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"Les histoires sont la mémoire du monde. Sans histoire, le passé s'efface."

Leon Shertov est transfuge soviétique réfugié aux Etats Unis après des années de bons et loyaux services dans l'organigramme du KGB. Il porte en lui "le néant d'un passé" à raconter, une culpabilité à porter, un aveuglement à assumer.

Il libère la parole en racontant le jeune combattant de 1917, sauvé de l'amputation par le docteur Rubinov, qui demande à son jeune patient juif de lui apprendre l'hébreu et lui permet de retrouver son village en lui fournissant des papiers. Mais le village a disparu et l'enrôlement dans l'armée rouge devient le seul futur possible.

Une nouvelle identité pour une nouvelle vie. Leon va devenir un excellent rouage de la machine soviétique et de son appareil de répression, prenant du galon, efficace et sans état d'âme. Jusqu'à croiser un jour un certain prisonnier dans les geôles de la Loubianka.
La prise de conscience est alors immédiate.

L'écriture est un peu sèche, économe, dépouillée de toutes fioritures littéraires. Certaines tournures sont un peu lourdes et maladroites. C'est bien un récit de souvenirs qu'un homme sans fantaisie transcrit, factuel et concis, tel un document comptable.
Le lecteur est face au tortionnaire pour suivre l'histoire tristement connue des purges staliniennes, et de l'antisémitisme de la Russie tsariste et du pouvoir communiste.

150 pages glaçantes pour le parcours d'un individu solitaire, impliqué dans un destin immaitrisable, porteur d'un blessure à jamais inguérissable, tel ce bras quotidiennement douloureux.
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S'il n'est pas autobiographique, le docteur Rubinov est pour le moins biographique. Il raconte une vie, des vies, des personnages cherchant à survivre dans l'univers soviétique, cet univers dont on a encore du mal à comprendre le fonctionnement.
Le récit pose la question des conditions de cette survie. Vous ne pouvez être indifférent au système et vous n'êtes pas indifférent au système. Il vous catalogue en bon ou mauvais citoyen avec des critères qui vous échappent et dont lui-même n'est peut-être pas aussi certain.
L'histoire repose sur une boucle, un retour sur soi, sur ce qu'on l'on a été, sur ce que l'on est devenu et avec une angoisse permanente la question de savoir ce que l'on va devenir.
Léon Shertov a quitté l'URSS pour les USA. 1953. Il Jouit du statut de transfuge géré par la CIA. Il est chargé d'une série de conférences dans des universités américaines.
Sa rencontre avec Ilana Davita, une étudiante dont le père est un ancien journaliste soviétique qui a couvert la guerre d'Espagne, le convainc d'écrire son histoire : « Qui pourrait s'intéresser aux histoires d'un juif de plus ? », pense-t-il.
1ère Guerre Mondiale : Dans l'armée rouge, commence-t-il, les juifs étaient considérés comme de mauvais soldats et cantonnés à des rôles mineurs. « J'empilais des caisses d'obus sur des chariots. »
Mais la guerre se soucie peu de rôles majeurs et de rôles mineurs, elle veut de la chair à canon.
Après une embuscade allemande il se retrouve en compagnie de 18 survivants, il entend « les soldats marmonner que c'était à cause des juifs que les Allemands remportaient des victoires en Pologne. »
Il se retrouve pourtant un fusil à la main et suit le mouvement, tirant quand les autres tiraient, s'arrêtant quand les autres s'arrêtaient. Il apprend vite la guerre. Servant d'une mitrailleuse. Soldat monté sur la jument alezane d'un cosaque mort. Il apprend aussi à obéir et à se faire apprécier de ses chefs malgré son surnom de « Kalik le Youpin. »
Il finit à l'hôpital de Petrograd. C'est là qu'il rencontre le docteur Pavel Rubinov. Ce dernier lui évite l'amputation du bras. Les deux hommes se lient. Rubinov, fils d'une famille juive qui ne l'a pas élevé dans la religion veut apprendre à lire les textes sacrés en Hébreu. Il a entendu Léon prier lors de l'opération.
Rubinov lui fournit un sauf conduit qui lui permet de regagner son village puis de repartir à la guerre contre les Polonais cette fois.
Sans savoir pourquoi, il se retrouve à Moscou dans une unité spéciale chargé de veiller à ce que les paysans remplissent les objectifs du plan. Pour éviter de liquider les paysans qui refusent, comme font le plupart de ses collègues, il cherche à convaincre, utilisant tous le subterfuges possibles. Alors qu'il veut simplement sauver des vies, il obtient des résultats qui font dire au commandant qu'il avait « accompli un travail magnifique » et qu'il était « prêt désormais pour la tâche qu'on allait lui confier. »
Inscription au Parti, Ecole du Parti, voilà Léon lacé sur les rails de la renommée et du succès.
« Au royaume de l'espérance il n'y a point d'hiver, dit un proverbe russe. Eh bien, grâce à une tradition, qui s'était transmise à travers les siècles, d'une génération d'inquisiteurs et de tortionnaires à l'autre, nous apprenions comment anéantir ce royaume et plonger nos prisonniers dans l'hiver éternel de désespoir. »
Voilà Léon face à son destin : Commandant en 1930, Colonel en 1941, il exécute les ordres et les membres du parti devenus « Ennemis du peuple »
Bien qu'il ait signé le pacte Germano-Soviétique, Staline impute la responsabilité de l'invasion de l'URSS par l'armée allemande à ses généraux accusés de comploter contre lui.
Léon est à la manoeuvre. « Frappez, frappez et frappez encore. », avait ordonné Iosif Vissarionovitch…
Novembre 1952. Léon est en charge du dossier du complot médical contre Staline. Devinez qui il va rencontrer à nouveau ? Rubinov qui le confronte à lui-même. C'est alors qu'il prend la décision de quitter l'URSS, peu après la mort de Staline.
En terminant la lecture, on s'interroge sur ce qui a guidé Léon Shertov pendant toutes ces années : la volonté de vivre ? La conviction que s'il n'était pas là, un autre le remplacerait, peut-être plus cruel ? le hasard ?
Sa fuite aux USA, n'effacera jamais les souvenirs tenaces de ce qu'il a fait. Comme le parasite intestinal qu'il a contracté en Crimée, « Ça va et ça vient. Cela se soigne (…) Mais cela ne se guérit pas. »

