers d'érudits locaux consacraient leurs loisirs à étudier l'histoire, le folklore et les traditions des villages.
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Une mémoire de papier / François Ploux



Érudits de village, cultes des petites patries rurales..... le passionnant ouvrage de l'historien François Ploux fait grand usage de ces locutions «dissonantes». Mais, c'est, en fait, toute l'historiographie de la ruralité et du village comme lieu de mémoire qu'il entreprend de reconsidérer : les hommes, leurs travaux, les mythes qu'ils ont fait naître, les desseins qu'ils ont poursuivis pendant près d'un siècle; une période de grande activité intellectuelle vouée à la création d'un immense corpus monographique de la France voulu par une frêle intelligentsia campagnarde (1830-1930). Son étude s'achève, en 1930, avec l'accélération du processus de dépopulation de nos campagnes.




Les premiers apôtres du terroir apparaissent sous une Restauration qui célèbre "les vertus de la civilisation agraire et de l'enracinement", et s'inquiète de la montée du paupérisme liée à l'urbanisation. La petite aristocratie terrienne, complètement désemparée, trouve refuge dans l'étude du passé. L'élite instruite se met donc à l'oeuvre ; farouchement indépendante et méprisée par les sociétés savantes, son concours fut diligent mais très contingenté. le recrutement se démocratise. Formé selon les principes d'une école républicaine qui exalte alors l'idéologie terrienne, l'instituteur rural, maillon de l'instruction et relais du savoir local, incarne, par excellence, l'instrument d'une politique de la République par la Commune. Les érudits de village s'étaient déjà dotés de leur propre support éditorial : la monographie. Cette dernière s'assurera une pérennité remarquable et une reconnaissance scientifique légitime. Oscillant entre érudition et recherche, elle saura également résister aux assauts virulents des historiens et réussira à tisser une histoire des campagnes humaine et tangible. L'avènement de l'État centralisateur avait provoqué un déchirement dans le monde rural. Les historiens locaux contribuèrent à une refondation des solidarités rurales. En valorisant une histoire enracinée dans le terroir, on chercha à créer les conditions d'une prise de conscience collective. Toute la littérature monographique entreprit de vanter l'identité villageoise, la richesse des particularismes et l'harmonie sociale.





En façonnant un patriotisme de clocher, on voulut préserver l'attachement à sa “petite patrie”. le patriotisme local ne put se concevoir sans le patriotisme national. Aimer son village, c'était aimer la France. Déployant une énergie et un zèle exemplaires, l'historien de village apparaît comme un personnage-clef de la communauté qu'il décrit et défend avec âpreté. Il appréhende son environnement immédiat selon des principes associant préoccupation historique et conscience de l'intérêt général. Sa curiosité multiforme nourrit un humanisme discret où s'épanouit une érudition résolument moderniste : mieux connaître pour mieux préserver le patrimoine, recueillir et sauvegarder afin de transmettre la mémoire locale, publier pour témoigner. Soumis aux poussées de la société moderne, il ne pourra retarder l'échéance : la mort de nos villages. Aujourd'hui, malgré l'expansion tentaculaire des ensembles urbains et l'enchaînement de révolutions technologiques dévoreuses de mémoire, l'attachement au terroir, le sentiment d'appartenance à une communauté solidaire, l'engouement pour l'histoire locale sont des aspirations encore très ancrées dans l'imaginaire collectif. L'historien de village a sa part dans cette représentation idéalisée de la ruralité. Si le terroir n'est plus que passéisme, nostalgie ou souvenir onirique, nos historiens locaux ne se sont pas totalement fourvoyés en recyclant le mythe de l'Arcadie heureuse. Plus qu'une redécouverte, c'est une réhabilitation de l'historiographie rurale et des hommes qui la firent que nous propose "Une mémoire de papier" : l'érudition ne fut pas le monopole exclusif des sociétés savantes. Un brillant exercice à dévorer sans modération !

