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3,7

sur 304 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
J'ai choisi de lire ce roman tout simplement parce mon libraire en avait fait un commentaire particulièrement élogieux sur une petite fiche d'accompagnement . Et pourtant , quelle couverture , peu incitative , sinistre ,mystérieuse mais , au final , assez représentative de l'univers impitoyable et déroutant dans lequel nous allons pénétrer.
Le personnage principal , c'est un prof de philo , Damien North ,un prof scrupuleux , sérieux dans son travail , en perpétuelle recherche sur Internet de documents pour ses cours , intègre , honnête mais terne dans sa vie quotidienne marquée par le décès de sa femme quelques années plus tôt.
Un jour , des policiers frappent à sa porte et l'arrêtent : il est accusé de détention d'images pédopornographiques : son univers personnel subit un véritable séisme , le sol , on s'en doute , s'ouvre sous ses pieds ....
C'est une terrible histoire qui va se dérouler sous nos yeux ,la description d'un univers d'une incroyable brutalité , suscitant un profond malaise , une interrogation terrorisée sur l'environnement humain dans lequel nous vivons ,sur les institutions , sur les préjugés , sur les regards sans humanité ou , au contraire , trop compassionnels .
C'est une histoire qui bouleverse les consciences et avive les peurs . Une histoire dure mais émouvante, une histoire pour méditer , une histoire où l'on se l'on se rend compte que l'absurde n'est pas loin de nous et peut , à tout moment , faire basculer n'importe quelle vie.
J'ai été impressionné par ce roman tant notre vie est aujourd'hui exposée à la malveillance humaine ou technologique , tout ça sous le regard implacable d'une société prompte à juger sans concession et parfois aussi , sans trop de " recul ".
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Étranger, victime, bourreau, nous sommes tour à tour l'un ou/et l'autre parfois les trois à la fois. Parce que nous sommes des hommes, parce que nous nous débattons tous dans la société.

Un homme effacé c'est tout simplement et injustement un homme comme un autre, respecté, bonne situation sociale en tant que professeur de philosophie, veuf, pas d'enfant, un homme réservé, timide, qui trouve un certain plaisir à regarder son arbre devant chez lui. Lorsque la police débarque et l'arrête pour détention d'images pédopornographiques, l'homme s'efface, l'homme se mute dans tous les a priori, les scènes du passé mal interprétées.

Je n'ai pu m'empêcher de penser à Meurseult, l'étranger de Camus condamné par la société parce qu'il n'a pas pleuré lors de l'enterrement de sa mère. Damien North ne pleurera pas lui non plus. Il ne clamera pas haut et fort son innocence, il dira « coupable » sans trop hésiter parce que ça coûte moins cher. Il écoutera sagement au tribunal les uns et les autres qui traduiront des actes communs et innofensifs en scènes perverses. Il y a de Meurseult ici parce que Damien North, c'est un peu n'importe qui. Un homme qu'on a accusé parce que -timide, réservé, peu sociable- mais sans autre preuve.

