AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Jeff Pourquié (Autre)Taina Tervonen (Autre)
EAN : 9782413078890
176 pages
La Revue Dessinée (29/03/2023)
4.24/5   35 notes
Résumé :
Qui profite des moyens engagés en faveur de la fermeture des frontières ? Que se passe-t-il quand on retrouve des corps sur les plages ? Sait-on que les frontières de l'Europe se sont délocalisées au Sahara ? Qui sont les sans-papiers qui font fonctionner l'économie ?
Trafiquants, industriels de la défense, employeurs européens profitent de ce système sans se préoccuper des 40 000 morts et disparus.
Que lire après À qui profite l'exil ?Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
4,24

sur 35 notes
5
7 avis
4
2 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
Je vais vous avouer que c'est une lecture qui forcément nous met mal à l'aise. En effet, le postulat de base de cette oeuvre pose une question à savoir « à qui profite l'exil ? Eh ben, la réponse, c'est nous qui sommes responsable car on pille les côtes de l'Afrique et qu'on devrait ouvrir sans broncher grand les portes de nos frontières pour accueillir toute la misère du monde que l'on pourrait d'ailleurs qualifier idéologiquement de « chances » pour notre pays.

Soit on est d'accord avec cette vision des choses et alors, on est du bon côté de l'humanité, soit on ne l'est pas et on peut très vite être taxé de tous les maux possibles. Pour moi, le constat est pourtant clair et simple que la population européenne ne veut plus, dans son immense majorité, entendre parler d'immigration et que si cela continue, on pourrait même aller droit vers une guerre civile avec des gouvernements extrémistes au pouvoir.

Maintenant, c'est vrai que l'auteure Taina Tervonen qui a été récompensé par un prix journalistique européen a mené une enquête assez intéressante pour mettre en lumière ces profiteurs que sont tout d'abord les passeurs, mais également les industriels de la défense chargé de protéger nos frontières ainsi que les patrons et autres industriels qui emploient au noir dans nos commerces et nos bâtiments des clandestins.

L'auteure joue tout d'abord sur l'émotion avec ces drames en mer Méditerranée de gens qui meurent noyer pour avoir simplement voulu gagner un pied en Europe afin d'y travailler et d'envoyer de l'argent dans leur famille restée au pays. Je ne suis plus vraiment certain que les européens soient touchés dans leurs âmes par ces drames qui se multiplient. Je crois savoir qu'ils sont un peu plus sensibles quand il y a des drames de violence qui touchent nos enfants dans des fêtes de village.

Un exil, pour moi, c'est un habitant qui quitte son pays soit parce qu'il y a la guerre, les pénuries et la famine. Quand il va dans un pays riche, cela lui profite tout d'abord car il est alors généralement sorti d'affaire sauf exception. Non, l'auteur ne voit pas cela ainsi mais nous désigne comme responsable car nous aimons la consommation.

Oui, l'exil serait une manne financière dont nous profitons par ricochet à travers les services et les biens de consommation. Quand on achète notre baguette, c'est peut-être un malien payé au noir qui la fabrique durant la nuit. C'est bien nous qui consommons la baguette grâce à ce malien. C'est, en tous les cas, la démonstration de l'auteure.

Je sais que l'immigration entraîne des débats passionnés et je n'ai guère envie d'engager le moindre débat sur ce sujet brûlant. J'ai lu cette BD. Elle dicte des vérités et un constat assez alarmant. Cependant, il y a des réflexions qui m'interrogent réellement. Les solutions ne sont pas aussi simples que cela.
Commenter  J’apprécie          655
Club N°52 : BD sélectionnée
------------------------------------

Documentaire très complet sur la liberté de circulation, illustré avec talent par Jeff Pourquié.

Clément
------------------------------------

BD très documentée sur les mécanismes de l'exil, notamment entre l'Afrique et l'Europe.

Morgane N.
------------------------------------

BD très intéressante et instructive pour comprendre les mécaniques de l'exil.

Samuel
------------------------------------

Lien : https://mediatheque.lannion...
Commenter  J’apprécie          430
On ne voit la migration qu'à travers des médias sensationnalistes, le nombre, les drames, les cultures différentes, il y en a même qui osent parler de grand remplacement et d'invasion. Cette bande dessinée reportage remet les choses dans leur contexte, plusieurs chapitres présentent divers aspect de ce phénomène, divers points de vues, celui des sauveteurs, des politiques de sécurisations des frontières, des lieux de filtrage en Afrique, avec un arrêt sur Agadez au Niger, des choix de la migration chez les Africains avec le cas des pêcheurs du Sénégal, et enfin des clandestins qui ont atteint l'Europe.

