Dans un long récitatif de vision,
Alain Pouillet noue un dialogue par le dessin, entre les paysages du Gand où il vit aujourd'hui et ceux du Sarmon de son enfance. Installé pendant deux ans dans l'ombre des bois, il veille le courant de la rivière qui charrie les nappes murmurantes des larges compositions agencées en polyptiques. L'attente, la pénombre, sont le bien commun où toute espérance d'humanité s'inaugure.
Les paysages revisités par la maturité du peintre célèbrent la lumière émue d'un corps chaviré sous les paupières. Les promenades
Au bord de la rivière résonnent comme un texte désappris dans la pâleur argentée d'un silence lunaire au point de faire partie de nous-même. le dessin à la mine de plomb creuse une fluidité d'âme dans l'innocence végétale du paysage, réifie le blanc dans la nuit d'un naufrage intimé à la claire conscience d'une vision.
Les pages natales de terre noire sont là, dans le mystère d'un éveil renonçant au sommeil. Elles sont la consolation d'un exil, le prodige d'un rêve désaltéré.