Et voilà le dernier tome du roman fleuve du Graal !
La Quête s'achève, les héros doivent affronter leurs démons, la tragédie s'organise et prend fin.
On a au sein même de ce tome trois type différents de récit. On retrouve Lancelot pour la fin de ses aventures, celles de son fils, de Perceval. de ce côté là c'est encore de la chevalerie et des combats ;
puis vient la partie à nouveau un côté très théologique, un peu comme dans le Joseph d'Arimathie (Tome 1), puisque les chevaliers doivent devenir célestes pour accomplir la dernière quête !
Enfin vient la dernière partie, tragique où le monde d'Arthur s'effondre, complètement.
Trois styles différents donc, et on ressent sur la fin comme une presse, une urgence, les épisodes s'enchaînent très vite, même trop si l'on veut savoir ce que font réellement Perceval et Lancelot durant cette période ! Pour cela il faudra se retourner vers
Chrétien de Troyes (ou la version longue de ce livre du Graal -qui doit vraiment être très longue !) car ici, tout cela passe à la trappe ! En parlant de trappe, la christianisation du roman et des aventures des chevaliers n'est pas toujours très habile, et on s'en vient à la regretter car elle nuit parfois au récit et à sa force: en effet la magie est expurgée et la moralité des personnages trafiquée pour coller aux préceptes catholiques ; mais bref, c'est ainsi que nous est parvenue cette légende fabuleuse !
La fin est elle aussi, terrible, on se dit que le prosateur a voulu en finir, pressé par le temps tant les épisodes tragiques et mortels se suivent rapidement. D'un coup Arthur fait tout de travers, ne suit plus les conseils, tout comme son neveu Gauvain, et le monde se déchaîne contre eux. Pour de vrai. La table ronde est finie, tous meurent au combat, ou peu de temps après. C'est moche, c'est la fin d'une époque, sans doute ce que retrace historiquement ces légendes, le passage d'un monde à un autre et les déboires qui vont avec...
Tous ces combats, ces luttes, ces souffrances, pour ça. Bon.
Le style d'écriture, conservé assez fidèlement dans la traduction, est médiéval, forcément, assez répétitif dans les tournures (un peu comme ce que l'on peut lire dans l'Iliade ou le Roland Furieux par exemple) mis cela ne m'a pas gêné, au contraire, j'ai adoré le rythme que cela donne et la dynamique particulière que cela implique dans le récit. il est évident qu'il faut aimer le côté épopée, épique, et longuet de la chose. Mais après tout, on balaye des centaines d'années d'histoire à travers ce Livre, avec quelques focus sur des personnages précis, et quelques omissions dans cette version raccourcie...
Bon, donc, c'est un "roman" fabuleux, qui finalement se lit très bien, avec du rythme (on le dirait parfois construit comme une série !), du drame, de l'héroïsme en veux-tu en voilà, de la courtoisie, un souffle épique génial ! Un must read !