Les hommes jugent sur trois fois rien. La justice juge elle aussi mais quand justice rime avec injustice, on y perd son latin, on bafoue l'humanité, on malaxe l'innocence pour en faire des restes ravagés et meurtris.
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Un professeur d'université, veuf, est plutôt solitaire.
Un jour, il est arrêté pour détention de photos pédophiles sur son ordinateur.
Son monde bascule.
C'est un premier roman publié en 2013
Un magistral premier roman.
J'espère qu'Alexandre Postel ne s'arrêtera pas là.
L'écriture est belle et parfaitement maîtrisée.
Mais surtout, les personnages sont très soignés.
L'analyse de Damien North est remarquable.
La transformation de sa personnalité lors de son séjour en prison puis de son retour à la maison démontre l'impact d'évènements traumatisants sur une vie.
Il n'est pas spécialement sympathique ce Damien North, mais on ne peut s'empêcher de compatir à son sort et d'espérer qu'il se sortira de ce bourbier.
J'aime bien ces livres achetés par hasard, dont on ne sait rien, et qui se révèlent de si belles découvertes.
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Voilà un très bel ouvrage qui m'a fait froid dans le dos!
Un jeune enseignant, professeur de philosophie à l'université,veuf, célibataire, d'une timidité maladive, amoureux de Descartes dont il est train de lire un recueil d'articles.....va se voir accuser à tort d' avoir téléchargé sur son ordinateur des images provenant d'un réseau pédophile.......
En quelques heures,l'angoisse, la honte et l'épouvante s'abattent sur sa vie.....qui bascule....
Ce paisible professeur subit interrogatoire,arrestation arbitraire....immédiatement, la machine judiciaire se met en route, d'une manière glaçante....
Damien North coupable présumé se retrouve au fond d'un abîme social, ses proches le lâchent....il se retrouve acculé à plaider coupable sur les conseils de son avocat...afin de s'attirer la clémence des juges, le temps pense t- il, que l'affaire se dénoue et qu'il retrouve sa vie.....
Quoi de plus inacceptable dans cette société voyeuriste que la réserve d'un homme ?
Un homme seul, timide et démuni qui ne quémande que l'indifférence sera , en lieu et place, étiqueté , humilié, effacé par la société,jeté en prison, gommé en quelque sorte au point de douter de lui- même et de ne plus savoir qui il est?
Quelles seront les conséquences sur sa vie future?
Un roman à la Kafka, un engrenage absurde, la pédo pornographie est un crime monstrueux dont la société a peur à juste titre d'où l'hystérie collective quitte à condamner un innocent.....jusqu'à une photo de sa nièce ouvrant la voie à d'horribles suppositions....les dérives inquiétantes d'une société fascinée par les images....

L'auteur nous montre la justice comme une comédie sociale , un jeu malsain et pervers, une farce bête et grotesque où les conventions sociales cachent les arrangements et les faux semblants...où la dictature de l'opinion et le triomphe du virtuel, l'image, prennent une place prépondérante.....
C'est un fable morale puissante, fascinante de froideur, de non sens, de cynisme, une mise au ban précipitée, où,en plus,la réhabilitation en cas d'erreur judiciaire
devient de plus en plus....illusoire.
"Au fond, ce n'est pas parce qu'il a été innocenté qu'il est à tout jamais innocent", dit une de ses voisines.....
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Damien North est prof de philo en université. L'informatique, c'est vraiment pas son truc, et quand il demande à ses collègues spécialistes de le dépanner, il a l'impression qu'on se moque de lui et qu'on le prend pour une buse.
Coup de massue quand sa dernière "panne" s'avère être un blocage de son compte : il aurait téléchargé des centaines d'images à caractère pédopornographique. En plus, ce salaud a chez lui une photo de sa jeune nièce en maillot de bain.
Alors innocent ? Coupable mais en plein déni ? Le lecteur est dans le flou. North est un homme discret, « effacé », froid, vivant seul depuis le décès de son épouse survenu douze années plus tôt. Tout pour charger la barque : « Dans une société aussi ouverte et tolérante, le retrait, l'indépendance, toute tentative de préservation d'une forme de quant-à-soi étaient frappés de suspicion. »

Roman aussi dérangeant qu'intéressant. On est d'emblée mis mal à l'aise par les patronymes de certains protagonistes qui éveillent certaines images, par la sensation que l'histoire se passe dans un futur proche, et bien sûr par la situation cauchemardesque dans laquelle se retrouve cet homme.
Je me suis laissée porter par le récit, ne cherchant pas à savoir si North était coupable ou non, j'avais envie de croire à son innocence, même s'il m'inspirait plus de pitié que de sympathie.
A travers cette histoire, l'auteur nous invite à réfléchir sur la rumeur, sur le rôle des médias et des politiques dans ce genre d'affaires, et sur le système judiciaire français en matière de délinquance et criminalité sexuelles. Les pénalistes doivent trouver le bon dosage pour respecter la présomption d'innocence, protéger les citoyens, et éviter que la foule effrayée se substitue à la justice. Pas facile...
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Comment en est-il arrivé là ? Que s'est-il passé et qu'est-ce qu'il n'a pas compris ? Il est veuf depuis quelques années et mène une vie solitaire. Sa seule passion, ou plutôt son seul intérêt, reste son travail, il est professeur de philosophie à l'Université.

"Dans une société aussi ouverte et tolérante, le retrait, l'indépendance, toute tentative de préservation d'une forme de quant-à-soi étaient frappés de suspicion."