Le constat est accablant, et révoltant, notre société marche sur la tête, on a créé tout un business autour de l'exil, illégal avec le marché des passeurs et légal avec des sommes colossales qui sont dépensées pour la protection des frontières, des sommes qui impliquent des morts atroces, des vies foutues, et pendant ce temps là on pille ces pays pauvres, où on donne de l'eau au moulin de la corruption, voire de la tyrannie, on abandonne les populations à leur triste sort, c'est tout un système qui est dénoncé dans ce livre, tel un hydre tentaculaire, inhumain, organisé avec l'argent de nos impôts.
Le dessin est réaliste, se basant sur l'observation, avec un trait vite jeté, et la colorisation vient donner du caractère, en se mettant au service des lieux visités, Mer Méditerranée, Niger, Sénégal…

J'étais convaincu d'avance par la direction prise par ce reportage, mais cela va encore plus loin que je ne le pensais, on vit dans un monde qui marche sur la tête, avec un système qui favorise l'enrichissement de quelques uns et la haine de certains lâchement dirigée sur la misère humaine.
L'observation journalistique de ce livre est centré sur quelques points, avec des rencontres d'individus, migrants, ONG, des observations sans militantisme virulent, se contentant de montrer les choses telles qu'elles sont, et des chiffres plus globaux viennent argumenter, démontrer et décortiquer le système. La révolte est laissée au libre arbitre du lecteur, et je suis révolté !
Lisez ce livre !
Commenter  J’apprécie          306
Qu'est devenue la liberté de circuler? Un privilège: on ferme les frontières, on délocalise celles de l'Europe au Sahara. Des dizaines de milliers de disparus sont le coût d'un système qui profite à des trafiquants, aux fabricants d'armes et à bien des employeurs.
Le graphisme est fait par Jeff Pourquié, le texte est de la journaliste franco-finlandaise qui a vécu au Sénégal jusqu'à ses quinze ans. Elle se définit comme conteuse d'histoires vraies.
Ici, les analyses politiques et économiques alternent avec les récits de vie. Taina Tervonen écrit à la mémoire de ceux et celles qui disparaissent sur la route d'une vie meilleure; elle remercie celles et ceux qui lui ont ouvert les yeux et des portes, en Italie, Serbie, Hongrie, Gambie, Niger, Sénégal et France.
Beaucoup de pages de dessins sans parole.
Au début, on assiste à une dés-incarcération de nombreux corps enfermés lors du naufrage d'un bateau conduit par deux jeunes sans expérience qui gagnent ainsi le voyage gratuit: près de 500 morts qu'il faut autopsier pour essayer de découvrir leur identité et avertir les proches; mais "il n'y a pas d'état en Libye en ce moment" ou "commenter contacter des proches dans une dictature comme l'Erythrée où émigrer est un crime".Les sauveteurs sont souvent très éprouvés et certains se donnent la mort dans les jours qui suivent.
La journaliste montre que ces morts ne sont pas une fatalité: les disparitions en mer sont la conséquence d'une politique européenne qui limite les voies d'arrivée légales en Europe et contrôle de façon plus stricte les frontières. Cette politique est menée depuis 1990 par les états membres de l'Union européenne. C'est une aubaine pour l'industrie de la défense qui développe des outils de plus en plus sophistiqués pour surveiller les frontières. Les contrôles luttent contre l'immigration clandestine et la criminalité transfrontalière, du coup l'Europe est la destination la plus dangereuse pour les migrations. Des sommes de plus en plus importantes sont destinées au contrôle des frontières. Frontex (agence européenne des frontières extérieures.2004) Au fur et à mesure que les contrôles se sont intensifiés, les migrants ont dû emprunter des routes de plus en plus longues et risquées.Les industriels de la défense et les passeurs sont gagnants!
Petit à petit les frontières de l'UE sont repoussées très loin en Afrique: la traversée du désert est de plus en plus dangereuse et chère. On parle de "crise migratoire" mais s'agit-il du nombre d'arrivées en hausse ou de la cacophonie qui règne en Europe: incapable de se mettre d'accord sur l'accueil, l'UE a décidé de repousser ses frontières plus loin.
Je suis particulièrement sensible à ce qu'il se passe au Sénégal, à M'Bour (où j'ai séjourné jusqu'à la disparition du paradis des touristes à Nianing...et dans un petit hôtel sur la plage) déjà, il était question du problème qui s'est aggravé avec la pandémie: les pêcheurs ne parviennent plus à vivre (ils migrent vers les Canaries) les bateaux industriels pillent les ressources. Lémou espérait gagner plus en partant mais il est revenu car les conditions étaient trop dures: vie sous tente et nourriture non adaptée. Il profite du retour volontaire au pays. S'il y avait du poisson, personne ne partirait mais les jeunes n'ont plus d'espoir et ils partent pour aider leurs familles.
La pandémie a aggravé la situation: les marchés étaient fermés, les pêcheurs ne pouvaient plus travailler alors que les gros bateaux étrangers continuaient à racler les fonds marins et transformaient le poisson directement à bord. le poisson séché, salé, fumé était un travail des femmes mais depuis la pandémie, il est trop cher et les usines de farine de poisson font concurrence: elles font de la nourriture pour les poissons d'élevage à l'étranger.
Si l'Europe ne veut pas que les Africains quittent leur pays pour venir chez elle, peut-être faudrait-il qu'elle arrête de prendre leurs poissons et leurs minerais et voient quelles sont les responsabilités dans la gestion des ressources.
La journaliste se penche ensuite sur les "sans-papiers"en France: ils travaillent au noir, gagnent peu et peinent à obtenir des papiers: ceux qui les exploitent renâclent.
La BD s'achève par quelques pages de réflexion sur la critique des fausses solutions mises en place et sur ce qu'il est possible de faire...entre autres parler de cet album pour que chacun en sache plus sur la réalité de la migration.
grosse émotion lors de cette lecture mais des solutions existent: il faudrait revoir la politique...J'ai beaucoup appris sur ce que j'imaginais, à savoir que la "crise migratoire" profite à certains.
Commenter  J’apprécie          90
A qui profite l'exil est une bande dessinée-reportage sur le sujet de la migration qui tente de répondre à de nombreuses questions. Qui migre ? Pourquoi on migre ? Quelles sont les conséquences à échelle d'une vie ? L'Europe doit-elle vraiment avoir peur de l'immigration ? Quels sont les réels impacts de la fermeture des frontières ?

