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EAN : 9782363391292
Finitude (05/03/2020)
3.53/5   30 notes
Résumé :

Un soir, chez un ami, elle fait la connaissance d’un homme étrange dont elle devient la maîtresse. L’intelligence aiguë et clairvoyante de cet homme, sa cruauté, son mystère, la fascinent. Et s’il était le mal incarné, et si c’était lui la cause de tous les mots qui secouent notre monde, notre époque ?

Pour elle, tous les signes concordent, elle voit sa patte partout, dans chaque catastrophe. Cette idée folle lui fait perdre pied, et peu à pe... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (15) Voir plus Ajouter une critique
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Journal d'une descente aux Enfers, le Prince de ce monde dresse le portrait d'une société en plein dérèglement autant que celui d'une narratrice qui perd pied dans un monde qui s'effondre.

Elle est une ethnologue quadragénaire, mise au placard dans un musée poussiéreux où elle s'occupe de la section, encore plus désertique, des arts africains. Mariée depuis vingt ans à Paul, un avocat qui vivote dans un cabinet spécialisé dans les faillites d'entreprise, elle a une vie de couple banale mais heureuse, avec quelques extras conjugaux, compromis entre l'idéal de l'amour et sa réalité, mère d'une adolescente, Violette, à l'âme artistique, elle est l'image typique de la femme ordinaire qui vit une vie ordinaire. Une vie quotidienne qui continue malgré un climat social qui est une véritable poudrière : car dans toute cette normalité, le quotidien est marqué par de nombreuses émeutes, attentats, les trottoirs se remplissent de SDF, des quartiers entiers sont mobilisés pour accueillir une vague d'immigration sans précédent venue d'Afrique, fuyant guerres, maladies et autres misères. Une paupérisation galopante, une violence en hausse, et une montée brutale et prévisible des extrêmes, politique ou religieux, face à un Gouvernement incapable de prendre des décisions au bon moment, toujours en retard d'un épisode, empêtré dans des scandales politiques et financiers.

C'est dans cette atmosphère anxiogène de fin du monde qu'elle fera une rencontre fatidique. C'est Lui, qui la charme et la fascine par sa clairvoyance de la situation actuelle, par son intelligence fine et son regard cynique. Il deviendra son amant. Au début, elle est grisée par cette relation, puis elle constate peu à peu l'étrange puissance qui émane de cet homme qui se révèle cruel, sadique, bestial et qui la tient sous sa coupe. Elle sent une puissance en elle qu'elle ignorait : celle du mal, de la haine. Peu à peu, elle en est convaincue : Il est le diable, l'Adversaire de l'humanité. Les catastrophes s'enchaînent, aussi bien dans la situation politique, économique et sociale, que dans sa vie personnelle. C'est Lui, c'est son influence, son travail. Il contemple et laisse faire, profitant de l'indifférence et du désengagement généraux pour étendre son pouvoir. L'armée est dans la rue, des couvre-feux sont décrétés, l'extrême droite arrive au pouvoir, son musée est pillé, sa fille s'éloigne, se tatoue même un dieu païen sur l'épaule, son mari, qui connaît soudain une accélération dans sa carrière suite à une remarque adressée à son amant sur l'argent qui vient à manquer, est de plus en plus absent, jusqu'à cette absurde prophétie de la mort prochaine de Paul. Tous ces éléments sont l'oeuvre du Mal.

La narratrice glisse peu à peu dans la paranoïa, elle sent « l'autre » partout, sent son regard en permanence, le voit dans chaque aspect de sa vie qui tourne mal, dans chaque difficulté qu'elle rencontre. Son monde vacille : l'athée qu'elle était recommence à penser le monde sous l'angle oublié, presque méprisé dans une logique rationnelle et scientifique, du bien et du mal. Un éveil et une lucidité nouvelle qui lui réapprend l'existence du Mal, le mal qui vit en lui-même et pour lui-même, générateur de son propre plaisir.

Entre le récit d'une femme tombée sous la coupe d'un pervers narcissique et une fable contemporaine qui apporte un éclairage original sur les crises que traverse notre époque, le Prince de ce monde dresse l'inquiétant portrait d'une femme perdue dans un monde chaotique en pleine déréliction, d'une société aveugle et aveuglée, en perte de sens, indifférente aux autres. À découvrir.
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Mariée à un avocat (Paul) et mère d'une adolescente (Violette) que l'on verra évoluer au fil des pages, la narratrice, employée-planquée d'un musée poussiéreux de la capitale, est le parangon de la quadragénaire intellectuelle, athée, témoin tranquille d'une époque où tout se fissure.

Lors d'une soirée chez un ami, elle fait une rencontre très singulière : celle d'un homme mystérieux qui, d'emblée, l'intrigue par son érudition, son charme, ses propos d'une séduisante lucidité.

