Très belle chronique quotidienne de la vie d'une famille ouvrière. Magneux travaille dans la charpente et il est fier de l'ouvrage qu'il accomplit. La vie n'est pas facile pourtant, et, lorsqu'il tombe d'un échafaudage, toute la famille traverse une période bien difficile. Mais la solidarité n'est pas un vain mot dans le milieu ouvrier, et, avec l'aide des amis, des voisins, des compagnons de travail, cette épreuve est surmontée et la vie reprend ses droits. le récit de Poulaille est riche en anecdotes et ne sombre aucunement dans le misérabilisme. Rien n'est artificiel dans le langage employé, le décor dépeint et les anecdotes contées, des cancans des mégères aux taloches qui volent parfois, des mauvais coups que préparent les gamins, aux plaisirs simples de la vie.
Des éditions plus récentes que celle que j'ai trouvée sont disponibles. Je vous en recommande la lecture. Poulaille est l'un de nos grands auteurs populaires.
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Finalement, le roman entier vient déjouer une phrase du livre : « Les pauvres ont si peu de raisons d’orgueil qu’ils en tirent de leurs maladies, de leurs infirmités. »
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L'intruction, c'est les diplômes, les certificats, les titres, tout un tas de conneries qui signifient rien. C'est du tape à l'oeil.
__ C'est les idées de Magneux qui vous tournent tous, dit elle. Mais qu'est-ce qu'on f'rait sans les gendarmes, sans gouvernement, sans lois, sans rien?
__ Qu'est ce que tu peux en dire? On n'a jamais essayé !
__ Ce salaud de Clémenceau ! Les ouvriers, c'est de la chair à bénéfice, de la chair à grisou, comme à Courrières. Quand une catastrophe arrive, ces cochons-là, sont les premiers à parler de héros ! Mais ils oublient vite leurs belles phrases ! Quelques semaines ... et nous sommes des apaches, des anarchos, des çi, des ça...
Quoi pour vingt ronds de l'heure! Hein, c'est pas dégueulasse...!
C'est salauds et compagnie les médecins. I's vous écrivent en gribouillages eau d'la pompe et poud'e de perlimpimpin, et i's disent ; c'est tant, et le pharmacien, i' vous met ça en bouteille et en paquet, et i' vous dit : "Voilà Madame, c'est tant". Et on est volé comme dans un bois.
Magneux avait installé depuis longtemps son atelier où il bricolait à ses heures de repos. Il avait eu largement le temps d'aménager son hangar. Il avait fait des panoplies pour ses outils, dont il possédait une collection très complète. Des étagères et des râteliers étaient installés à portée de la main, et il n'eût point fallu que quelqu'un s'avisât d'y déranger quoique ce soit. [...] Quand le soleil donnait dans le réduit, de l'avis de tous, cela avait une certaine gueule, mais quand l'ouvrier y travaillait cela devenait splendide.
Lorsque les cheveux en bataille, l'œil souriant, Magneux sifflait l'Internationale, le Temps des Cerises ou la Carmagnole (tout son répertoire) en poussant la varlope, ou en maniant le compas ou le tire-ligne, rien ne comptait plus. [...] C'est qu'il était beau, Magneux, dans son travail ! La politique s'effaçait devant la joie de blanchir cette planche que le rabot avait prise rugueuse.
Comme dit Vaillant : la misère , c'est la mère des révolutions. Les réformes, c'est de la dorure sur nos chaines.
Thierry Maricourt : Henry Poulaille
Olivier BARROT présente "
Henry POULAILLE" écrit par
Thierry MARICOURT, paru aux Editions MANYA.
Henry POULAILLE fut un écrivain, auteur d'un classique de la
littérature populaire : "Le Pain
quotidien".