Le constat est amer : les pays occidentaux provoquent la pauvreté dans les pays qui n'ont pas la capacité de lutter contre eux. Surpêche, industrialisation, épuisement des ressources : il est de moins en moins possible de vivre dignement dans de nombreux pays africains. La migration n'est que le témoin de cette victoire écrasante...
Elle se fait d'ailleurs dans des conditions de moins en moins favorables : celles et ceux qui veulent arriver en Europe doivent gager toutes leurs économies pour payer des passeurs (voire parfois aussi celles de leurs proches), consacrer des mois voire des années à traverser des pays de moins en moins enclins à les laisser faire et risquer leur vie dans des bateaux surpeuplés.

Mais qui sont ces gens qui migrent ?
On ne peut pas exactement dire que ce sont des profiteurs venus bénéficier des alloc'... Sur la poignée qui arrive jusqu'en Europe, la majorité exerce un travail au black, est sous-payée, ne compte pas ses heures et vie dans des conditions dramatiques. Ce qui les fait tenir ? L'espoir d'avoir un jour une identité légale. Ne plus avoir peur de devoir retourner chez eux. Pouvoir exercer un métier dans des conditions décentes. Prendre soin d'eux...

Mais bien que j'aie été profondément touchée par le sujet, et bien que j'aie appris de nombreuses choses, bien que je sois ravie de mieux comprendre la mécanique de la migration et d'avoir des arguments à opposer lors des repas de famille, l'agencement des cases, combiné à celui du texte, m'a semblé peu lisible, surtout dans les premières pages. le style graphique m'a également peu parlé à cause de son côté "brouillon". J'ai eu du mal à me plonger dans ma lecture, que j'ai laissé traîner presque deux semaines avant de la terminer. Dommage !
Mais A qui profite l'exil reste une belle découverte que je recommande à celles et ceux qui souhaitent se documenter sur le sujet sans se lancer dans un essai de 700 pages !
Commenter  J’apprécie          30