Pourquoi l'accuse-t'on de pédopornographie ? Que font toutes ces images sur son ordinateur ? Et pourquoi d'un seul coup ses voisins, ses collègues, sa famille déforment-ils ses propos, ses actions ?

Tout le monde pense qu'il a vraiment regardé ces images ignobles sur Internet, pourtant il est innocent. Il est perdu, seul face à l'incompréhension. Alors, il accepte le compromis de son avocat : se déclarer coupable...

Magnifique petite histoire qui fait bien prendre conscience des bavardages des uns et des autres, des ragots, des fausses intuitions, des intentions déformées ou mal perçues, du désir de nuire. Magnifique petite histoire qui dénonce aussi la prépondérance des images dans notre société. La machine judiciaire infernale se met en route et rien, ni personne ne l'arrête. Il n'y a pas de fumée sans feu, c'est bien connu ! Et quand l'injustice apparaît, que le vrai coupable est retrouvé, les rumeurs vont-elles cesser ?

Lien : http://mes-petites-boites.ov..
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Un Homme Effacé d'Alexandre Postel conjugue les traits du roman policier, du roman naturaliste et du conte philosophique. Ce n'est pas sans raison qu'il a obtenu le Goncourt du premier roman en 2013.

Le livre relate des évènements survenus dans l'environnement d'une université de province, fonctionnant à l'américaine, avec enseignants et chercheurs résidant en périphérie, dans un cadre verdoyant et arboré.

Voilà qu'on découvre une multitude d'images pédopornographiques dans l'ordinateur personnel d'un professeur de philosophie, Damien North, un homme effacé, et surtout introverti, solitaire et manquant de confiance en lui.

Ça tombe mal pour lui. La criminalité pédophile est en hausse dans le pays. le gouvernement est activement mobilisé sur le sujet ; une échelle d'Abel permet d'évaluer le niveau d'obscénité des images pédopornographiques ; un fichier Télémaque enregistrera bientôt les agissements de toute personne en contact avec des mineurs ; un mystérieux projet Tirésias est en préparation pour supprimer les risques de récidive, "avec plus d'efficacité que la castration chimique". Diable !

North est en état d'arrestation, puis inculpé. La presse et l'opinion publique locales s'acharnent sur cet homme jugé bizarre, membre de l'élite intellectuelle et sociale (il est le petit-fils d'un héros national) dont il est bien établi qu'elle se croit tout permis ! Son avocat lui recommande de plaider coupable et d'exprimer ses regrets. La justice poursuit son chemin, implacable. Son entourage doute de lui. Il est accablé.

Il faut dire que North se comporte et s'exprime avec maladresse. Il se montre agressif avec les hommes, rougit devant les femmes, répond par le mépris aux questions qu'il estime stupides, et surtout tente de manipuler les "experts" chargés de l'évaluer. Il finit ainsi par présenter tous les symptômes de la culpabilité.

Roman policier, Un Homme Effacé est captivant par son enchaînement oppressant de péripéties bien orchestrées et – heureusement ! – ses coups de théâtre inattendus, jusque dans l'épilogue.

Roman naturaliste, il analyse avec pertinence les psychologies et les comportements actuels – Oh, l'abomination des commentaires anonymes sur la presse internet ! Tout cela est finement décrit et joliment écrit, avec quelques pointes d'humour amer – où un steak tartare dégusté par un avocat corpulent devient un régal.... pour le lecteur.

Conte philosophique, il donne la parole à des intellectuels : Damien North, auteur d'un ouvrage sur l'optique dans la philosophie, explique qu'il est victime d'un phénomène analogue à la persistance rétinienne : nos cerveaux ne perçoivent pas les courts signaux infirmant nos opinions, qui deviennent donc des croyances définitives, d'autant plus définitives, selon un autre universitaire du roman, quand ces croyances correspondent à des fictions populaires – disons même populistes. Facile ainsi pour un manipulateur de semer insidieusement les ingrédients d'une fiction qui donnera d'un homme effacé l'image d'un criminel.

