AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,78

sur 510 notes
Pas simple de donner un avis et une réflexion construite et concise de ce livre... Mais on va essayer ! Car il faut le lire!
Le thème principal est un fait divers sur les violences familiales qui a eu lieu en Russie et dont l'auteure dissèque la chronologie pour arriver au jour du drame.
Mais ce livre va plus loin que cela car l'auteure, occidentale, amoureuse de ce pays, de sa culture et de sa langue creuse la question de l'origine de ces violences et le pourquoi de l'inaction, voire même la complaisance du système, aggravé par l'abrogation du peu de lois protectrices par Poutine. "S'il te bat, c'est qu'il t'aime" dit un proverbe russe...
D'autre part, l'auteure qui a vécu en Russie quelque temps, y est tombée amoureuse, est elle-même tombée petit à petit sous les violences de son bel ange blond. A tel point que ce schéma se reproduira plus tard dans sa vie de sa femme en France.
J'ai également beaucoup aimé d'avoir une vision non déformée par les médias d'une situation vue et vécue et analysée par une occidentale qui aime la Russie. C'est à mon sens très objectif dans l'analyse sans être diabolisé sous prétexte qu'il s'agit de la Russie.
Quoiqu'il en soit, surtout en tant que femme, on ne sort pas indemne de cette lecture. Là bas, ici, ou sous d'autres latitudes, il reste tant à faire...
Commenter  J’apprécie          70
Une découverte d'un aspect peu connu (de moi) de la Russie. Les violences conjugales ne doivent pas sortir de la vie privée, l'état va jusqu'à condamner ceux qui en feraient état. L'autrice, française, amoureuse de la Russie en a fait l'expérience: son petit ami est devenu violent et la frappe.
Du coup un sordide fait divers la passionne: trois soeurs ayant vécu de nombreux sévices dont des viols réguliers, assassinent leur père, leur bourreau.
Deux camps s'affrontent: celui qui soutient les jeunes filles et parlent de légitime défense et celui qui défend le père qui a tous les droits sur ses filles (la mère est partie sur les conseils de ses filles: elle ne pouvait plus endurer autant de violence) La mère partie, la violence du père se tourne contre ses filles.
Tout-à-fait à l'encontre des luttes actuelles en Europe.
Commenter  J’apprécie          70
🥊 LÉGITIME DÉFENSE 🥊
• Moscou, Russie. Juillet 2018.
Elles sont trois.
Angelina, Maria et Kristina.
• Trois soeurs qui ont voulu faire taire la voix rugissante de leur père cognant les murs, un jour de juillet 2018.
Laura Poggioli nous emmène dans un huit clos familial sordide d'une Russie où la voix des femmes n'a pas de poids. Entre violences domestiques et forces de l'ordre impassibles, on devient le témoin d'un génocide féminin innommable et qui nous laisse sans voix.

• Face à des scènes d'une rare violence exprimées par les trois soeurs, des voix s'élèvent face à l'indifférence des autorités qui estime que le mouvement MeToo est le symbole occidental de la perte de l'autorité patriarcale.

• On suit le chemin également d'une jeune étudiante française venue vivre à Moscou pour quelques mois. le temps d'être victime à son tour, d'un homme dominateur, humiliant, où brimades et insultes riment avec banalité du quotidien.

• On constate avec effarement, qu'aucune limite n'existe dans la solidarité des hommes entre eux. Certaines se plient contraintes et forcées, à la loi du silence. "Elle comprend que pour rester près de lui, elle doit se taire"...

• Un roman qui interroge sur la place de la femme dans nos sociétés, et sur tout ce qu'il reste encore à accomplir...
Un roman fort, puissant, engagé ! Car c'est aussi cela la littérature !