Avec cet homme qu'elle ne désignera plus que par le pronom il, elle va entretenir une relation déroutante à laquelle elle aura toutes les peines du monde à mettre fin, malgré l'horreur que cet être froid et secret, cruel et sadique, lui inspirera rapidement. D'autant plus qu'elle en est convaincue : il est l'incarnation du mal absolu.

Depuis qu'elle le connaît en effet, la situation d'un monde en déliquescence n'a fait qu'empirer, la situation de son monde à elle, aussi. Elle remarque que dès que quelqu'un lui cause du tort et qu'elle s'en confie à lui, il lui arrive malheur. Cela la fascine autant que cela l'effraie. Et s'il en venait à lui faire du mal, à elle, suite à leur rupture ? À Paul, à Violette ?

Lorsqu'enfin, elle arrive à le quitter, ce ne sera pour elle que le début d'un cauchemar où elle pensera reconnaître son oeuvre dans chaque drame, dans chaque accident d'un proche, dans chaque propos étrange de sa fille. Elle se sentira, à chaque seconde, observée comme une bête traquée par une menace invisible. La folie finira par la gagner, peu à peu, et étrangement, par la réveiller de cette léthargie passive dans laquelle elle était enfoncée depuis longtemps…

Emmanuelle Pol nous offre une fable à mi-chemin entre le conte fantastique – cet homme, l'a-t-elle imaginé et ses méfaits, les a-t-elle fantasmés ?-, le roman catastrophe et le récit apocalyptique – les titres en latin, inscrits au frontispice de chaque chapitre, ne sont pas anodins. Dans cette réalité dans laquelle évoluent ces personnages, le chaos a trouvé sa place dans tous les interstices. Dans le moindre coin d'espoir s'est insinué la noirceur. Et c'est ce qui rend cette lecture si troublante. Cette époque qu'elle décrit se fait le miroir aggravant de celle que nous vivons, tout ce qui s'y passe n'est qu'un enchaînement de drames : crises migratoire et climatique, attentats, émeutes, scandales politique et financier, montée et victoire des extrêmes… Dans ce monde, aussi, tout est sombre, grave. Même les sentiments sont bafoués : tout le monde se trompe, se ment, se fréquente sans pour autant s'apprécier.
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Il y a des livres, c'est comme ça, qui nous paraissent difficiles d'accès.
Quelquefois, on y entre avec difficulté, on avance laborieusement et puis, on se glisse mieux dans les mots, les phrases, le style et le livre s'éclaircit, devient presque familier.
Et d'autres fois, ça ne prend pas, on reste à quai sans pouvoir réellement embarquer dans le récit. C'est ce que j'ai ressenti avec « le prince de ce monde ».
Il y a d'abord l'intrigue qui me paraît mince. L'argument de l'amant diable est posé rapidement mais il n'évolue guère au fil des chapitres et la fin de l'histoire ne surprend pas.
Il y a ensuite les personnages. « Elle » occupe une place centrale du récit, mais on ne peut pas dire que son portrait est clair. Il y a certes cette ambiguïté folie / fantasme, mais elle reste juste affleurée. Quant à « il », il n'apparaît que par de brèves images et les éléments fournis sont insuffisants pour cerner sa personne. Peut-être s'agit-il d'un effet de style voulu par l'auteur et cet effacement peut suggérer qu'en fait, « il » n'existe pas.
Enfin il y a cette écriture qui décrit mais ne dit pas, qui propose mais ne prend pas parti, qui finit par plonger le lecteur dans un malaise. En tous cas, pour ma part, c'est ce que j'ai ressenti, un sentiment d'inconfort et une difficulté d'adhérer à cette histoire.
Je dirai que je n'ai pas vraiment rencontré Emmanuelle Pol dans ce livre même si je lui reconnais un vrai talent d'écrivain. Peut-être le sujet, finalement assez simple, est-il trop ambitieux pour être traité aussi platement (au sens propre du terme).
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On vit dans une société déconcertante, à une époque troublante. Guerre, violence, injustice, inégalité, extrémisme, intolérance, j'en passe et des meilleures. La narratrice oublie heureusement tout ceci dans les bras de son amant. Elle oublie ce monde funeste et également son foyer, sa petite vie et son poste de conservatrice dans un musée poussiéreux. Mais quand elle finit par soupçonner l'homme dans les bras duquel elle se réfugie d'être à l'origine des maux de ce monde en totale déréliction, elle se pose la question : est-il possible qu'il s'agisse du Diable en personne ?