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Érudits de village, cultes des petites patries rurales..... le passionnant ouvrage de l'historien François Ploux fait grand usage de ces locutions «dissonantes». Mais, c'est, en fait, toute l'historiographie de la ruralité et du village comme lieu de mémoire qu'il entreprend de reconsidérer : les hommes, leurs travaux, les mythes qu'ils ont fait naître, les desseins qu'ils ont poursuivis pendant près d'un siècle; une période de grande activité intellectuelle vouée à la création d'un immense corpus monographique de la France voulu par une frêle intelligentsia campagnarde (1830-1930). Son étude s'achève, en 1930, avec l'accélération du processus de dépopulation de nos campagnes.
Les premiers apôtres du terroir apparaissent sous une Restauration qui célèbre "les vertus de la civilisation agraire et de l'enracinement", et s'inquiète de la montée du paupérisme liée à l'urbanisation. La petite aristocratie terrienne, complètement désemparée, trouve refuge dans l'étude du passé. L'élite instruite se met donc à l'oeuvre ; farouchement indépendante et méprisée par les sociétés savantes, son concours fut diligent mais très contingenté. le recrutement se démocratise. Formé selon les principes d'une école républicaine qui exalte alors l'idéologie terrienne, l'instituteur rural, maillon de l'instruction et relais du savoir local, incarne, par excellence, l'instrument d'une politique de la République par la Commune. Les érudits de village s'étaient déjà dotés de leur propre support éditorial : la monographie. Cette dernière s'assurera une pérennité remarquable et une reconnaissance scientifique légitime. Oscillant entre érudition et recherche, elle saura également résister aux assauts virulents des historiens et réussira à tisser une histoire des campagnes humaine et tangible. L'avènement de l'État centralisateur avait provoqué un déchirement dans le monde rural. Les historiens locaux contribuèrent à une refondation des solidarités rurales. En valorisant une histoire enracinée dans le terroir, on chercha à créer les conditions d'une prise de conscience collective. Toute la littérature monographique entreprit de vanter l'identité villageoise, la richesse des particularismes et l'harmonie sociale.
En façonnant un patriotisme de clocher, on voulut préserver l'attachement à sa “petite patrie”. le patriotisme local ne put se concevoir sans le patriotisme national. Aimer son village, c'était aimer la France. Déployant une énergie et un zèle exemplaires, l'historien de village apparaît comme un personnage-clef de la communauté qu'il décrit et défend avec âpreté. Il appréhende son environnement immédiat selon des principes associant préoccupation historique et conscience de l'intérêt général. Sa curiosité multiforme nourrit un humanisme discret où s'épanouit une érudition résolument moderniste : mieux connaître pour mieux préserver le patrimoine, recueillir et sauvegarder afin de transmettre la mémoire locale, publier pour témoigner. Soumis aux poussées de la société moderne, il ne pourra retarder l'échéance : la mort de nos villages. Aujourd'hui, malgré l'expansion tentaculaire des ensembles urbains et l'enchaînement de révolutions technologiques dévoreuses de mémoire, l'attachement au terroir, le sentiment d'appartenance à une communauté solidaire, l'engouement pour l'histoire locale sont des aspirations encore très ancrées dans l'imaginaire collectif. L'historien de village a sa part dans cette représentation idéalisée de la ruralité. Si le terroir n'est plus que passéisme, nostalgie ou souvenir onirique, nos historiens locaux ne se sont pas totalement fourvoyés en recyclant le mythe de l'Arcadie heureuse. Plus qu'une redécouverte, c'est une réhabilitation de l'historiographie rurale et des hommes qui la firent que nous propose "Une mémoire de papier" : l'érudition ne fut pas le monopole exclusif des sociétés savantes. Un brillant exercice à dévorer sans modération !
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Il est d'usage d'opposer, dans l'histoire de la musique occidentale, musique
populaire et musique savante, musique profane et musique sacrée. Ces clivages, façonnés hors des conventions et de l'arbitraire, se sont construits sur des réalités historiques, sociales et musicales, des schémas métaphoriques précis et une conception métaphysique du monde sensible selon un processus qui apparaît au Moyen Age pour s'éteindre à l'époque baroque. Ils traduisent également une profonde rupture esthétique. Tout en s'inscrivant dans la problématique des clivages, Charles-Dominique Luc se propose de réécrire une histoire sociale de la musique et place la figure emblématique du ménétrier au coeur de son étude. L'énigmatique formule, «joueurs d'instruments tant hauts que bas», propre à ces interprètes, fonde son projet. Moins anodine qu'elle n'y paraît, elle prend un relief inattendu et vient abondamment nourrir la réflexion d'une enquête très savante.
Au 13e siècle, les instruments s'ordonnent entre le «haut» et le «bas» selon une verticalité symbolique qui recouvre une dimension religieuse et morale. le «haut» est associé à l'excès et l'orgueil, le «bas» à l'humilité du chrétien. Charles-Dominique Luc porte plus loin l'allégorie et tente une interprétation plus singulière encore; «haut et bas» vont ainsi désigner le fort et le faible volume sonore.
Si, au Moyen Age, les musiques savantes participent pleinement de l'espace du sacré, de la ferveur des fidèles, de l'inspiration divine et des idéaux chrétiens, les musiques populaires sont, au contraire, perçues comme l'exutoire des forces occultes et infernales. Elles semblent pareilles à un déferlement démoniaque. Sonore et sacré résonnent à l'unisson dans le plaisir mystique, la prière, la dévotion et les élans polyphoniques De La Renaissance. La théologie du «bas», sobre et mesurée, n'inspire que vertus, harmonies triomphantes, et plénitude sensorielle. Dans la sphère profane, vouée à l'impiété et à l'orgueil, tout n'est que mort et tumulte, discordance et damnation, vacarme et diableries – une démonologie sonore ostentatoire. le couple «haut-bas» sonore ne s'épanouit alors que dans un fonctionnement dual antagoniste.
Musiques savantes, musiques populaires charrie un flot d'idées et d'analyses inédites. Sa problématique de recherche procède de l'anthropologie musicale historique et de l'ethnohistoire sociale et politique. Elle s'affranchit de l'ethnomusicologie, privilégie l'interdisciplinarité et la transversalité, ne se satisfait pas de spéculations hasardeuses mais puise avec une érudition consommée dans un vaste corpus documentaire et archivistique et exploite, sans retenue, l'expression allégorique et la sémantique. Au terme d'une investigation méthodique et nourrie,
l'auteur nous invite à une lecture subtile des évolutions du sonore et de la sensibilité musicale entre XIIIe et XVIIIe siècle. L'approche anthropologique révèle les sources religieuses, leur rapport antagoniste, la mesure de leurs désaccords ainsi que les grandes phases d'une histoire résolument conflictuelle. le poids de la religion, de la pensée symbolique et de l'imaginaire social sur une des fractures majeures de la musique ancienne prend, désormais, tout son sens et apparaît en toute clarté.
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