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EAN : 9782350305691
1 pages
Atlande (27/03/2019)
4.5/5   2 notes
Résumé :
Qui soupçonne que "la piscine", le siège de la DGSE mis à l'écran par Le bureau des légendes, fut un camp d'internement pendant la Guerre, au même titre que Drancy mais en plein Paris ? Pourtant Patick Modiano l'évoque dans Dora Bruder. Les Tourelles fut le seul camp intra muros. Cet ouvrage se propose de retracer le cadre où ont vécu des milliers d'hommes et de femmes : "indésirables" étrangers ou Français, Juifs, communistes et politiques, repris de justice de dro... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
« Qui soupçonne que « la piscine », le siège de la DGSE mis à l'écran par le bureau des légendes, fut un camp d'internement au même titre que Drancy mais en plein Paris? »
Ancienne caserne militaire située au 141 boulevard Mortier dans le 20ème arrondissement, la caserne des Tourelles est un camp d'internement administré par les autorités françaises et gardé par la Gendarmerie, qui sert à parquer les « indésirables ». Entre 1940 et 1945, 8000 internés défileront aux Tourelles, certains pour quelques jours, et d'autres pour des années.
Il reste une trace de ce camp dans la mémoire des familles d'internés, de fusillés, de déportés, ainsi que dans la littérature. Dora Bruder y est internée en 1942, comme l'écrit Modiano dans le roman éponyme. Genet y meurt de faim et raconte ses conditions de détention à ses amis, les suppliant de lui envoyer de quoi manger, comme l'atteste sa correspondance.

Ouvert le 28 octobre 1940, il est composé de trois bâtiments, un pour les femmes, un pour les hommes, et un destiné au Service des prisonniers de guerre (qui ferme en 1942)
Dans le camp, les autorités internent d'abord les Républicains espagnols puis les réfugiés européens fuyant l'avancée nazie. Suivent les Français indésirables, militants communistes, gaullistes, hostiles au régime de Vichy, réfractaires au S.T.O., les juifs ainsi que les personnes qui leurs manifestent leur sympathie et les droits communs .
Les conditions de vie sont extrêmement difficiles, les internés souffrent de la surpopulation, de la faim et des maladies.

Les ouvrages consacrés aux camps de la capitale (voir "Des camps dans Paris, Austerlitz, Lévitan, Bassano, juillet 1943-août 1944" de Jean-Marc Dreyfus et Sarah Gensburger) et surtout aux Tourelles sont rares, saluons le travail de fourmi de Louis Poulhès qui lui consacre cette étude, hélas desservie par une mise en page décourageante. Le texte aurait vraiment mérité une mise en page plus structurée et aérée qu'il s'agisse des titres et sous-titres, des interlignes, des séparations des paragraphes et de la densité de la police.
Il faut faire fi de ce parti-pris typographique, car la lecture de l'ouvrage, en plus d'être d'utilité publique, exhume des épisodes peu glorieux de notre histoire.

L'auteur axe son étude sur deux périodes, d'octobre 1940 à août 1942, sur la diversité des internés et la composante juive croissante, puis d'août 1942 à la libération sur le renouvellement des internés.
Louis Poulhès montre comment une caserne destinée à l'origine à l'internement des étrangers, hommes et femmes, devient peu à peu un centre de tri, puis une antichambre de la mort, « vivier » d'otages de fusillés, de déportés comme les militants communistes et les anciens des Brigades Internationales raflés en 1941 par la police française. A partir de 1941, les détenus juifs sont envoyés à Drancy, Pithiviers, Beaune-la-Rolande, et à partir de juin 1942, les internées juives sont transférées à Drancy, puis déportées à Auschwitz. En août 1942, c'est au tour des prisonniers politiques d'être déportés. le dernier convoi quitte le camp des Tourelles le 27 juillet 1944, quelques semaines avant la libération de Paris.