Prenant toujours bien soin de laisser planer le doute, Emmanuelle Pol s'amuse à brouiller les pistes. Sa protagoniste, partagée entre engouement, raison, scepticisme, croyance et besoin d'échapper à la réalité, ne sait plus où donner de la tête et ouvre les yeux sur ce qui les lui crevait alors, au risque de laisser sa santé mentale dans la bataille. Celle du lecteur est mise à l'épreuve... Quant à la morale, elle est laissée à sa libre déduction - sachant que si vous n'avez pas l'esprit trop tordu, vous suivrez la piste de la réflexion sur les relations toxiques. Et ce sera tant mieux car c'est sans aucun doute dans cette direction que l'auteure voulait vous emmener.

En revanche, si comme moi vous tirez tout par les cheveux et ne trouvez votre bonheur que dans les interprétations les plus alambiquées, vous verrez ce roman comme une fiction déculpabilisante sur le mal qui nous entoure : pourquoi se faire trop de mouron ou se remettre inutilement en question quand on peut aisément - voire légitimement - mettre l'origine du mal sur le dos de ceux dont on doute des bons sentiments. D'ailleurs, à ce compte-là, on peut même en venir à souhaiter le pire à autrui car, s'il se produit, vous n'aurez qu'à blâmer votre prochain. Personnellement, je ne m'en prive jamais - et ne culpabilise même pas.

Retrouvez l'article sur Touchez mon blog, Monseigneur...
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Un roman qui se lit d'une traite. Les pages s'enchaînent, le rythme est soutenu malgré quelques redondances.
L'histoire d'une femme qui rencontre rien moins que le Diable. Alors commence sa chute. Aux côtés de son mari et de sa fille.
Elle travaille dans un musée, dans la section africaine, ce qui permet de fait à l'autrice de rajouter par ce biais une touche de mystique.
L'action se situe dans un Paris jamais nommé, dans une période de troubles grandissants. Émeutes, réfugiés climatiques, état d'urgence, etc. le catalogue du naufrage sociétal est coché intégralement.

Je n'ai pas aimé l'héroïne, dont la vision du monde - trahie par son vocabulaire - ne me convient guère. Mais je peux apprécier un roman sans adhérer à ses protagonistes !

La fin du texte ne m'a pas particulièrement convaincu. Difficile d'en parler sans en dire trop, mais d'autres options auraient eues mes faveurs.

En revanche j'ai beaucoup aimé le fait que les chapitres aient des titres. Et plus encore qu'ils soient en latin (avec traduction !). Moi qui ne suis en rien latiniste cela m'a permis de découvrir de surprenantes étymologies. de plus, chez moi, le recours au latin équivaut à un premier pas vers le mystique, ce qui dans le cas présent était parfait.

En résumé, pas mon livre de l'année - pas même du mois - mais une lecture plaisante.

Lu parce qu'attiré par la couverture, puis par le titre et enfin par la première phrase de la quatrième !
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Je ne crois plus en rien ni en personne. Dans chaque cause, je vois le défaut. Dans chaque élan, l'hypocrisie. Dans chaque tentative, l'échec. Dans chaque révolte, la récupération. Je n'ai plus de foi, plus d'espoir. Je ne rêve plus. Je lui laisse le champs libre. Je sais maintenant pourquoi le désespoir est un péché. p 116
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Combien de temps fallut-il pour que ma chute soit avérée ? Deux semaines ? Davantage ? Je ne peux le dire avec précision car mes notes, malheureusement, ne comportent aucune date. Je n’ai pour me repérer que des indications relatives aux saisons, à la scolarité de Violette ou à des épisodes clairement situés dans le temps.
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Il fallut s'habituer à l'idée que le danger était partout, la vie fragile et la mort omniprésente. Ou plutôt, se réhabituer. L'homme redevenait ce qu'il était à l'origine, une espèce vulnérable, soumise à des forces incompréhensibles. Cela donnait du travail aux psychanalystes, de l'exaltation aux artistes et du piment à la sexualité. (41)
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Après coup, j'ai repensé à toute l'iconographie qui entoure le Diable, barbiche, cornes et pieds fourchus, et à la puérilité de ce folklore. Alors qu'on le découvre à chaque guerre, à chaque meurtre, à chaque drame : le Diable n'a ni queue, ni cornes, ni ailes de dragon. Il a la tête de mon voisin de palier. (28-29)
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Le médicament était efficace : juste assez pour rendre le monde acceptable.
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Videos de Emmanuelle Pol (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Emmanuelle Pol
Emmanuelle Pol échange avec Pierre Mazet (président de l'Escale du livre) autour de "Le prince de ce monde" (Editions Finitude), roman sélectionné pour l'édition 2021 du Prix des lecteurs - Escale du livre Toutes les infos sur le Prix des lecteurs - Escale du livre à retrouver sur https://escaledulivre.com/edition-2021-prix-des-lecteurs/
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