Lien : https://camalonga.wordpress...
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Une descente glaçante et terrifiante dans les entrailles de la police politique stalinienne. Comment cette machine à broyer peut transformer un idéaliste en bourreau.
La nouvelle n'est pas très longue, mais essentielle.
Comme toujours avec Chaïm Potok, le style est impeccable. Je dois aussi souligner l'excellent travail du traducteur.
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Première guerre mondiale:le docteur Rubinov sauve le bras (et probablement la vie) d'un soldat de l'Armée Rouge. L'ancien combattant devient agent de renseignement sous Staline (comprenez: tortionnaire) et s'exécute de sa mission, au gré des accès de folie de son dirigeant. Jusqu'au jour où il se retrouve face à celui qui l'avait sauvé, accusé de complot contre le dictateur. Alors seulement, l'humanité refait surface chez le bourreau.
Un récit terrible, sur un homme qui exerce un "métier" consistant à broyer ses semblables, un homme qui fait face au génocide de sa famille à son retour de la guerre, qui efface ses racines (il a transmis des rudiments de la langue hébraïque à son médecin) mais qui finit par une note moins pessimiste que je n'y attendais.
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Quand un soldat sauvé par le DR ROBINOV (et devenu oppresseur) le revoit dans les geôles de la NKVD celui-ci est déjà devenu fou suite à la torture. Peu de temps après, en 1953, Staline a une attaque cérébrale et plus aucun médecin n'est là pour le sauver.
quand la paranoïa dicte les actes du dictateur
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Ce roman nous raconte comment un juif Russe va se retrouver dans la peau d'un tortionnaire sous Staline, après avoir été sauvé de l'amputation pendant la guerre par un certain docteur Rubinov. Et ce n'est que lorsqu'il apprend que l'homme qui a sauvé son bras se retrouve dans son centre de détention qu'il commence à se poser des questions sur ce qu'on lui demande de faire.

Entièrement à la première personne, Chaïm Potok, Américain fils de juifs Polonais nous raconte sans fioriture cette histoire qui nous fera vivre de l'intérieur les heures les plus sombres du régime Stalinien.
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LE DOCTEUR RUBINOV de CHAÏM POTOCK
Pavel RUBINOV soigne un soldat blessé, Léon Shertov, et le sauve. En échange de ce service, Shertov apprend l'hébreu à Rubinov. Ce même soldat, sans le chercher et par une suite de hasards va se retrouver spécialiste des interrogatoires sous la dictature de Staline, qui décide de jeter tous les médecins juifs soupçonnés de comploter contre lui, en prison.
Shertov retrouve RUBINOV en prison, méconnaissable après les mauvais traitements et réalise, lui qui avait exécuté les ordres sans réfléchir et sans états d'âme, le sale boulot qu'il exécute. Ironie de l'histoire, Staline qui souffrait de paranoïa avait fait torturer le seul médecin qui le soulageait.
C'est un tableau terrible que dresse Potok des souffrances du peuple russe durant toutes ces années. Une très belle écriture, très précise, il ne cherche pas l'outrance, il décrit et analyse, glaçant. C'était mon premier Potok, j'y reviendrai sûrement.
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Fin de lecture hier soir...

Un roman impressionnant !

Je ne peux m'empêcher de songer à "la mort est mon métier" de Robert Merle, et aux "bienveillantes" de Jonathan Littell...
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"1917, le docteur Pavel Rubinov soigne un jeune officier de l'armée rouge gravement blessé au combat..."
Lien : http://mazel-livres.blogspot..
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