Nous arrivons à une époque de long silence dans la carrière de Grisar, époque qui précéda celle de ses véritables succès. Pendant près de huit années, le compositeur se tiendra à l'écart, imposant à sa muse un silence apparent, ne faisant parler de lui en aucune façon et paraissant bouder le public. Ce temps cependant ne fut pas perdu pour lui , et constitua une période sinon active, du moins laborieuse de son existence, puisqu'il l'employa à féconder par la réflexion, à perfectionner par l'étude un talent déjà distingué et qui ne demandait qu'à se fortifier.
Des critiques lui avaient été adressées, à plusieurs reprises, touchant le manque de solidité de son éducation première ; on lui avait reproché certaines négligences, certaines faiblesses harmoniques, certains défauts de plan et de facture qui déparaient parfois ses meilleures inspirations. Grisar s'était montré sensible à ces observations, dont il ne pouvait méconnaître la justesse et la légitimité, et il avait songé à les mettre à profit en complétant d'une façon sérieuse ses études, restées véritablement inachevées. Une circonstance vint le décider tout à fait.
Tu vas rester six mois à la maison, pendant lesquels tu auras liberté pleine et entière. Tu emploieras ce temps à travailler selon ton goût, et si, au terme de l'épreuve, tu as produit quelque chose qui méritent encouragement, je te donnerai les moyens de suivre ta nouvelle carrière et te laisserai faire de grand cœur. Mais, dans le cas contraire, tu obéiras à mes volontés et retourneras à ta profession première.