Traduct
ion littérale du titre : le plus aimé des terriens
La fin du roman est une phrase d'anthologie (dacă dragoste nu e, nimic nu e) que l'on pourrait traduire par : « s'il n'y a pas d'amour, il n'y a rien ». de l'aveu même de Preda « Moromeţii » est le roman de la vocat
ion. Partant de là, ce qui suit représente l'aspirat
ion pure. Alter ego du romancier, Victor Petrini, au prénom ironique s'il en est, est un intellectuel d'élite, qui cite et renvoie à profus
ion à
Platon, Socrate,
Spinoza, Rousseau,
Dostoievski. Grand penseur, comme en témoignent les conversat
ions avec son ami
Ion Micu [en français « Jean le Petit »] ou bien les nombreuses pages d'analyse de la vie et du monde que comporte sa confess
ion, Victor Petrini est aussi un idéaliste, puisque seules les valeurs jugées sacrées, au rang desquelles comptent l'amitié, le dévouement et l'amour, donnent encore un sens à l'existence.
Emprisonné pour homicide (commis en état de légitime défense) et dans l'attente de son procès, Victor évoque son passé, avec en toile de fond les années 50, période dont il fait le procès, en scrutant en même temps la condit
ion humaine en général. Révoqué de son poste d'assistant universitaire suite à des excès de zèle et surtout à des machinat
ions carriéristes, mais toujours fin intellectuel et philosophe, qui écrit (la littérature de tiroir) Petrini est soupçonné d'avoir participé à des act
ions contre-révolut
ionnaires, arrêté et condamné à des travaux d'intérêt général dans une mine de plomb à Baia Sprie. C'est ici que, pour assurer sa survie, il provoque la mort accidentelle d'un sadique tort
ionnaire. Ce premier crime reste ignoré. Aussi, libéré au bout de trois ans, Victor est contrait ensuite d'occuper des postes des plus avilissants, dont celui de membre d'une équipe de dératisat
ion, aux commandes desquelles se trouve le grotesque Bacaloglu. Mais cette oeuvre totalisante est surtout un roman d'amour dans lequel Victor se marie par deux fois, connaît les trahisons, mais aussi l'amour paternel puisqu'il aura une fille et que l'image de la mère le poursuivra avec son aura bienfaitrice.
Pour quelques extraits traduits cf.
Andreia Roman et
Cécile Folschweiller,
Littérature roumaine tome 4
Chant du cygne de Preda, "Le plus aimé des terriens", livre sur l'absence d'amour des semblables, sur leur inépuisable capacité à engendrer de la déchéance sociale à profus
ion, est une fict
ion inspirée par les mésaventures d'un
Lucian Blaga ou
Ion Cara
ion. La mort suspecte de Preda (en traduct
ion on y voit le "[se] rendre") vient ajouter une fatale mise en abyme.