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Citations sur Spinoza encule Hegel (24)

Momo a parlé. Il chevauche largement sa moto Guzzi et se dandine névrotos avec un bonnet en laine de couleurs criardes et ses deux P.38 à la ceinture. Ses cheveux suivent le mouvement et frottent la toile de son imper beige. Je me retourne pour lui signaler d’un regard que je pense comme lui. Cela le rassurera, lui et les autres
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Momo kicke ferme, les autres l’imitent. Je prends le volant du camion. Riton passe dans la benne. Les onze membres de La Fraction Armée Spinoziste vont entrer dans la légende des Crash. L’émotion fit quitter de mon visage son côté statiquo-terrifiant. Une certaine sueur d’angoisse crépita furieusement dans mon entrejambe, ce qui me démangea
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e me suis retrouvé, libre et énervé, dans un bordel général où l’angoisse des paranoïaques rivalisait avec l’énergie militante des humanistes de tout poil, du genre populiste forcené s’essayant à remettre le social en route. Ma femme et mes potes immédiats avaient disparu. J’ai participé au pillage en portant, prévoyant le mec, toute mon attention sur les armureries. Puis je me suis barré, et j’ai rôdé, chien perdu sans vaccin, autour d’un grand réverbère étein
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Pendant une semaine, nous avons cherché de l’essence, denrée rare et vitale. Pour en obtenir, il faut soit braquer, soit troquer si le possesseur est plus fort que vous. Ce coup-ci, c’était à Montélimar. Nous avions entendu parler d’une énorme réserve de carburant possédée par la Ligue de Protection et de Sauvegarde (sic) de la ville : deux cents hommes armés, des mauvais, des militaristes style Résistance Maquis, l’avenir dans la clandestinité. Pas question d’attaquer ces minables de front, trop de puissance de feu. Agresser quelqu’un qui protège son pavillon et son faux puits, son potager Rustica et ses troènes en plastique, c’est aller au-devant des emmerdes
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BLACK CROW BLUES
FICTION SPINOZISTE N°2
Momo ralentit brusquement. J’arrête le camion. Nous arrivons à un carrefour partiellement caché par de larges maisons provençales aux murs aveugles. Le mistral fétide nous souffle dans le dos. Momo met la béquille, descend de sa Guzzi, se dégourdit les jambes, pantin désarticulé, guignol inquiétant, sort son P .38 et avance à pas de loup jusqu’au croisement. Des corneilles passent en croassant, code énervant. Il faut se méfier de tout. Les Hégéliens sont des traîtres. Mais Momo revient. Rien à signaler à l’horizon de nos fausses inquiétudes. Nous poursuivons notre route. Le soir tombe. L’angoisse de la nuit va de nouveau nous assaillir. Le maléfice dominant s’accompagne de la chute de la lumière.
Nous sommes des hommes perdus.
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PROLÉGOMÈNES A TOUTE CRASHITUDE
FICTION SPINOZISTE N°1
Le cadavre est au bord de la route, une de ses mains est prise dans le bitume gluant. Le vent puant, venant d’une décharge proche, agite faiblement ses cheveux blancs, dont certains restent eux aussi collés au goudron. C’est l’été, le deuxième après le grand merdier. Je retourne le mort du bout de ma botte de lézard mauve. C’est bien ce que j’attends, un Néo-Punk. Sa poitrine est lacérée, tranchée à vif, le cœur expulsé, la veste de daim vert imbibée de sang comme une éponge, le corps nu de la taille aux pieds. Intactes, ses jambes blondes paraissent de porcelaine.
Pensif, je regarde la plaine vide et la route droite. C’est la cinquième fois que j’en retrouve un cette semaine, pareillement mort et trafiqué. À ce train-là, la bande des Néo-Punks va friser le zéro absolu. Je me penche et embrasse le jeune mort sur les lèvres, mais ce n’est décidément qu’un cadavre. Je me vois me redresser dans ses lunettes noires. Je marche sombrement sur le bord de la route en écartant lentement du pied des vieilles boîtes de plastoc qui traînent. Mes mecs, derrière, ne bougent pas, les motos sont silencieuses, seules les selles grincent, le camion est au point mort, quelques raclements.
