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3,7

sur 304 notes

Critiques filtrées sur 3 étoiles  
Tout d'abord, je souhaitais remercier les éditions Folio qui m'ont permis de découvrir Alexandre Postel, que je ne connaissais pas jusqu'à présent. Je n'avais jamais entendu parler de cet auteur et je me plaçais ici dans une totale découverte.

Je dois avouer que j'ai mis un peu plus de temps à rédiger cette chronique, car j'ai eu du mal à me plonger dans le récit qui ne m'a malheureusement pas totalement captivée.

L'histoire de Damien North fait froid dans le dos et ce froid devient carrément glacial quand on pense que son histoire pourrait arriver à n'importe qui.

Imaginez-vous vous lever un beau matin, la police frappe à votre porte, vous emmène au commissariat et vous accuse du pire des crimes : la pédopornographie. On croit d'abord à un malentendu, la police s'en rendra bien compte ; on ressent l'angoisse, la colère et la honte, on clame son innocence, réfute les preuves.. Mais rien ne se passe et vous vous retrouvé jeté en prison tel le pire des criminels.

Le personnage de Damien North est un véritable « présumé coupable » : un homme discret, « effacé », solitaire, vieux garçon, peu sympathique et qui s'exprime maladroitement. Bref, une caricature de lui-même (ou du rat de bibliothèque option prof de philo), un personnage qui manque de nuances.

Mais surtout, il ne sait absolument pas se défendre. Et comme il ne sait pas se défendre et qu'il a « la tête de l'emploi », il va se retrouver à la fois condamné par la justice de son pays (on aimerait quand même savoir lequel) mais également condamné par ses concitoyens, même lorsqu'il sera innocenté.

Comment recommencer à vivre lorsque votre image a été salie et votre humanité piétinée dans un procès instruit uniquement à charge ? Comment recommencer à vivre lorsqu'à la sortie de prison, vos moindres faits et gestes sont épiés, amplifiés et déformés par votre entourage et vos voisins ?

A la lecture d'un « homme effacé », on ne peut s'empêcher de penser à ces hommes que la justice et les justiciables ont condamné parce qu'ils avaient l'air d'un parfait coupable alors qu'ils étaient innocents, comme Patrick Dills ou encore Loïc Secher.

Alexandre Postel nous offre ici une satire sociale en dénonçant les gens trop « bien-pensants » qui ne se fondent que sur les apparences pour condamner quelqu'un. Leur jugement va d'ailleurs faire douter Damien North de qui il est en réalité et de son innocence dans cette affaire, alors qu'elle ne fait pas l'ombre d'un doute.

L'écriture d'Alexandre Postel est agréable à lire mais je regrette tout de même le manque de profondeur du roman, notamment dans la seconde partie, moins journalistique que la première, et qui aurait pu être plus nuancée.

« Au fond, ce n'est pas parce qu'il a été innocenté qu'il est à tout jamais innocent », dira l'une des voisines de Damien North...Et vous, jugez-vous aussi vos voisins uniquement sur leur apparence ?

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La formule est triviale, pourtant « Un homme effacé », même s'il est formidablement bien construit pour un premier roman, est un brin trop démonstratif au niveau de la narration. Pourtant, toute la mise en abîme de Damien North, ce falot professeur de philosophie accusé d'avoir téléchargé des images pédopornographiques, est plutôt bien cernée et l'intérêt du lecteur monte crescendo au fur et à mesure de la progression du récit. Alexandre Postel vise juste sur la partie arrestation, l'interrogatoire, l'opprobre pandémique, la remise en questions de soi-même, le doute… Il est par contre nettement moins convaincant sur la dernière partie plus intériorisée et basée sur l'après. Alors que se pose la question fondamentale à savoir si l'on peut être totalement blanchi aux yeux de l'opinion publique, le roman s'enlise un peu et devient quelque peu obscur, voire trop ambivalent. On comprend le cheminement de pensée de l'auteur, qui tente d'exposer, avec toute la véracité requise, les mécanismes de ce genre de situation et des faits qui en découlent. Mais la fracture est trop franche entre l'approche presque journalistique du début où l'auteur affiche une habile neutralité et le développement plus philosophique de la fin dans lequel il s'implique trop. Il n'empêche toutefois que « Un homme effacé » par sa fluidité, se lit avec une grande facilité. Par l'intelligente ossature de son roman, Postel provoque une réflexion de fond sur deux sujets de sociétés délicats : le spectre de la pédophilie mais aussi la mise au ban précipitée par la société, où l'espoir d'une complète réhabilitation en cas d'erreur judiciaire devient de plus en plus illusoire.


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Dans la ville de L**, Damien North mène l'existence paisible d'un professeur de philosophie à l'université. Veuf depuis de nombreuses années, son quotidien se résume à ses cours, les petites querelles intestines entre professeurs et son jardin. Jusqu'au jour où la police frappe à sa porte, l'accusant d'avoir téléchargé des images pédopornographiques sur son ordinateur. Il se sait innocent, mais les preuves sont accablantes et la machine judiciaire s'emballe, appuyée par la rumeur populaire. Il s'efforce de prouver son innocence, mais sa vie ne sera plus jamais la même.