Lien : http://cavamieuxenlecrivant...
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Coup de coeur pour ce premier roman d'Alexandre Postel ! Un vieux professeur de philosophie solitaire, accusé d'avoir téléchargé des centaines d'images pédo-pornographiques. Il se dit innocent mais ses proches et la presse ont vite fait de le croire coupable. Histoire forte. Mais aussi glaçante quand on se rend compte qu'on pourrait facilement se laisser emporter par la force manipulatrice de la foule des accusateurs.

Je remercie Jean-François (jeanfrancoislemoine) dont l'excellente critique m'a donné l'envie d'entamer ce livre.

Le portrait du vieux professeur, Damien North, est remarquable ! Après quelques dizaines de pages, on a l'impression de le connaître depuis toujours; on se sent littéralement dans sa peau. On le voit manipuler son ordinateur avec l'aversion et la maladresse de beaucoup de personnes âgées et on se sent aussi hébété que lui lorsque la police vient l'arrêter parce que son ordinateur est rempli d'images pédo-pornographiques. On n'imagine pas qu'il puisse être coupable de quoi que ce soit. J'ai été impressionné par l'intensité de l'empathie que l'auteur est parvenu à installer.

Ensuite, cette empathie permet d'accentuer la force manipulatrice de la société lorsqu'elle s'empare de l'événement. En effet, tout le monde sait que tant qu'il n'est pas condamné par un juge, un suspect est présumé innocent. Mais ça, c'est la théorie. Car en pratique, la tentation est souvent forte de présumer coupables des suspects comme David North. Les gens sont comme ça, malheureusement, surtout en groupe (qui de nous n'est jamais tombé dans ce travers ?). Et le livre montre très bien comment la presse a tôt fait d'inculper David North, incitant vite ses proches à faire de même. Et le pauvre David se voit ainsi accabler, ballotté comme une brindille sur l'océan. Je vous laisse découvrir la stratégie de son avocat, qui fait froid dans le dos.

Et puis l'auteur finit par instiller le doute dans nos bons sentiments, qu'il avait si solidement ancrés : David North ne serait-il pas dans le déni, finalement ? n'a-t-il tout de même pas des penchants malsains ? Je vous laisse découvrir ce qu'il en est. Et, innocent ou coupable, vous verrez qu'il en sortira amoindri.

Je vous recommande ce livre pour sa force et les réflexions qu'il suscite sur les conséquences que peuvent avoir les mouvements impulsifs de « l'opinion », mouvements qui peuvent d'ailleurs être des mouvements de balancier...

J'ai trouvé une partie du troisième tiers un peu plus mou, mais ce défaut qu'on peut accepter dans un premier roman, fût-il primé, est largement compensé par la valeur du reste !
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La descente aux enfers d'un prof. de philo sans soucis. Il est inculpé d'avoir téléchargé des images à caractères pédopornographiques.
Le livre est construit en deux parties. Sur la première l'auteur nous donne à réfléchir sur une accusation portée à tort, le mépris de la police, le jugement hatif des voisins … Il est condamné et incarcéré. Cette première partie fait froid dans le dos on se croirait direct dans un roman de Kafka.
La seconde est plus embrouillé on y retrouve pas la fluidité de la 1ère mais nous donne à réfléchir : lorsque nous avons été condamnés somme-nous blanchis par l'ensemble de la communauté ?
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Un homme effacé est très agréable à lire malgré son sujet difficile. Il est servi par une écriture maîtrisée, efficace, juste assez riche pour ne pas ennuyer le lecteur exigeant. On pourrait aussi se dire qu'elle n'a rien d'incroyable mais tout s'enchaîne parfaitement, avec des relances à chaque fin de chapitre qui donnent presque l'impression de lire un roman d'action à tiroirs, où l'on va de rebondissements en rebondissements. Pourtant, il n'en est rien. L'auteur parvient à nous faire suivre avec passion la vie et les malheurs d'un homme particulièrement ennuyeux.

Damien North est un peu l'archétype de cet enseignant timide que l'on trouve sympathique en classe, mais dont l'existence paraît terriblement sinistre. Cruel de réalisme, quoique peu de lecteurs voudraient s'identifier à lui, Monsieur North est un intellectuel solitaire, qui semble s'être toujours plus ou moins laissé porter par les événements, qui s'est vaguement amusé dans sa jeunesse, et ressemble déjà à un vieillard à quarante-cinq ans. Tel un automate de la vie moderne, il travaille sur son ordinateur, se rend à l'université, et s'occupe de son jardin. Imperturbable depuis plus d'une dizaine d'année, sa vie pourrait se poursuivre ainsi jusqu'à sa mort. On ne le sent pas malheureux, à l'inverse d'un héros de Huysmans dont il rappelle quelques traits, mais plutôt résigné à ce que rien d'incroyable ne puisse jamais lui arriver, formaté à être vide à l'intérieur et à s'en contenter.

