C'est avec l'espèce de fureur enthousiaste qu'il apportait en toutes choses, que Rousseau toute sa vie s'occupa de musique. Au reste, il est singulier que cet art enchanteur, dont L'idéal semble résider en dehors de l'entendement humain, et qu'on croirait ne devoir exciter que les sentiments les plus paisibles et les plus tendres, soit précisément celui qui de tout temps ait enfanté les disputes les plus animées et suscité Les polémiques les plus violentes. Au temps de Rousseau particulièrement, ces polémiques affectèrent, à deux reprises, un caractère étonnant de passion véhémente, et L'auteur de l'Émile ne fut ni l'un des derniers ni L'un des moins ardents à se jeter dans la mêlée, la première t'ois lors de la fameuse querelle dite des bouffons italiens et de La musique française, la seconde, un quart de siècle plus tard, lors de La grande guerre des gluckistes et des piccinnistes.
En réalité, c'est en Allemagne qu'on s'est occupé le plus sérieusement de Rousseau au point de vue musical. Mais aussi l'a-t-on fait avec ce manque de mesure et cette abondance de gloses, de raisonnements et de dissertations dont sont coutumiers les écrivains de ce pays.