Ce roman montre comment, du fait de l'existence d'une preuve matérielle, un innocent se retrouve pris dans le système judiciaire, broyé par ce dernier et accablé par la rumeur publique. En effet, la suspicion de pédophilie qui pèse sur Damien amène tout son entourage à le considérer d'un autre oeil et à réexaminer les souvenirs qu'il avait de lui. Ainsi, c'est toute son identité que l'on déconstruit peu à peu et que l'on reconstruit en la déformant. le plus effarant étant que lui-même en vient, peu à peu, à se regarder comme un coupable. C'est donc l'amertume et la colère qui dominent, puis la résignation, et ce jusqu'à la fin.

Le roman est ancré dans une ville qui n'existe pas, l'action se situe dans une société fictive qui emprunte au système américain (avec notamment la possibilité du plaider coupable) et au système français. L'auteur en profite pour aborder des sujets de société actuels, ou qui pourraient le devenir. Notamment les dangers d'Internet, ou l'impuissance du système judiciaire à prévenir la délinquance sexuelle et à empêcher la récidive, mais pas seulement, puisqu'il s'intéresse aussi au système universitaire. Ainsi, beaucoup de thèmes sont balayés et l'on trouve dans ce roman des réflexions intéressantes, mais on passe très vite dessus, j'aurais souhaité un peu plus de profondeur.

Damien North n'est pas un personnage particulièrement attachant. C'est une personnalité assez taciturne, un brin cynique. Au début du roman, il montre un peu de mordant, mais il devient rapidement passif. Évidemment on peut le comprendre, c'est quelqu'un qui a perdu tous ses repères et son identité. Mais tout cela manque un peu de « tripes » pour que le lecteur soit ému et emporté par l'histoire.

Le style d'Alexandre Postel est agréable, on sent que c'est quelqu'un qui a l'habitude d'écrire, même s'il s'agit là de son premier roman publié. Il fait dans la sobriété et la lecture ne rencontre pas d'obstacle particulier. Il réussit à nous plonger dans la tête de son personnage et propose des images intéressantes.

Ainsi, c'est un premier roman réussi que nous propose Alexandre Postel, qui nous montre comment un homme peut perdre jusqu'à son identité suite à un malentendu. L'ensemble est bien mené et bien écrit, et comporte des réflexions intéressantes, mais manque à mon goût de profondeur et d'émotions.
Lien : http://romans-entre-deux-mon..
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Pour ce livre, je me contenterai d'une note moyenne. Si je pouvais être plus précis, je pense que je mettrais 11 / 20.
Si je suis tout à fait honnête, je dirai que pour un premier roman, "Un homme effacé" n'est pas un échec. Alexandre Postel a un style bien trempé, une plume bien à lui. Sa prose est dense, maîtrisée, aucun mot n'est laissé au hasard. La froideur du ton est intéressante dans ce contexte. Mais - car il y a un "mais" - le texte est tellement travaillé que cela se sent à chaque phrase, aussi manque-t-il cruellement de naturel.
En outre, si Damien North inspire de la pitié, ce n'est pas seulement en raison de la bavure judiciaire dont il est la malheureuse victime. Le personnage n'est absolument pas sympathique, très doué lorsqu'il s'agit de se lamenter et d'aller dans le sens de l'accusation mais complètement à l'ouest lorsqu'il s'agit de se défendre. Il se laisse tellement porter par les événements et est tellement éloigné de toute forme de combativité qu'on a envie de dire : "S'il t'arrive un problème, tu l'auras finalement cherché." En vérité, aucun personnage n'est attachant dans "Un homme effacé", et quand on en ressort, c'est soit avec un certain sentiment de soulagement, soit déprimé. Ce roman est à désespérer de la nature humaine... Certes, elle est sombre, il n'empêche que tous les humains ne sont pas à mettre dans le même panier.
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Damien North est un professeur de philosophie timide, plutôt introverti et "effacé". Un jour, des policiers sonnent à sa porte et l'embarquent au commissariat : on a trouvé sur son disque dur une série de photos pédopornographiques téléchargées et du jour au lendemain, tout change pour Damien North, dont l'innocence ne fait pourtant aucun doute. La procédure judiciaire se met en marche, il est suspendu de ses fonctions, les journalistes font leurs choux gras d'éléments aussi anodins qu'une photo de sa nièce à la piscine trouvée dans son salon ou son caractère trop peu avenant face à ses voisins et chacun se sent autorisé à faire des commentaires sur cette histoire, parfois en transformant sans scrupules la réalité.

Convaincu par son avocat de plaider coupable pour ne faire "que" deux ans de prison au lieu de cinq, il se retrouve à partager une cellule avec un violeur d'enfants. "Une menace pesait sur son identité. Quelque chose de visqueux prenait possession de lui." Damien North est sur le point de perdre son nom, le Nord. Il est sur le point d'être tout à fait "effacé" de la société, même une fois dehors...