• le mot de la fin, ou plutôt deux : LISEZ-LE !
Commenter  J’apprécie          70
Trois soeurs est le titre également d'un roman de Tchekhov. Dans le roman de Laura Poggioli, nous partons aussi en Russie pour découvrir l'affaire de la famille Katchatourian : un père alcoolique, violent, incestueux, une mère battue, trois soeurs qui subissent et un frère au milieu de tout cela. Jusqu'au jour où les trois soeurs ne supporteront plus la violence gratuite de ce père.
En parallèle, l'autrice nous partage son vécu, sa vie d'étudiante à Moscou, son petit ami violent.
Est-ce cette mauvaise rencontre, cette relation malsaine qui a permis à Laura Poggioli de s'imaginer ce qu'ont pu vivre les trois soeurs Katchatourian? Et pourquoi elles en sont arrivées à décider d'assassiner leur père afin de pouvoir vivre libre ?
Trois soeurs est un roman dont on ne sort pas indemne. Il faut accepter la violence, tellement bien transmise à travers les mots choisis par Laura Poggioli . Il faut accepter le huis-clos de la violence familiale, la culture russe.
Tout au long du récit, l'autrice nous rappelle ce vieux dicton russe : " S'il te bat, c'est qu'il t'aime ", mais qu'on a tellement envie d'oublier car tellement inhumain, tellement patriarcal.
Merci Laura Poggioli pour ce premier roman qui m'a tellement touché par l'histoire et son écriture. J'ai hâte de vous relire.
Commenter  J’apprécie          70
P 17 "...les proverbes, c'est comme le passé : quand on ne sait plus où on va, on s'y aggripe pour se persuader qu'on est du bon côté..."

Un terrible fait divers en Russie comme l'on rencontre parfois en France. Ce récit permet de découvrir la société patriarcale de la Russie. Sachant que les femmes russes ont le droit de vote depuis 1917 alors qu'en France il a fallut attendre la fin de la 2ème Guerre, comment cette culture peut elle accepter les violences faites aux femmes russes ?
L'autrice nous plonge dans la culture russe qu'elle connaît bien, au travers de ce fait divers où trois soeurs, les soeurs Khatchatourian ont tués leur père après avoir subit des années de violences physiques, sexuelles et psychologiques.
Tout en apportant son histoire personnelle d'une expérience de violences conjugales, l'autrice nous dévoile combien en Russie il est "normal" de battre les femmes conformément au proverbe russe "S'il te bat, c'est qu'il t'aime".
Avec une écriture de qualité pour un premier roman bien documenté, certe glaçant mais qui a le mérite de révéler combien le respect des femmes ne va pas de soit dans certains pays...



