Hier soir, j'ai abandonné un livre. Je l'ai regardé, longuement, j'ai soupiré. Je l'ai allumé* (enfin, la liseuse, ne tombons pas non plus dans Fahrenheit 451). Éteint. Reposé. Resoupiré. Repris en main, lu une page ou deux... Et l'ai définitivement abandonné, lisant autre chose à la place.
Ça ne m'arrive pas souvent. Voire quasi jamais, même si
Daniel Pennac insiste sur cette possibilité. Je voulais atteindre au moins les 50% de lecture, j'ai abandonné à 40%. Autant dire que ça ne m'a pas plu.
Tout d'abord, ce n'est pas ce à quoi je m'attendais. Je cherchais de l'Aventure, de l'Indiana Jones, du Allan Quatermain moderne. J'étais tombé sur la série Pendergast en conseils en littérature "archéologie", et je m'étais laissé tenter. Quand le livre m'a été donné en relai sur le challenge mauvais genre, je me suis dit que c'était l'occasion.
Hé bien... On peut peut-être trouver un peu d'archéologie, mais point d'aventure, même avec un petit a. Il paraît que c'est un thriller... Alors rien de ce côté non plus. En théorie, un thriller, c'est un page-turner. On VEUT savoir la suite. Là bin... Rien. C'est creux. Ce qui est impressionnant c'est que même les personnages principaux du bouquin s'en cognent. Deux gamins morts déchiquetés ? Oh Jésus quelle horreur, on risquerait de fermer le musée !
On pourrait croire que le ton est léger et drôle, qu'on est dans un Scream littéraire, mais... Non, là non plus. C'est juste chiant, mou, bourré de personnages plats et sans intérêt.
Mention spéciale au traducteur, qui a réussi à transformer un bouquin qui était peut-être potable au départ en bouse infâme. Oui, on dit "Jesus" (ou geez ou gosh) aux US. Non, quasi personne n'utilise "Jésus" comme interjection en français. Ça sonne faux. Bon sang, putain, rhooo ou ce que vous voulez, mais pas Jésus.
Un intérêt de l'ouvrage pourrait être son côté scientifique, avec de l'archéologie, des analyses scientifiques pour comprendre les choses. Sauf que... si on a les bases scientifiques, et que ce qui écrit n'a aucun sens, ça casse plutôt l'effet. Exemple : "On provoque quand même une réaction des chaînes de polymères sur l'échantillon, [...], ce qui nous donne pas mal de boulot." J'ai dû relire 3x cette phrase, et tenter une retraduction vers l'anglais pour la comprendre... Réaction... Chaîne... Polymères... Polymerase chain reaction, le fameux test PCR dont tout le monde a maintenant entendu parler. Ça tiendrait la route, certes mais... Bon sang, prochaine fois laissez tomber google trad, même Deepl fait mieux !
Deuxième exemple (que les biologistes ou chimistes en profitent) : "C'est une machine qui diffuse un champ puisé dans un gel conducteur.". Huh ? Vu le descriptif juste avant (on voyait des bandes verticales noires disposées de manière complexe), j'imagine qu'il s'agissait d'une électrophorèse...
Bref, c'est trop pour moi. C'est rare mais voilà, hier, j'ai abandonné un livre.
* Oui je sais, il y a une faute d'accord si c'est la liseuse, mais en accordant correctement le jeu de mot tombait à l'eau.