C'est un premier roman extrêmement bien écrit, d'une écriture assez sobre mais sensible et humaine, qui met en lumière pas mal de dysfonctionnements de la société et de la justice.
Lien : http://dautresviesquelamienn..
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Récit intéressant sur le pouvoir de la parole, de la rumeur et du on-dit. En dépit d'une importante gêne ressentie à le lecture au départ(le système judiciaire dépeint est faux, une fois qu'on l'a accepté, l'intrigue passe mieux), le livre se lit d'une traite. La fin est particulièrement réussie. Un très bon premier roman.
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Sordide histoire de moeurs dans laquelle Un homme effacé va s'enliser bien malgré lui, jusqu'à toucher le fond. Incapable de se défendre, de se protéger de la justice et des hommes, sa souffrance va aller crescendo rendant presque le personnage agaçant. Belle écriture mais le sujet grave n'est pas assez approfondi à mon avis. Dans un même registre, j'ai beaucoup aimé Les ciels de la baie d'Audierne d'Hervé Jaouen.
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Damien North, professeur d'Université, solitaire et veuf, mène une vie sans relief jusqu'au jour où la Police débarque chez lui et l'emmène au commissariat pour détention d'images pédophiles sur son ordinateur.
Ce qui ne devrait être qu'un malentendu va très vite tourner au cauchemar. Son entourage, son voisinage, se souvient alors d'un geste, d'une parole, qui dans la perspective d'une accusation, deviennent des preuves à charge. Damien va alors tomber dans une spirale infernale dont il aura du mal à se défaire. Son manque de charisme, sa réserve naturelle ne l'aideront pas à s'en sortir… Il donne en effet l'impression qu'il va pouvoir s'en sortir à tout moment. D'ailleurs, les évènements ne sont vus que de son point de vue. Procédé narratif habile de l'auteur qui renforce dès lors l'impact des conséquences terribles pour Damien. Sans être très original, ce 1er roman est pour moi globalement bien maitrisé et une critique réussie du rouleau compresseur que peuvent être la justice et les média lorsqu'ils sont aveuglés par une population déterminée à trouver un coupable idéale. Pour preuve, Damien, jusqu'à la fin, aura du mal à convaincre de sa bonne foi auprès de son voisinage. J'ai d'ailleurs beaucoup apprécié le clin d'oeil final où c'est le personnage le moins attaché à Damien qui lui viendra en aide.
A souligner enfin la richesse de l'écriture. Un auteur prometteur.
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Damien North, professeur de philosophie à l'université, est un homme discret, réservé, mais respecté par son entourage, notamment parce qu'il est le petit-fils d'un héros de la nation. Jusqu'au jour où il est arrêté chez lui par la police qui l'accuse d'avoir téléchargé en masse des images pédopornographiques. Les journaux s'emparent alors de l'affaire et enveniment la situation de cet homme qui clame pourtant son innocence. Déboussolé par une situation qui le dépasse complètement, Damien North accepte à contre coeur de suivre les conseils de son avocat et plaide coupable. Un aveu qui lui vaudra deux ans de prison et le dégoût profond de ses concitoyens…
A travers l'incarcération d'un innocent, Alexandre Postel pointe du doigt certaines failles du système judiciaire et surtout les conséquences psychologiques que cela entraîne chez la victime. Il montre chez Damien North, la difficulté à surmonter l'erreur de jugement et le doute que ça occasionne chez lui. Comment un homme peut-il être amené à remettre en cause sa sincérité et ses bonnes intentions alors-même qu'il est innocent ? La colère succède à l'incompréhension et à l'écoeurement, jusqu'à modifier la nature profonde de l'individu et laisser des séquelles irréparables…
Le choix du sujet de ce premier roman est vraiment intéressant, néanmoins, j'ai trouvé que l'auteur faisait preuve de quelques maladresses dans son propos et dans sa narration. Alors que la première partie de l'histoire est particulièrement prenante et maîtrisée, la seconde s'essouffle et manque de profondeur et d'émotions ce qui dessert la chute finale… Bref, un roman qui se lit plutôt bien, mais auquel il manque encore un petit quelque chose.
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Critique publiée sur Senscritique (2015)

Voilà maintenant un moment que j'ai envie de lire Un homme effacé, un roman éminemment kafkaïen, retraçant la descente aux enfers de Damien North, un homme banal issu d'une illustre lignée, enseignant la philosophie dans une université quelconque, menant une vie sans histoire.

Le postulat est intéressant, découvrir comment un enchaînement de faits anodins quand isolés peut aboutir à une telle conséquence, comment un homme devient victime et coupable à la fois. Pourtant dans ce roman, Alexandre Postel force trop le trait, le rocambolesque devient presque gênant, tant il est poussif et prévisible.

Une bonne histoire qui aurait mérité un peu plus de subtilité.
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