Commenter  J’apprécie          60
Trois soeurs, le premier roman de Laura Poggioli au titre emprunté à Tchekhov, est un texte fort qui me restera longtemps en mémoire. L'auteure s'est emparé d'un fait divers qui a eu un fort impact en Russie, un parricide par trois soeurs victimes des sévices de toute nature d'un père monstrueux.
J'ai beaucoup aimé la partie documentaire et les réflexions de l'auteure sur la Russie d'aujourd'hui qu'elle connaît bien. Les années du marxisme-léninisme qui prônaient l'égalité ne sont pas allées au bout de leurs promesses pour les femmes. Si ces dernières ont eu accès à l'éducation, nous les avons peu vues sur les photos de la Douma. le patriarcat et la religion font toujours bon ménage dans la Russie contemporaine et interdisent d'aller voir ce qui se passe derrière la porte des appartements. Laura Poggioli nous explique que la libération de la femme occidentale fait peur au pouvoir russe et que rien n'ait fait, ni envisagé, pour secourir les victimes. Dans cette partie je regrette de ne pas avoir pu faire la distinction entre réel et fiction.
J'ai beaucoup moins aimé la partie autofiction que j'ai trouvée beaucoup trop importante. Elle ramène au vécu de l'auteur comme à celui de ses ancêtres et à une certaine universalité de la violence faite aux femmes. le taux de féminicide est encore scandaleusement élevé chez nous mais n'est pas une fatalité !
Bien que Laura Poggioli ait hésité, tout au long de son texte, entre documentaire, autofiction et roman, il faut absolument lire Trois soeurs.
Lien : https://ffloladilettante.wor..
Commenter  J’apprécie          60
Tout au long de ce récit, on est au bord du gouffre : violences diverses et variées subies, banalisées .
Certes, l'action se situe en Russie, pays froid dont on aurait tendance à penser que le sentiment, l'empathie, la considération de l'autre, surtout s'il est féminin, n'a aucune valeur ! Cependant, j' ai frémi de douleur, de révolte, voire de répulsion du début à la fin. C'est pourtant un constat froid et lucide (?) que nous partage l'auteure : comment, à bout de souffrances inadmissibles des filles en arrivent à tuer leur père ... Comment peut-on encore - en 2022- s'interroger quant à l'issue du procès ? Un bien triste aspect de la nature humaine, auquel je refuse d'adhérer !!!
Et pour avoir eu, moi aussi, un aperçu marquant de la Russie, je rejoindrais ce qu'elle dit ici : " Je m'étais dit que je devais raconter cette histoire, mais pas seulement. Je voulais raconter tout ce qui foutait le camp en Russie, sans mettre de côté tout ce que j'y aimais, tout ce qui me remuait, tout ce qui était beau au-delà des préjugés et des on-dit"
Commenter  J’apprécie          60
Je voulais le lire ce roman même si je n'ai aucun souvenir de cet évènement qui a eu lieu en juillet 2018. Les soeurs Khatchaturian, Krestina, Anguelina et Maria, 17, 18 et 19 ans, ont assassiné leur père. L'une l'a aspergé de bombe lacrymo, la deuxième l'a frappé avec un couteau de cuisine et la dernière lui a asséné des coups de marteau sur le crâne. Puis elles se sont laissé glisser contre le mur de leur appartement moscovite et ont attendu la police, baignées dans une mare du sang de leur bourreau. Mikhaïl Khatchaturian était une ordure, à la maison, il punissait, insultait, humiliait, battait, torturait, violait, sa femme et ses enfants. Mais à l'extérieur, il était parfait dans son rôle de prédicateur, aidant son prochain, distribuant argent et accolades. Depuis qu'il avait jeté sa femme et son fils dehors, c'était pire encore pour les 3 soeurs. Quand Mikhaïl Khatchaturian a été hospitalisé pour dépression, elles ont enfin respiré, toute étonnées de voir leurs amis installés dans le fauteuil du père à boire des bières, à discuter et à rire. Alors quand il est revenu à l'appartement, en un regard, elles ont su qu'elles ne supporteraient plus.

Un fait divers sordide dans un pays où les violences conjugales doivent être réglées à la maison. Un pays où le patriarcat règne en maître dès qu'il s'agit d'affaires familiales. Un pays où la police ne se déplace pas lorsqu'une femme appelle au secours sous les coups de son mari. Un pays où une loi favorise la dépénalisation des violences domestiques depuis 2017. Un pays où on console les femmes battues avec ce proverbe "s'il te bat, c'est qu'il t'aime". Heureusement l'histoire des trois soeurs a provoqué une vague de compassion et d'indignation chez une partie de la population russe qui voudrait voir évoluer les lois de leur pays et la prise en charge de ce fléau.

