Citations sur Les Annales du Disque-Monde, tome 33 : Allez les Mages (65)
"Ma jeune dame, l'alcool met l'ensemble de l'humanité au même niveau. C'est le démocrate ultime, si vous aimez ces choses-là. Un mendiant soûl est aussi soûl qu'un seigneur. Et avez-vous déjà remarqué que tous les hommes soûls se comprennent entre eux, quel que soit leur degré de soûlographie et quelle que soit la différence entre leurs langues natales ?"
"Ce n'est sûrement pas normal d'apprendre autant, se disait-elle. Les informations ne peuvent pas se fixer correctement. On ne peut pas se les enfourner dans la tête. Apprendre, c'est digérer. Il ne suffit pas de savoir, il faut comprendre."
"On dit souvent que les foules sont bêtes, mais elles ne sont la plupart du temps qu'embrouillées car, comme témoin oculaire, l'individu moyen est aussi fiable qu'un gilet de sauvetage en meringue."
" C'était, à vrai dire, une fille plutôt charmante, même si sa poitrine était manifestement prévue pour une demoiselle plus grande d'une soixantaine de centimètres; mais ce n'était pas la bonne*.
* Le fameux professeur de la grammaire et des usages aurait rectifié par "ce n'était pas Elle"; du coup, le professeur de logique en aurait recraché le verre qu'il buvait."
"Vous avez quelque chose à boire ? demanda Pepe derrière elle.
- De l'eau, répondit sèchement Glenda.
- je boirai de l'eau quand les poissons en sortiront pour pisser, mais merci quand même" dit Pepe."
"Mais l'autorité se doit d'épauler l'autorité, du moins en public, sinon cette autorité disparaît, donc l'autorité supérieure a obligation de soutenir l'autorité subalterne, même si elle, l'autorité supérieure, croit que l'autorité subalterne est une petite salope insupportable."
Ma jeune dame, l’alcool met l’ensemble de l’humanité au même niveau. C'est le démocrate ultime, si vous aimez ces choses-là. Un mendiant soûl est aussi soûl qu’un seigneur. Et avez-vous déjà remarqué que tous les hommes soûls se comprennent entre eux, quel que soit leur degré de soûlographie et quelle que soit la différence entre leurs langues natales ?
« J’ai jamais dit que Trev était un mauvais gars, dit-elle tout haut. C’est pas un homme du monde, faut lui taper dessus pour lui apprendre les bonnes manières et il prend la vie bien trop à la légère, mais il pourrait arriver à quelque chose s’il avait une raison de s’y mettre. »
Juliette n’avait pas l’air d’écouter, mais on ne savait jamais.
« C’est juste le fouteballe. Vous êtes dans deux camps différents. Ça marchera pas, conclut Glenda.
— Et si j’allais soutenir les Puisards ?»
La veille, pareille question aurait frisé le sacrilège ; à présent, elle ne posait qu’un très gros problème.
« D’abord, ton père te parlerait plus jamais. Ni tes frères.
— Ils me parlent déjà pas des masses, de toute façon, sauf pour demander quand leur bouffe sera prête. »
- Vous avez quelque chose à boire ? demanda Pepe derrière elle.
- De l'eau, répondit sèchement Glenda.
- Je boirai de l'eau quand les poissons en sortiront pour pisser, mais merci quand même, dit Pepe.
C’était place Sator que la ville se rendait quand elle était désorientée, bouleversée ou apeurée. Des gens qui ne savaient pas trop pourquoi ils réagissaient ainsi se rassemblaient pour écouter d’autres gens qui n’en savaient pas davantage, partant du principe que l’ignorance partagée est une ignorance doublée. Il y avait ce matin-là des grappes de citadins et plusieurs équipes improvisées, parce qu’il est écrit, ou plus exactement gribouillé sur un mur dans un coin, que partout où deux personnes ou plus se rassemblent, au moins une aura quelque chose dans quoi flanquer un coup de pied. De tous côtés, des adultes s’ennuyaient à taper dans des boîtes de conserve et des boules de chiffons roulés serré, mais, alors que Glenda s’approchait, les grandes portes de l’université s’ouvrirent et Cogite Stibon sortit en faisant rebondir assez maladroitement un des maudits nouveaux ballons de cuir. Boing ! Le silence tomba avec fracas sur la place tandis que des boîtes de conserve continuaient de rouler sans que personne n’y prête plus attention. Tous les regards étaient braqués sur le mage et le ballon. Il le jeta et le ballon rebondit deux fois sur les pavés – boing ! boing ! Puis il lui donna un coup de pied. Rayon coups de pied, il était un brin mou, ce coup de pied-là, mais nul sur la place n’avait jamais rien envoyé d’un coup de pied ne serait-ce que dix fois moins loin, et tous les mâles coururent après le ballon, propulsés par un instinct ancestral.