Evidemment, la mécanique parfaitement huilée de son quotidien prend un virement terrible le jour où la police le convoque pour détention d'images illicites. Il y a d'abord l'incompréhension, puis la juste assurance de se croire hors de portée, puisqu'il ne s'est rien passé. le pauvre North découvrira combien le monde a vite fait de condamner, et le fait que les images aient bien été téléchargées sur son ordinateur, n'est pas là pour clamer son innocence. Son vide intérieur le dessert, puisque, du point de vue des spécialistes qu'il rencontrera, sa vie n'a rien de très sain : solitude, célibat prolongé, unique expérience sexuelle avec une artiste du double de son âge… Damian North semble avoir tout de l'homme perdu, instable, proche de la dépression. Certains souvenirs évoquent de possibles traumatismes d'enfance, mais je ne les trouve pas particulièrement utiles. N'ayant aucun ami proche, et une entente assez relative avec son frère, l'enseignant fait figure d'un homme perdu dont on va soudain s'intéresser à l'existence sordide. Les soupçons vont naître dans le voisinage, dans son entourage, on se souvient de toutes ses attitudes troublantes et, puisque personne ne semble assez tenir à lui pour le défendre, la sentence arrive vite.

Nous suivons donc North dans son enfer, avec cette accusation injuste qui lui fera prendre conscience de l'inconnu qu'il est aux yeux de tous et, surtout, réveillera ses démons, lui fera craindre de posséder la perversion dont on l'accuse, par ce procédé psychologique qui fait qu'une fois un faux procès est mené par la vindicte populaire, on garde un sentiment de culpabilité, l'impression d'être du mauvais côté malgré soi. Toute cette partie est très bien vue.

J'ai trouvé plus dommage en revanche de ne pas réveiller un peu plus la conscience de Damien North, qui sera abattu mais restera inchangé. Il me semble que le roman aurait été plus fort si le drame l'avait réveillé, s'il avait montré une personnalité moins creuse que celle que l'on devine dès le départ, en rendant assez tristement compréhensible la défiance de son entourage. Après, le titre du roman va bien sûr dans ce sens, Un homme effacé présente la victime parfaite, le portrait de personnes qui pourraient aller en prison sans choquer, et dont on peine à compatir au malheur comme si leur existence si étrange et désolante le justifiait.

Le reproche plus sérieux en revanche est que les ficelles narratives qui permettent une telle histoire sont assez grossières. Si North est travaillé, tous les autres personnages, du voisinages, aux collègues et aux spécialistes ont des attitudes caricaturales qui sont plus vraisemblables que crédibles. le choix d'imaginer une ville, un pays dans une sorte de futur proche permet aussi de faire l'impasse sur un certain nombre de procédés judiciaires qui pourraient empêcher à la situation de tourner de cette manière, afin de nous prouver notamment que même la plus innocente des personnes peut avoir le profil parfait du coupable. Pourquoi pas… Sauf que les conclusions des médecins semblent particulièrement hâtives, un peu trop caricaturales pour rendre la critique réellement corrosive. de même, l'explication finale est assez délirante, et les réactions du voisinage peuvent laisser sceptique.

Si « Un homme effacé » se défend bien dans son écriture, et le traitement du personnage principal, de sa souffrance, je trouve le propos assez fluctuant. le décor planté autour du très vaporeux Damien North manque lui-même de consistance. Si la caricature avait été assumée jusqu'au bout, cela aurait pu donner quelque chose d'intéressant, mais le ton est un peu trop sérieux pour passer sur les irrégularités du roman. Un bon titre cependant, qui a le mérite de tomber juste sur la chose qui intéresse le plus, à savoir, les réactions d'un homme trop ordinaire face à une accusation aussi injuste que dégradante.
Lien : http://unityeiden.fr/un-homm..
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