L'autrice a imaginé le calvaire des soeurs sans voyeurisme, sans descriptions glauques. Elle nous plonge dans ce pays qui divise, elle fait un parallèle avec ce qu'elle a vécu en Russie, un pays qu'elle aime et dont elle a étudié la langue. Elle y avait eu une relation amoureuse avec le complexe Mitia, qui l'aimait passionnément en société, tout en l'insultant en tête à tête. Un excellent premier roman !
Lien : http://www.levoyagedelola.com
Commenter  J’apprécie          60
Ces trois soeurs-là n'ont en commun avec celles de Tchekhov que d'être nées à Moscou. Car si celles du grand auteur russe ont vécu une enfance heureuse avec un père aimant, celles dont nous parle Laura Poggioli ont eu à subir un père tyrannique, violent et incestueux, qu'elles ont fini par tuer pour s'en libérer.
Passionnée par la Russie et étudiant à Moscou, l'autrice alterne le récit de sa propre vie de jeune femme éprise de liberté, avec celui du calvaire qu'ont vécu les trois soeurs Khatchatourian jusqu'à l'assassinat de leur père en ce terrible jour du 27 juillet 2018.
A travers ces destins si différents, c'est toute une chronique de la société russe d'après l'Union Soviétique que l'autrice nous révèle, soulevant le fléau de l'alcool et de la violence des hommes, que Poutine a entretenu en dépénalisant les maltraitances domestiques en 2017.
Un pays qui s'était difficilement relevé d'un communisme liberticide, et qui est encore aujourd'hui, même après la fin de l'URSS, traumatisé par la Guerre froide, au point de refuser toute influence des Etats-Unis. En rejet total des combats égalitaires occidentaux, dont celui du mouvement #metoo, les russes, soutenant pourtant une certaine égalité des femmes, refusent toujours toute ingérence des lois au sein du cocon familial.
Laura Poggioli nous offre, avec ce premier roman, un récit romancé tout en finesse, racontant ce qui a lié sa vie à ces trois jeunes femmes et laissant éclater sa révolte avec ce témoignage saisissant.
La condition des femmes battues où qu'elles vivent est inacceptable mais quand la maltraitance est institutionnalisée, c'est totalement insupportable. Je vais mettre du temps à dépasser cette terrible histoire et à pardonner à la Russie pour ce que sa justice laisse, depuis toujours, endurer à ses femmes.
Un roman choc qu'il m'a fallu souvent reposer pour prendre un recul nécessaire.
Commenter  J’apprécie          60
[Chronique]

« S'il te bat, c'est qu'il t'aime » - Proverbe russe
C'est ainsi que s'ouvre « Trois soeurs » de Laura Poggioli chez les éditions Iconoclaste

Ce proverbe donne le ton d'une réalité méconnue: le fléau des violences conjugales en Russie.
Un pays qui s'appuie sur ce proverbe ne peut évidemment pas faire face à cette réalité comme il le devrait.

Les violences conjugales ont récemment été dépénalisées là bas, passibles désormais d'une amende, au même titre qu'un excès de vitesse.

C'est dans ce contexte que s'inscrit l'histoire des trois soeurs Khatchatourian: Krestina, Angelina et Maria.
Jugées pour avoir tué leur père, Mikhaïl.

Ce père qui ne leur a imposé que violence. Violence verbale, physique, psychique, sexuelle.
Depuis leur enfance jusqu'au début de leur âge adulte. Une violence qui se limitait d'abord à leur mère, qui était omniprésente, constante, gratuite.
Puis qui s'est finalement déplacée sur elles.

Une affaire qui a fait le tour des médias, mettant sur la place publique ce que les foyers russes tentent de conserver chez eux. En Russie, on lave le linge sale chez soi, à l'abri des regards.

En parallèle de cette histoire, l'autrice nous partage son rapport à ce pays, sa culture, l'amour qu'elle lui porte. Son rapport à l'amour, aux hommes aussi.
Certains passages font écho à l'histoire des trois soeurs. A cette mentalité fermée, au rôle prédominant de l'homme, du patriarche qui a tous les droits et tous les pouvoirs. Certains sont plus personnels et m'ont hélas un peu éloignée du récit.

Récit glaçant, écoeurant, mais qui méritant d'exister. Pour dire, pour raconter, pour témoigner.
Pour libérer la parole, même dans ce pays où les libertés individuelles sont de plus en plus foulées aux pieds.

Aviez-vous entendu parler de cette histoire?
Ce livre vous donne-t-il envie de le découvrir?

Commenter  J’apprécie          60




Lecteurs (1073) Voir plus



Quiz Voir plus

QUIZ LIBRE (titres à compléter)

John Irving : "Liberté pour les ......................"

ours
buveurs d'eau

12 questions
289 lecteurs ont répondu
Thèmes : roman , littérature , témoignageCréer un quiz sur ce livre

{* *}