critiques presse (5)
ActuaBD
11 juillet 2023
Derrière des trajectoires de vie souvent cabossées se cachent des politiques dont l'élaboration et les effets concrets alimentent un business visant à faire de l'Europe une citadelle imprenable. C'est un portrait glaçant et implacable des politiques communautaires que dresse la journaliste Taina Tervonen.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
BDGest
15 mai 2023
A chaque fois, le rapport de forces est le même. Le fort exploite le faible. Il tente de le tenir à distance, quitte à rendre le condamner à un danger de plus en plus grand. Les choix politiques ne font qu'aggraver la situation et, paradoxalement, rendre l'exil toujours plus attractif.
Lire la critique sur le site : BDGest
Bibliobs
09 mai 2023
Avec, comme fil d’Ariane, cette question érigée en titre : A qui profite l’exil ? Un récit exigeant, mais passionnant. L’une des meilleures BD-enquêtes des dernières années.
Lire la critique sur le site : Bibliobs
Sceneario
12 avril 2023
Dans cette bande dessinée, Taina Tervonen et Jeff Pourquié relatent tout cela en osant dénoncer le business qui s'invente et qui évolue autour du calvaire de pauvres gens.
Lire la critique sur le site : Sceneario
BDZoom
11 avril 2023
Sous-titré « Le Business des frontières fermées », l’album de Jeff Pourquié et Taina Tervonen entend, non pas forcément lever le voile – certains points sont connus -, mais rassembler nombre de faits et de témoignages concernant tout ce qui concerne l’exploitation des exilés dans ses aspects les moins reluisants…
Lire la critique sur le site : BDZoom
Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
En 2014, 3 279 personnes* sont mortes en traversant la Méditerranée.

Qui sont-elles ?

Corps sans nom, sans histoire.

* Chiffres de l'Organisation internationale pour les migrations, OIM.
Commenter  J’apprécie          40
Est-ce normal que les pêcheurs sénégalais qui n'ont plus de poissons ne puissent pas entrer en Europe ?
Commenter  J’apprécie          10
Il y a l'adrénaline, c'est comme ça qu'on peut mettre de côté les émotions. Mais les émotions reviennent une fois l'adrénaline tombée.
Commenter  J’apprécie          200
Pour moi, c'est une illusion de contrôle, parce que tout le monde sait que les frontières, on ne va pas pouvoir les rendre étanches.
Surtout, c'est pourquoi on le fait.
Est-ce qu'on le fait parce qu'on est face à des questions d'argent, à l'industrie de l'armement, etc. ?
Je pense qu'en partie c'est ça, mais je crois que ce sont surtout des choix politiques, qui viennent du coup alimenter tout un système.
Un système complètement vain.
Commenter  J’apprécie          10
Cela fait quinze ans que j'écoute les récits des migrants. Quitter son pays demande beaucoup de détermination. Ceux qui arrivent en Europe ont une énergie folle.
Qu'est-ce qui nous fait si peur dans cette rencontre-là ?
Commenter  J’apprécie          30

Lire un extrait
Videos de Jeff Pourquié (6) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Jeff Pourquié
Sortie du livre: "Ils sont infirmiers de campagne", de Fanny Cheyrou et Jeff Pourquié.
autres livres classés : bande dessinéeVoir plus
Les plus populaires : Bande dessinée Voir plus


Lecteurs (107) Voir plus



Quiz Voir plus

Les personnages de Tintin

Je suis un physicien tête-en-l'air et un peu dur d'oreille. J'apparais pour la première fois dans "Le Trésor de Rackham le Rouge". Mon personnage est inspiré d'Auguste Piccard (un physicien suisse concepteur du bathyscaphe) à qui je ressemble physiquement, mais j'ai fait mieux que mon modèle : je suis à l'origine d'un ambitieux programme d'exploration lunaire.

Tintin
Milou
Le Capitaine Haddock
Le Professeur Tournesol
Dupond et Dupont
Le Général Alcazar
L'émir Ben Kalish Ezab
La Castafiore
Oliveira da Figueira
Séraphin Lampion
Le docteur Müller
Nestor
Rastapopoulos
Le colonel Sponsz
Tchang

15 questions
5225 lecteurs ont répondu
Thèmes : bd franco-belge , bande dessinée , bd jeunesse , bd belge , bande dessinée aventure , aventure jeunesse , tintinophile , ligne claire , personnages , Personnages fictifsCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..