Le choix d'insérer dans l'étude des photographies et des parcours personnels d'internés (Celestino Alfonso, de L'Affiche Rouge, Jean Genet, Dora Bruder, Jean de Hauteclocque…) donne beaucoup d'humanité aux propos et ce sont sans aucun doute les parcours individuels souvent tragiques de ces hommes et ces femmes exécutés ou morts en déportation qui m'auront le plus intéressée.
Comme le mentionne la quatrième de couverture, « Pour qu'il ne soit pas « une zone de vide et d'oubli », des récits à transmettre », et on ne peut que saluer le travail de recherche de l'auteur sur ce camp d'internement en plein Paris dont personne ne se souvient.
Je remercie les Editions Atlande pour l'envoi de cet ouvrage (ainsi que le petit mot) reçu dans le cadre de l'Opération Masse Critique.
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Avec énormément de retard (mille pardons à Babelio et aux éditions Atlande !!!), je parviens enfin à laisser ma patte ici concernant cet ouvrage très très intéressant que j'ai eu la chance et la joie de découvrir suite à une masse critique.

Que dire à part que je n'aurai jamais soupçonné tout ce que j'ai pu apprendre à travers ces pages, ces récits, ces photographies ?

Que dire de plus finalement que ce qui a été très bien dit dans l'une des critiques que j'ai pu voir ici ?

Une réflexion toutefois, qui m'est venue en tête assez rapidement à la lecture de cet ouvrage, c'est qu'on n'en a finalement jamais fini d'apprendre sur sa propre histoire !

Merci pour cette découverte !
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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
Début mai 1942, un rapport constate que le camp, qui devait fonctionner comme un dépôt temporaire et un centre de triage, est devenu un centre d'internement comme les autres avec des internés séjournant en moyenne de six à neuf mois, certains d'entre eux étant internés depuis novembre 1940. On l'a vu, de nombreux transferts ont été opérés, notamment vers le camp de Pithiviers en ce qui concerne les Juifs ou vers divers camps de province pour les communistes, mais c'est à partir de mai 1942 qu'un changement, tant d'échelle que de nature, intervient. Plusieurs transferts importants ont directement pour objet la déportation dans le cadre d'une politique menée par les nazis contre le "judéo-bolchevisme"qui s'inscrit dans un premier temps à la confluence de la politique anticommuniste et de la politique antisémite, avant que la politique de persécution ne prenne son autonomie dans le cadre de la mise en oeuvre de la "solution finale". Les Tourelles deviennent une antichambre des camps de la mort pour les internés juifs, mais aussi pour plusieurs communistes.
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Parmi les nouveaux internés comme "indésirables" à l'extrême fin de l'année 1943, on relève le nom d'une personnalité: l'écrivain Jean Genet. Agé alors de 32 ans, cet ancien pupille de l'Assistance Publique a passé une bonne partie de sa vie en détention depuis ses quinze ans, principalement à la suite de petits larcins. Trouvant une grande part de son inspiration dans ses séjours en prison, il est déjà l'auteur de plusieurs poèmes et de son premier roman. Les archives du camp et l'abondante correspondance qu'il entretient avec ses amis permettent de connaître les circonstances de ce qui va être son dernier séjour dans un lieu d'enfermement, dans des conditions de vie certes plus libérales que dans un séjour en prison, mais qui pèsent à l'écrivain en plein travail créatif de façon plus supportable que jamais.
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Si les hommes juifs sont transférés dans d'autres camps, les étrangers "indésirables" non juifs sont souvent contraints de se porter travailleurs en Allemagne ou pour l'organisation Todt chargée de travaux lourds pour les Allemands en France. Nombre d'entre eux sont également rapatriés, c'est à dire expulsés dans leur pays d'origine. (...)
C'est surtout en janvier et en février 1942 qu'ils sont les plus importants, avec notamment deux gros départs en janvier, l'un pour l'organisation Todt le 27 janvier (dix-huit personnes, la plupart des Espagnols), l'autre pour le rapatriement en Espagne (quinze le 18 janvier), ainsi que trois départs de plus de dix personnes pour l'organisation Todt en février: le 11 (quinze personnes), le 18 (treize), le 27 (onze). Le camp, qui est encore principalement destiné aux "indésirables" étrangers joue bien son rôle de "pompe aspirante-refoulante" et de centre de tri.
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