Tout ça comme dans un film. Je me voyais, d’où l’usage de l’imparfait. Sur la route, moi, seul, plus loin, les trois motos, le Magirus Deutz 25 tonnes, autour, déserte et dégueulasse, la décharge de Miramas.
– Les Hégéliens, y’en a vraiment marre ! Ça va chier pour leurs poires !
Momo a parlé. Il chevauche largement sa moto Guzzi et se dandine névrotos avec un bonnet en laine de couleurs criardes et ses deux P .38 à la ceinture. Ses cheveux suivent le mouvement et frottent la toile de son imper beige. Je me retourne pour lui signaler d’un regard que je pense comme lui. Cela le rassurera, lui et les autres.
Dix jours qu’on avait perdu le contact avec Hégel, et ces salopards en profitaient pour se faire la main sur les punkies. Proie facile. Ces similis étaient toujours en retard sur tout le monde, à plus forte raison sur un flingue. On les avait rencontrés, ou du moins le reste de leur troupe, des zombies speedés à mort, et on n’avait laissé fuser que des ricanements. Maintenant, il y en avait cinq de moins.
– Par Baruch, il va falloir les rattraper, ces cryptos, s’ils atteignent Marseille, on aura du mal à les coincer…
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Après tout, comme ce qui suit est mon premier texte (publié), il mérite quelques éclaircissements, et il me semble qu’il est agréable de tailler un costard tardif aux fées qui se sont gentiment penchées sur son improbable berceau. C’est à partir de ses velléités d’existence et de son inexplicable pérennité que je me suis permis d’écrire, tard, à plus de trente ans, et je lui dois bien d’éclairer sa genèse, d’autant plus que je n’avais aucune envie ni d’écrire, ni d’entrer dans les mondes, ma foi extrêmement hégéliens, de la littérature, fut-elle de gare, et de l’édition, fut-elle de poche
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La route est droite et le camion, à présent à grande vitesse, vibre. Je conduis d’une main, la direction est sûre, la vitre ouverte m’asperge le visage de vent tiède et de vrombissements de moteur. Devant, Momo zigzague sur sa moto et doit, comme à l’accoutumée, hurler ses mélopées tordues en plein vent. On a toujours l’impression qu’il crie de douleur, alors qu’il profère, en toute impunité, des morceaux de beauté pure
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Je fus viré sans ménagement par mes collègues pour avoir écrit « À bas le travail » sur un camion-benne à ordures, à cadavres plutôt. Je suis alors reparti, me suis planqué trois mois dans une pharmacie de Pontoise, et j’ai vécu, là, cent jours de speed tout à fait réjouissants. Bourré de Captagon, j’ai subi neuroniquement cette période. J’ai même tenté de me suicider. Après avoir fait le Kérouac du pauvre, je me suis réintégré. J’ai habité dans la station de métro Rue-des-Boulets. La rue des Esclaves
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Momo ralentit brusquement. J’arrête le camion. Nous arrivons à un carrefour partiellement caché par de larges maisons provençales aux murs aveugles. Le mistral fétide nous souffle dans le dos. Momo met la béquille, descend de sa Guzzi, se dégourdit les jambes, pantin désarticulé, guignol inquiétant, sort son P.38 et avance à pas de loup jusqu’au croisement. Des corneilles passent en croassant, code énervant. Il faut se méfier de tout. Les Hégéliens sont des traîtres. Mais Momo revient. Rien à signaler à l’horizon de nos fausses inquiétudes. Nous poursuivons notre route. Le soir tombe. L’angoisse de la nuit va de nouveau nous assaillir. Le maléfice dominant s’accompagne de la chute de la lumière. Nous sommes des hommes perdus
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